Différences entre les versions de « Les adverbes déictiques spatiaux »

De Arbres
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=== '-se' ===
=== '-se' ===

Version du 16 juillet 2013 à 12:36

Les adverbes déictiques spatiaux sont -amañ, -aze et -ahont. Ils marquent différents degrés d'éloignement par rapport au locuteur ('ici', 'là', là-bas').


(1) Amañ hag ahont
Ici et là-bas titre de roman, Priel (1957)


(2) [ ɑ̃zə re cə tɔr də ɑ̃ni ]
Aze 'rit ket tort da hani.
(ne) faites pas tort à N
'Là (au moins), vous ne portez de tort à personne.'
Vannetais (Malguénac), Le Pipec (2000:109)


Leurs formes clitiques sont -mañ, -se et -hont. on les retrouve dans les démonstratifs analytiques et dans les formes figées du-mañ (chez-moi/nous') et du-se ('chez toi/vous', 'là-bas'). Il est possible qu'ils soient tout le temps clitiques, avec une préposition support a lorsqu'ils apparaissent en isolation comme ci-dessus.

Accentuation

Les adverbes déictiques spatiaux sont inaccentués.

Les particules -mañ, -se et -hont dérogent à donc à la règle qui stipule que dans les mots composés mettant côte-à-côte deux mots portant l'accent, c'est celui du premier qui s'efface ou s'amuise. C'est en effet leur accent qui disparaît en cas d'adjacence (Hemon 1995:§274-275). Ce sont des clitiques. Ils comptent pour l'accentuation comme la dernière syllabe.

(1) an dra-mañ ('cette chose'), ou mintin-mañ ('ce matin')...


à ne pas confondre:

Le groupe prépositionnel evel-se, 'comme ça', est différent dans son accentuation, et c'est tout à fait logique car sa syntaxe est différente: se y est un nom qui n'est pas clitique sur la préposition.

Morphologie

-man

(1) Ne vin ket me mui amañ é kennig dour deoc'h.
ne serai.1SG pas moi plus ici à proposer eau à.2PL
'Moi, je ne serai plus là à vous offrir de l'eau.'
Vannetais, Ar Meliner (2009:107)


La forme amañ peut être dérivée:


(2) Deuit amanigoù, ma merc'h!
venez ici-DIM-PL mon fille
'Viens ici tout près, ma fille!' Le Scorff, Ar Borgn (2011:63)

'-se'

La particule -se se voise (en -ze) après les mots terminés par une voyelle ou une des quatre consonnes l, m, n, r (Hingant 1868:§59).


(3) Ema o turlutad aze gand eur goz souflez.
prt.est à bricoler avec le vieux soufflet
'Il est là en train de bricoler (perdre son temps, s'amuser) avec un vieux soufflet.' Trégorrois, Gros (1984:484)


Le clitique -se ne peut pas être accentué, contrairement au pronom fort indépendant inanimé se, 'ça', avec lequel il ne doit pas être confondu.

Syntaxe

Les adverbes déictiques sont toujours en position clitique. Des trois clitiques, seul -mañ apparaît à l'intérieur d'un composé morphologique:

hemañ, 'celui-ci' mais pas *hese, ni *hehont.
houmañ, 'celle-ci' mais pas *house, ni *houhont.
ar paotr-mañ-paotr, 'tel ou tel garçon'; mais pas *ar paotr-se-paotr, ni *ar paotr-hont-paotr.


La dimension déictique des adverbes déictiques spatiaux est utilisée par extension dans le système des démonstratifs. Ces adverbes clitiques sont utilisés pour former des démonstratifs. Ils apparaissent aussi après kement (Hemon 1995:36).


(4) bœrmɑ̃, nõzmɑ̃

matin-ci nuit-ci
'ce matin, cette nuit', Trégorrois (Plougrescant), Le Dû (2012:46)


Le morphème -mañ apparaît aussi à l'intérieur des pronoms démonstratifs et des indéfinis de choix libre par reduplication.

Sémantique

Une tournure particulière, e-giz-mañ, permet d'obtenir l'anaphorique /comme ici/. L'adverbe déictique spatial acquiert ici des propriétés anaphoriques (= 'comme ça' en français).


(5) O sacha e-giz-mañ war nask va buoc'h, a rankan da stleja ...
en tirant comme.là/ça sur chaine mon vache R dois de trainer
'En tirant ainsi sur la chaine de ma vache, que je dois trainer.'
Cornouaille (Pleyben), Ar Floc’h (1950:57)

A ne pas confondre

Tous les adverbes spatiaux ne sont pas déictiques. Eno, par exemple, est un adverbe spatial anaphorique. Son référent n'est pas à chercher dans le contexte d'énonciation, mais dans le co-texte, c'est-à-dire ce qui précède. L'adverbe spatial anaphorique eno a besoin d'un antécédent. Ce n'est pas le cas des adverbes déictiques.


(6) Met al labour n'eo eno heñvel ouzh netra.
mais le travail ne est pareil à rien
'Mais là, le travail ne ressemble à rien.', Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, Ar Barzhig (1976:32)

Terminologie

Hingant (1868:§59) appelle adverbes déictiques spatiaux des 'adjectifs démonstratifs'.