Différences entre les versions de « Préfixes »

De Arbres
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Version du 17 novembre 2014 à 17:16

Les préfixes sont des morphèmes liés, des affixes qui apparaissent devant leur racine.


Inventaire

ad-, al-, am-, an-/am-, ar-, arc'h-, as-/az-, bann-, bes-/be-/bi-, bis-/biz-, brous-, bu-, chil-, dam-, daou-, dar-, das-/daz-, de-, dem-, di-/dis-, div-, dor-, dram-, dreist-, e-, eil-, em-, en-, end-, em-, enep-, er-, es-, ez-, etre-, fe-, four-, gar-, gor-, gou-, gour-/gor-/gou-, gra-, hale-/hali-, han-, hanter-, he-, he-/hi-, hele-/heli-, hen-, hil-/il-, hogos-, holl-, is-, jil-, ka-, ken-, kent-, kil-, kin-, ker-, kon-, kor-, krak-, krenn-, led-, les-/lez-, lies-, mal-, mar-, mes-, meur-, min-, mor-/mar-, mous-, nann-, nep-, ol-, par-, pase-, pe-, peur-, peuz-, pil-, rag-/rak-, ras-, re-, sa-, skil-, soul-/sour-/sur-, stram-, tar-, teir-, tor-, tour-, tremen-, treuz-, tre-, tri-, tro-, un-, unan-
arall-, berr-, bihan-, boull-, bras-, brizh-, dister-, dreist-, drouk-, fall-/fals-, gouez-, gwall-, gwen-, gwir-, heñvel-, hir-, kamm-, kozh-, krak-, krenn-, kreñv-, izel-, nevez-, pell-, pounner-, reizh-, skañv-, tomm-, uhel-.

Morphologie

mutations

Les préfixes provoquent souvent une mutation consonantique sur la consonne qui les suit.

La mutation qu'un préfixe provoque ne révèle pas sa nature grammaticale, ou la nature grammaticale du lien qui l'unit à la base du composé, car deux allomorphes d'un même morphème peuvent provoquer ou non une mutation.

Par exemple, le préfixe fall-, fals-, 'faux' donne:

  • kredenn, 'croyance' > falskredenn, 'hérésie'
  • kalon, 'courage' > fallgalon, 'découragement'


préfixes provoquant une lénition

La grammaticalisation du numéral ordinal, eil-, provoque une lénition sur sa racine (eilvaer, 'adjoint au maire').

La grammaticalisation de la préposition etre, etre-, provoque une lénition sur sa racine (etrevogalenn, etrevroadel)).

La grammaticalisation du pronom objet réfléchi, em- provoque une lénition sur sa racine (emglev).

La grammaticalisation des noms en préfixes est illustrée par dour-, dorn-, karr-, korn-, rann-, qui provoquent une lénition sur le nom qu’ils préfixent. (kroazh- ne précède pas de consonne mutable)

préfixes ne provoquant pas de lénition uniforme

La grammaticalisation des prépositions en, en-, et enep, enep- ne provoquent pas de mutation sur leur racine.


mutations inégales à travers les adjectifs grammaticalisés

La grammaticalisation des adjectifs en préfixes est illustrée par :

arall-, berr-, bihan-, bras-, brizh-, dister-, dreist-, drouk-, fall-/fals-, gouez-, gwen-, heñvel-, hir-, kamm-, kozh-, krak-, krenn-, izel-, nevez-, pell-, pounner-, reizh-, skañv-, tomm-, uhel-.


Les mutations provoquées par ces préfixes grammaticalisés d’adjectifs ne sont pas uniformes.

lénition
arallvro, bihandra, berrbad, gouezvaout, kammdro, krennbennek, gwengoad, fallgaloniñ, heñvelboan, hirbad, izelvor, pellgomz, pounnerglev, skañvbenn, uhelvor


note sur dister-, disterdra: An Here (2001:'dister V') signale que l'antéposition de l'adjectif dister provoque la lénition des consonnes /k, t, p/ (un dister blijadur). Mais existe-t-il réellement un préfixe dister- (cf. un dister a blijadur)?

lénition sur GW, B, M

Sur une initiale /k/, il déclenche, par sandhi, un dévoisement.

lénition B > V
lénition GW > W

drouk- et dreist- semblent provoquer uniquement la mutation GW > W.

Avec drouk-, on voit apparaître une lénition dans l’exemple droukverzh, 'insuccès, revers' (Kervella 1947:§881), ou drougher, 'parole désagréable' (Trégorrois, Merser 2009).

Les consonnes /k, p/ ne sont pas mutées.

pas de mutation
  • bras- ne provoque pas de mutation sur sa racine (braskanna, '(pour la terre) durcir par la pluie'; brasprizoud, 'évaluer grossièrement', Merser 2009)
  • tomm-: Kervella considère tomm- comme un préfixe. Il ne donne cependant que tommheoliañ.

endocentricité

En breton, la vaste majorité des préfixes sont endocentriques: ils ne changent pas la catégorie grammaticale de leur hôte, ni son genre. Cette propriété découle de la règle de la tête à droite (RHHR, Right Hand Head Rule, Williams 1981).

Un exemple de préfixe exocentrique breton est arall- qui obtient un adjectif à partir d'un nom.

On trouve aussi des préfixes exocentriques en tagalog, où le préfixe ma- précède un nom et obtient un adjectif. Typologiquement, les préfixes exocentriques sont rares, mais on en a quelques exemples dans différentes langues comme le tagalog, l'efik, l'ojibwe ou l'anglais.


(1) Quelques préfixes exocentriques de l'anglais:

en-: engender, enrage, encase, endear, ennoble, enlarge
be-: befriend, becloud; becalm
de-: declaw, debug, dethrone
a-: asleep, alive (non-productif)

Terminologie

Le terme breton est rakger pour 'préfixe' (Press 1986:225).

Le terme anglais est 'prefix'.

Bibliographie

  • Cherel, Gab. 1988. Ar Sturyezhañ e Breizh, adarver un nebeut henrakgerioù gant ar gelaouenn "emzav", Hor Yezh 178.
  • Gros, Jules. 1974. Le trésor du breton parlé III. Le style populaire (Éléments de stylistique trégorroise), Barr-Heol, Lannion: Giraudon, 369-383.
  • Kervella, F. 1947. Yezhadur bras ar brezhoneg, 1947 édition Skridoù Breizh, La Baule ; 1995 édition Al Liamm, §874-886.

études théoriques

  • Williams, E. 1981. 'On the Notions ‘Lexically Related’ and ‘Head of a Word’', Linguistic Inquiry 12:245-274.