Jours de la semaine

De Arbres
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Les noms des sept jours de la semaine fonctionnent en breton sur le système latin préchrétien des planètes du système solaire.


(1) ur zulvez d'abardaez, d'ar yaou vintin
un dimanch.ée de soir à le jeudi 1matin
'un dimanche soir, le jeudi matin.'
Falc'hun & Fleuriot (1978-79:9A)


Inventaire

Les sept jours de la semaine sont lun, meurzh, merc'her, yaou, gwener, sadorn, sul.


Il existe sur certains noms une variation dialectale plus importante. Cuillandre (1927:fn 20) note ainsi pour le jour de Jupiter (Jovis Dies, jeudi), les formes diziaou, diziou (à Molène diriou), ou ar Iaou.

Pour le haut-vannetais, Delanoy (2010) donne saouarn, sadorn, 'samedi'.


Morphologie

dérivation

di-

Le préfixe di-, devant un nom de jour de la semaine, obtient un adverbe déictique: dilun 'lundi passé ou juste à venir pour le locuteur', dimeurz 'mardi passé ou juste à venir pour le locuteur', dimerc'her 'mercredi passé ou juste à venir pour le locuteur'.…


 Falc'hun & Fleuriot (1978-79:9A): 
 "Le préfixe di- de disul est une variante du nom breton de 'jour', deiz ou de, ce qui explique les variantes à rhotacisme dir-iou ou dir-yaou (en face de diz-iou), et dir-gwener à côté de digwener." 


En français, le préfixe et suffixe di équivalents (dimanche, lundi) viennent du latin di-es.

Les composés bretons obtenus par préfixation en di- ne sont pas des noms, mais des adverbes de temps, ceci explique qu'on ne peut pas les précéder d'un article (Kerrain 2001).


Syntaxe

préposition da

Pour le nom d'un jour régulier, qui revient chaque semaine, on utilise bep 'chaque' (bep meurzh 'chaque mardi') ou la préposition da (d'ar meurzh 'le mardi'). Après da, l'article est présent la plupart du temps, à part l'optionnel da lun/d'al lun 'le lundi, tous les lundis'.

On trouve aussi la préposition da pour dénoter un seul jour non-récurrent. En (1) (et non pas * antronoz diziou avec un déictique).


(1) antronoz, da yaou
lendemain à jeudi
'le lendemain, qui était un jeudi.'
Falc'hun & Fleuriot (1978-79:9A)


(2) Penegwir e oan eet di d'ar meurz.
puisque R4 étais all.é y à le mardi
'Puisque j'y étais allé le mardi.'
Trégorrois, Gros (1966:123)


  • D'al lun vintin, an aotrou Herry a gemeraz evit an eil gwech penn an hent evit mont da Vellak, hag eiz devez e vezo oc'h ober e dro. En devez warlerc'h, d'ar meurz da beder heur deuz ar mintin, an itron a ioa war zao о tihuna an daou vevel hag an diou vatez.
'Le lundi matin, monsieur Herry prit pour la seconde fois la route de Mellac, pour une tournée de huit jours.'
Loeiz ar Floc'h, 'Deuz ar Garantez d'ar Maro', Ar Bobl 9, texte.
  • D'ar meurz 27 a viz mae, dek mil den o deus gallet tremen dre an iliz ha gwelet ar burzud.
'Le mardi 27 mai, dix mille personnes ont pu passer par l'église et voir le miracle.'
Bue ar Zent, Perrot & Ar Moal (1912:422)


dater

(3) … eno e varvas, d'ar 6 a viz Meurzh war-lerc'h.
R4 mourut à le six de1 mois mars après
'… elle y mourut, le 6 mars qui suivit.'
Bue Ar Zent, Perrot & Ar Moal (1912:193)


préposition a-benn

(4) Labour am eus d'ober evit ar c'helenner istor { a-benn / * evit } dilun.
travail R.1SG a à1 faire pour le 5profess.eur histoire pour pour jour.lundi
'J'ai du travail à faire pour lundi pour le prof d'histoire.'
Standard, Kerrain (2001)


(5) Benn diriaou ' tigoueho ma sraoù.
à jour.jeudi R4 arrivera mon2 choses
'Jeudi, j'ai la commande qui arrive.'
Cornouaillais (Scaër/Bannalec), H. Gaudart (03/2017)


La préposition evit est agrammaticale devant une expression temporelle (* evit pegoulz, * evit dilun, Kerrain 2001). Le français peut utiliser pour dans l'expression un travail à rendre pour lundi, mais le breton utilise alors la préposition a-benn.


'On est tel jour'

Le breton utilise la copule zo.


(6) Al lun zo.
le lundi est
'C'est lundi aujourd'hui.'
Léonard, Kervella (2009:109)


Diachronie

 Falc'hun & Fleuriot (1978-79:9A): 
 "Les noms de la semaine en breton sont hérités du génitif latin de sept noms d'astres : Sol-is, Lun-ae, Mart-is (Mars), Mercuri-i, Jov-is (Jupiter), Vener-is (Vénus), Saturn-i. Ils sont l'expression d'une religion romaine pré-chrétienne, solaire et astrale, qui vénérait le soleil, la lune et les cinq planètes connues de l'antiquité. […]
 Le français a christianisé le nom de deux jours, remplaçant le jour de Saturne (di-sadorn) par celui du sabbat (sabba(ti) > samba > sam(m)e+di) et le jour du Soleil par celui du Seigneur (di(es)- d(o)min(i)ca > di-(d)menca > dimanche)."


En vieux brittonique, Evans & Fleuriot (1985) donnent diumercer /diwmerkher/, didmercer 'mercredi'.