-ezh (N.)

De Arbres

Le suffixe -ezh dérive un nom abstrait à partir d'un nom ou d'un adjectif (Favereau 1997:§168).


(1) Sorcérés tout émèzo.
Sorserezh tout, emezo.
sorcellerie tout dit.eux
'Pure sorcellerie, disaient-ils.'
Léonard, (Lesneven), Burel (2012:34)


Favereau (1997:§168) donne follez 'folie' ou uhelez 'hauteur'.


Morphologie

genre féminin

Le suffixe -ezh est exocentrique, marqué pour le genre féminin.

On le voit bien quand il suffixe des noms en -adur, qui sont toujours masculins (Le Gonidec 1850:20,21:n°13, Trépos 1968:§129). La finale -adurezh obtient en effet des noms féminins (Le Gonidec 1850:20,21,n°14, Trépos 1968:§129, Deshayes 2003:39).


nombre

Favereau (1993:'folie') donne follezh avec un pluriel en follezhoù, mais aussi follezh comme un nom collectif et un singulier dérivé en follezhenn.

dérivation sur racine nominale

Le suffixe -ezh peut apparaître sur une racine nominale.


(2) Nag a geraouez a zo hirio war beb tra !
que de1 cher.et.ée R est aujourd'hui sur1 chaque chose
'Que tout est cher aujourd'hui !'
Merser (2009:'keraouez')


On trouve aussi -ezh en composition avec le suffixe de nom d'agent -er dans le suffixe complexe -erezh (Kersulec 2010:153, Irslinger 2014:99).


dérivation sur racine adjectivale

Le suffixe -ezh se trouve en composition sur racine adjectivale dans les finales en -elezh et dans certaines finales en -egezh.


-elezh

Les adjectifs dérivés en -el obtiennent la finale complexe -elezh.

variation dialectale

Favereau (1997:§168) signale que ce suffixe est assez productif à Douarnenez ou en Pays Dardoup.

Diachronie

Le suffixe féminin proto-celtique *‑aktā > celtique insulaire *‑axtā est resté productif dans les langues brittoniques pour la formation des noms abstraits déverbaux et désadjectivaux, avec le suffixe breton ‑(i)ezh, moyen cornique ‑(y)eth et gallois ‑(i)aeth.

Dans les trois langues brittoniques et en irlandais, ces suffixes ont développé différentes variantes à partir de suffixes qui appartenaient originellement à leur base, comme le suffixe adjectival ‑ol‑ → breton ‑el‑ezh, moyen cornique ‑ol‑eth, gallois ‑ol‑aeth (Irslinger 2014:85, qui renvoie à Pedersen 1909-1913, II:32 pour d'autres exemples incluant l'irlandais).

Jackson (1953:353) et Fleuriot (1964:336) proposent une origine commune pour le suffixe abstrait collectif -i et le suffixe -ezh qui aurait, lui, évolué différemment à cause d'un changement de division syllabique.

À ne pas confondre

Il existe plusieurs suffixes qui prennent au moins une des formes en /es, ez, e/. Ils se trouvent sous les différentes graphies -ez, -e(z), -ezh.

Le nom burezh 'vapeur' est féminin mais ne dénote pas une entité abstraite.

Le nom tiegezh 'famille' est bien un nom abstrait mais est masculin (cf. article sur les finales en -egezh).


(1) Mestr an tiegezh a ouie ne oa ket va zad a-wel da c'hellout paeañ …
maître le maisonn.ée R1 savait ne1 était pas mon2 père en-vue de1 pouvoir payer
'Le propriétaire savait que mon père n'allait pas pouvoir payer… '
Léonard (Bodilis), Ar Floc'h (1985:22)