Différences entre les versions de « Périphéries de la phrase »
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||| [[art|le]] meurtre-[[DEM|là]] || [[R]].1SG [[kaout|ai]]-[[Objet postverbal après le verbe 'avoir’|lui]] || [[lakaat| | ||| [[art|le]] meurtre-[[DEM|là]] || [[R]].1SG [[kaout|ai]]-[[Objet postverbal après le verbe 'avoir’|lui]] || [[lakaat|m]].[[-et (Adj.)|is]] || [[war|sur]]<sup>[[1]]</sup> [[koust|compte]] || [[art|le]] [[jandarm|gendarme]].[[-ed (PL.)|s]] | ||
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|||colspan="10" | 'Ce crime, je l'ai mis sur le compte des gendarmes.' | |||colspan="10" | 'Ce crime, je l'ai mis sur le compte des gendarmes.' |
Version du 10 mai 2022 à 15:54
Les périphéries d'une phrase sont son bord droit et son bord gauche. En breton, la périphérie gauche de la phrase est plus riche que sa périphèrie droite; on y trouve potentiellement plus d'éléments, et ils y sont plus diversifiés.
Périphérie droite
La périphérie droite désigne l'endroit de la phrase où on trouve les particules comme avat, 'mais, cependant' neuze, eta, 'alors, donc' (Press 1986:209), ou certaines reprises stylistiques comme en (1).
(1) | N'oan | ket | kalz | ouzhpenn | daouzek | vloaz | 'poan | chomet | er gêr | dac'h | ar skol, | ma'z oan. | |||||
ne1 étais | pas | beaucoup | au.delà | douze1 | an | quand1 étais | rest.é | à.le 1foyer | de | le école | que/si étais | ||||||
'Je n'avais pas beaucoup plus de douze ans quand je suis restée à la maison pour aller à l'école.' | |||||||||||||||||
Léon (Plougerneau), Elégoët (1982:7) |
(2) | Ar bleizi | 'zo | er | goadeg, | eus emaint. | |||||||
le loup.s | est | en.le | bois.ée | de sont | ||||||||
'Le fait est que les loups sont dans le bois.' (bien sûr) | ||||||||||||
Menard & Kadored (2001:'eus') |
dislocation à droite
On peut aussi déplacer des constituants de l'intérieur de la phrase vers sa périphérie droite, comme dans les cas des dislocations à droite. On voit alors une reprise pronominale co-référente dans la phrase (ici, hemañ).
(2) | Hemañ | a zo treñk, | al lez-mañ. | |||||||||
celui.ci | R est aigre | le lait-ci | ||||||||||
'Il est tourné, ce lait.' | ||||||||||||
Trégorrois, (Gros 1984:135) |
Les règles de coréférence y sont plus lâches qu'à l'intérieur de la phrase. En (3), un pronom incorporé impersonnel co-réfère avec un groupe nominal de troisième personne.
(3) ... | e | ranked | mond | en | douar-braz, | ar re doa moyenn. | ||||||
R4 | devait.on | aller | en | terre-grand | le ceux avait moyen | |||||||
'... On devait aller sur le continent, ceux qui avaient le(s) moyen(s).' | ||||||||||||
Ouessant, Gouedig (1982) |
Périphérie gauche
La périphérie gauche désigne tout le domaine à gauche de la projection temporelle (le domaine CP moins le domaine IP). C'est, en breton, tout le domaine à gauche de l'ensemble rannig et verbe tensé. La périphérie gauche est en breton plus riche que la périphérie droite. De multiples éléments peuvent y apparaître, repoussant le verbe tensé en troisième place ou plus. En (1),
(1) | Pa vez ezhomm a-wechoù cheñch plas, | ma gav ket dit e vije bezhin a-walc'h war da dro, | e veze | chachet | ar grapin | ha | savet | anezhi... | ||||
quand1 est besoin parfois changer place | si1 trouve pas à.toi R4 serait algues assez sur ton1 tour | R4 était | tir.é le 1grapin | et | mont.é | P.elle | ||||||
'Quand on devait se déplacer de temps en temps, si on trouvait qu'il venait à manquer d'algues, on tirait sur le grapin pour le remonter.' | ||||||||||||
Léon (Plougerneau), Elégoët (1982:9) |
résomptivité ou non
Dans la périphérie gauche, un constituant peut ne pas avoir de pronom co-référent dans le corps de la phrase. En (1), la particule focalisatrice hepken 'seulement' montre un tel constituant focalisé qui lie une catégorie vide.
(1) | Teir reunenn hepken | a c'hellan | da | gemerout _ | digant | pep~hini. | ||||||
3 crin.SG seulement | R1 peux | de1 | prendre _ | avec | chaque un | |||||||
'Je peux prendre seulement trois crins à chacun.' | ||||||||||||
Cornouaille (Pleyben), Ar Floc’h (1950:157) |
En (2), Le syntagme nominal ar muntr-se est en zone topique. Il co-réfère, lui, avec un pronom objet à l'intérieur du domaine IP.
(2) | Ar muntr-se, | em eus-hoñ | lakaet | àr goust | ar jandarmed. | |||||||
le meurtre-là | R.1SG ai-lui | m.is | sur1 compte | le gendarme.s | ||||||||
'Ce crime, je l'ai mis sur le compte des gendarmes.' | ||||||||||||
Le Scorff, Ar Borgn (2011:14) |
structure de la périphérie gauche
L'ordre des mots dans la périphérie gauche est relatif à la structure informationnelle de la phrase. En breton, la périphérie gauche reçoit: les topiques suspendus, les topiques, les focus, la partie ne de la négation, mais aussi, puisque c'est une langue V2, des sujets en position A, des explétifs, des participes passés, des têtes verbales infinitives.
analyse formelle: une zone CP articulée
Jouitteau (2005/2010:chap 2) propose une structure de la périphérie gauche bretonne comme suit:
(2) | [ForceP | Force° | [TopP | [FocP | [ModeP | NEG | [FinP | Fin | ||||||||
topique suspendu | adjoints scéniques | topique | focus | négation ne | explétif | rannig-verbe | ||||||||||
Structure du domaine CP, Jouitteau (2005/2010:126) |
Le topique suspendu et les adjoints scéniques, dont les propositions circonstancielles, introduisent la phrase avec un niveau d'intégration très bas. Viennent ensuite les positions de topique simple et de focus, qui apparaissent tous deux au-dessus de la négation. La position de spécifieur de FinP n'est remplie qu'en dernier recours, dans les phrases thétiques positives.
Selon Jouitteau (2005/2010), l'auxiliaire tensé fait aussi partie de la périphérie gauche puisqu'il est situé dans la projection FinP, la projection la plus basse de la périphérie gauche, qui sélectionne le reste de la phrase,IP, comme complément.
Cette structure ne comprend pas les évidentiels, qui apparaîssent entre le topique suspendu et le topique simple. Elle fait aussi une prédiction fausse: le quantifieur nikun, qui ne devrait pas pouvoir être topicalisé (pas de topique en position A) ni focalisé (présupposition d'existence du focus) ne devrait pas pouvoir apparaître devant une négation.
(3) Koulskoude, eur wech c’hoaz, nikun ne c’helle lavaret en divije kemeret eur vrochenn diwar goust den.
- 'Cependant, une fois encore, personne ne pouvait dire qu’il aurait volé même une broche à quiconque.'
- Léon 1878, Inisan (1930:9)
Bibliographie
breton
- Jouitteau, M. 2005/2010. La syntaxe comparée du Breton, éditions universitaires européennes, ISBN 978-613-1-52800-2. manuscrit en pdf ici ou sur Language Description Heritage.
- Roberts, Ian. 2004. 'The C-system in the Brythonic Celtic languages, V2, and the EPP', Rizzi (éd.), The Structure of CP and IP, Oxford: Oxford University Press, 297–327.
ouvrages théoriques et horizons comparatifs
- Obenauer, Hans-George Obenauer (dir.) 2005. L'architecture propositionnelle, la syntaxe de la périphérie gauche, Recherches Linguistiques de Vincennes 33, ISBN 2-84292-167-4. résumés et intro en ligne