Hoc'h

De Arbres

Le nom hoc'h est un nom comptable qui dénote un 'cochon', un 'verrat'.


(1) Dre-mañ, a pa lazher un hoc'h, e lamer ar c'hig druz a-zoc'htoñ.
par.ci quand tue.on un cochon R4 enlève.on le 5chair gras de.lui
'Ici, quand on tue un cochon, on en enlève la chair grasse.'
Vannetais, Herrieu (1994:41)


Morphologie

répartition dialectale

La carte 471 de l'ALBB documente la variation dialectale de la traduction de verrat. On trouve hoc'h un peu partout dans le domaine parlant, en compétition avec tourc'h dans le cornouaillais. On trouve pemoc'h-par en Léon (car pemoc'h 'cochon' y est générique), et hoc'h-tarv en vannetais (car hoc'h 'cochon' y est générique). Le nom porc'hell n'est donné qu'en cornouaillais à Elliant et en trégorrois à Pleumeur-Bodou. Comme dans la baie de Douarnenez, en sud vannetais, la forme hoc'h dénote des 'porcs (en général)'. Le 'verrat' y est alors spécifiquement dénommé hoc'h-tarv.

La carte 470 de l'ALBB documente la variation dialectale de la traduction de porc, des porcs. Le vannetais et l'ouest du cornouaillais présentent des formes en hoc'h avec un pluriel supplétif en moc'h. La forme majoritaire en KLT est autrement moc'h, pemoc'h. On trouve aussi la forme empruntée au domaine roman porc'hell le long de la frontière linguistique est, ou encore kochon en Trégor.

dérivation

(2) Izidor a veze atao mastoc'het e labour.
Isidore R1 était toujours .cochonn.é son1 travail
'Isidore faisait toujours un travail de cochon.'
Standard, Riou (1941:7)


Le suffixe -ken 'peau' obtient le nom hoc'hken 'peau de porc'.

Diachronie

Le proto-celtique * sukko- 'truie' a donné le breton hoc'h, et dans les autres langues celtiques le vieil irlandais socc-, le gallois hwch, le cornique hoch, le vieux breton hoch (Hamp 1987).


 Jacques (2013:291):
 *sukko- est rapproché du latin sūs < *suH- 'cochon' et à ses cognats dans diverses langues (voir par exemple Zair 2012:158), nom formé à partir de la racine verbale *sewH- 'donner naissance, [all. gebären]' (LIV p.538). La dérivation de l'étymon *suH- de cette racine *sewH- suppose l'évolution 'rejeton' > petit cochon > 'cochon'. En breton, *sukko- > hoc'h signifie le verrat comme tourc'h : la répartition des deux étymons est dialectale. Il peut s'employer pour désigner aussi le sanglier mâle, comme l'illustre l'exemple suivant: 
 (1) Ur wech, koulskoude, goude bezañ redet war-lerc'h ur pezh hoc'h-tourc'h kozh, 
     e oa en em gawet an aotroù war hed tenn. 
     'Une fois, malgré tout, après avoir couru un vieux [sanglier] mâle énorme,
      le maître s'était trouvé à portée de fusil.' 
     (Plourin 2002:96) 
 
 En gallois, hwch est féminin et dénote une 'truie'.


Hyllested (2016) développe l'hypothèse que la racine protoceltique * sukko- est un emprunt au proto-fennique.

Bibliographie

  • Hamp, Eric P. 1987. 'The pig in ancient Northern Europe', S. N. Skomal & E. C. Polomé (éds.), Proto-Indo-European: The archaeology of a linguistic problem, Washington, DC: Institute for the Study of Man, 185–190.
  • Hamp, Eric P. 1989. 'North European pigs and phonology', Zeitschrift für Celtische Philologie 43, 192–193.
  • Hyllested, Adam. 2016. 'Again on pigs in Ancient Europe: The Fennic connection', Bjarne Simmelkjær Sandgaard Hansen, Benedicte Nielsen Whitehead, Thomas Olander & Birgit Anette Olsen (éds.), Etymology and the European Lexicon, Proceedings of the 14th Fachtagung der Indogermanischen Gesellschaft, Wiesbaden, Reichert Verlag.
  • Jacques, Guillaume. 2013. 'Les noms du cochon domestique en celtique', Historische Sprachforschung / Historical Linguistics 126, Vandenhoeck & Ruprecht, 287-295.