Différences entre les versions de « Pronoms relatifs »

De Arbres
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Version du 27 août 2023 à 23:41

Le breton a différents pronoms relatifs suivant ce qui est relativisé, avec une petite variation dialectale. Tous les dialectes du breton ont un pronom relatif objet inanimé: (ar) pezh, littéralement 'le morceau', > 'ce que, ce qui'. On trouve aussi l'interrogatif petra 'quoi, ce que' en usage de pronom relatif objet. Les choses se compliquent en ce qui concerne le pronom relatif animé.

Il existe au moins dans certaines variétés de vannetais un pronom relatif animé (an hini / an hani). Il est composé de l'article défini suivi du pronom anaphorique hini. En breton standard ou dans les autres dialectes, l'existence même du pronom relatif (animé) est une question en soi. Deux candidats existent: le pronom relatif pehini et le rannig a. Or, l'existence du premier dans les variétés parlées reste à prouver, et l'identification du second comme un pronom relatif est aujourd'hui largement abandonnée.

Pour une étude du système relatif en breton, consulter Guyonvarc'h (1972-73).


pronom relatif objet

ar pezh, 'ce que, ce qui'

Le pronom relatif (ar) pezh, est la grammaticalisation du syntagme nominal qui signifie littéralement '(le) bout, morceau'. Il correspond au français ce que (Chalm 2008:§Q5) ou ce qui.


(1) Al lodenn vrasañ deus an dud ne gomprenont ket ken ar pezhi a ganit _i .
le partie 1grand.plus de le 1gens ne1 comprennent pas plus le morceau R1 chantez
'La plupart des gens ne comprennent plus ce que vous chantez.'
Standard, Ebrel (04/2009)


(2) Matriona ne gomze ket eus ar pezh e oa tremenet _i .
Matriona ne1 parlait pas de le morceau R était pass.é
'Matriona ne parlait pas de ce qui s'était passé.'
Léonard/Standard, Ar Barzhig (1976:44)


petra, 'ce que, ce qui'

L'usage de ar pezh est en concurrence, à travers les dialectes, avec celui de petra, 'quoi'.


(3) Pa glevas petra a oa...
quand1 entendit quoi R1 y.était
'Quand il entendit ce qui se passait… '
Léonard (Saint Pol de Léon), Milin (1922:403)

ellipse du pronom relatif objet

Le pronom relatif de l'objet, ar pezh ou petra, peut être élidé. Selon Favereau (1997:§579), cet emploi est "classique mais aujourd'hui assez rare".


(4) Sell a c'hoarvezo.
regarde R1 surviendra
'Considère ce qui surviendra.'
Luzel, cité par Favereau (1997:§579)

An hini

Il existe en vannetais un pronom relatif animé (an hini / an hani). Il est composé de l'article défini suivi pronom anaphorique hini. Les subordonnées avec le pronom relatif an hini / an hani ne nécessitent pas de pronom résomptif.


sujet

L'élément relativisé peut être le sujet de l'enchâssée. La forme zo (= zi) de la copule révèle la présence d'un sujet devant elle.


(1) [ ǝn dɛ͂n [ ǝnani zi :r vwatyr ] zi ʃom ir vɔrh ]
an den an hani ' zo er voatur 'zo é chom er vourc'h
le personne le hini R1 est en.le voiture R1 est à4 rester en.le 1bourg
'L'homme qui est dans la voiture habite dans le bourg.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:48)


(2) [ ǝn dɛ͂n [ nɛ͂n jɛ agawizɔχ ] i ʃɔm in oriãt ]
an den an hani 'yae a-gaouizoc'h ' oa é chom en Oriant.
le personne le hini R allait a-? était à4 rester en.le Lorient
'L'homme qui allait à ? habitait Lorient.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:48)


(3) [ mǝ anawa mat ar vwes [ nɛ͂n zi ʃom akosti ]
Me ' anava mat ar vaouez an hani ' zo ' chom a-kostez.
moi R connait bien le 1femme le hini R1 est à4 rester à-côté
'Je connais bien la femme qui habite à côté.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:48)

relativisation d'un PP

L'élément relativisé peut être un élément oblique comme l'argument de 'parler de X', komz diwar-benn X. Il peut alors apparaître sans la préposition.


(4) [ ǝn dɛ͂n [ nani go͂zǝt ] zi ʃom i tʃǝʃtǝnit ]
an den an hani ' gomzit ' zo é chom e Kistinid.
le personne le hini R1 parlez R1 est à4 rester à Kistinid
'L'homme dont vous parlez habite Kistinid.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:48)


(5) [ ǝn ti [ nɛ͂ go͂zɛχ taɲ ] i laɲ ǝr vɔrh
an ti an hani ' gomzec'h din ' zo e lein ar vourc'h.
le maison le hini R1 parlez à.moi R1 est en sommet le 1bourg
'La maison dont vous me parlez est en haut du bourg.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:48)

relativisation d'un oblique

En breton standard, cette structure serait typiquement réalisée comme une construction du faux sujet, avec un pronom résomptif réalisé comme le déterminant possessif de toenn 'toit'. Ici, avec le pronom relatif an hani, aucune anaphore n'apparaît dans le corps de la relative. Une analyse alternative possible consiste à postuler une ellipse à partir du groupe prépositionnel an doenn (anezhañ).


(6) [ ǝnti [ nɛ͂n ɥe Ɉǝlǝ ǝn dɥɛn dyzǝ ] zo bras ]
an ti an hani ' vez gwelet an doenn duze ' zo bras.
le maison le hini R est v.u le 1toit là.bas R1 est grand
'La maison dont on voit le toit là-bas est grande.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:48)


(7) [ ǝn ti [ ǝnani ǝ ɥelã ǝn dwɛn ] bras ]
an ti an hani a welan an doenn zo bras.
le maison le hini R1 vois le 1toit R1 est grand
'La maison dont je vois le toit est grande.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:48)


Un déterminant possessif coréférant avec la tête de la relative n'est pas illicite en soi:


(8) [ ǝn dɛ͂n [ ǝnani dwɛ kasǝd i vutik dǝ ras ] dɛs tʃømerǝt ur vutig aral ]
an den an hani 'doa kaset e voutik da raz 'deus kemeret ur voutik arall.
le personne le hini avait envoy.é son1 boutique à1 ras a pr.is un 1boutique autre
'L'homme qui avait démoli sa boutique en a pris une autre.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:48)

horizons comparatifs

moyen gallois

Meelen (2016), à la suite de D. S. Evans (2003[1964]:66) et Willis (1998:80), note que les relatives non-restrictives en moyen gallois peuvent être introduites par les pronoms yr hwnn, 'the one (m.)', yr honn (f.), yr hynn (n.) et y rei (pl.). Elle note qu'avant que ces formes ne soient adoptées en imitation du latin, de l'anglais et du français, ces relatives ne montraient que les particules a/y, a première après un antécédent sujet ou objet, et y après un PP ou un adverbe.

Pehini, pere

Les formes morphologiques pehini et pere sont très vivantes en breton moderne sous une lecture interrogative, lorsqu'il s'agit d'interroger sur un ensemble (type 'lequel d'entre eux', 'lesquelles de ces pommes'). Elles sont aussi vivantes en interrogatifs de discours rapporté.


  • Ar famillou a glaske gouzoud diouz o bugale pere oa ar re a ouie ar gwella o hatekiz.
'Les familles cherchaient à savoir de leurs enfants qui étaient ceux qui savaient le mieux leur catéchisme.'
Léonard, Lagadeg (2006:113)


L'usage de pehini et pere en tant que pronom relatif est plus discuté, mais on en trouve l'usage en corpus.


(1) Kar g'er luér-gaer pehanni e zou, mi huil a ziabél.
car avec le lune-1belle lequel R y.a moi voit de loin
'Avec le beau clair de lune qu'il y a, je vois de loin.'
Vannetais, An Diberder (2000:102)

Le nom vide: chemin de grammaticalisation des relatifs

Les interrogatifs enchâssés, introduits par des verbes déclaratifs ou des tournures présentationnelles, prennent un sens factuel non-interrogatif. Lorsque ceux-ci sont compatibles avec des noms vides, l'ensemble réalise un pronom relatif.


peseurt

Peseurt peut, avec un nom vide ici signalé par le rannig a, réaliser un pronom relatif.


(2) … ablamour ne ouezes ket peseurt a vez e foñs ar mor.
parce.que ne1 sais pas quelle.sorte R est en fond le mer
'Parce qu'on ne sait pas ce qu'il y a au fond de l'eau'
Léonard (Plougerneau), Elégoët (1982:21)


a gement

Favereau (1997:§584) signale l'usage de a gement comme "relatif d'insistance".


(3) N'eus mann ebet ' gemen ' interes 'neze !
ne1 y.a zéro aucun que intéresse P.eux
'Il n'y a rien qui les intéresse !'
Favereau (1997:§584)


Cette grammaticalisation contenant kement, 'autant', est à mettre en relation avec les propriétés anaphoriques de kement:

(4) N'eus ket met an dud dall / kement a ra skwer fall !

'Il n'y a que les gens aveugles qui donnent le (un tel) mauvais exemple'.
Favereau (1997:§584)

à ne pas confondre aec un rannig

Une tradition d'analyse représentée par Le Bayon (1878:24), Le Roux (1957:52), Fleuriot (1984b), et Favereau (1997:§578), a posé l'hypothèse que le rannig a est un pronom relatif.

Cette hypothèse est maintenant largement abandonnée. Voir à ce propos Denez (1974), Stephens (1982).

 Stephens (1982:13):
 "In Breton […], the particles can no longer be regarded as either a relative pronoun, in the case of a, nor a complementizer, in the case of e. Denez (1973-4) argued convincingly that the verbal particles in Breton are not used to indicate complementation of any kind."

Terminologie

Kervella (1947) utilise le terme breton raganv-stagañ.

Press (1986:243) traduit raganv-stagañ par l'anglais relative pronoun.

Bibliographie

  • Denez, P. 1973/4. 'A structural approach to Breton grammar. The so-called relative pronoun of Breton'. Studia Celtica 8/9, Cardiff: University of Wales Press, 251-267.