Merc'h

De Arbres

Le nom merc'h est un nom de parenté qui dénote une 'fille'. Il existe aussi un emploi de merc'h "à la mode de Bretagne", qui sert d'adresse pour toute personne de sexe féminin plus jeune que le locuteur ou la locutrice. Enfin, il existe un emploi de merc'h, surtout avec son pluriel merc'hed, où le nom dénote tout 'individu de sexe féminin', incluant les femmes adultes.


(1) Ha da verc'h, penaos emañ-hi ?
et ton1 fille comment est-elle
'Et ta fille, comment va-t-elle ?'
Standard, Riou (1957:15)


Morphologie

variation et répartition dialectale

La carte 446 de l'ALBB montre que pour traduire fille (dans le sens familial), le nom merc'h est très majoritaire. Au début du XXe, on lui trouvait un concurrent ancien dans le nom plac'h, ou paotrez.

La carte 447 de l'ALBB montre que pour traduire fille, des filles (de sexe féminin), c'est le nom plac'h qui est très majoritaire. On lui trouve une concurrence en merc'h en Léon et en vannetais, avec une présence en cornouaillais autour du pays glazik.


  • ur pẹch a ẅyẹch
'un beau brin de fille'
Cléguérec, Thibault (1914:176)


(2) Me meus amañ or verc'h vihan a zo he-unan. Kollet eo.
moi 1SG.a ici un 1fille 1petite R est son-un perd.u est
'J'ai ici une petite fille toute seule. Elle est perdue.'
Cornouaillais (Locronan), A-M. Louboutin (10/2021)


nombre

Le pluriel standard de merc'h est écrit merc'hed. Ce pluriel est celui du nom merc'h, et il supplée aussi au pluriel du nom plac'h, car ce dernier n'a pas de forme plurielle propre. Le nom merc'hed est donc hégémonique au pluriel, et dénote tout ensemble pluriel de 'femmes, jeunes ou non affiliées au locuteur ou non'.


(3) Ral kaoud meried bestiaod avase.
rare avoir femmes bègue comme.ci
'C'est rare de trouver des filles bègues comme ça.'
Cornouaillais (Sein), Fagon & Riou (2015:'bestiaod')


deux pluriels de sens différent, /mɛrjet/ vs. /mɛrhet/

Pour Plozévet en Cornouaille, Trépos (1956:78) distingue deux réalisations du pluriel qui obtient une opposition de sens dans les noms relationnels 'femmes (de)' vs. 'fille (de)'. Le nom merc'h, meryed dénote les 'femmes' et les 'fillettes et jeunes femmes (non relationnel)'. Les 'filles de quelqu'un' sont dénotées par merc'h, merhed.

  • meryed Trégod
'les filles et femmes de Tréogat'
  • meryed Chakez a Hère
'les femmes de J. Quéré' (qui les emploie)
'les femmes de J. Quéré' (polygame)
  • merhed Chakez a Hère
'les filles de Jacques Quéré'
Cornouaillais (Plozévet), Trépos (1956:78)


Il s'agit d'une variation microlectale, car la carte 446 de l'ALBB qui traduit (vos) filles ne suit pas la généralisation de Pierre Trépos qui donnerait /mɛrhet/, mais bien /mɛrjet/ sur tout le pays bigouden, Sein, le Cap et jusqu'au Cornouaillais de l'est maritime. La carte 447 montre aussi en pays bigouden un concurrent au pluriel /mɛrjet/ de Pierre Trépos avec plac'hezed, sur plac'h 'fille (de sexe féminin)'.


dérivation

Les préfixes ad- et gour- donnent adverc'h et gourverc'h 'arrière-petite-fille' (Trégorrois de Perros-Guirec, Konan 2017:27).

Sémantique

nom de parenté et qualité

La carte 282 de l'ALBB montre la répartition dialectale de la traduction de (C'est ma) femme, des femmes (mariées). On relève partout les formes gwreg et maouez. À l'ouest, le pluriel merc'hed se trouve en plusieurs points pour 'des femmes mariées'. C'est un contraste avec le français filles, qui peut dénoter un ensemble de femmes en général, mais pas un ensemble spécifique de 'femmes mariées'.

Selon Kergoat (1976:59), à Plogonnec en Cornouaille, merc'h est utilisable indépendamment de l'âge. Le nom modifié plac'h yaouank dénote une femme autour de ses vingt ans. Le nom maouez dénote spécifiquement une femme qui a passé le début de sa vingtaine.


(4) [ peɛr ' kribɛt vi a 'merjet pɛr'vi:ɛ]
peogwir o kribat e veze ar merc'hed peurvuiañ.
puisque à4 peigner R était le femmes plus.souvent
'Parce que c'est peigner (le foin) que les femmes faisaient, le plus souvent.'
F., Cornouaillais (Plogonnec), Kergoat (1976:98)


les filles dans la parentèle

Dans le système de parenté, Izard (1965:96) donne, pour la 'fille aînée', merc'h hena, henaouerez sur l'adjectif ancien hen 'vieux', ou encore merc'h goz ou merc'h goza, et pour la plus jeune merc'h iaouanka qui est appelée, si héritière ('la juveigneuse') iaourez ou iaouherez.

La 'fille du mari ou de la femme' est appelée les-verc'h, et la 'femme du fils' ou 'bru' est appelée merc'h gaër. Le sens de 'belle-fille' est entièrement couvert par merc'hek en vannetais.


à la mode de Bretagne

Toute interlocutrice peut aussi être appelée merc'h, dans la limite d'une familiarité qui permet l'expression d'affection, comme avec le diminutif.


(5) … evit ma kavi eur gwaz eus da gendere, merc'hig ?
pour que4 trouveras un mari de ton1 con.degré fille.DIM
'Pour que tu trouves un mari de ton milieu social, ma fille ?'
Léonard (Bodilis), Ar Floc'h (1922:347)