Réponses aux questions

De Arbres
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Il existe deux grands types de questions, selon les réponses que l'on peut leur donner.

Les questions ouvertes sont celles qui commencent par les mots interrogatifs en pe- (petra, penaos, pegoulz...). On y répond généralement en mettant l'élément de réponse en début de phrase, à la place de l'élément interrogatif. Dans la littérature anglophone, on appelle aussi ces questions des "questions wh" car en anglais les mots interrogatifs commencent par wh-.

Le second type de questions est celui des questions par lesquelles on peut répondre par oui ou par non; ce sont les questions oui/non, que l'on appelle aussi les questions polaires. En breton, on répond différemment à ces questions selon qu'elles sont elles-mêmes positives ou négatives.


Répondre à une question wh

focus à l'initiale

Répondre à une question implique un focus sur l'élément de réponse, qui est l'information nouvelle dans la phrase. L'ordre des mots de la réponse à une question est donc fixe: l'élément de réponse, focalisé, se met normalement, comme tout focus, en initiale de phrase.


information non-nouvelle à l'initiale

On peut cependant pointer des contre-exemples. En (1), le contexte est comme suit: "Vous êtes à Cuba, dans une rhumerie. Vous demandez au guide de quoi est fait le rhum, et le guide vous répond: ...". On voit dans les réponses données dans des dialectes différents que la phrase de réponse du guide commence préférablement par une information non-nouvelle.


CONTEXTE: "'Ba Tchuba 'moc'h, 'ba 'n uzin da ojañ rhum. Goul 'rit ga petra 'vez gwet 'r rhum, ha r guid 'respont doc'h:..."


(1) Rhum ' vez gwet ga sukr korz.
"Rhum" R est fa.it avec sucre tiges
'On fait le rhum avec du sucre de canne.'
Cornouaillais (Scaër/Bannalec), H. Gaudart (04/2016)


CONTEXTE: "E Kuba emaoc'h, e-barzh un uzin a ra rhum. Goulenn a reoc'h gant petra e vez great ar rhum, hag ar guid a respont deoc'h:"

(2) Ar rhum a vez great gant du sucre de canne.
le rhum R est fa.it avec "du sucre de canne"
'On fait le rhum avec du sucre de canne.'
Léonard (Plougerneau), M-L. B. (04/2016)


L'antéposition d'information nouvelle peut être explicitement dispréférée.

  • Ar rhum a vez great gant kannasuk.
# Gant kannasuk a vez great ar rhum.
Lesneven/Kerlouan, Y. M. (04/2016)

Répondre à une question oui/non

Répondre à une question oui/non en breton se fait suivant le type de question à laquelle il est répondu.

Il existe quatre cas de figures:

  • A une question positive, il peut être répondu :
par l'affirmative ('oui, je suis d'accord avec toi… ')
par la négative ('non, je ne suis pas d'accord avec toi')
  • A une question négative, il peut être répondu :
par l'affirmative ('si, je ne suis pas d'accord avec toi… ')
par la négative ('non, je suis d'accord avec toi… ')
voir Fave (1998:134;br).


réponse positive à une question positive

ya

Pour répondre qu'on est en accord avec une question positive, on peut juste répondre Ya 'oui', et optionnellement répéter ensuite la phrase à l'affirmative. La réponse en ya est largement utilisée en breton standard, mais ce n'est pas la seule option.


ellipses

Différentes ellipses sont possibles dans les réponses positives aux questions positives.


(1) A : Klevet hoc'h eus ? B : Hag hon eus !
entend.u 2PL+C a et 1PL a <entend.u>
'A : Avez-vous bien compris mon message ? B : Compris !'
Standard, An Here (1996:24)


En (2), c'est la copule au futur e vo qui est élidée.


(2) A : Brav e vo an amzer hiziv? B : Bez' _[ø]_ awalc'h !
beau R sera le temps aujourd'hui être <R sera> assez
'A : Il fera beau aujourd'hui ? B : Assez, oui.'
Standard, Kervella (1947:744)


En (3), il s'agit de l'ellipse de toute la phrase de réponse affirmative, à laquelle on a rajouté, seul élément nouveau hors de l'ellipse, la particule bet.


(3) A : Ur c'hamalad dit (eo) ? B : (Ya, ur c'hamarad din eo) bet !
un 5copain à.toi est <ouais un 5copain à.moi est> été
'A : C'est un copain à toi ? B : Ouais ! Il l'a été !'
Léonard, Madeg (2013:9)

eo

Kergoat (1976:81) indique qu'à Plogonnec, eo qui est surtout utilisé pour une réponse positive à une question négative, apparaît aussi à la place de ya après une question positive si celle-ci comprend le verbe bezañ.


(3) A : Start eo d'ober ? B : Eo.
dur est à1'faire oui
'A : C'est dur à faire ? B : Oui.'
Cornouaillais (Plogonnec), Kergoat (1976:81)

réponse négative à une question positive

reprise du verbe

À une question positive, il est répondu négativement par une reprise du verbe utilisé dans la question, accompagné uniquement des marqueurs ne et ket de la négation.


(1) A : D'ar gêr e teui disul, Jakez ? B : Ne deuin két.
à1 le 1foyer R4 viendras dimanche Jakez ne1 viendrai pas
'A : 'Tu viendras dimanche, Jakez ?' / B : 'Non.'
Léonard, Seite (1975:53)


Il existe une variation dialectale dans la liste des verbes repris en réponse.

À Bothoa, en breton central, la reprise verbale concerne les verbes bezañ 'être', kaout 'avoir', ober 'faire', mont 'aller', dont 'venir' et gweret (gouzout 'savoir'). Avec les autres verbes, la reprise est effectuée avec une conjugaison analytique utilisant l'auxiliation en ober (Humphreys 1995:365).

À Plozévet, Goyat (2012:284) note des reprises en réponse avec les verbes /be/ 'être', /møz/ 'avoir', /mon/ 'aller'. Pour tous les autres verbes, c'est /'o:bɛr/, ober 'faire' qui est utilisé.

À noter qu'on trouve des locuteurs natifs qui usent par ailleurs du système de reprise du verbe seul, mais qui parfois répondent en rajoutant nann, qui en standard est censé être réservé aux réponses de questions négatives.


(2) A : Mond da Bariz a garfeh ? B : Nann, ne garfen ket.
aller à1 Paris R1 aimeriez Non ne1 aimerais pas
'A : 'Vous aimeriez aller à Paris ?' / B : 'Non je n'aimerais pas.'
Léonard, Seite (1975:46)

reprise en ober

Tous les verbes peuvent être repris en ober, même ici le verbe emañ 'être'.


(3) A : O vont da gouezhañ emaon. B : Ne reoc'h ket. Azezit bremañ.
à4 aller pour1 tomber suis ne4 faites pas asseyez maintenant
'A : 'Je vais tomber.' / B : 'Non. Asseyez-vous maintenant.'
Léonard, Kervella (2009:35)

nepas, pas

Le vannetais Le Bayon, fin XIXe, utilise nepas.


(4) A : Ha Doué en dès ur horf ? B : Nepas.
Q Dieu R.3SGM 3.a un 5corps non
A : 'Dieu a-t-il un corps ?' / B : 'Non.'
Vannetais pré-moderne, Le Bayon (1878:57)


La forme rapportée pas à Guémené-sur-Scorff (McKenna 1978:172) et à Groix (Ternes 1970:329).


(5) A : En ti zo lan. B : Pas, un nebedig.
le maison est plein non un peu.DIM
A : 'La maison est pleine.' / B : 'Non, juste un peu.'
Guémené-sur-Scorff, McKenna (1978:172)


(6) A : ' zo krenvoc'h evidout. B : Pas.
lui R1 est fort.plus que.toi non
A : 'Il est plus fort que toi.' / B : 'Non (ce n'est pas vrai)'
Vannetais (Groix), Ternes (1970:320)


En 1744, le vannetais L'Armerye traduit 'non' pour une réponse à question positive par Nonpafs, Nompafs, ou Saloucraeffe.


 Humphreys (1995:365):
 "Mes informateurs ne semblent pas utiliser pas comme un monème propositionnel négatif contradictoire. Ils le signalent, cependant, chez un voisin originaire de Saint-Gilles-Plijeaux, tandis que mes observations personnelles me font penser que cet usage devient de plus en plus fréquent à mesure qu'on s'approche du vannetais."

ket

L'adverbe négatif ket est une interjection de réponse aux questions, de même catégorie grammaticale que ya 'oui'.


(7) Ac'hanta ! Mont a rez er-maez, ya pe get ?
Bon alors ! aller R1 fais dehors oui ou1 pas
'Bon alors ! Tu sors, oui ou non ?'
Standard, Preder & Armor (1977:23)


(8) A : Drebet peus ho lein ? B : Ket c'hoazh.
mang.é 2.a votre3 déjeuner non déjà
A : 'Vous avez déjeuné ?' / B : 'Pas encore.'
Léonard, Kervella (2009:105)


En réponse à une déclarative positive, on voit aussi l'opposition réalisée en ket.


(9) A : Sao war da vanne 'ta Saig ! B : Ket. Trawalc'h meus evet.
monte sur1 ton2 verre donc Saig non assez 1SG.a b.u
A : 'Finis ton verre donc, Saig !' / B : 'Non, j'ai assez bu.'
Léonard, Kervella (2009:215)

réponse négative à une question négative

nann

A une question négative, en breton standard, il est répondu négativement par nann 'non'. Nann s'emploie donc quand la personne qui répond est d'accord avec la proposition de la question qui lui est posée.


(1) A : N'oc'h ket sonjet monet ? B : Nann, n'on ket sonjet monet.
ne1 êtes pas pens.é aller Non ne1 suis pas pens.é aller
A : 'Tu n'as pas l'intention d'y aller ?' / B : 'Non je n'en ai pas l'intention.'
Vannetais (Le Scorff), Ar Borgn (2011:67)


(2) A : Vo ket laret din ? B : O nann, gredan ket ...
ne1 sera pas d.it à.moi Oh ! non ne1 crois pas
A : 'Tu ne me diras pas ?' / B : 'Oh non, je ne pense pas.'
Cornouaillais (Le Juch), Hor Yezh (1983:22)


négation explétive

Même si la négation dans la question est explétive, c'est-à-dire sémantiquement vide, la réponse d'assentiment doit toujours être nann. Dans les mêmes contextes d'assentiment avec une négation explétive, en français, la réponse est oui.


(1) A : N'eus nemet ur gaouiad amañ ? B : Nann, n'eus nemet unan.
ne1 est seulement un mensong.eur ici non ne1 est seulement un
A : 'Il n'y a qu'un menteur ici ?' / B : 'Oui, il n'y en a qu'un.'
Standard, Kerrain (2001)


(2) A : [ nɛ pe'dɛrər 'ɑ̃ntər] B : [nɑ̃n ha]
N'eo ket nemet peder eur hanter Nann 'vat.
ne1 est pas seulement quatre heure demi non mais
A : 'Il n'est que quatre heures et demie' / B : 'Oui, en effet.'
Trégorrois (Bégard), Yekel (2016:'Respont d'ur goulenn nac'h')


(3) A : [nøs mɛd y:n ken] B : [a nãn]
N'eus ket nemet unan ken Ah nann.
ne1 est pas seulement un plus Ah non
A : 'Il n'y en a plus qu'un' / B : 'Ah oui.'
Trégorrois (Bégard), Yekel (2016:'Respont d'ur goulenn nac'h')

nann hors questions

Nann peut aussi apparaître en dehors du contexte des questions, et même après une phrase positive.


(4) A : Ar gwazed zo kouezhet. B : Nann, ar vugale zo kouezhet.
le homme.s est tomb.é non le 1enfant.s est tomb.é
A : 'Les hommes sont tombés.' / B : 'Non, les enfants sont tombés.'
Léonard (Plougerneau), M-L.B (10/2018)

tra en Léon

En (1), la réponse d'assentiment à une phrase négative est réalisée par tra, le nom 'chose' en usage de nom nu. Ici, l'amorce n'est pas grammaticalement une question puisqu'elle est déclarative, mais l'acte de discours réalise cependant une question (l'interlocuteur se sent obligé de répondre).


(1) A : Gwelet a reoc'h ! N'eo ket maro Fidelig. B : Tra, n'eo ket maro.
voir R1 faites ne1 est pas mort Fidelig non ne1 est pas mort
A : 'Vous voyez bien ! Il n'est pas mort, Fidelig.' / B : 'Non, il n'est pas mort.'
Léonard, Kervella (2009:223)


(2) A : N'emaoc'h ket o vont da gas ac'hanon da ospital ar re gozh alato !
ne1 êtes pas à4 aller pour1 envoyer P.moi à1 hôpital le ceux 1vieux quand.même
A : 'Vous n'allez pas m'emmener dans un hôpital pour vieux, quand même !'
B : Tra, arabat kaout aon !
chose interdit avoir peur
B : 'Non, il ne faut pas avoir peur !'
Léonard, Kervella (2009:121)

naren au sud, noñ à Ouessant

Dans l'exemple en (2), en cornouaillais standardisé, naren ne répond pas à une question négative, mais suit l'exclamation — Labous an Ankou !, '- L'oiseau de l'Ankou !'). La forme naren est aussi rapportée à Groix (Ternes 1970:329).


(2) Naren !... n'eo ket labous an Ankou eo.
non ne1 est pas oiseau le Ankou est
'Non !... Il ne s'agit pas en fait de l'oiseau de l'Ankou.'
Standard, Riou (1923:4)


En 1744, le vannetais L'Armerye donnait narenn, ou nann pour traduire 'non' en réponse à une question négative. Naren était utilisé en réponse à une question négative par le vannetais Le Bayon (1878). Ernault (1892b:350) rapportait les formes naren, narn, naran, la forme narein en Léon et néren, nêran à Sarzeau. Guyonvarc'h (1984:55) donne aussi naran, narin et narn.


(3) A : Nen dint-i tri Doué ? B : Naren.
ne+C sont-eux trois Dieu non
A : 'Ne sont-ce pas trois Dieux ?' / B : 'Non.'
Vannetais, Le Bayon (1878:57)


Ernault (1892b:150) analyse la forme naren comme un composé de na et du nom nu rann 'partie, morceau'. En 1499, le voyageur allemand Arnold von Harff récolta à Nantes la forme narinck (Guyonvarc'h 1984), dont la consonne finale, prononcée /k/, suggère Na rin ket 'Je ne le ferai pas'.


À Ouessant au XXe, c'est l'emprunt nasalisé noñ au français non qu'on trouve dans la dislocation à droite.


(4) Med ar re-ze ne lavarent jamez gaou noñ.
mais le ceux. ne1 disaient jamais mensonge non
'Mais elles ne mentaient jamais.'
Léonard (Ouessant), Gouedig (1982)

réponse affirmative à une question négative

reprise du verbe

A une question négative, il est répondu positivement par la forme conjuguée du verbe employé dans la question, employée seule, en initiale de phrase.


(1) A : Ne welez ket anezañ? B : Gwelan 'vat !
ne1 vois pas P.lui vois cependant
A : 'Ne le vois-tu pas ?' / B : 'Mais si !'
Trégorrois, Gros (1989:'gweled')


(2) A : Ne vo ket brao an amzer ? B : Bo.
ne1 sera pas beau le temps sera
A : 'Le temps ne sera-t-il pas beau ?' / B : 'Si !'
Trégorrois, Le Clerc (1986:69)


geo, ea, neo, deo 'si'

Tous les verbes ne peuvent pas être utilisés en reprise, et c'est alors la forme geo, dérivée de la copule eo qui est employée indifféremment.

Geo est sujet à une variation dialectale dans sa prononciation. On le trouve à Plozevet sous la forme ea.


(1) A : /ˌtøfiɲ 'ked/ B : /ea/
Teufint ket ? Eo !
R viendront pas ? si
A : 'Ne viendront-ils pas ?' / B : 'Si !'
Cornouaillais (Plozevet), Goyat (2012:284)


A Bégard en Trégor, la forme reportée par Yekel (2016) est /gɛ/. À Sein, la forme relevée est neo (néo dans l'orthographe de Malgorn 1909).


(2) A : Ne yade ket er gear ? B : Neo er gear e yade.
ne1 était pas en.le 1foyer Si en.le 1foyer R était
A : 'Il n'était pas à la maison ? / B : 'Si, il était à la maison.'
Cornouaillais (Sein), Fagon & Riou (2015:44)


En Léon, on trouve deo ou eo.


(3) A : N'oc'h ket bet operet diouzh an "apiñdisit" ? B : Deo alato !
ne1 êtes pas été opér.é de le "appendicite" si bien-sûr
A : 'Vous n'avez pas été opéré de l'appendicite ?' / B : 'Si, bien-sûr.'
Léonard, Kervella (2009:83)


(4) A : N'oa ket legumaj ? B : Eo, en tu all d'ar c'harzh.
ne1 était pas légumes si en côté autre de le 1haie
A : 'Il n'y avait pas de légumes ?' / B : 'Si, de l'autre côté de la haie.'
Léonard, Kervella (2009:51)


Malgorn (1909) donne, pour la Cornouaille, les formes yao et ieo, "qui n'ont aucun rapport avec beza".

variation dialectale

La variation dialectale tient dans l'inventaire des verbes qui peuvent être utilisés pour répondre affirmativement à une question négative, et donc dans l'étendue de l'usage de la stratégie alternative avec (g)eo.


Trégor, Goëlo, breton central

La reprise verbale est très productive en Trégor et Goëlo, et jusqu'en breton central à Bothoa (Humphreys 1995:362), avec des reprise par bezañ ou kaout, mais aussi certains verbes lexicaux, avec une variation dans leur productivité. On relève aussi un paradigme utilisant ober, 'faire', comme auxiliaire de reprise verbale.


verbes lexicaux

On a vu la réponse en gwelan, 'Si, je vois' chez Gros. À Plougrescant, Le Dû (2012:75) note que tous les verbes irréguliers et quelques autres peuvent s'employer, comme debriñ, 'manger'.


(1) A : dêbó-ke tout ? B : o, debó vat !
ne1 mangera pas tout oh mangera bien.sûr
A : 'Il ne mangera pas tout ?' / B : 'Oh, si bien sûr !'
Trégorrois, Le Dû (2012:74)


(2) A : n'êy-ke d'en œred? B : gêy.
ne1 ira pas à le noce ira
A : 'Il n'ira pas à la noce ?' / B : 'Si, il ira.'
Trégorrois (Plougrescant), Le Dû (2012:89)


verbe mont 'aller', Trégor (Bégard), Yekel (2016:'goulenn nac'h')
(3) nombre, personne 'si' (présent) 'si' (imparfait) 'si' (futur)
1SG gan gaen gin
2SG gez gaes gi
3SG ga gae geyo
1PL gamp gaemp gefomp
2PL get gaec'h gefet
3PL geont gaent gefont


À Bothoa, Humphreys (1995:362) donne des réponses en reprises du verbe avec mont, 'aller', dont, 'venir', et gweret (gouzout, 'savoir').


(4) A : w'èrə p'i:? B : gw'èrãn.
ne1 sais pas qui sais
A : 'Tu ne sais pas qui ?' / B : 'Si.'
Bothoa, Humphreys (1995:363)


(5) A : w'èrè k'als ? B : gw'è:rè.
ne1 sait pas beaucoup sait
A : 'Il ne savait pas beaucoup? / B : 'Si.'
Breton central (Bothoa), Humphreys (1995:363)


Tous les verbes lexicaux sont loin d'être concernés. A Bégard, chez des locuteurs nés entre 1910 et 1930, Yekel (2016) relève des réponses en geo après les verbes evañ 'boire' et tapout 'prendre'.


(6) A : Ne dapi ket ur werenn neuze ? B : 'Geo geo geo !'

A : 'Tu ne prendras pas de verres alors ? / B : 'Si si si !'


(7) A : Evañ ne ra ket ivez ? B : O ma doue geo 'vat.

A : 'Il ne boit pas non plus ? / B : 'Oh mon dieu, bien sûr que si !'


reprise emphatique

Humphreys (1995:363) signale des cas de reprise verbale différents, qui ont un impact emphatique. Ils sont tous redupliqués.


(1) A : ʃil'əwa kə hónón ? B : ʃil'əwa, ʃil'əwa.
ne1 écoute pas P.moi écoute, écoute
A : 'Il ne m'écoute pas ?' / B : 'Si, bien sûr.'
Bothoa, Humphreys (1995:363)


(2) A : g'uskén kət ? B : k'uski, k'uskit.
ne1 dormirai pas dormiras, dormiras
A : 'Je ne dormirai pas ?' / B : 'Si, certainement.'
Bothoa, Humphreys (1995:363)
bezañ, 'être'

Avec le verbe bezañ, la reprise peut comporter de l'information temporelle. En (2), la reprise est en bo, forme future du verbe bezañ, 'être'.


(2) Oh, hoñ ne vo ket graet, oh bo, emezon-me.
Oh ! celle-là ne1 sera pas fa.it Oh ! si, dis-je
'Oh, celle-là ne se fera pas, oh si, te dis-je.' (la route)
Trégorrois (Bégard), R. Dollo né en 1932
cité dans Yekel (2016:'goulenn nac'h')


Exemple de paradigme pour répondre 'si' avec le verbe 'être'. Les données de Plougrescant de Le Dû (2012:76,77) y sont en vert, et les données de Bégard de Yekel (2016) sont en noir. On voit que les paradigmes d'habitude empruntent au conditionnel realis présent comme au conditionnel irrealis passé.


verbe bezañ 'être', Trégorrois (Plougrescant, Bégard) Le Dû (2012:76,77), Yekel (2016:'goulenn nac'h')
(3) nombre, personne 'si' (présent) 'si' (imparfait, forme d'habitude) 'si' (imparfait) 'si' (futur)
1SG bénn bijénn bezen bwɑ̃nn boan bin
2SG bès bijès bezez bwas boas bi bi
3SG bijé beze bwa boa bo
1PL bém bijém bezemp bwɑ̃m boamp befõm, veõm befomp
2PL bèhh bijèhh bezec'h bwahh boac'h béfet, béet befet
3PL béņ bijéņ bezent bwɑ̃ņ boant bõņ befont
impersonnel bèr bijèr bwar bèr


Hors des formes d'habitude, Yekel (2016) donne des exemples avec une prononciation /gɔ̃ /, gon au 1SG, [gut] au 2SG et [giɲ] au 3PL.


(4) A : N'on ket 'ba 'r journal ? B : Gout.
ne1 suis pas dans le journal si
A : 'Je ne suis pas dans le journal ?' / B : 'Si.'
Trégorrois (Bégard), locuteur né en 1915
Yekel (2016:'goulenn nac'h')


(5) A : Ha n'int ket kazerniet na mann ebet ? B : Gint.
et ne1 sont pas enferm.é ni zéro aucun si
A : 'Et ils ne sont pas enfermés ni rien ?' / B : 'Si.'
Trégorrois (Bégard), locuteurs nés en 1915, 1920
cité dans Yekel (2016:'goulenn nac'h')


La forme d'habitude, reprise de e vez, est bez, [be].


(6) A : Ne vez ket. B : Bez, arozet e vez ar jardin.
ne1 est pas si arrosé R est le jardin
A : 'Non (on n'arrose pas).' / B : 'Si, on arrose le jardin.'
Trégorrois (Bégard), locuteurs nés en 1915, 1920
cité dans Yekel (2016:'goulenn nac'h')


kaout, 'avoir'

Les paradigmes ne sont pas toujours complets. Le verbe kaout est défectif en ce qu'il ne marque pas la personne. À Bothoa, les reprises en kaout sont uniformément sous la forme g'əs, geus au présent, et g'w'è:, gwe au passé (Humphreys 1995:363).

Le Dû (2012:79) note que ba couvre tout le paradigme à l'imparfait, et tout le paradigme au futur. En Goëlo, la forme au futur est /bu/.


(4) A : ' Po ket un tamm bara ? B : Bou !
ne1 R.2PL 2.aura pas un morceau pain 1.aura
A : 'Tu ne veux pas de pain ?' / B : 'Si !'
Goëlo, Koadig (2010:42)


(5) A : Ur bok all ' to ? B : ' mo ket A : Bo !
un "bock" autre R 2SG.aura R 1SG.aura pas 1.aura
A : 'Tu auras un autre boc (de bière) ?' / B : 'Non.' / A : 'Si.'
Trégorrois (Bégard), locuteur né en 1931
cité dans Yekel (2016:'goulenn nac'h')


En (6), geo est répondu à une question avec le verbe kaout, 'avoir' et la réponse est en geo, [gɛw]. Soit la locutrice n'a pas la réponse en bo, soit le fait que la question soit indirecte et que le verbe d'appel soit enchâssé empêche la reprise.


(6) A : N'onn ket hag-eñ 'no un tamm all ? B : Geo.
ne1 sais pas si R.3SGM aura un morceau autre ? si
A : 'Je ne sais pas s'il aura un autre bout ?' / B : 'Si.'
Trégorrois (Bégard), locutrice née en 1928
Yekel (2016:'goulenn nac'h')
reprise par ober

Une stratégie alternative à la reprise par le verbe tensé de la question, ou par geo est la reprise par le verbe support ober, comme dans la conjugaison analytique. À Bothoa, Humphreys (1995:363) en donne des exemples pour les verbes kompren, 'comprendre', plijout, 'plaire', dispign, 'dépenser'.


(1) A : Ne debra ket gato ? B : Gra sur a-walc'h !
ne1 mange pas gâteau fa.it sûr assez
A : 'Il ne mange pas de gâteaux ?' / B : 'Oh si certainement !'
Trégorrois (Bégard), locuteurs nés en 1915, 1920
Yekel (2016:'goulenn nac'h')


verbe support ober 'faire', Trégor (Bégard), Yekel (2016:'goulenn nac'h')
(2) nombre, personne 'si' (présent) 'si' (imparfait) 'si' (futur)
1SG gran graen grin
2SG grez graes gri
3SG gra grae greyo
1PL greomp graemp grefomp
2PL gret graec'h grefet
3PL greont graent grefont

Standard

Le breton standard penche vers l'utilisation multilatérale de geo, /geo/, /gew/. En breton central à Bothoa, où le système typique du Trégor et Goëlo est encore vivant, toutes les réponses en geo sont aussi acceptées (Humphreys 1995:364).


Haut-vannetais

En haut-vannetais pré-moderne, à Cléguérec, Thibault (1914:189) note que geou n'est pas utilisé, au profit de / bow /.

Selon Louis (2015 :26), geo est la marque du breton de Languidic, en opposition à bo, 'Si il (le) sera', marque du breton de Pontivy.

Horizons comparatifs

On connaît à travers les langues de multiples cas de sensibilité à la présence ou non de la négation dans les réponses aux questions. Réponse Si en français doit répondre à une question négative, alors que cette restriction n'existe pas en Castillan.

L'ancien français avait un système de reprise comparable, avec Donnez-moy le vôtre. Non-feray. (Ernault 1892b).

Bibliographie

breton


horizons comparatifs

  • Thoms, Gary. 2016. 'Short answers in Scottish Gaelic and their theoretical implications', Natural Language & Linguistic Theory 34:1, 351-391.