Différences entre les versions de « -a »
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Version du 10 juillet 2020 à 08:18
Le suffixe verbal -a apparaît sur des bases nominales. C'est un verbe léger qui forme des verbes dénotant une action répétée (itérativité). Sur une base nominale plurielle, ce verbe signifie 'chercher, rechercher, amasser'. On retrouve logiquement ce suffixe dans les finales en -aoua, -eta, qui obtiennent des verbes dénotant l'activité de recherche, de chasse ou de pêche de quelque chose. C'est un verbe défectif, qui n'est utilisé qu'à l'infinitif.
(1) | Pa veze bet avelaj evel-se | e miz Here | ez een d'ar hoajoù | da geuneuta. | |||
quand était eu vent.sfx comme-ça | en mois octobre | R allais à'le5 bois | à1 petit.bois.ramasser | ||||
'Quand il y avait eu de grands coups de vent comme cela en octobre, | |||||||
j'allais dans les bois ramasser du bois mort.' | Gros (1970b:§'avelaj') |
Morphologie
un seul suffixe -a
Le morphème -a peut s'affixer sur des morphèmes pluriels -aou-, -ed ou sur le suffixe -ad, ce qui donne respectivement les finales verbales en -aoua, -eta et -ata.
Le suffixe /-a/ provoque un dévoisement de la consonne qu'il suit (logod 'souris' > logota 'chasser des souris', Gros 1984:341).
forme -ha sous-jacente et dévoisement
Le suffixe -a ne se comporte pas comme une voyelle seule, car elle ne voise pas la consonne finale de la racine. Le nom boued nourriture finit en isolation avec une consonne dévoisée /t/, mais si une voyelle suit sa finale, avec une consonne voisée /d/ (boued an dud). Le verbe qui est construit sur boued est boueta 'nourrir', avec la consonne /t/ dévoisée.
Selon Vallée (1980:XXIV), le suffixe est -ha et, par sandhi, transforme les consonnes finales /b, d, g, z/ en /p, t, k, s/.
Selon Deshayes (2003:39), la forme en -ha est ancienne, et transforme les consonnes finales /b, d, g, s/ en /p, t, k, ss/.
composition
La voyelle -a du suffixe se maintient sous le suffixe -et du participe ou le suffixe -er des noms d'agents (pesketaer, 'pêcheur', Vallée 1980:XXIV). C'est un contraste avec le suffixe de l'infinitif /-a/, añ, qui lui ne s'y maintient pas (gwerzer 'vendeur', Vallée 1980:XXIV).
nombre et genre de la racine
Selon Gros (1984:341), ce suffixe s'ajoute à un pluriel (gozeta 'chasser les taupes', tuta 'recruter du personnel') ou à un collectif (buzuka 'chercher des vers'). La racine peut aussi être au singulier avec un nom massique comme en (2), ou sur les noms en -ad comme en (3). En composé avec le suffixe singulier -ad, le suffixe -a obtient la finale en -ata qui dénote uniquement une itérativité aspectuelle.
(2) | Arabad | vo dim | bea | war lec'h | ar foar | o kôc'ha. |
interdit | sera à.nous | être | après | le foire | à4 merde.sfx | |
litt.'Il ne faudra pas que nous arrivions après la foire pour ramasser le crottin.' | ||||||
> Dépêchons-nous. | Le Berre & Le Dû (1999:28) |
(3) | Peogwir | e welen anezañ | o vazata | e gazeg. | ||
car | R1 voyais P.lui | à4 bâton.-ad.sfx | son1 jument | |||
'puisque je le voyais bâtonner sa jument.' | Trégorrois, Gros (1984:358) |
On peut trouver le suffixe -ez marqueur du féminin sur une racine (kiësa, 'courir les chiennes', Gros 1984:342). On trouve aussi le diminutif -ig dans la finale -ikañ.
(4) | E vannika | eur | bet? | |||
à4 verre.DIM.er | est.IMP | été | ||||
'On est allé picoler?' | Sein, Fagon & Riou (2015:'bannika') |
exocentricité
Le suffixe -a est exocentrique: il change la catégorie de sa racine. Il apparaît sur des racines nominales et obtient un verbe qui dénote l'activité de recherche de la chose dénotée par le nom.
productivité et variation dialectale
Selon Goyat (2012:269), le parler de Plozévet ne comprend que trois verbes en finale en -eta: /lo'ɡota, la'ɡota/, 'chasser les souris', /mɛr'jeta/, 'courir les filles' et /pes'keta/, 'pêcher'. Goyat (2012:271) mentionne cependant des verbes en finale en -ika qui ressortent probablement du même suffixe -a après un diminutif en -ig: /bã'nika/, 'boire des petits coups (d’alcool)', /bro'ʃɛnika/, 'tricoter (à la broche), faire du crochet' et /ea'lika/ 'prendre le soleil'.
Syntaxe
Comme remarqué par Ternes (1970:300), les verbes dérivés en -a ne sont jamais employés qu'à l'infinitif.
Sémantique
chercher /racine/
Gros (1984:341) considère que le suffixe -a forme "un verbe indiquant la récolte, le ramassage, la recherche, la chasse ou la pêche."
Les verbes dérivés en -a sur les suffixes de pluriel -aou et -ed équivalent à des verbes avec incorporation de l'objet, en ce que la relation sémantique du suffixe avec sa racine est celle d'un verbe avec son objet (laoua, /poux.chercher/, 'chercher des poux').
- Hag eh aomp en heol d’en em laoua…
- 'Et nous allons au soleil pour nous épouiller', Vannetais, Herrieu (1994:87)
Cependant, dans les langues à incorporation de l'objet, les objets incorporés ne peuvent normalement pas être au pluriel.
fournir /racine/
Vallée (1980:XXV) note que le suffixe -a a aussi le sens de 'fournir'. Il donne:
- boueta, 'pourvoir les animaux d'aliments'
- kerc'ha, 'pourvoir les animaux d'avoine'
- doura loened, 'pourvoir les animaux d'eau'
faire /racine/
Dans les verbes dérivés en -a sur le suffixe -ad, la relation sémantique du suffixe avec sa racine peut aussi être celle d'un verbe avec son objet, mais le verbe est différent. En (1), le verbe choukata signifie faire de façon répétée des "dossées" de bois.
(1) | Me am-eus | choukatet behiou keuneud | euz ar hoad-ze! | |||
moi R.1SG a | dos.N.é charges petit.bois | de le bois-là | ||||
'J'en ai transporté (sur mon dos) des fardeaux de bois (des fagots) depuis ce bois-là!' | ||||||
Trégorrois, Gros (1984:358) |
Le sujet n'a pas besoin d'être un agent (cf. 'faire de la bruine').
(1) | Glizata | a raio hirio | e-pad an deiz. | |||
bruine.N.sfx | R fera aujourd'hui | pendant le jour | ||||
'Il bruinera (bouillassera) aujourd'hui pendant la journée.' | Trégorrois, Gros (1984:358) |
mesurer, apprécier, percevoir par /racine/
Vallée (1980:XXV) note que le suffixe -a a aussi le sens de "mesurer, apprécier, percevoir par les sens". Il donne:
Et avec un suffixe -ed:
A ne pas confondre
Il existe des risques de confusion entre la marque infinitive -a et la marque infinitive -añ qui se prononce localement -a. Il existe aussi un morphème de flexion 3SG prononcé -a dans les dialectes du Sud.
Vallée (1980:XXV) dérive les deux exemples en (1) par le même suffixe. Il est cependant probable que le premier soit c'hwezañ, avec un suffixe de l'infinitif -añ qui ne marque pas l'itérativité.
(1) c'houesa, /odeur.sfx/, 'flairer'
- c'houeseta, /odeur.PL.sfx/, 'flairer'
La carte 307 de l'ALBB, documente la variation des traductions pour 'de la graine de carotte, la graine, semer' (en breton standard had, hadañ). L'action de semer est difficilement séparable d'une idée d'itérativité possible, mais la dérivation en voisement de /at/ à /ada/ montre bien qu'il ne s'agit pas du suffixe -a qui lui, provoque des dévoisements.
Dans les emprunts des noms du français, une finale en e muet (schwa) obtient -a dans son équivalent breton (la ville de Fougère > Foujera ; promesse > promesa, Mordiern 1939:12).
Bibliographie
- listenn ar gerioù brezhonek savet diwar -a war wiktionary.