Indéfini de choix libre formé par reduplication

De Arbres
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La reduplication est en breton un processus morphologique productif pour obtenir un indéfini: un nom nu est y redupliqué pour produire un indéfini.

Cette formation est très étrange. Elle implique un nom dont l'article peut être présent, suivi du déictique locatif adverbial -mañ et, immédiatement, de la reduplication nominale.


(1) groupe nominal > reduplication
an ti > an ti-mañ (an) ti
le maison le maison.ci (le) maison
'la maison' 'telle ou telle maison'


(2) racine nominale > reduplication
plac'h > plac'h-mañ plac'h
fille fille.ci fille
fille 'telle ou telle fille'


La reduplication obtient un indéfini de choix libre. Ces formes redupliquées semblent répandues dans tous les dialectes (pour quelques relevés en trégorrois, se reporter à Gros 1984:73,74).


Morphologie

reduplication totale

Il s'agit d'un processus morphologique de reduplication totale, une reduplication discontinue puisque le morphème qui ressemble au déictique spatial -mañ intervient au milieu du composé.

En breton, en s'affixant au nom, les déictiques locatifs adverbiaux clitiques -mañ, -se et -hont créent des démonstratifs. Le mécanisme de création des démonstratifs à partir d'un groupe nominal et d'un déictique spatial est commun à travers les langues (c'est le cas par exemple en créole Haitien).


(1) an dra-mañ / Mari-mañ
le 1chose.ci Marie.ci
'cette chose', 'Marie ici présente'
Favereau (1993:§ -mañ)


Ce qui est étonnant en breton est que ce démonstratif formé avec le déictique spatial, -mañ, serve de base à une reduplication qui obtient un indéfini. Le composé ne montre par ailleurs aucune morphologie interrogative, ni de quantifieur.


répartition dialectale

Il existe des variétés de breton où cette structure n'est pas connue, comme en Léon à Plougerneau (M-L. B. (05/2018)). Dans les autres dialectes, l'article peut être obligatoire, ou bien au contraire n'être pas toléré devant la structure.

an X-mañ (an) X

Commençons par la reduplication simple, comme dans Hingant (1868:210). Le nom tête du groupe nominal est redupliqué à droite de l'ensemble. Aucune coordination n'apparaît au cœur du composé. On distingue d'abord un bloc composé d'un article, de son nom et de ce qui ressemble à l'adverbe déictique spatial démonstratif -mañ. Ce bloc est ensuite suivi d'une reduplication du nom tête.


(1) C'hoand am euz da gaoud ar marc'h-mañ marc'h.
envie R.1SG a de1 avoir le cheval.ci cheval
'J'ai envie d'avoir tel cheval.'
Breton pré-moderne, Hingant (1868:210, 202*)


reduplication simple du nom tête

Hingant (1868:210), Thibault (1914:179), Le Clerc (1906:§154), Mellouet & Pennec (2004:18) ou Kerrien (2000:8) redupliquent le nom sans dupliquer l'article défini.


(2) Ya, ya, e-giz ma leverez, an devezh-mañ-devezh e vezo graet memestra.
oui oui comme que4 dis le journ.ée.ci-jour.n.ée R sera fa.it quand.même
'Oui, comme tu dis, tel ou tel jour ce sera fait quand même.'
Léonard, Mellouet & Pennec (2004:18)


Thibault (1914:179) donne en Nord vannetais à Cléguérec une reduplication identique avec ir lech ma lech 'en tel ou tel endroit'. Selon lui, le /n/ dans en dra man dra 'telle ou telle chose' n'est pas un article mais est motivé phonologiquement par le /d/ à l'initiale du nom redupliqué.

Dans cette construction, un modifieur du nom tête se trouvera à droite de la reduplication (ar péz-mañ péz douar, /le pièce.ci pièce terre/, 'telle pièce de terre').


  • Eunn dén héb hé bàr eo : n'en deuz nétra, hag ével kend é préñ ar péz-mañ péz douar, é ra ann dispign-mañ dispign bép sùn…
'C'est un homme sans pareil : il n'a rien, et cependant il achète telle pièce de terre, fait telle dépense par semaine … ', Hingant (1868:210; 202*)


Le déictique spatial -mañ, lui, n'est jamais redupliqué.


variation dans la reduplication avec l'article

Le nom à droite de l'ensemble peut aussi apparaître redupliqué avec son article défini.

L'élément redupliqué apparaît avec son article défini dans Kervella (1995:§509), Pennaod (1969:30), Gros (1984:73) et Chalm (2008:§Q6).


(1) DP reduplication DP reduplication DP reduplication
an den-mañ > an den-mañ-'n den ar c'hi-mañ > ar c'hi-mañ-'r c'hi el lec'h-mañ > el lec'h-mañ-'l lec'h
le personne.ci le personne.ci-le personne le 5chien.ci le 5chien.ci le 5chien en.le lieu.ci en.le lieu.ci-le lieu
'cet homme' 'tel ou tel homme' 'ce chien' 'tel ou tel chien' 'dans ce lieu' 'dans tel ou tel lieu'
Kervella (1995:§509)


(2) 'n deodyezh-mañ- 'n deodyezh
le dialecte.ci le dialecte
'tel ou tel dialecte'
Pennaod (1969:30)


(3) D'an eur-mañ-'n-eur e vo lano.
à le heure.ci-le-heure R sera marée
'La mer commencera à monter à telle heure.'
Trégorrois, Gros (1984:73)


(4) D'an eur-mañ-'n-eur, an den-mañ-'n den, an deiz-mañ-'n deiz
à le heure.ci-le-heure le personne.ci-le personne le jour.ci-le-jour
'à telle ou telle heure', 'telle ou telle personne', 'tel ou tel jour'
Standard, Chalm (2008:§Q6)


La réduplication de l'article défini est relevée comme optionnelle dans Favereau (1993:§ -mañ) ou Goyat (2012:227).


(5) an dez-mañ ('n) dez
le jour.ci le jour
'tel ou tel jour'
Favereau (1993:§ -mañ)


(6) /ãn 'drãmã 'dra/ an dra-mañ 'n dra 'telle ou telle chose'
/ãn 'denma 'de:n/ an den-mañ-den 'tel ou tel'
Cornouaillais (Plozévet), Goyat (2012:227)


reduplication de la forme mutée ou non

Lorsque le déterminant induit une mutation consonantique sur le nom, le nom redupliqué peut porter la même mutation (ici, en (7) la lénition T>D notée "1"). Les trégorrois Hingant (1868:210) et Le Clerc (1986:§154) donnent an dra-ma-dra, 'telle ou telle chose'.


(1) … ma ran an dra-man-dra.
si fais le 1chose.ci-1chose
'… si je fais telle ou telle chose.'
Léonard, Kerrien (2000:8)


(2) Hen-a-hen en deuz gred ann dra-mañ dra.
ce-et-ce R.3SGM a fa.it le 1chose.ci 1chose
'Un tel a fait telle chose.'
Hingant (1868:210)


Cependant, cela n'est pas automatique et on trouve aussi en standard des exemples non-mutés (3). Ménard (2012:'tel') donne an dra-mañ-tra 'telle ou telle chose'.


(3) ar wezenn-mañ-gwezenn.
le 1arbres.SG.ci-arbres.SG
'tel ou tel arbre'
Standard, Menard & Kadored (2001)


reduplication du démonstratif synthétique

Le démonstratif synthétique peut aussi apparaître redupliqué sans qu'une coordination apparaisse (contrairement à hen-a-hen 'un tel', Hingant 1868:210).


(1) hen-mañ hen
'tel ou tel'
Cornouaillais, Trépos (2001:177)


(2) Pësort duoñn ê hèn-më-hèn !
quelle noir.N est lui-là-lui
'Quelle suie il est ! (pour quelqu'un de sale)'
Goëlo, Koadig (2010:104)


(3) hemañ-henn homañ-honn
'tel ou tel, un tel' 'telle ou telle', une telle'
Chalm (2008:§Q6)


(4) hemañ-hen houmañ-houn
celui-ci-celui celle-ci-celle
'tel ou tel' 'telle ou telle'
Favereau (1997:119)
citant Trépos et Kervella (citation non identifiée)


(5) Hemañ-hen a zo deuet, hemañ-hen n'eo ket deuet...
celui-ci-celui R1 est ven.u celui-ci-celui ne1 est pas ven.u
'Untel est venu, untel n'est pas venu.' (sans marque de genre)
Standard, ar Barzhig (1976:32)


formes interdites hors composé

Le paradigme des démonstratifs est très utile car il permet de révéler que les éléments gauche et droit de la reduplication peuvent ne pas exister en isolation.

La reduplication de gauche, avec son déictique locatif, comme la reduplication de droite, peuvent concerner des éléments qui sont agrammaticaux en dehors de ce composé.


Les démonstratifs pronominaux singuliers (type celui-ci, celle-ci) sont synthétiques lorsqu'aucun adjectif n'est présent dans le groupe nominal: ils sont réalisés en un seul morphème (hemañ, houmañ). Ces pronoms démonstratifs peuvent entrer dans la construction reduplicative. Il est intéressant de noter que l'élément alors redupliqué sur la droite (hen), n'existe pas en isolation.

L'élément redupliqué à droite peut donc ne pas exister en isolation.

C'est aussi le cas de l'élément à gauche sur lequel s'adjoint le morphème -mañ. La forme hini-ma-hini, 'un tel', est signalée dans Trépos (2001:§217). Or, l'élément hini n'existe pas en isolation avec un déictique locatif comme -ma (La forme * hini-ma, en isolation, serait remplacée par le démonstratif synthétique hema).


sémantique

contextes épisodiques

Les formes redupliquées, tant qu'elles sont précédées par un déterminant, peuvent apparaître dans des phrases épisodiques.


(1) Klevet am-eus, an hen-mañ-hen a zo en em gavet gantañ an dra-mañ-tra !
entend.u R.1SG a le DEM.ci-DEM R est se1 trouv.é avec.lui le 1chose.ci-chose
'J'ai entendu, il est arrivé telle chose à untel.'
Léonard, Riou (1995:82)


l'article ar n'est pas n'est pas la marque d'un défini

Dans la structure reduplicative, an, al, ar peut apparaître devant un indéfini comme nep. La seule autre façon d'avoir l'article défini devant nep serait de le faire suivre d'une relative restrictive (an nep a gar 'qui veut'), ce qui n'est pas le cas en (1).


(1) An nep-ma-nep a brenefe loaned en e graou …
le tel-ci-tel R1 achêterait animau.x en son1 crêche
'Untel achèterait des animaux dans sa crêche …'
Cornouaillais / Léon, Croq (1908:43)

création d'un indéfini de choix libre

Le résultat sémantique de la reduplication est un terme désignant une entité indifférenciée des autres entités avec lesquelles elle forme classe (Menard & Kadored 2001: '-mañ, II', br.). C'est un indéfini de choix libre. Il n'est pas nécessaire que le locuteur ignore l'identité référente pour utiliser une reduplication (1).


(1) El leh-mañ-leh e vo kavet.
en.le lieu.ci-lieu R sera trouv.é
'On le trouvera à tel endroit.'
Merser (2009:'tel')

diachronie

La formation de l'indéfini par reduplication date au moins du moyen breton. Hemon (2000:§77 et §108, n.5) en relève quelques exemples. Il se pourrait que dans les structures qu'il note, certaines soient des reduplications autour non pas d'un déictique spatial, mais de l'élément de coordination a (comme dans hen-a-hen).

Au XVIII°, de Rostrenen utilise communément des reduplications.


(1) Pe evit tra ne leveres-te qet an dra-man-dra ?
que pour chose ne1 dis-toi pas le 1chose-là-chose
'Que ne dis-tu telle chose ?'
de Rostrenen (1738:62)


La forme redupliquée est productive en breton standard moderne.


(2) M'ho pez ezhomm ac'hanon da c'houzout tra pe dra, da gavout ar sal-mañ sal, sonit ar c'hloc'h.
si4 2PL a besoin P.moi pour1 savoir chose ou1 chose pour1 trouver le salle.ci salle sonnez le 5cloche
'Si vous avez besoin de moi pour savoir quoi que ce soit, pour trouver une salle (quelconque), sonnez la cloche.'
Standard, Dupuy (2007:40)


X-mañ X

Une autre forme utilise la reduplication. Elle se distingue de la première par l'absence d'article défini devant le premier nom tête. Les grammaires confondent les deux structures, qui ont cependant des sens et des distributions différentes (Jouitteau 2010).

L'absence de déterminant défini devant une structure de reduplication est mentionnée dans les dictionnaires pour la plupart des dialectes. Favereau (1997:119) mentionne à Brasparzh les deux structures avec et sans déterminants (le-NOM-ci-le-NOM et NOM-ci-NOM):


(5) (da werzhañ) an 1dra-mañ-'n 1dra / tra-mañ-tra
pour1 vendre le chose.ci-le chose chose-ci-chose
Brasparzh, Favereau (1997:119)


Favereau (1993:§ -mañ) donne aussi re-mañ-re à Groix (reməraj/, 'tel et tel', Ternes 1970:228), dewezh-mañ-dewezh en Léon, ou g' dez-mañ-dez en Poher.


L'élément redupliqué est la plupart du temps un nom nu, qui peut être lui-même composé (cf. stumm-verb, 'forme de verbe').


(6) … pe ne vez ket gwraet ken get amzer-mañ-amzer, stumm-verb-mañ-stumm-verb.
ou ne1 est pas fa.it plus avec temps-ci-temps forme-verbe-ci-forme-verbe
'… ou que tel ou tel temps, telle ou telle forme de verbe n'est plus utilisée.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:7)


(7) … goulenn g'an ditourerion penaos e vez lâret troienn-mañ-troienn, tra-mañ-tra e breton.
demander à.le 1informat.eurs comment R est d.it tourn.ure-ci-tourn.ure chose-ci-chose en breton
'… demander aux informateurs comment se dit en breton telle ou telle tournure, telle ou telle chose.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:6)


Ci-dessous, c'est l'adverbe anaphorique kement-mañ qui sert de base à la reduplication.


(8) Kement-mañ-kement e kousto deoc'h ar pred.
autant-mañ-autant R coûtera à.vous le repas
'Le repas vous coûtera tant.'
Standard, Menard & Kadored (2001:'kement-mañ')

Autres indéfinis de choix libre

Il existe en breton d'autres stratégies que la reduplication pour créer des indéfinis de choix libre.


Répétition et indéfinitude

Plusieurs formes stylistiques, autour de la coordination ha(g), 'et' ou de la disjonction pe, 'ou (bien)', obtiennent des effets d'indéfinitude.


(1) Hemañ eo hen-ha-hen, mab da hen-ha-hen, a barrez pe barrez.
celui-ci est celui(là)-et.celui(là) fils de1 celui(là)-et.celui(là) de1 paroisse ou1 paroisse
'Celui-ci c'est untel, fils d'untel, de telle ou telle paroisse.'
Trégorrois, Berthou (1985:77)


autour de la disjonction

Une répétition du nom (sans article) autour de pe 'ou', résulte en un effet d'indéfinitude.

Den pe zen, littéralement /humain ou1 humain/, réfère à n'importe quelle entité répondant à la qualification de 'humain'. La tournure implique une indifférence du locuteur quant à l'identification de cette entité.


La disjonction pe provoque une mutation consonantique (lénition) sur le nom nu redupliqué:

e ti-pe-di: /en maison-ou1-maison/ signifie 'dans une maison quelconque'. Vallée (1980'quelque') donne '(envoyez) quelque chose', tra-pe-dra, ou seurt-pe-seurt. Gros (1984:70,71) donne, entre autres:
devezh-pe-zevezh, /jour ou1 jour/ = 'un jour ou un autre, un jour quelconque à ton choix'
hini-pe-hini, N-ou1-N/ 'l'un ou l'autre'
e prenestr-pe-brenestr, /P fenêtre-ou1-fenêtre/ = 'à une fenêtre ou à une autre'
mad d'ober sort pe sort, / bon à1 faire sorte-ou1-sorte/, 'bon pour faire une chose ou une autre'
tamm-pe-damm, /morceau ou1 morceau/, 'un morceau ou un autre' (c.a.d. 'plus ou moins, à peu près')
tu-pe-du, /coté-ou1-coté/, 'd'un coté ou de l'autre'...


On trouve sporadiquement des exceptions à la mutation.


(2) Ha me ha mont d'o c'havout, ha goulenn outo doare pe doare a-zivout kêr…
et moi et aller à les2 trouver et demander à.eux info ou info sur ville
'Je fus les trouver et leur demandai quelque renseignement sur la ville … '
Trégorrois, Juluen (1935:19)

autour d'une coordination

La structure qui obtient un indéfini de choix libre par réduplication peut s'opérer autour de la coordination ha(g) ('et').

On sait que stylistiquement, des effets de répétition peuvent créer de l'indéfinitude. Les expressions déictiques evel-hen et evel-hont, en isolation, sont définies: ce sont des démonstratifs déictiques. En contexte, elles réfèrent précisément. En (3) cependant, leur répétition autour d'une coordination obtient un effet d'indéfinitude.


(3) hag evel-henn hag evel-hont
et comme.ça et comme.là-bas
'et patati, et patata'
Standard, Chalm (2008:§Q6)


Cet effet stylistique disponible dans différentes langues semble avoir grammaticalisé en breton où l'un des deux arguments de la coordination semble pouvoir être la reduplication partielle de l'autre.


reduplication du démonstratif synthétique

La reduplication autour de la coordination ha(g) s'observe surtout avec des démonstratifs synthétiques.

Herrieu (1974) utilise la forme hennañ-ha-hennañ traduisible en contexte par 'un tel', 'ci ou ça'.


(4) Hiziv e welan un dra hag a ra din ober soñjoù:

ur c'horonal a lâr aotrou d'ur paour-kaezh maltouter a Bariz,
daet da vout ofisour, Doue 'oar penaos, hag a lâr soldat, sergent
hennañ-ha-hennañ d'un den desket hag enorabl, ha zoken d'ur beleg… [24-11-1918]


On trouve aussi couramment la forme réduite hen-ha-hen.


(5) Hen-a-hen en deuz préned eur marc'h.
hen-et-hen R.3SGM a achet.é un cheval
'Un tel a acheté un cheval.'
Hingant (1868:210)


(6) E ti hen-ha-hen ez eo bet ar wastell.
en maison celui-et.celui R+C est été le 1gâteau
'Chez untel, c'est la fin des foins.'
Trégorrois, Berthou (1985:73)


(7) henn-ha-henn honn-ha-honn
celui(là)-et.celui(là) celle(là)-et.celle(là)
'un tel', 'une telle'
Standard, Chalm (2008:§Q6)


réduplication du démonstratif analytique

On trouve des occurrences rares de réduplication de démonstratifs analytiques autour de la coordination (cependant, comme il s'agit ici de breton vannetais, il faut considérer que le marqueur hag pourrait réaliser ici une coordination ou une préposition eus, hag).


(8) an nos-man hag an nos
le soir.ci &/P le soir
'tel ou tel soir'
Vannetais (Arradon), Audic (2011:15)


horizon comparatif

Les indéfinis de choix libre sont connus pour montrer différent types de reduplication, mais les éléments redupliqués contiennent généralement du matériel morphologique interrogatif (Haspelmath 1997). Plank (1994) cite le mikito yáya, 'quiconque', le latin quisquis, 'quiconque', le latvien ka¯ds ne-ka¯ ds, 'quelqu'un ou un autre', le hindi-urdu koii na koii ditto, le basque nor edo nor, 'quelqu'un', le khasi ka÷eyka÷ey ditto, le soudanais sahasaha, 'quiconque', le thai khrajkhraj ditto.


(1) Sema-sema na-rata rija'i kana ni-tarima-na.
qui-qui ptc.vient à.lui doit objet-reçoit-3SG
'Qui vient à lui sera reçu.'
Da'a, Haspelmath (1997:181)


Cette reduplication d'un interrogatif peut parfois former un indéfini dépendant. En indonésien, les formes redupliquées sapia-sapia et apa-apa sont restreintes aux contextes négatifs, mais mana-mana, formé sur l'interrogatif de lieu, apparait aussi en contextes positifs.


(2) 'qui ?' siapa > 'quiconque' siapa saja, ou sapia-sapia
'que, quoi ?' apa > 'quoi que ce soit' apa saja, ou apa-apa
'(à/vers/de) où?' (di/ke/dari) mana > '(à/vers/de) où que ce soit' (di/ke/dari) mana saja ou mana-mana
Indonésien, Sneddon (1996), cité ici


Les autres stratégies typologiquement répandues sont l'usage de noms génériques ('chose', 'personne', comme dans l'anglais anything, anybody) ou des quantifieurs comme en (3) (Haspelmath 1997, Koshy 2008). On ne retrouve rien de ce matériel morphologique dans la construction bretonne.


(3) kwa-hi-mi u-khana yɛi-wan-yɛi-wan / i-yi-re-i-yi
veut-emph-2SGM dire ACC/DAT-3SG-Q-ACC/DAT-3SG-Q / 3SG-Q-particule-3SG-Q
'(Avant que nous entrions dans la galerie, Edward,) veux-tu nous dire quoi que ce soit ?'
Pnar, Koshy (2008)


Barr (1988) signale une reduplication nominale formant des indéfinis en Da'a. Il considère que la reduplication obtient un sens "diffus, multiple, non-singulier, non-défini", "un nombre non-spécifique supérieur à un".


(1) ju'a-ju'a to na-ria ni kampu bagia nu Da'a.
maladie-maladie C realis-être dans village environ de Da'a
'Les maladies qui sont dans les villages dans les environs de Da'a.'
Da'a (titre de texte), Barr (1988)

Terminologie

On trouve ces constructions dans Chalm (2008:§Q6) sous le nom de 'locutions binaires'.


Bibliographie

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