Buoc'h

De Arbres

Le nom buoc'h dénote une 'vache'.


Morphologie

variation dialectale

La carte 45 de l'ALBB documente la variation dialectale de la traduction de trois vaches, ce qui obtient donc le nom singulier après le cardinal.


À Ouessant, Gouedig (1982) donne eur veoh da werza 'une vache à vendre'.

En cornouaillais de l'est à Lanvenejen, Evenou (1987:576) donne [diw vjOx] div vuoc'h 'deux vaches'. En Cornouaillais à Locrona, jusqu'à l'est maritime, en breton central et en haut-vannetais, on trouve la forme beuc'h.


(2) 'Ma koéñt veuc'h.
Emañ koeñvet ar vuoc'h. Équivalent standardisé
est enflur.é (le)1 vache
'La vache est enflée, météorisée.'
Cornouaillais de l'est maritime, Bouzec & al. (2017:310)


(3) on daoulagad beuc'h marlouiet
un deux.œil vache mort.veau.é
'une paire d'yeux de vache ayant eu un veau mort-né.'
Breton central, Favereau (1984:300)


(4) Hemañ n'eo ket or vlevenn e neus baz e zorn met ol lost beuc'h !
celui-ci ne1 est pas un 1chevelure.SG a dans son1 main mais un queue vache
'Celui-ci, c'est pas un seul poil dans la main, qu'il a !'
Cornouaillais (Locronan), A-M. Louboutin (02/2022)


nombre

Le pluriel morphologique du nom buoc'h est parfois buoc'hed. La plupart du temps cependant, et en breton standard, c'est le nom collectif saout qui est utilisé en supplétion de ce pluriel de buoc'h (huat vannetais beuh f., 'vache', pl. seùt, Delanoy 2010).


(5) En givijeri an ejened a zo buoc'hed.
en.le tannerie le bœuf.s R est vache.s
'Dans les tanneries, les bœufs sont des vaches'
Proverbe, Abalain (2001:43)


La carte 46 de l'ALBB documente la variation dialectale de la traduction de (un troupeau de) vaches, ce qui obtient la plupart du temps le nom collectif saout 'vaches', mais aussi quelques pluriels de buoc'h 'vache' en buoc'hed, et deux occurrences du nom collectif chatal 'bétail'.

Le pluriel biu, biou, attesté dès 1464 avec le Catholicon, apparaît encore à Plévin, Belle-Isle et Roudouallec. Trépos (1964:538) remarque aussi le composé bioulart, biu lart, littéralement 'vaches grasses' qui dénote des 'limaces' à Plounévézel et Plérin (dans la carte 452 de l'ALBB).

Sémantique

lecture d'espèce

La plupart du temps, la lecture d'espèce est formée à partir du pluriel supplétif saout (laezh-saout 'lait de vache').


(1) Eur marmouz bennag e-nevoa libistret ar prenestr a goh-saout.
un singe quelconque 3SGM avait barbouill.é le fenêtre de1 merde-vaches
'Quelque galopin avait enduit la fenêtre de bouse de vache.'
Trégorrois, Gros (1970b:§'libistra')


La lecture d'espèce s'obtient aussi parfois avec le singulier buoc'h.


(2) Aliesoh a grohen leue a ya da zeha evid a grohen buoh.
souvent.plus de1 peau veau R va à1 sécher que de1 peau vache
'On fait sécher plus de peaux de veaux que de peaux de vaches.' (On meurt plus jeune)
Trégorrois, Gros (1970b:§'leue')


Dans les vieux composés avec le modifieur à gauche, la lecture d'espèce est obtenue à partir de la racine bu-, comme dans bugen 'peau de vache', avec le suffixe -gen 'peau (de)', ou encore dans le vieux breton bues 'enclos pour les vaches' (avec le suffixe -ez, Fleuriot 1964:339f) ou dans l'étymologie de bugel 'enfant, gardien de vaches'.

Cette racine n'est pas plurielle - les pluriels sont bannis des mots composés modifiés sur leur gauche.

Diachronie

Il s'agit d'un ancien composé en bu-, devenu opaque en synchronie. Le nom actuel hoc'h remonte à une racine indo-européenne *sukko- qui a pu signifier 'nouveau né, rejeton', nom formé à partir de la racine verbale *sewH- 'donner naissance, [allemand gebären]' (LIV p.538, Jacques 2013:291).