Différences entre les versions de « Subordonnées complétives »

De Arbres
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Version du 11 mai 2016 à 14:36

Une subordonnée complétive est une proposition sélectionnée comme argument d'un verbe d'une autre proposition.


En (1), la complétive e vijes lazhet est sélectionnée comme sujet de la copule équative eo.


(1) Ar muiañ aon am-oa eo [ e vijes lahet ].
le plus peur R.1SG-avait est R serais tué
'La plus grande peur que j'avais (ce que je craignais le plus) c'est que tu sois tué.' Trégorrois, Gros (1984:126)


En (2), la complétive petra oc'h oc'h ober est sélectionnée comme argument objet du verbe transitif gouzout, 'savoir'.


(2) Gouvezit ervad [ petra oh oh ober ].
sachez bien quoi êtes à faire
'Sachez bien (réfléchissez bien à) ce que vous êtes en train de faire.' Trégorrois, Gros (1984:234)


Syntaxe

Par définition, les propositions complétives ne sont pas optionnelles (sauf à être remplacées par un pronom vide). Ce ne sont jamais non plus des phrases matrices puisqu'elles sont sélectionnées par un verbe de la matrice.

complémenteurs

Les complémenteurs déclaratifs qui peuvent introduire une complétive sont :

- le complémenteur vide suivi du rannig e4.
- le complémenteur la(r)
- le complémenteur déclaratif penaos
- le complémenteur ma après les verbes déclaratifs exprimant une volonté, une demande (goulenn, 'demander'; gourc'henmenn, '(re)commander') ou dans les structures causatives (positives)


(1) Goulennit ma teuio.
demandez que4 viendra
'Demandez qu'il vienne.' Tréguier, Leclerc (1986:203)


(2) Gra ma tisko e gentel.
fais que4 apprendra son1 leçon
'Fais en sorte qu'il apprenne sa leçon.' Tréguier, Leclerc (1986:203)


La négation ne peut prendre la place de ma (Leclerc 1986:200).


(3) Gra ne gollo ket da vab e amzer.
fais ne1 perdra pas ton1 fils son1 temps
'Fais en sorte que ton fils ne perde pas son temps.' Tréguier, Leclerc (1986:200)

ordre des mots

En contraste avec les matrices, les complétives peuvent être à verbe initial, en standard comme dans tous les dialectes. Elles ne sont cependant pas restreintes à cet ordre à verbe initial dans tous les dialectes.


SVO

Il existe des ordres à sujet initial dans les complétives, et on observe des ordres V2 en enchâssées, ou même V3.


(1) Gouzout a rin sur ... e kano Yann / Yann a gano.
savoir R1 fais sur R4 chantera Yann / Yann R1 chantera
'Je saurais avec certitude que Yann chantera.' Lesneven/Kerlouan, A. M. (04/2016b)


(2) C'hwi gav deoc'h an douar 'zo o krenañ dinian an ti.
vous 1trouve à.vous le terre est à trembler sous le maison
'Vous sentez la terre trembler sous le bâtiment.' Plougerneau, M-L. B. (04/2016)


Cette possibilité n'est pas uniforme dans tous les dialectes. A Scaër/Bannalec, L'exemple en (2) montre que même un pronom focalisé ne peut pas apparaître devant le verbe tensé.


(2) Ka kred start ' ra din 'brom { emañ-eoñ / * eoñ eo } a sell ouzh ma c'hoenn.
car croire ferme (R) fait à.moi maintenant est-lui / * lui est R1 regarde à mon2 crème
'Car je crois fermement maintenant que c'est lui qui en a après ma crème.'
Scaër/Bannalec, H. Gaudart (04/2016b)


OVS

(3) Me a gred patatez kentoc'h e planto Simone er bloavezh-mañ egist he amezog.
moi R1 crois patates plutôt R4 plantera Simone dans.le année-ci comme son voisin
'Je crois que Simone plantera des patates cette année comme son voisin.' Lesneven/Kerlouan, A. M. (04/2016b)


Adv-SVO / S-Adv-VO

(4) Me a gred (er bloavezh-mañ) Simone (er bloavezh-mañ) a lakeio plantañ patatez.
moi (R1) crois le année-ci Simone le année-ci R1 mettra planter patates
'Je crois que cette année, Simone fera planter des patates.'
Lesneven/Kerlouan, A. M. (04/2016b)


mouvement wh interne

Certaines complétives ont un ordre V2 obligatoire: celles qui ont été dérivées avec un mouvement interrogatif.


(2) Me n'ouzon ket [ dam 'betra oa an dra-se ].
moi ne'sais pas à.cause quoi était le chose-ci
'Moi je ne sais pas à cause de quoi.' Le Juch, Hor Yezh (1983:13)


stratégies de dernier recourt pour V2

Si la complétive débute par une tête verbale de participe, une pause prosodique importante est requise. Ceci montre que les complétives intégrée entièrement à la structure, elles, ne peuvent supporter l'antéposition d'un participe.


(1) Me a gred (//?)* plantet neus Simone patatez er bloavezh-mañ egist he amezog.
moi R1 crois planté a Simone patates dans.le année-ci comme son voisin
'Je crois que Simone a planté des patates cette année comme son voisin.'
Lesneven/Kerlouan, A. M. (05/2016)

complétives infinitives

Favereau (1997:§596) relève la possibilité de complétives infinitives (Laret 'n'eus din [ goulenn ], 'Il m'a dit de demander').


Structure informationnelle

pas de focalisation de complétives

Favereau (1997:§572) note que les complétives sont des subordonnées qui ne peuvent pas précéder leur matrice. Elles sont interdites de focalisation par mouvement à l'initiale de phrase.


Terminologie

Press (1986:236) traduit islavarenn-anv par l'anglais noun clause, qu'il donne p.25 comme équivalent au terme explicative.

Bibliographie

  • Favereau, F. 1997. Grammaire du breton contemporain. Morlaix: Skol Vreizh, §592-602.