Différences entre les versions de « Noms de parenté »

De Arbres
m (Remplacement de texte — « . A  » par « . À  »)
m (Remplacement de texte — « ... » par « … »)
 
Ligne 148 : Ligne 148 :
=== 'à la mode de Bretagne' ===
=== 'à la mode de Bretagne' ===


On appelle oncle ou tante "à la mode de Bretagne" toute personne plus âgée qui appartient à la communauté sociale que l'on considère proche, pour des raisons qui peuvent être extra-familiales (tout le village, toute l'île...).  
On appelle oncle ou tante "à la mode de Bretagne" toute personne plus âgée qui appartient à la communauté sociale que l'on considère proche, pour des raisons qui peuvent être extra-familiales (tout le village, toute l'île…).  


Les hommes plus âgés, indistinctement, sont appelés 'oncle' ''[[eontr]]'' dans la partie Sud, ''tonton'' dans la partie Nord (pour Ouessant, [[Malgorn (1909)|Malgorn 1909]]).  
Les hommes plus âgés, indistinctement, sont appelés 'oncle' ''[[eontr]]'' dans la partie Sud, ''tonton'' dans la partie Nord (pour Ouessant, [[Malgorn (1909)|Malgorn 1909]]).  

Version actuelle datée du 30 octobre 2024 à 13:57

Les noms de parenté sont des noms de titres. Ce sont des termes relationnels qui comprennent dans leur sémantique une spécification de parenté.

En breton, le système des noms de parenté est globalement assez semblable à celui du français ou de l'anglais, avec cependant quelques propriétés spécifiquement bretonnes ou celtiques.


Il existe quelques cartes de l'ALBB et du NALBB qui documentent la variation dialectale des termes de parenté. Les termes de parenté sont étudiés dans leur ensemble par Izard (1965), mais sa maîtrise du breton est parfois chancelante et sous-informée de la variation dialectale.


Inventaire

 an dud nevez 'les mariés, les mariées', pried 'époux, épouse', gwreg 'femme', gwaz, ozac'h 'mari'
 mamm 'mère', tad 'père, 
 krouadur, bugel 'enfant', mab 'fils', merc'h 'fille'
 breur 'frère', c'hoar 'sœur'
 henañ 'ainé', etre-henañ, hanter-henañ 'cadet', gwidoroc'h 'benjamin, dernier né'
 tud-kozh 'grands-parents', mamm-gozh 'grand-mère', tad-kozh 'grand-père'
 eontr, tonton 'oncle', moereb, tintin 'tante', niz, nizez 'neveu, nièce'
 kenderv 'cousin', keniterv, kenitervez 'cousine'
 intañv, intañvez 'veuf, veuve', emzivad 'orphelin'
 maeronez 'maraine', paeron 'parrain'
 tud kar 'parents'


Certains noms ont une interprétation de titre de statut social en isolation, comme bugel 'enfant', merc'h 'fille', gwreg 'femme', etc. Ceux-là ont une interprétation de noms de parenté lorsqu'ils sont accompagnés d'un possessif (ma merc'h, bugale an ti-mañ).


Morphologie

Les générations éloignées sont généralement formées par dérivation. Les générations vers les plus jeunes sont des générations dites négatives.

noms de base

Parmi les noms de base, utilisés pour la dérivation, figurent notamment les noms référant

dérivation relative aux générations +n et -n

Pour désigner une génération au-delà de -1 ou +1, des dérivés sont formés par composition ou par affixation. Beaucoup plus rares, certains noms, formés par complémentation, relèvent plutôt de la locution nominale. Il a ainsi été noté localement tad hebiou 'trisaïeul' en léonard et en cornouaillais, et tad-kozh e-raok 'bisaïeul' en vannetais, à Houat.

En vannetais, ioù forme des composés unifiés ou est assimilable à un suffixe. Cela se remarque notamment à la place du suffixe du pluriel. La forme gourdadioù(i)er 'ancêtres', dont des variantes graphiques figurent dans des textes vannetais du 19e siècle, montre un suffixe du pluriel placé en fin de mot.

Les affixes ne sont pas toujours placés sur le même élément des noms composés. Les préfixes gour- et hen- apparaissent sur la tête du composé, gourdad-kozh, hendad-kozh 'bisaïeul', le préfixe ad- sur le complément, tad-adkuñv 'trisaïeul', tandis que le suffixe -ig/-ik, parfois continué par un deuxième suffixe hypocoristique, peut apparaitre sur l'un comme sur l'autre, tadig-kozh, tad-kozhik, tadigoù-kozh, tad-kozhigoù 'bisaïeul'.

calcul des générations positives

Le Roux (1924-1953) note que la confusion est régulière entre les 'bisaïeuls', de génération +3 ('arrière-grand-père, arrière-grand-mère'), et les 'trisaïeuls', de génération +4 ('arrière-arrière-grand-père, arrière-arrière-grand-mère'). Cela renvoie au fait que des termes comme tad-kun et mamm-gun correspondent à l'une ou à l'autre de ces générations selon les parlers. Cependant, les variations de sens ne se limitent pas à ces générations ; on relève notamment

  • tad-ioù, mamm-ioù : +2, +3, +4 ;
  • tad-ker : +2, +4 ;
  • tad-koken : +4, +7 ;
  • tad-kozh : +2, +3.

Les préfixes gour-, hen-, appliqués à tad 'père', et éventuellement à mamm 'mère', forment chacun un terme générique pour les ascendants, tandis que gour- obtient le calcul d'une génération en plus vers les plus vieux appliqués à un autre nom d'ascendant, et qu'il en va de même pour ces deux préfixes dans les noms composés :

  • hendad 'ancêtre', hendad-kozh 'arrière-grand-père' ;
  • gourdad 'ancêtre', goureontr 'grand-oncle', gourdad-kozh 'arrière-grand-père'.

Le suffixe -ig donne simplement au nom une valeur affective dans la plupart des parlers : tadig 'papa', tadig-kozh 'papi'. Cependant, il permet aussi de référer à un autre ascendant, comme le montrent les formes relevées à Douarnenez et surtout à l'Est du domaine bretonnant. Appliqué à tad, il ne semble alors pas permettre de prédire à quel ascendant le dérivé réfère : tadig y est attesté en génération +4, et tadigoù en génération +3 ou +4. Et, de même que les préfixes gour- et hen-, il y obtient alors le calcul d'une génération en plus vers les plus vieux dans les noms composés : tadig-kozh, tad-kozhik 'arrière-grand-père'.

Le suffixe hypocoristique -où, qui continue parfois le suffixe -ig/-ik, ne joue aucun rôle dans le calcul des générations. Les termes tadigoù-kozh et tad-kozhigoù 'arrière-grand-père' ont été notés avec le même sens que les deux formes précédentes.

Des usages particuliers ont eu cours en breton de la presqu'ile guérandaise, d'après les formes connues du parler du Bourg-de-Batz. Ernault (1883:245) y donne gourtadik 'grand-père', où gour- et -ig apparaissent associés simultanément à tad, gour- obtenant le calcul d'une génération en plus vers les plus vieux et -ig ne jouant aucun rôle dans le calcul des générations, et signale que l'on y emploie tadek 'grand-père', mamek 'grand-mère', parfois mamik 'grand-mère'. Les formes notées dans l'ALBB sont conformes à ce dernier usage, le suffixe -ig y obtenant clairement le calcul d'une génération en plus vers les plus vieux  : tadig, tad-kozh 'grand-père', tadig-kozh 'arrière-grand-père'.

calcul des générations négatives

Ernault (1894b:39) remarque que les deux sens opposés (minoratif gou-, gour- et augmentatif gour-, gor-, gou-) de la préfixation en gour- sont interprétables dans les noms de parenté. Il compare l'usage de gour- pour obtenir un degré d'éloignement supplémentaire dans les générations au français sur- dans surlendemain.

 Ernault (1894b:39):
 "Nous appelons arrière-grand-père, arrière-petit-fils, ce que les Latins désignaient d'un nom tout opposé, pro-avus, pro-nepos. Nous disons : grand-père, mais petit-fils tandis que les Anglais disent grand-father, et grand-son. D'après l'explication de M. Loth, le breton gourniz est l'équivalent littéral de petit-neveu; et sa théorie amène à croire que gourdadou 'aïeux', répond à grands-pères, avec le premier gour. Mais n'est-il pas plus vraisemblable que ces deux termes corrélatifs sont composés d'une façon identique ? On a de même, en gallois, gorwyr = anglais great 'grands', comme gor hendad = great grandfather."

La dérivation employée pour les ascendants se retrouve ainsi parfois pour les descendants. Les termes concernés pourraient avoir été formés sur le modèle des générations opposées :

  • kuñv, en usage pour la génération +3 dans tad-kuñv, se retrouve pour la génération -3, comme dans bugale-guñv 'arrière-petits-fils' ;
  • gour-, peut-être du fait de son usage dans des noms référant à la génération +2, comme goureontr 'grand-oncle', et +3, comme gourdad-kozh 'arrière-grand-père', se retrouve dans des composés référant aussi bien à la génération -2 que -3, comme gourvab 'petit-fils' ou 'arrière-petit-fils', dont le sens varie selon les auteurs ou les parlers.

ordre de la dérivation

La question de l'ordre de construction peut parfois prêter à discussion. C'est notamment le cas pour gourdad-kozh, gourdad-ioù, hendad-kozh, tadig-kozh et tadigoù-kozh 'bisaïeul'.

Même si les termes gourdad, hendad et tadig ne sont pas attestés pour grand-père dans les parlers dans lesquels ont été relevés ces dérivés, cela n'exclut pas la possibilité que ce sens ait existé dans les aires linguistiques concernées. De telles formes ou des formes proches sont d'ailleurs attestées pour la génération correspondant aux grands-parents : Ernault (1883) donne gourtadik 'grand-père' au Bourg-de-Batz, Loth (1884), henmam 'grand-mère' en vieux breton, et l'ALBB tadig 'grand-père' au Bourg-de-Batz.

Toutefois, il est également possible que la préfixation de gour- ait été effectuée sur les dérivés. Une telle formation s'accorde parfaitement avec les formes relevées : gourdad-kozh et hendad-kozh en vannetais maritime, tadig-kozh en trégorrois et tadigoù-kozh en haut-cornouaillais signifient tous 'arrière-grand-père', et correspondent à une génération en plus vers les plus vieux par rapport à tad-kozh 'grand-père' ; de même pour gourdad-ioù 'trisaïeul' par rapport à tad-ioù 'bisaïeul' en vannetais maritime, et pour gourdad-ioù-kozh 'trisaïeul' par rapport à tad-ioù-kozh 'bisaïeul' en haut-cornouaillais.

Cette seconde hypothèse est, par ailleurs, confortée par l'analogie qui existe entre tadig-kozh et tad-kozhik d'une part, et entre tadigoù-kozh et tad-kozhigoù d'autre part. Ces différentes formes semblent montrer que l'affixe s'applique au composé, et est jointe à la tête ou à son complément selon les parlers.

Mais surtout, elle rend compte des formes relevées en haut-cornouaillais, non prédictibles et pouvant paraitre contre-intuitives : en haut-cornouaillais, les formes tadigoù-kozh 'bisaïeul' et tadigoù 'trisaïeul' ont été relevées simultanément. Or, dans le parler concerné, tadigoù-kozh ne peut être interprété sémantiquement que comme un dérivé de tad-kozh ; le considérer comme un dérivé de tadigoù 'trisaïeul' serait particulièrement incohérent.

Ces remarques sont toutefois insuffisantes pour statuer définitivement de l'origine de ces formes. Néanmoins, il semble que le préfixe est bien pris en compte sémantiquement après le complément, car seul cet ordre rend le calcul de la génération opérant. Non seulement une telle lecture de la formation de ces composés est cohérente en synchronie, mais elle semble même parfois devoir s'imposer. Il en ressort que soit ces formes ont été créées par application de l'affixe au composé, soit il peut être postulé qu'une réinterprétation de ces formes a été opérée.

détail des générations

génération +2, -2

La génération +2 s'obtient avec l'adjectif kozh 'vieux' : tud-kozh 'grands-parents'.

La génération -2 s'obtient avec l'adjectif bihan (bugale-vihan 'petits-enfants'), comme le fait l'adjectif français petit de petits-enfants.

La carte 574 de l'ALBB et la carte 576 du NALBB montrent des variantes dialectales de tad-kozh 'grand-père' sur toute l'aire parlante ; les cartes 577 et 578 du NALBB celles de mamm-gozh 'grand-mère' et de tud-kozh 'grands-parents'. Contrairement à tad-paour, en usage en Cornouaille morbihannaise, les quelques termes utilisés localement pour 'grand-père', qui se résument principalement à pepe en vannetais maritime, tad-ker à l'est des pays de Baud et de Pontivy et tad-mignon au sud-est du pays de Vannes, ne vont pas de pair avec un pluriel spécifique pour 'grands-parents' ; hormis la concurrence de tud-paour en Cornouaille morbihannaise, tud-kozh est donné partout.

Il est accepté d'utiliser un rang +2 ou -2 pour dénoter toute la lignée ('tous les petits-enfants', ou 'tous les ancêtres').

génération +3, -3

Les 'bisaïeuls', ou 'arrière-grands-parents', et les 'arrière-petits-enfants' sont les générations +3 et -3. Ces générations peuvent s'obtenir avec l'adjectif kuñv.

La génération +3 s'obtient ordinairement par dérivation du nom de base : tad-kuñv 'arrière-grand-père'. Localement, il s'obtient cependant par dérivation du nom correspondant à la génération +2, soit à l'aide de l'adjectif kuñv, marquant la génération +3, comme c'est le cas dans certains parlers côtiers de Cornouaille où la forme tad-kozh-kuñv est en usage, soit par l'emploi d'un affixe, gourdad-kozh et hendad-kozh en vannetais maritme, tad-kozhik et tad-kozhigoù au nord du Bas-Vannetais.

La génération -3 s'obtient aussi par dérivation du nom de base : mab-kuñv 'arrière-petit-fils'. En breton trégorrois de Perros-Guirec, les préfixes ad- et gour- obtiennent le calcul de deux générations en plus sur le lien de parenté dénoté par leur nom base. Pour ce parler, Konan (2017:27) donne advab et gourvab 'arrière-petit-fils'.

La carte 575 de l'ALBB documente la variation dialectale de la traduction du terme générique de bisaïeul, et le NALBB mentionne quelques traductions de ce terme en marge de la carte 576. Une vaste partie Ouest donne des formes de tad-kuñv. Une bande à l'Est du domaine parlant a des formes composées à l'aide du diminutif -ig/-ik, parfois continué par -où : tadigoù, tadig-kozh, tadigoù-kozh, tad-kozhik, tad-kozhigoù. On trouve quelques formes de gourdad-kozh en vannetais, comme à Belle-Île-en-mer.

Le vannetais Le Bayon (1878:15) donnait gourdadieu 'grands-parents, aïeux'. Cependant, pour le vannetais, la documentation donne, d'une part, le pluriel gourdadeu 'ancêtres', et, d'autre part, le singulier gourdadieu 'bisaïeul', qui, au pluriel, connait aussi le même sens que le terme précédent.

génération +4, -4 & autres

La génération +4 s'obtient par composition de ioù, ainsi que c'est très majoritairement le cas en Léon : tad-ioù 'trisaïeul'.

L'ALBB mentionne quelques traductions du terme trisaïeul en marge de la carte 575.

Juluen (1935:49), originaire de Plestin-les-Grèves, emploie un système très complet allant jusqu'à la génération +11 :

 +2 : mamm-goz ; +3 : mamm-you ; +4 : mamm-gun ; +5 : [mamm-]likun ; +6 : [mamm-]reverkun ; +7 : mamm-gokenn ; +8 : [mamm-]likokenn ; +9 : [mamm-]reverkokenn ; +10 : mamm-bardi ; +11 : [mamm-]vom-bardi.

autres dérivés

liens par remariage d'un des parents

Le préfixe lez-, sur les noms de parenté, obtient les relations par remariage d'un des parents, comme lezc'hoar 'demi-sœur', lezvab 'beau-fils', lezvreur 'demi-frère', lezvamm 'belle-mère', leztad 'beau-père', lezvugel 'enfant par remariage', leztud 'beau-parents'. Ce préfixe a par ailleurs une nuance péjorative nette dans lesanv 'surnom', lezroue.

Certaines variétés utilisent plutôt le suffixe de noms d'animés -eg, -og. Pour le haut-vannetais, Delanoy (2010) donne hoéreg 'belle-sœur', tadeg 'beau-père'.

Syntaxe

structure argumentale

Les noms de parenté ont deux arguments puisqu'ils sont des termes relationnels. Le lien de parenté est toujours entre deux entités.

présence du possessif

On n'a pas le même résultat si on cherche la traduction de C'est un fils attentionné., où l'item lexical dénotant le 'fils' contient obligatoirement une spécification de parenté, et la traduction de C'est le fils d'untel, où la relation de parenté peut être portée par la construction possessive. Dans la carte 445 de l'ALBB, C'est le fils d'untel est largement traduit par le nom paotr 'gars', et rarement par mab 'fils'.

Les noms qui peuvent devenir des noms de parenté dans les constructions possessives sont bugel 'enfant', paotr 'gars', maouez 'femme', tud 'gens', et dans une certaine mesure tad-kozh et mamm-gozh. Au fil de la variation dialectale, on a aussi gwaz dans les dialectes où il dénote un 'homme', plac'h ou merc'h dans les dialectes où ils dénotent une 'fille, jeune femme'.

Certains noms de titres résistent à l'interprétation de parenté sous le possessif. Le nom Itron 'dame, madame', dans une construction possessive, ne dénote pas une 'femme à qui le locuteur est marié' mais la 'Vièrge Marie' (va Itron, Breton 1698, PIC.). Au vocatif, dans va itron gaer, le possessif est juste un marqueur hypocoristique, comme dans le français ma dame, ma bonne dame. L'interprétation n'est jamais 'ma femme'. De même, ma Aotrou sera traduisible, selon les contextes, par mon maître, mon seigneur, mon suzerain ou mon Dieu.

Sémantique

'à la mode de Bretagne'

On appelle oncle ou tante "à la mode de Bretagne" toute personne plus âgée qui appartient à la communauté sociale que l'on considère proche, pour des raisons qui peuvent être extra-familiales (tout le village, toute l'île…).

Les hommes plus âgés, indistinctement, sont appelés 'oncle' eontr dans la partie Sud, tonton dans la partie Nord (pour Ouessant, Malgorn 1909).

Les femmes sont appelées 'tante' moereb. À Sein, Fagon & Riou (2015) relèvent la forme maren go, litt. 'vieille marraine' pour appeler tout femme âgées à qui on montre du respect.

Les personnes de même âge se nomment kenderv ou kenitervez, kendirvi 'cousins.


 Izard (1965:92):
 "Tout cousin ou cousin à la mode de Bretagne de génération zéro est donc appelé kenderv, terme qui peut être utilisé également pour s'adresser à des non-apparentés de même âge […]. Les cousins et les cousins à la mode de Bretagne de génération + 2, + 3 et + 4, ainsi parfois que les hommes non apparentés […], plus jeunes que [[le locuteur], sont appelés 'neveu', niz. Des faits symétriques existent dans le groupe des parents féminins ; on doit cependant noter que l'emploi des termes 'tante', 'cousine' et 'nièce', dans le cadre des relations à la mode de Bretagne est moins général que celui des termes 'oncle', 'cousin', 'neveu'."


désambiguïsations

Les relations strictement intrafamiliales sont désambiguïsées par une série d'adjectifs, par exemple pour eontr 'oncle': eontr-kompez, eontr-end-eeun ou eontr prop.

Malgorn (1909) rapporte que ni eontr-kompez, ni surtout eontr-gompez ne sont utilisés à Ouessant, qui préfère tonton.


'parents, mes gens'

La notion même de 'parent', elle, se traduit un peu différemment qu'en français ou en anglais. Le nom tud, an dud 'gens, les gens', s'il est précédé d'un possessif, dénote les 'parents proches': ma zud, hon tud 'mes parents, nos parents'.


(1) Ma zud-kozh ne ouie poz galleg ebet.
mon2 parents-grand ne1 savait parole français aucun
'Mes grand-parents ne parlaient pas un mot de français.'
Cornouaillais (Riec), Mona Bouzeg


La carte 374 de l'ALBB montre la traduction de 'parent, des parents', donc sans possessif. On y voit aussi une large répartition d'un nom formé sur karout 'aimer' kar, kerent.


(2) O herent o-deus sikouret anezo da ziblas.
leur2 parents 3PL a aid.é P.eux de1 déplacer
'Leurs parents les ont aidé à déménager.'
Léonard (Plouzane), Briant-Cadiou (1998:129)


'homme, mari'

La carte 253 de l'ALBB montre la répartition dialectale de la traduction de mon mari, des maris. La forme largement la plus répandue est gwaz, gwazed. On trouve aussi den, denoù sur toute la façade Est. En vannetais, on trouve aussi boulom, et pried à Groix.


(3) ged man den
avec mon personne
'avec mon mari'
Vannetais (Arradon), Audic (2011:15)


On relève une forme de type ozac'h uniquement à Peumerit-Quintin et Pleumeur-Bodou. Selon Izard (1965:97), ozac'h traduit 'mari', mais aussi 'chef de famille' ou 'maître'. C'est un nom qui n'est pas employé avec un possessif. On le trouve dans le Catholicon du trégorrois Lagadeuc dès 1499.

En pays nord-bigouden, le terme goaz dénote un 'homme marié', mais aussi plus généralement un 'homme' (le vir latin). L'emprunt mestr au français maître traduit le français 'chef de famille'. Le 'mari' est également nommé pried (le latin conjux, 'époux') sur lequel est formé priedelez 'mariage' (Izard 1965:97).

'femme, femme (de)'

La carte 282 de l'ALBB montre la répartition dialectale de la traduction de (C'est ma) femme, des femmes (mariées). Avec ou sans le possessif, on relève partout les formes gwreg et maouez. La forme gwreg se trouve surtout au Nord, et la forme maouez surtout au Sud, mais les deux formes sont relevées sur une aire maximale. Sporadiquement, on trouve aussi hini gozh. À l'Ouest, le pluriel merc'hed se trouve en plusieurs points. Comme en français, le même terme lexical est utilisé pour une 'femme mariée (à quelqu'un)' que pour une 'femme mariée à soi'.


'gendre, bru'

 Izard (1965:97):
 "pour 'gendre' et 'bru', les bretons utilisent plutôt des termes correspondant à 'beau-fils' et 'belle-fille'; il existe cependant des termes particuliers, mais peu usités, pour ces deux dernières catégories parentales. Ainsi le vannetais dan dont on trouve de nombreuses variantes (dean, deuf, daf, def) est tombé en désuétude, de même que le terme léonard gouhez 'bru'."


(1) Ar c'houlz a oa da lakaat yer da c'horiñ hag ar verc'h-kaer he devoa c'hoantaet ûoù houidi.
le 5moment R était de1 mettre poule.s de1 couver et le 1fille-beau R.3SGF avait convoit.é œuf.s canard.s
'C'était le moment de couvaison et la belle-fille avait voulu des œufs de cane.'
Trégorrois, Duval (1961)

Diachronie

Le système standard est ancien, et donne :

 +2 : tad-kozh ; +3 : tad-kuñv ; +4 : tad-ioù.

La carte 575 de l'ALBB montre qu'il est très général en Léon.

D'autres systèmes attestent d'un sens distinct, tombé en désuétude, pour tad-ioù. Ils apparaissent, en particulier, dans les termes relevés en vannetais,

– dans le dictionnaire de Châlons (1723) :

 +2 : Tadieu ; +3 : Gourdadieu ; +4 : Gourgourdadieu ; etc.

– dans le dictionnaire de L'Armerye (1744) :

 +2 : Tadïeu (entrée 'Ayeul, Gran Pere') ; +3 : Gour-Dadïeu (entrée 'Bis-Ayeul') ; +4 : tatt-cune (entrée 'Trisayeul').

Malgré l'usage de tud-kozh pour 'grands-parents', les termes tad-ioù et mamm-ioù ont encore été relevés, plus récemment, à Hoëdic avec le même sens de 'grand-père' et 'grand-mère', ainsi que cela apparait sur les cartes 576, 577 et 578 du NALBB (point 175).

Par ailleurs, on trouve dans une partie du Trégor, d'après l'ALBB (points 15 et 17) :

 +2 : tad-kozh ; +3 : tad-ioù-gozh ; +4 : tad-kun.

Cet emploi de tad-ioù-gozh, plus large (points 19, 20 et 23) et incluant la variante non mutée tad-ioù-kozh (point 39), laisse penser que tad-ioù a pu être employé autrefois pour 'grand-père' dans ce secteur géographique également.

Cependant, d'après l'ALBB toujours, on trouve également tad-ioù avec le sens de 'arrière-grand-père',

– au Sud-Est du pays de Vannes (points 75 et 79) :

 +2 : tad-kozh ; +3 : tad-ioù ; +4 : gourdad-ioù.

– dans une partie du Trégor (points 18 et 21) :

 +2 : tad-kozh ; +3 : tad-ioù ; +4 : tad-kun.

Et pour compléter la répartition de cette acception de tad-ioù, on peut également mentionner, pour le Sud-Est du pays de Vannes, l'ile d'Arz (point 76), et, pour le Trégor, Juluen (1935:49).

Si on admet que le sens ancien de tad-ioù est 'grand-père' dans ces deux aires géographiques, il est possible que le sens de tad-ioù, et, avec lui, celui de gourdad-ioù, y ait été modifié du fait de la généralisation de tad-kozh pour 'grand-père'. Les enfants auraient pu, au cours de cette période, adopter, pour leurs arrière-grands-parents, les mots que leurs parents utilisaient eux-mêmes pour les appeler.

Ce phénomène a pu se produire également pour tad-kozh à Groix, comme le montre l'ALBB (point 72). L'informatrice, utilisant peper pour 'grand-père', y fait, en effet, usage de tad-kozh pour 'arrière-grand-père'. Cet emploi ne s'est cependant pas imposé sur l'ile, puisqu'il n'est pas général à Groix. La carte 576 du NALBB en atteste, car elle y donne bien tad-kozh pour 'grand-père' (point 142).

Horizons comparatifs

Izard (1965:97) voit dans les trois degrés de parenté lexicalisés pour 'cousin' et 'neveu' (kenderv-niz, kevenderv-gourniz, keveniant-trede gourniz) "une organisation en classes analogues à celle du système irlandais."


Bibliographie

  • Leblic, I. 1980. Etude de la parenté dans une petite île bretonne : Molène, mémoire de DEA EHESS, Paris.
  • Izard, Michel. 1965. 'La terminologie de parenté bretonne', L'Homme nos 3-4 (juil,-déc.), 88-100.
  • Izard, M. 1963. Parenté et mariage à Plozevel, Finistère, Laboratoire d'anthropologie sociale, ronéo, 160 p.
  • Karl, Raimund. 2006. 'Siedlungen und Sozialstruktur im eisenzeitlichen Wales', Keltische Forschungen 1, 73–147.
  • Segalen, M. 1985. Quinze générations de Bas-Bretons. Parenté et société dans le Pays bigouden sud 1720-1980, Paris, PUF, 400 p.
  • (ar) Rouz, Yann-Vadezour. 2019. 'Ar gerentiezh', consulté le [18.11.2019]. texte.