Langue d'héritage

De Arbres

Une langue d'héritage est une langue acquise de manière native, mais dans un contexte de bilinguisme diglossique ou de détérioration de l'input (la langue que les locuteurs entendent dans leur entourage).

Les locuteurs d'une langue d'héritage constituent un profil de locuteur natifs en ce qu'ils sont exposés tôt dans la vie à la langue dite d'héritage. Leur maitrise de cette langue varie de natif sans interruption de pratique avec des zones diglossiques, à des formes d'attrition plus radicales de la langue. Les facteurs déterminants sont la fréquence d'exposition, la consistance de l'input, l'usage actif de la langue et la présence d'une instruction dans la langue (Montrul 2015). L'âge de la détérioration de l'input linguistique détermine si il s'agit d'une acquisition incomplète de la langue, ou bien d'une attrition plus tardive (Montrul 2008, 2011:158; Polinsky 2007).

Les locuteurs d'une langue dite d'héritage ont des signes d'attrition plus ou moins prononcés et de qualités différentes, sur un continuum allant de bilingues diglosses à des locuteurs entièrement silencieux avec la détérioration et la raréfaction de l'input. Les locuteurs qui utilisent le breton depuis qu'ils savent parler, sans interruption de pratique et dans différents cercles sociaux sont des bilingues diglosses. La diglossie détériore l'input en impactant quelques zones lexicales de la langue. Le locuteur opère alors des stratégies de contournement ou d'emprunt qui impactent la langue dans sa pratique. La diglossie n'atteint la grammaire que de façon périphérique, par exemple si les paradigmes morphologiques du vouvoiement sont atteints. Le manque de pratique de la langue peut, lui, impacter jusqu'à la grammaire centrale de la langue parlée, comme ses règles de fonctionnement : l'accord verbal ou l'ordre des mots. À la fin extrême de ce continuum, on ne trouve plus que des connaissances passives de la langue, avec des locuteurs qui peuvent comprendre le breton mais pas le parler, ou avec des expressions limitées à quelques expressions lexicales figées.


Étudier les langues d'héritage

langue de comparaison

Étudier une langue d'héritage peut impliquer d'établir une comparaison avec une variété plus complète, extensive ou maitrisée de la langue. Une langue d'héritage peut aussi être étudiée linguistiquement pour elle-même, sans considérer ligne de comparaison, mais il est toujours intéressant d'analyser l'input linguistique reçu par des locuteurs souvent isolés.

Méthodologiquement, établir une langue de comparaison nécessite qu'elle soit précisément la variété avec laquelle un locuteur donné est ou a été en contact, et non pas par exemple une version standard de cette langue, ou un dialecte différent. Pour les secondes ou troisièmes générations de dégradation de l'input linguistique, on doit donc établir l'input auquel ils ont accès (quelle variété dans la famille ? accès à l'école, à l'écrit ? à des loisirs dans la langue ? auprès de natifs ? de L2 ? etc.).


locuteurs réceptifs

Les locuteurs que l'on dit "locuteurs réceptifs" d'une langue sont à l'extrême du spectre de l'attrition. Ils ne produisent pas ou peu d'énoncés, mais comprennent leur langue d'héritage. Ces locuteurs ont cependant des jugements de grammaticalité sur la langue, et repèrent des fautes éventuelles dans la structure. Sherkina-Lieber (2011) et Sherkina-Lieber & al. (2011) ont ainsi montré que locuteurs réceptifs de l'innuttitut du Labrador, un dialecte de l'innuktitut, ont une sensibilité aux violations morphosyntaxiques, même si cette sensibilité est moindre comparée à celle de locuteurs actifs.

Attrition morphologique

genre

Le genre grammatical est une zone sensible dans les cas d'attrition, et signale rapidement la maitrise incomplète d'une langue. Dans les langues où le genre n'est pas devinable morphologiquement de façon productive, le locuteur doit connaître le genre particulier de chaque nom, ce qui requiert un usage lexical extensif.

Polinsky (2008b) a montré que dans une variété de russe parlée en Amérique, l'assignation du genre ne suit pas le système casuel du russe. Les locuteurs ont réinterprété les finales des formes de citation comme des marques de genre, créant donc de toute pièce un système productif d'assignation de genre.

En breton, la variabilité du système de genre est remarquable dans les productions des apprenants L2, mais aussi dans celles des locuteurs natifs pour qui le breton est une langue d'héritage. Le genre peut tendre vers celui des traductions des mots en français, ou obéir à des lois morphologiques innovantes. Les troubles peuvent impacter spécifiquement les noms dérivés, ou encore précisément les reprises anaphoriques (cf. * An ti bras a welan anezhi, reprise an féminin d'un nom masculin).


flection

Les paradigmes d'inflexion sont vite dégradés dans les langues d'héritage, au profit de constructions analytiques (pour le néerlandais d'héritage, Smits 1996; pour l'espagnol d'héritage Au & al. 2002) ou de formes par défaut (pour l'arabe d'héritage, voir Albirini & al. 2011).

Au & al. (2008) trouvent une différence dans les paradigmes de flection du nombre en espagnol entre les enfants qui ont juste été baignés dans la langue et ceux qui l'ont parlée enfants. Les premiers obtenaient les résultats des apprenants tardifs, alors que les derniers obtenaient les résultats des natifs sans interruption de pratique.


simplification casuelle

Polinsky (2008a) montre que dans une variété de russe parlée en Amérique, le cas nominatif est utilisé pour le sujet mais aussi l'objet, et que les cas pronominal accusatif a, lui, colonisé le paradigme des objets indirects et de but.


impact sur le système des mutations

En breton standard comme dans les formes conservatrices de la langue, certains numéraux et possessifs imposent une spirantisation. Or, ce système évolue massivement depuis le XXe vers une absence de spirantisation, le plus souvent remplacée par une lénition. Dressler (1972a) analyse cette évolution comme un signe de délitement de la langue par les générations nées après la seconde guerre mondiale. Hennessey (1990) a cependant montré que la perte de spirantisation au profit de la lénition est amorcée depuis au moins le XVIII° siècle, alors que la majorité des locuteurs était monolingue. Il propose donc que ce changement procède de l'évolution normale d'une langue vivante.


Simplification syntaxique

Dans les cas d'insécurité linguistique comme une langue d'héritage, il semble y avoir une pression de simplification des structures.

 Scontras & al. (2015a:5): 
 "The list of default-like structures attested for heritage languages includes the use of dependencies which target only the highest structural constituent (as in the Russian relativization […]); the absence of nesting dependencies (Benmamoun et al., 2013a,b); the elimination of irregular morphology and the concomitant rise of analyticity (Benmamoun et al. 2013a,b); rigid word order (Isurin and Ivanova-Sullivan 2008, Ivanova-Sullivan 2014), often accompanied by the placement of closely associated items next to each other, in keeping with Behaghel's First Law (Behaghel 1909, Haiman 1983); and the lack of non-compositional structures (Dubinina 2012; Rakhilina and Marushkina 2014)."


dépendances longue distance

Kim (2007) compare les interprétations du liage à longue distance chez des locuteurs d'héritage du coréen. Que la langue dominante soit le chinois ou l'anglais, les locuteurs évitent également les situations de liage complexe comme les anaphores à longue distance. Ce résultat comparatif est important, car il montre que l'appauvrissement ne vient pas du transfert d'une langue de contact en particulier, car autrement l'effet de simplification aurait été plus net pour les locuteurs bilingues en anglais (Scontras & al. 2015a:5).

Polinsky (2011) montre que les locuteurs adultes du russe d'héritage de langue dominante anglais comprennent parfaitement les relatives du sujet mais comprennent pauvrement les relatives de l'objet - celles-ci demandent une dépendance à plus longue distance. Elle montre par ailleurs que cet effet est absent chez les enfants, ce qui suggère une dégradation des structures relatives à partir d'une maitrise enfantine.


réduction des traits d'accord

Adger (2017) étudie l'évolution du gaélique d'Écosse dans les communautés du Sutherland de l'Est, en concurrence avec l'anglais. Il propose que la réduction des traits d'accord dans ce gaélique est seul responsable, dans son interaction avec le reste de la langue, d'un ensemble d'évolutions syntaxiques comme la réalisation des objets de verbes non tensés, des structures possessives inaliénables et certaines constructions passives. Ces faits sont indépendants de la pression de l'anglais qui est la langue dominante. Par exemple, les jeunes perdent pour l'expression de la possession la structure proclitique * mo leabhar /mon livre/ qui est pourtant analogue à l'anglais my book, et utilisent la structure prépositionnelle an leabhar agam (/le livre à.moi/).


cause des simplifications

La cause exacte des simplifications syntaxiques n'est pas toujours facile à isoler, et la simplicité de telle ou telle structure est à argumenter. Si il est évident qu'une structure matrice est plus simple qu'une structure enchâssée, la rigidité de l'ordre des mots n'est pas en soi plus simple qu'un ordre flexible. Selon Boon (2014:24), c'est la réduction des environnements sociolinguistiques aux usages entre locuteurs familiers qui implique la raréfaction des enchâssées et des formes verbales rares. Cependant, l'enchâssement est nécessaire à la parole rapportée, surtout dans les langues où les stratégies de marquages de l'évidentialité sont restreints. L'usage de l'enchâssement survit donc nécessairement à la familiarité. De plus, l'argument de la rareté des formes verbales est circulaire (les formes utilisées seront considérées comme non-rares).


Différences perceptives

Au & al. (2008) trouvent une différence dans les résultats de tâches de répétitions de phrases en espagnol entre les adultes qui ont baigné enfants dans la langue sans la parler, ceux qui l'ont parlée enfants mais ont arrêté plus tard, et ceux qui n'ont jamais cessé (par exemple, des locuteurs monolingues). Tous ont des résultats équivalents lorsque les phrases sont présentées sans bruit de fond, mais une gradabilité s'installe lorsqu'un bruit de fond est imposé sur le signal. Comme Au & al. (2008) le remarquent, la confiance dans la connaissance des paradigmes morphologiques peut faire cette différence.


Réorganisations langagières

impact sur la langue dominante

L'état de la langue d'héritage peut donner lieu à des réorganisations grammaticales à l'intérieur du système de la langue dominante. Lee & al. (2011) montrent que l'interprétation de la portée de la négation dans la langue d'héritage coréenne a un impact pour les locuteurs sur l'interprétation de leur langue dominante l'anglais.

Scontras (2015a,b) montre que des locuteurs de chinois mandarin d'héritage dont la langue dominante est l'anglais avaient dans leur anglais une possibilité très basse de portée inverse et donc de lecture ambigüe dans les phrases à deux quantifieurs. L'impossibilité de portée inverse est par ailleurs un trait du chinois mandarin.

Felser & Arslan (2019) ont montré que les locuteurs natifs du turc en Allemagne sur-utilisaient les expressions définies dans des contextes qui demandent normalement des expressions indéfinies, et ce dans leurs deux langues.


À ne pas confondre

langue d'héritage vs. dialecte

Les langues d'héritage favorisent les structures compositionnelles, qui requièrent moins de stock lexical. Cela peut dessiner un contraste net avec les faits dialectaux.

L'adverbe complexe da bep mare est un bon exemple de compositionnalité. C'est un adverbe itératif composé de la préposition da 'à', qui provoque une lénition sur le quantifieur pep 'chaque' qui quantifie sur le nom mare 'moment'. Son sens, littéralement 'à chaque moment', est compositionnel dans la plupart des dialectes ('continuellement', Rostrenen 1732). Cependant, en cornouaillais de l'Est maritime, da bep mare a grammaticalisé. Il y signifie 'de temps en temps', et non pas 'à chaque instant' (Bouzec & al. 2017:133). Cet adverbe n'est donc plus compositionnel dans ce dialecte.


langue d'héritage vs. langue seconde

L'incomplétion de la maitrise de la langue rassemble les locuteurs d'héritage et les apprenants d'une langue seconde. Ces locuteurs ont cependant des profils différents.

Les apprenants d'une langue seconde ont généralement accès à l'input par un biais scolaire, et non par immersion comme les locuteurs d'héritage. Ils peuvent montre une plus grande aisance à l'écrit que des locuteurs d'héritage. Dans le cas des jeunes locuteurs natifs du breton, cette différenciation peut cependant être compliquée par le fait que l'immersion est souvent scolaire.

Il reste cependant la différenciation entre natifs d'une langue ou non, ce qui implique la capacité de créativité langagière et l'usage de structures grammaticales complexes. Jouitteau (2018b) a montré que seuls les natifs de la langue ont la capacité en breton de produire une structure aussi compliquée qu'un numéral cardinal discontinu dans une structure démonstrative analytique. Les locuteurs pour qui le breton est une langue seconde n'arrivent pas à trouver de solution grammaticale pour l'obligation de déterminant défini imposé par le démonstratif (ar mein-se) et l'obligation de réaliser le numéral pré-nominal comme un déterminant indéfini (ur mein ha tregont). En (1), la locutrice native révèle que dans sa grammaire la suite an ur n'est pas agrammaticale.


(1) Degas an ur mein ha tregont -se din.
envoie le un roche et trente -là à.moi
'Amène-moi ces trente et une roches.'
Léon/Standard, M. Lincoln (07/2016), c.p.


langue d'héritage vs. production enfantine

Les enfants produisent très tôt des structures enchâssées. Les relatives apparaissent dès le début de la troisième année. Les langues d'héritage, elles, sont caractérisées par un évitement des dépendances à longue distance (cf. Scontras & al. 2015, et leurs références).


Terminologie

Le terme d'héritage est maladroit dans le sens où toutes les langues constituent un héritage, mais il a l'avantage de saisir ensemble les langues minorisées autochtones et les langues immigrées, qui partagent un rapport similaire à l'espace public et un rapport particulier à une langue dominante. Le terme langue d'héritage signifie plus précisément langue d'héritage plus que de pratique. Il est important de souligner que l'attrition linguistique renvoie à une réalité qui n'est pas celle de toutes les pratiques de langues minorisées, et encore moins de toutes les pratiques bilingues ou plurilingues.

Le terme anglais est Heritage language. Le terme breton est yezh (a) herezh.


Bibliographie

(la bibliographie ci-dessous concerne principalement les productions adultes en état de diglossie provoquée par une attrition de l'input. Plus de références sur l'acquisition d'une langue seconde en contexte bilingue, ou sur les scolarisations en breton peuvent se trouver sur la page sur l'acquisition du langage, ou pour les cas productions adultes, sur la page sur le bilinguisme)

breton

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méthodologie

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