Différences entre les versions de « Moc'h, pemoc'h »
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Le locuteur du trégorrois de [[Blanchard (2016)]] a pour ''moc'h'' 'cochons' le singulier ''penoc'h'', sur ''hoc'h''. | Le locuteur du trégorrois de [[Blanchard (2016)]] a pour ''moc'h'' 'cochons' le singulier ''penoc'h'', sur ''hoc'h''. | ||
Les formes les plus grammaticalisées du singulatif ''penn'' sont probablement préfixales, et surtout celles en /pi-/ puisque le nom ''penn'' en isolation ne se trouve jamais sous cette forme. Ce préfixe ''pi-'' est lexicalement restreint : il ne peut pas fournir de singulatif à un autre nom collectif. Dans les cartes 235 et 236 [[NALBB]], le nom 'têtard' ''penn dolok'' a une variante avec /pin-/ dans ''pindok'' à Caurel (en Mûr-de-Bretagne), alors que les autres formes au singulier ont clairement /pɛn-/, mais leurs pluriels montrent qu'il ne s'agit pas de [[singulatifs]] sur [[noms collectifs]] en synchronie, puisqu'ils sont respectivement ''penn'''où''' dolok'' et /pindolok'''u'''/ avec des pluriels morphémiques. Tout au plus, ''pin-'' dans ''pindok'' 'têtard' montre la trace diachronique d'une ancienne préfixation de singulatif. Le système est maintenant complètement idiosyncratique. | Les formes les plus [[grammaticalisées]] du singulatif ''penn'' sont probablement préfixales, et surtout celles en /pi-/ puisque le nom ''penn'' en isolation ne se trouve jamais sous cette forme (Nurmio 2022). Ce préfixe ''pi-'' est lexicalement restreint : il ne peut pas fournir de singulatif à un autre nom collectif. Dans les cartes 235 et 236 [[NALBB]], le nom 'têtard' ''penn dolok'' a une variante avec /pin-/ dans ''pindok'' à Caurel (en Mûr-de-Bretagne), alors que les autres formes au singulier ont clairement /pɛn-/, mais leurs pluriels montrent qu'il ne s'agit pas de [[singulatifs]] sur [[noms collectifs]] en synchronie, puisqu'ils sont respectivement ''penn'''où''' dolok'' et /pindolok'''u'''/ avec des pluriels morphémiques. Tout au plus, ''pin-'' dans ''pindok'' 'têtard' montre la trace diachronique d'une ancienne préfixation de singulatif. Le système est maintenant complètement idiosyncratique. | ||
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* [[Jacques (2013)|Jacques, Guillaume. 2013]]. 'Les noms du cochon domestique en celtique', ''Historische Sprachforschung / Historical Linguistics'' 126, Vandenhoeck & Ruprecht, 287-295. | * [[Jacques (2013)|Jacques, Guillaume. 2013]]. 'Les noms du cochon domestique en celtique', ''Historische Sprachforschung / Historical Linguistics'' 126, Vandenhoeck & Ruprecht, 287-295. | ||
* Nurmio, Siva. 2022. ''Singulatives: a morphological overview'', ms. à paraître. | |||
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Version du 5 février 2022 à 15:01
Le nom moc'h ou hoc'h 'cochons' est un nom collectif. Son singulier est pemoc'h, ou penn moc'h.
(1) | Ar moh | bihan | o-devoa | eur | reun | tano | a oa | êsoh | da | werza. | ||||
le cochons | petit | 3PL-avait | un | soies | fin | R1 était | facile.plus | à1 | vendre | |||||
'Les petits cochons avaient des soies fines qui se vendaient plus facilement.' | ||||||||||||||
Plouzane, Briant-Cadiou(1998:7) |
Morphologie
variation dialectale du singulatif en penn et formes grammaticalisées
Les dialectes varient dans leur intégration morphologique du singulatif penn 'tête' (cf. carte 470 de l'ALBB).
(2) | Pa | veze | lazet | ar penn-moh | e veze | eur gwall | zervez. | ||||||
quand | était | tué | le tête-cochons | R4 était | un sapré1 | jour.n.ée | |||||||
'Quand on tuait le cochon ça nous faisait une sacrée journée.' | |||||||||||||
Léon (Plouzane), Briant-Cadiou(1998:8) |
(3) | Eur | vannouzenn | a zo | doh | e | veg | gwasoh | evid | doh | rêr | eur pimoh ! | ||
un | souillure | R1 est | à | son1 | bouche | pire | que | à | cul | un cochon | |||
'Il a des salissures à la bouche pire qu'au cul d'un cochon!' | |||||||||||||
L'Hôpital-Camfrout, Le Gall (1957:'mannouz') |
(4) ... | pa | 'zo | neve' | la'het | ur pemoc'h. | |||||||
puisque | est | nouveau | tué | un cochon | ||||||||
'Puisqu'on vient de tuer un cochon.' | ||||||||||||
Poher, Favereau (1997:§443) |
(5) | Ar pemoc'h, | nag | e rae | un toull | en | douar, | 'rae ket | droug | ebet | anezhoñ. | |||
le cochon | bien.que | R4 faisait | un trou | en.le | terre ne1 | faisait pas | mal | aucun | P.lui | ||||
'Le cochon, même s'il faisait des trous dans le sol, il ne faisait aucun mal.' | |||||||||||||
Haut-vannetais (Jo Sergent), Louis (2015:214) |
Le locuteur du trégorrois de Blanchard (2016) a pour moc'h 'cochons' le singulier penoc'h, sur hoc'h.
Les formes les plus grammaticalisées du singulatif penn sont probablement préfixales, et surtout celles en /pi-/ puisque le nom penn en isolation ne se trouve jamais sous cette forme (Nurmio 2022). Ce préfixe pi- est lexicalement restreint : il ne peut pas fournir de singulatif à un autre nom collectif. Dans les cartes 235 et 236 NALBB, le nom 'têtard' penn dolok a une variante avec /pin-/ dans pindok à Caurel (en Mûr-de-Bretagne), alors que les autres formes au singulier ont clairement /pɛn-/, mais leurs pluriels montrent qu'il ne s'agit pas de singulatifs sur noms collectifs en synchronie, puisqu'ils sont respectivement pennoù dolok et /pindoloku/ avec des pluriels morphémiques. Tout au plus, pin- dans pindok 'têtard' montre la trace diachronique d'une ancienne préfixation de singulatif. Le système est maintenant complètement idiosyncratique.
genre
Le nom moc'h n'a pas de féminin dénotant la femelle du cochon. Le nom gwez, gwizi 'truie, truies' y supplée. Ce nom est documenté par la carte 304 de l'ALBB.
La dérivation en -ez donne un nom imagé (pemoc'hez 'petite égoïste', Favereau 1997:§168).
répartition dialectale
La carte 470 de l'ALBB documente la variation dialectale de la traduction de porc, des porcs. La carte 471 est la traduction de verrat. En Léon de l'Ouest, on y trouve la forme pemoc'h par. La forme doc'h est à l'origine un huchement construit sur une onomatopée.
(1) | Ma veze | savet | moh | ganeom, | eo | evid | gelloud | laza | unan | d'an nebeuta, | eur wech | ar bloaz. | ||
si4 était | élevé | cochons | avec.nous | est | pour | pouvoir | tuer | un | à1 le peu.le.plus | un 1fois | le an | |||
'Si nous élevions des cochons, c'était pour pouvoir en tuer un, au moins, une fois l'an.' | ||||||||||||||
Léon (Cléder), Seite (1985:33) |
Le nom moc'h est en concurrence à travers les dialectes avec un nom d'origine latine, porc'hell, perc'hell ('petit cochon(s)', Vallée 1980:'cochon').
(2) | Sell-hañ | oh | ober | e borhell ! | ||||||||
regarde-lui | à4,+C | faire | son1 porc | |||||||||
'Regarde-le faire le cochon/son gourmand!' | ||||||||||||
Trégorrois, Gros (1984:57) |
Il est aussi en concurrence sémantique avec hoc'h, qui signifie parfois plus précisément 'verrat'.
(3) | Dre-mañ, | a pa | lazher | un hoc'h, | e lamer | ar c'hig | druz | a-zoc’htoñ. | ||||
par-ci | quand | tue.on | un cochon | R4 enleve.IMP | le 5chair | gras | de.lui | |||||
'Ici, quand on tue un cochon, on en enlève la chair grasse.' | ||||||||||||
Vannetais, Herrieu (1994:41) |
Bibliographie
- Jacques, Guillaume. 2013. 'Les noms du cochon domestique en celtique', Historische Sprachforschung / Historical Linguistics 126, Vandenhoeck & Ruprecht, 287-295.
- Nurmio, Siva. 2022. Singulatives: a morphological overview, ms. à paraître.