Interrogatifs enchâssés

De Arbres

Les interrogatifs enchâssés servent surtout à contruire des questions indirectes.


(1) … hag a c'houlenn gete a beban int ha d'e men eh aont.
et R1 demande avec.eux de1 sont et à R vont
'Et il leur demande d'où ils sont et où ils vont.'
Vannetais, Herrieu (1994:235)


Un cas particulier est celui des interrogatifs enchâssés introduits par des verbes non-interrogatifs (déclaratifs, présentatifs...). Les mots interrogatifs peuvent alors aussi être la tête d'une relative non-interrogative.


Morphologie

morphologie interrogative

La plupart des interrogatifs enchâssés introduits par des verbes déclaratifs non-interrogatifs portent une morphologie interrogative.


(2) Hennezh ne oar den piv e kred ez eo.
celui-là ne1 sait personne qui R croit R+C est
'Celui-ci, personne ne sait qui il croit être.'
Standard, Preder & Armor (1977:30)


(3) Hag soñjal petra da ober.
et lui penser quoi de faire
'Et lui de se demander quoi faire.'
Cornouaillais (Pleyben), Ar Floc'h (1950:15)

sans morphologie -pe interrogative

mod, giz, 'comment'

En bord vannetais, on trouve les relatifs giz et mod qui ont par ailleurs des contreparties avec une morphologie interrogative (peseurt mod, pegiz). Il s'agit alors de vrais noms (la façon dont...).


(4) Goût ' ran { mod / giz } ' kustum ar c'hazh du da gavout toulloù kuzh.
savoir R fais comment est coutumier le 5chat noir de1 trouver trou.s caché
'Je sais comment le chat noir a l'habitude de trouver des cachettes.'
Cornouaillais (Scaër/Bannalec), H. Gaudart (04/2016b)


(5) [ he wije pig̈is wahô be daj c̈wiT]
Int a ouie pegiz ec'h oa-eñ bet deuet kuit. Équivalent standardisé
eux R savait comment R était-lui été ven.u parti
'Eux savaient comment il était parti.'
Cornouaillais de l'Est (Lanvénégen), Evenou (1987:575)

Syntaxe

verbes déclaratifs

Le verbe de la matrice peut être un verbe déclaratif non-interrogatif comme lavarout 'dire', soñjal 'penser', gouzout 'savoir'.


(1) Lavar din pegen alïes e vezez eno.
dis à.moi combien souvent R es y
'Dis-moi combien souvent tu y es.'
Standard, Kervella (1947:§542)


tournures présentatives

Le verbe de la matrice peut aussi être un verbe présentatif, ou une tournure présentative.


(2) Sell petore liou a zo war an oabl bremañ !
regarde quel couleur R est sur le ciel maintenant
'Regarde quelle couleur a le ciel maintenant !'
Trégorrois, Gros (1970b:§'liou')


(3) Sell pegement a arhant am-eus me foétét ez kerz.
regarde combien de1 argent R.1SG a moi dépens.é pour.toi
'Regarde combien d'argent j'ai dépensé pour toi.'
Trégorrois, Gros (1970:238)


autres

(4) Gounezet em-eus penaoz ober, heb m' en-deus diskouezet den ebet din.
gagn.é 1SG a comment faire sans que 1SG a montr.é personne aucun à.moi
'J'ai appris comment faire sans que personne me l'ait montré.'
Cornouaillais, Trépos (2001:§384)


Analyse

Les interrogatifs oscillent visiblement entre les catégories nominales et adverbiales. Syntaxiquement, ce ne sont pas des noms, mais comme ils sont la tête d'une complétive, ils sont la tête d'un argument du verbe de la phrase matrice.


pas d'article

Les interrogatifs de type penaos, perak, ont de nominalisations faciles, avec le simple ajout d'un article défini. Or, dans les enchâssées, ils n'apparaissent pas avec cet article comme le ferait un réel argument nominal.


rannig e

L'utilisation du rannig e pointe vers des objets syntaxiques de type adverbial.


(5) Sed aze penaoz e vez miret ar hiziou fur.
voici comment R est gard.é le 5habitude.s sage
'Voici comment sont gardées les sages coutumes.'
Kenskrid Kadored (1912), Ar Yeodet-Bocher

chemin de grammaticalisation des relatifs

nom vide

Peseurt peut, avec un nom vide ici signalé par le rannig a, réaliser un pronom relatif.


(6) … ablamour ne ouezes ket peseurt a vez e foñs ar mor.
parce.que ne1 sais pas quelle.sorte R est en fond le mer
'Parce qu'on ne sait pas ce qu'il y a au fond de l'eau'
Léonard (Plougerneau), Elégoët (1982:21)


Sémantique

Au mode déclaratif, pegoulz dénote un temps particulier qui peut être connu du locuteur, mais n'est pas précisé par lui.


(1) Diouzh he forzh ' vez anat pegoulz ' vez pare ar vuoc'h da halañ.
selon son2 vagin R est évident quand R est prêt le 1vache à1 vêler
'On reconnaît quand la vache est sur le point de vêler à son vagin.'
Le Dû (1978:2.1/199)
cité dans Menard (1995:153)

Bibliographie

horizons théoriques

  • Lahiri, Utpal. 2002. Questions and answers in embedded contexts, Oxford Studies in Theoretical Linguistics 2, Oxford : Oxford University Press.