La comparaison

De Arbres

La comparaison peut être de trois sortes:

- la comparaison d'égalité (ken melen evit 'aussi jaune que … ')
- la comparaison de supériorité (melenoc'h evit 'plus jaune que … ')
- le superlatif ((hini) velenañ 'la plus jaune')


Comparaison d'égalité

Morphologie

Quelques adjectifs ont une forme irrégulière à l'équatif:


Selon Goyat (2012:196), les formes régulières ken mat, ken fall et ken hir existent aussi, mais expriment "une nuance légèrement plus forte".


Syntaxe

Le second terme de la comparaison peut être déictique, c'est-à-dire que son référent est récupérable en contexte.


(1) / ne ke ken 'tom se/
N'eo ket ken tomm-se.
ne1 est pas si chaud-ça
'Il ne fait pas si chaud que ça.'
Cornouaillais (Plozévet), Goyat (2012:195)


Le second terme peut aussi n'être pas prononcé du tout.

(2) /ne 'ʒõ:ʒe ke ˌdiɲ va 'ken braz an 'ti/
Ne zoñje ket din e oa ken braz an ti.
ne1 pensait pas à.moi R était si grand le maison
'Je ne pensais pas que la maison était aussi grande.'
Cornouaillais (Plozévet), Goyat (2012:195)


memes

(3) / 'ene zo ˌmømøz 'wa:d ˌdiɲ/
Hennez zo memez oad din. Graphie standard
celui-là est même âge à.moi
'Il a le même âge que moi.'
Cornouaillais (Plozévet), Goyat (2012:197)


an hevelep … evel

(4) an heveleb ster evel "o"
le même sens que o
'le même sens que "o"'
Léonard (Kléder), Fave (1998:133)


ken … evel

(5) Ha ken seder goude evel kent.
et tant gai après comme avant
'Et d'aussi bonne humeur après qu'avant.'
Trégorrois, Gros (1966:233)


(6) [ jεm ja kεn li:jεs εldɔχ ]
' ya ken lies èldoc'h
lui R1 va aussi souvent que.vous
'Il y va aussi souvent que vous.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:16)


(7) / jã zo čen bra:z jald i da:t /
lui R1 est autant grand comme son1 père
'Il est aussi grand que son père.'
Vannetais (Groix), Ternes (1970:223)


ken … ha(g)

(8) [ c̈En gla:s a nêw ]
ken glas ha 'n neñv
aussi bleu que le ciel
'aussi bleu que le ciel.'
Cornouaillais de l'Est (Lanvénégen), Evenou (1987:595)


Selon Goyat (2012:196), la construction en ken… ha(g) est la plus usitée à Plozévet.


Deux termes peuvent être comparés par une reduplication de l'adjectif précédé de ken. Cela est illustré en (4) avec la forme synthétique keit, (ken hir = 'si long'). Une autre alternative est l'usage des pronoms distributifs l'un l'autre': eil, eben, egile


(9) An div fun-ze zo keid-ha-keid.
le deux corde. est si.long-et-si.long
'Ces deux cordes sont aussi longues l'une que l'autre.'
Cornouaillais (Bigouden), Trépos (2001:§249)


(10) An div fun-ze zo keid an eil hag eben.
le deux corde. est si.long le second et autre.F
'Ces deux cordes sont aussi longues l'une que l'autre.'
Cornouaillais (Bigouden), Trépos (2001:§249)


ken… ha da

(1) / hwi zo kènn droš a dèy/
C'hwi 'zo ken droch ha dezhi. Graphie standard
vous est tant ridicule que à.elle
'Vous êtes aussi bête qu'elle.'
Cornouaillais (Saint-Yvi), German (1984:187)


autorisatrices d'items de polarité négative

Les propositions comparatives sont des environnements syntaxiques qui autorisent les items de polarité négative comme bet, 'aucun'.


(2) Mari-ze a labour kenkoulz ha paotr ebed.
Mari- R travaille autant que homme aucun
'Cette Marie-là travaille aussi bien que n'importe quel garçon.'
Trégorrois, Gros (1984:198)


Terminologie

Le comparatif d'égalité est désigné en breton par le terme an derez ken-ha-ken (Evenou 1987:526), ou derez-kevatal (Chalm 2008, KAG 2016).

Comparaison de supériorité

Il existe différentes tournures qui obtiennent une comparaison de supériorité, dont l'usage de la préposition diouzh, ou de ses variantes. On note par exemple la préposition dezit à Groix (< da sellet).


(1) Hi zo eürus dezit he c'hoar.
/ Xizo y:rys tə-zit Xi Xwe:r /
elle.est heureux par.rapport.à son sœur
'Elle est heureuse en comparaison de sa sœur.'
Vannetais (Groix), Ternes (1970:316)


La façon canonique de construire une structure de comparaison de supériorité est d'adjoindre le suffixe -oc'h directement sur un adjectif épithète ou attribut, un adverbe ou même parfois un nom.


(2) eun ti brasoc'h
un maison grand.plus
'une plus grande maison.'
Trégorrois (Tréguier), Le Clerc (1986:130)


Lorsque l'élément de comparaison est exprimé, celui-ci est introduit par le complémenteur eget ou evit.


(3) Elena a anavezan gwelloc'h eget nikun amañ.
Elena R connais mieux que personne ici
'Je connais Elena mieux que quiconque ici.'
Standard, Beyer (2009:101)


(4) / xa zo xi:rox ẃi-m-mand ledãn/
eux R est long.plus que que sont large
'Ils sont plus longs qu'ils ne sont larges.'
Vannetais (Groix), Ternes (1970:222)


'plus Adj les uns que les autres'

(5) maouezed peuzziwiskoc'h an eil re eget ar re all.
femme.s presque.déshabillé.plus le second ceux que le ceux autre
'des femmes presque plus dénudées les unes que les autres.'
Standard, Drezen (1990:12)


'par rapport à X'

Les prépositions e-kostez, e-skoaz signifient 'à côté de', et comme e-keñver, 'comparé à, en comparaison de'.


(6) An dud zo savet eas bremañ e-skoaz gwechall.
le 1gens est élev.é facile maintenant dans.épaule autrefois
'Les gens maintenant sont élevés à la douce par rapport à autrefois.'
Léonard (Plougerneau), Elégoët (1982:54)


ellipse de l'adjectif

Le Clerc (1986:130) note l'expression de comparaison au négatif /ne bezañ evit/, littéralement 'ne pas être pour', où l'adjectif n'est pas exprimé.


(7) Pêr n'eo ket _ evit e vreur
Pierre ne1 est pas plus.adjectif que son1 frère
'Pierre est moins fort que son frère.'
Trégorrois (Tréguier), Le Clerc (1986:130)

Superlatif

La marque du superlatif est le suffixe -añ. Il s'affixe sur des adjectifs ou des adverbes.

L'expression du superlatif est compatible avec le morphème -oc'h du comparatif de supériorité.


(1) … gwelloc'hik ma c'hellan.
mieux.DIM.le.plus que4 peux
'… du mieux que je peux.'
Standard, Drezen (1990:53)


Autres

(2) An daou-se ' zegouezh ket 'n eil deus egile.
le deux- R1 arrive pas le second de autre
'Ces deux-là ne vont pas bien ensemble.'
Cornouaillais (Riec), Bouzeg (1986:VII)


Bibliographie

  • Schrijver, Peter. 2007. 'Notes on British Celtic comparatives and their syntax', Alan J. Nussbaum (éd.), Verba Docenti, Studies in historical and Indo-European linguistics presented to Jay H. Jasanoff, Ann Arbor - New York: Beech Stave Press. 307-19.