-ek (Adj.)

De Arbres
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Le suffixe -ek obtient un adjectif à partir d'une racine nominale.


(1) Amzer truek a ra deomp…
temps pitoy.ant R fait à.nous
'Il nous fait un temps pitoyable…'
Vannetais, Herrieu (1994:153)


Morphologie

allomorphes

L'allomorphe -og semble restreint aux usages adjectivaux des noms d'agent en -eg, -og.


(1) … dar récévour guinaouoc-sé.
pour1.le recev.eur idiot-
'… à cet imbécile de receveur.'
Léonard pré-moderne (Plouider, 1905), Burel (2012:198)


allographe

Dans certains systèmes orthographiques, ce suffixe apparait toujours sous la forme -eg.


(2) Bremañ e vez lakaet nebeud a irvin doureg.
maintenant R est m.is peu de navets eau.sfx
'Maintenant on cultive peu de navets aqueux.' (blancs)
Trégorrois, Gros (1984:360)


(3) Ne chomfes ket eno ha pa vefes kaloneg.
ne1 resterais pas y même.si serais courag.eux
'Tu n'y resterais pas, même si tu étais courageux.'
Cornouaillais, Trépos (2001:§385)


Le suffixe apparaît cependant avec un -k final avant un suffixe superlatif.


(4) Al lann a veze er gwaremmeier ar meinek parkeier a oa.
le lande R1 était en.le garenne.s le caillout.eux.le.plus champ.s R1 était
'Les landes de garennes étaient les plus caillouteuses.'
Cornouaillais (Plogonnec), Kergoat (1976:54)


composition

La dérivation en -ek peut s'opérer sur des racines complexes (merien diouaskelleg, /fourmis deux.aile.sfx/, 'fourmis à deux ailes', Trégorrois, Gros 1984:360).


Selon Vallée (1980:XVII), c'est ce suffixe adjectival -ek "qui marque surtout la possession" que l'on retrouve dans les finales des noms en -egezh, qui dénotent "les qualités des personnes, les habitudes, les dispositions morales".

On trouve aussi le suffixe -ek adjectival dans les finales en -adek, après un suffixe -ad. Vallée (1980:XXI) donne darwinadek, 'de l'école de Darwin'.


Sémantique

Sur une base nominale, le suffixe -ek peut obtenir un adjectif de deux types sémantiques.


adjectifs marquant une abondance

Cet adjectif peut dénoter une quantité importante du référent du nom base (1). Cette quantité importante peut obtenir une pluralité d'entités ou la grandeur d'une entité singulière. Helias (1986:13) appelle le suffixe eg, comme dans korf 'corps' > korfeg 'corpulent', un augmentatif.


(1) Treuziñ a ran holl ar vro dostennek-mañ.
traverser R fais tout le 1pays collin.eux.ci
'Je traverse tout ce pays de collines.'
Vannetais, Herrieu (1994:218)


Le Roux (1915:70) donne mezek 'honteux (qui a honte)', kalonek 'cordial (qui a du cœur)', Trépos (2001:76) donne troadeg 'qui a de grands pieds'.


(2) spered 'esprit' > speredeg 'intelligent'

troad 'pied' > troadeg '(au) grand pied'
Merser (2009:481)


Selon Deshayes (2003:40), les adjectifs dénotant possession en abondance ou en quantité importante viennent du vieux breton -oc, puis le moyen breton -euc. Il correspond au cornique -ek, -ak et au gallois -og.

adjectifs marquant une qualité

Il existe des adjectifs en -ek qui ne dénotent pas de quantité importante, mais une qualité.


(2) Notennoù gramadeg a-ziwar skridoù Ivon Krog
note.s grammatical sur écrit.s Ivon Krog
'Notes de grammaire sur les écrits d'Ivon Krog'
Standard, titre de Ar C'hog (1983)


C'est le sens mentionné par Le Bayon (1878:19), qui traduit ces adjectifs par une paraphrase 'qui a… ', suivie d'une nominalisation de la base (buhek, 'qui a de la vie', kalonek, 'qui a du cœur', talwedek, 'qui a de la valeur').

Selon Deshayes (2003:40), les adjectifs de qualité viennent du suffixe -oc du vieux breton.


-ek vs. -et

La différence sémantique entre des adjectifs en -ek et les dérivés adjectivaux des participes passés (en -et) tient dans la durée dénotée de la qualité. L'adjectif en -ek n'implique pas de borne de début ou de fin de l'état, alors que le participe est perfectif de façon inhérente.


(3) bleo rodellet bleo rodellek
cheveux boucl.é cheveux boucl.é
'cheveux bouclés artificiellement vs. 'naturellement'
Vallée (1980:XXI)


(4) eun dén prederiet eun dén prederiek
un personne pens.sfx un personne pens.Adj.
'une personne soucieuse, préoccupée passagèrement', vs. 'habituellement'
Vallée (1980:XXI)


Il est possible qu'il y ait aussi un effet dialectal dans la différence entre -ek et -et. Bouzec & al. (2017:243) relève également pour le sens de 'juteux', dourek à Moëlan et dourennet à Bannalec.


-ek vs. -us

Le Bayon (1878:19) oppose méhek, 'qui éprouve de la honte', et méhus, 'qui fait honte'.

Vallée (1980:XXIII) contraste eveziek, 'habituellement attentif' et evezius, 'disposé à l'attention'.

Favereau (1997:§229) considère comme synonymes talvoudus et talvoudek, 'utile'.


Diachronie

En vieux brittonique, Evans & Fleuriot (1985) relèvent l'adjectif dobroc /dobhrøg/ 'aqueux, aquatique', construit sur le nom dobro- /dobhro-/, dubr-, duur- /dubhr/ 'eau'.

En moyen breton du XV°, le Catholicon traduit abrantec par la périphrase française qui a gras sourcilz, et par l'adjectif latin en -us superciliosus.


À ne pas confondre

Il existe beaucoup de morphèmes différents réalisés en /ɛk, ɛg/. Ils sont inventoriés ici.


Bibliographie