Hag a

De Arbres

Certaines relatives sont introduites par le complémenteur complexe hag a, lorsque l'antécédent est indéfini (1) ou lorsque la relative est non-restrictive.


(1) [ jan œ zo Xɔwaduʁ aga labur mad ɛr skul ]
Yann a zo ur c'hrouadur hag a labour mat er skol.
Yann R1 est un 5enfant que R1 travaille bien en.le école
'Yann est un enfant qui travaille bien à l'école.'
Léonard (Saint-Pol-de-Léon), Avezard-Roger (2004a:256)


Morphologie

composition

La première partie du composé hag est aisément reconnaissable comme le complémenteur ha(g), homophone du complémenteur épistémique 'si' et de la coordination.


a, rannig ou pas ?

Hag a semble à première vue être composé sur sa partie droite du rannig a, car il provoque une lénition sur le verbe qui le suit. Ce a n'est pas prononcé dans les environnements exacts où le rannig disparait indépendamment, comme dans une partie du paradigme du verbe kaout 'avoir'.


(2) … un den kozh hag en deus graet e amzer soudard en Oriant
un personne vieux que R.3SGM a fa.it son1 temps soldat en Oriant
'… un vieil homme qui a fait son service militaire à Lorient'
Vannetais, Herrieu (1994:70)


Lorsqu'une négation est présente, on obtient normalement ha ne ou ha na (Favereau 1997:§582-3), avec une alternance a/e typique des rannigs.


hag a ne … chez Miossec

Miossec utilise la tournure hag a ne … , ce qui met en doute l'identité de rannig de la particule a dans son dialecte car les rannigs ne se trouve autrement jamais au-dessus de la négation ne. Dans ce dialecte au moins, il ne s'agit pas du rannig a.


(3) boestoù hag a ne vez da ober nemed lakad anezo war an tan da domma.
boîte.s que prt ne1 est à1 fa.it seulement mettre P.eux sur le feu à1 chauf.fer
'… des boîtes qu'il n'y a qu'à mettre sur le feu pour réchauffer.'
Léonard (Guiclan), Miossec (1981)


(4) dre ar gwenojennou diêsa, ar re hag a ne blijont na d'ar valtouterien, na d'ar zoudarded...
par le chemin.s difficile.le.plus le ceux que prt ne1 plaisent ni à1 le 1douanier.s ni à1 le 1soldat.s
'par les chemins les plus escarpés, ceux qui ne plaisent ni aux douaniers, ni aux soldats… '
Léonard (Guiclan), Miossec (1994:127)


Miossec utilise consistamment hag a ne pour la relativisation d'un indéfini, comme par exemple dans Miossec (1994):

  • meur a hini hag a ne hell ket mired da glask konta kaoziou., p.27
  • Med sevel a reas buan ennañ eur c'hoant braz iskiz hag a ne laoskas ket tamm repoz ebed ken gand e spered, p.62
  • Eul labour skuizuz, evid daou baotr hag a ne blij ket kalz dezo en em skuiza evid an Almanted., p.77
  • Ar re a zo, a zo koz kenañ, ar beurvrasa anezo, gwez-fao ha gwez-pin, re hag a ne zav ket a vrouskoad war o chosou., p.100
  • daoulagad tud hag a ne houlennint ket gwelloh eged lakaad o hraban warnañ., p.126
  • unan « hag a ne oa ket », emezo, « war e daol kenta » , p.138
  • en eun toull-kambr hag a ne hello ket tehed dioutañ, p.70...

un seul /a/ prononcé dans les dialectes en perte de rannig

En cornouaillais de l'Est maritime ou encore à Duault, le rannig tend à n'être pas prononcé du tout, au point que les relatives ailleurs en hag a apparaissent en ha seul, une forme alors homophone d'un rannig simple s'il était prononcé.


(5) unan ha oa botoù gantañ
un R était chaussure.s avec.lui
'quelqu'un qui portait des chaussures.'
Cornouaillais de l'Est (Lanvénégen), Evenou (1989)
cité dans Favereau (1997:§580)


(6) [ jãn zo ' bygœl a labuʁa 'mat baʁ skol ]
Yann ' zo ur bugel a laboura mat e-barzh ar skol.
Yann R1 est un enfant R1 travaille bien dans.le école
'Yann est un enfant qui travaille bien à l'école.'
Breton central (Duault), Avezard-Roger (2004a:248)


Dans d'autres endroits, la question de l'analyse peut se poser.


(7) Neuche mi pikol forniou a labour.
N'eus ket mui pikol forniou hag a labour. Équivalent standardisé
ne1.est.pas plus beaucoup four.s (que) R travaille
'Il n'y a plus beaucoup de fours en activité.'
Cornouaillais (Riec), Bouzec & al. (2017:102)

Syntaxe

Il existe différents éléments déclencheurs du complémenteur hag a, et une variation dialectale quant à ces déclencheurs.


antécédent indéfini

Selon Kervella (1995:§808) la définitude du syntagme nominal influe sur la forme de sa modification par une relative: un antécédent indéfini déclencherait la forme hag a.


La règle qui associe un antécédent indéfini et le complémenteur hag a est rapportée en breton du Poher et du pays Pourlet (Favereau 1997:§580). On en trouve des exemples en cornouaillais de l'Est à Lanvénégen (Evenou 1987), en vannetais de Quistinic (Nicolas 2005), en vannetais standard (Cheveau 2017:§325)...


(1) Setu aze balan glaz hag a zev ar re-ze, klev, a zo briz sec'h.
voici ici genêts vert que1 brûle le ceux.ci écoute R est moitié-sec
'Voilà du genêt vert qui brûle. Celui-là, sais-tu, est à moitié sec.'
Trégorrois, Gros (1970b: 'briz')


(2) An dimeziñ ne c'hell bezañ graet etre daou zen hag a vev fall an eil gant egile.
le marier ne1 peut être fa.it entre deux1 humain C R1 vit mauvais le second avec egile
'Le mariage ne peut se faire entre deux personnes qui vivent mal ensemble.'
Jezegou (1936:195)
cité dans Menard (1995:§ amourouz)


antécédent indéfini sans hag

On trouve aussi des antécédents indéfinis avec un rannig seul (ur c'hi a beg, 'un chien qui mord', Trépos cité par Favereau 1997:576).


(1) ur gêr a zo bourrus bevañ enni
un 1ville R1 est plaisant vivre en.elle
'une cité au séjour enchanté' (J'ai deux amours, J. Baker)
Standard, Drezen (1932:5)


(2) eun ebeul bïan brao a oar debri bara diwar va dorn
un poulain petit beau R1 AUX manger pain de mon2 main
'un beau petit poulain qui me mange du pain dans la main'
Léonard, Seite & Stéphan (1957:83)


(3) ur blaz na bade ket gwall bell.
un gout ne.R1 durait pas très1 longtemps
'un gout qui ne durait pas très longtemps'
Favereau (1997:§581)


(4) Per, a neus un taol kalon ewid Morwena a zo ur pot a gar chikour an oll.
Per R a un coup cœur pour Morwena R est un gars R 1aime aider le tous
'Per, dont le cœur bat pour Morwenna, est un gars plutôt aidant.'
Cornouaillais (Locronan), A-M. Louboutin (02/2022)


(5) [ yn dɛ̃n a labura mat dyrã ən de ɥe tʃə kaɥət bərpət ]
un den ha ' laboura mat durant an deiz ' vez ket kavet bepred.
un personne C R travaille bien pendant le jour R est pas trouv.é toujours
'On ne trouve pas toujours un homme qui travaille bien toute la journée.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:50)


Pour le vannetais pré-moderne, Châtelier (2016:) note que hag n'apparaît pas comme complémenteur dans les relatives chez le haut-vannnetais Marion, même pour la relativisation d'un indéfini.


  • En diaul n'eèllehai quet quemér un dra e zou de Zoué.
'Le diable ne pourrait pas prendre une chose qui est à Dieu.', Haut-vannetais (fin XVIII°), EOVD.

relative non-restrictive d'un défini

Le complémenteur hag a est associé en Léon et en Vannetais aux relatives non-restrictives. Pour le Léon, "quand la proposition est explicative, c'est à dire non-nécessaire au sens, a est souvent précédé de hag" (Seite 1975:97), pour le vannetais standard, quand la proposition apporte "une indication supplémentaire" (Cheveau 2017:§325).


(1) An dén-se, hag a labour ken mad, a zo kenderv din.
le personne. C R travaille si bien R1 est cousin à.moi
'Cet homme qui travaille si bien est mon cousin.'
Léonard, Seite (1975:97)


(2) Ar marc'hadour roñseed, hag a oar e vicher koulskoude, a chomas berr da laerezh anezhañ.
le march.and chevaux C R sait son1 métier cependant R1 resta court pour1 voler P.lui
'Le marchand de chevaux, qui connait pourtant son métier, n'a pu le voler.'
Cornouaillais, Trépos (1974:121)
cité dans Press (1986:208)


Il y a manifestement variation dialectale dans cette option. Kervella (1947:§808) donne des exemples de noms indéfinis modifiés en hag a, et exprime sa résistance à faire de même avec des noms définis.


(3) Un den hag a zo amañ. vs. * An den hag a zo amañ.
un personne C R1 est ici le personne C R1 est ici
'Un homme qui est ici.', et non pas * 'L'homme qui est ici.'
Standard, Kervella (1947:§808)


causalité

Un sous-ensemble des cas de relative non-restrictive d'un nom défini apporte une nuance de causalité.


(4) Va mamm hag a oa bet intañvez, he-doa daou vugel all.
mon2 mère C R1 était été veuv.e 3SGF avait deux1 enfant autre
'Ma mère, qui avait été veuve, avait deux autres enfants.'
Léonard (Plouzane), Briant-Cadiou (1998:5)


(5) C'hwi hag a zo kreñv, kemeret ma sac'h.
vous C R1 est fort prenez mon2 sac
'Vous qui êtes fort, prenez mon sac.'
Vannetais standard, Cheveau (2017:§325)


relatives restrictives en hag a après un défini

On peut trouver hag a avec un antécédent défini d'une relative restrictive.


(6) Ne jom anezi nemed he hloh Maria Pia hag a heller gweled _ (...).
ne1 reste de.elle seulement son2 cloche Maria Pia C R peut.on voir
'Il ne reste d'elle que sa cloche Maria Pia que l'on peut voir.'
Léonard, Seite (1998:50)


(7) Met plec'h emout ? An dud hag a velon a valez abaoe.
mais es le 1gens que R1 vois R1 marche.3SG déja
'Où êtes-tu ? Les personnes que je vois marchent déjà.'
Cornouaillais (Locronan), A-M. Louboutin (10/2021)


Le plus couramment, on trouve cependant soit le rannig seul, soit le complémenteur ma4.


(8) er peur ma rein en alézon dehon e bédo aveidomp.
le pauvre que4 donnerai le aumône à.lui R1 priera pour.nous
'Le pauvre à qui je donnerai l'aumône priera pour nous.'
Vannetais standard, Cheveau (2017:§326)

Sémantique

ha(g) et la restrictivité

Le complémenteur ha(g) est homophone avec la conjonction de coordination ha(g), et la coordination est toujours sémantiquement restrictive ('J'ai une balle et elle est jaune' > 'J'ai une balle jaune').

Cette propriété pourrait être à l'origine de relativisation des antécédents indéfinis. Cependant, si on adopte cette idée, la présence de structures en hag a en tête des relatives non-restrictives dans les dialectes les plus conservateurs du Léon et du Vannetais est inexpliquée.


Diachronie

La structure relative renforcée en hag a est attestée de longue date en brittonique ancien (Fleuriot (1985b:91-93).

Pour un historique des analyses des relatives en hag a dans les grammaires descriptives du breton pré-moderne, se reporter à Lambert (1976:282). Lambert (2011d) considère que le premier exemple de "relative coordonnée" est dans le Nomenclator de Quiquer de Roscoff en 1633.


(1) vr speçc á deru hac a vez calet
un espèce de1 chêne que R1 est dur
'une espèce de chêne qui est dure'
Léonard (1633), Le Menn (2000:106)

Terminologie

Lambert (2007, 2011d) utilise le terme de relative coordonnée.


Bibliographie

  • Lambert, P.Y. 2007. 'La relative coordonnée en Breton moderne', La coordination, André Rousseau & al. (éds.).