Différences entre les versions de « Nompas »

De Arbres
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| (4)||evit deomp '''nompas''' || bezañ gwelet || oc’h erruout asambles
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||| [[evit|pour]] [[da|de]].[[pronom incorporé|nous]] ne.pas || [[bezañ|être]] [[gwelout|vu]] ||[[particule o|à]]<sup>[[4]], [[+V]]</sup> arriver [[asambles|ensemble]]
||| [[evit|pour]] [[da|de]].[[pronom incorporé|nous]] ne.pas || [[bezañ|être]] [[gwelout|vu]] ||[[particule o|à]]<sup>[[4]], [[+V]]</sup> [[erruout|arriver]] [[asambles|ensemble]]
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| ||colspan="4" |'Pour pour que nous ne soyons pas vus arrivant ensemble.' ||||''Cornouaillais (bigouden)'', [[Bijer (2007)|Bijer (2007]]:342), cité dans [[Jouitteau (2012b)]]
| ||colspan="4" |'Pour pour que nous ne soyons pas vus arrivant ensemble.' ||||''Cornouaillais (bigouden)'', [[Bijer (2007)|Bijer (2007]]:342), cité dans [[Jouitteau (2012b)]]

Version du 2 septembre 2015 à 10:03

Dans les propositions infinitives, la forme de la négation est continue: nompas.


(1) Eviti da nompas chom hec’h unan er gêr
pour.elle de1 NEG rester son2, +V-un dans.le 1maison
'Pour pour ne pas qu'elle reste seule à la maison.' Cornouaillais (bigouden), Bijer (2007:366)


Morphologie

Nompas, [nõmpas], est, de façon transparente, un emprunt grammaticalisé de la négation française non pas.


mutations

La négation nompas, en intervenant entre une préposition da déclencheuse de lénition et un verbe, interrompt cette lénition (comparer avec ma holl feadra).


(2) Evitañ da nompas kouezhañ war e gostez
pour.lui de1 NEG tomber sur1 son1 côté
'Pour pour ne pas qu'il tombe sur le côté.' Cornouaillais (bigouden), Bijer (2007:225)

Syntaxe

propositions infinitives

Nompas peut introduire seul une complétive infinitive.


(2) Lavaret am-eus dit nompaz lakaad da ano.
dit R.1SG-a à.toi ne.pas mettre ton1 nom
'Je t'ai dit de ne pas t'inscrire.' Merser (2009:§'nompaz')


En matrices, nompas introduit des ordres ou des recommandations (sans marque verbale de l'impératif - le verbe est à l'infinitif).


(3) /dãn ã'ʒi:lyz ˌnõmpaz be di'ɡi:vyz/
D’an añjeluz, nompaz be digivuz.
à'le angelus ne.pas être paress.eux
'(Quand sonne) l’angélus, il ne faut pas être paresseux.' Plozévet, Goyat (2012:275)


infinitives à montée du sujet

Dans les propositions infinitives à montée du sujet, nompas apparaît plus bas que le sujet de l'infinitive.


(3) abalamour da Yann nompas ankouaad...
à.cause.de de1 Yann ne.pas oublier
'Pour que Yann n'oublie pas.' Tallerman (1997:219)


(4) evit deomp nompas bezañ gwelet oc’h erruout asambles
pour de.nous ne.pas être vu à4, +V arriver ensemble
'Pour pour que nous ne soyons pas vus arrivant ensemble.' Cornouaillais (bigouden), Bijer (2007:342), cité dans Jouitteau (2012b)


propositions tensées

Favereau (1993:§'nompas') donne un exemple du Poher avec nompas en initiale d'un domaine tensé (Nompas he doa kalz oad en tu all d'he nizez).


domaines non-propositionnels

On trouve dans Le Dû (2012:§'nompaz') une forme devant un domaine adverbial dans une structure contrastive.


(1) wéjó nõmpaz aliez
des.fois mais pas souvent
'Quelquefois, mais pas souvent.' Trégorrois (Plougrescant), Le Dû (2012:§'nompas')


relevés

  • Ha hi divugel, ’mit-hu, keuz ganti nompas bezañ ganet bugel bet.
'Elle qui n'avait pas d'enfants, vous me direz, et qui regrettait de ne pas en avoir eu.'
Corinne ar Mero, Meinigoù kizellet


  • Evit nompaz dispign e dammig arhant.
'Pour ne pas dépenser son peu d'argent.', Trépos (2001:§437)


Diachronie et variation dialectale

Le morphème de négation nompas n'est pas une entrée dans le dictionnaire étymologique Hemon (2000), ni dans l'index de la grammaire de De Rostrenen (1738). Deshayes (2003) en signale des occurrences "v.1565-68". Dans les ouvrages du XX°, cette entrée est aussi absente du dictionnaire Menard & Kadored (2001), ou de l'index de Kervella (1947). Ceci est sans doute imputable à une volonté de rejet des emprunts, car nompas est une entrée dans Trépos (2001), Favereau (2000), Chalm (2008), Merser (2009), Le Dû (2012a), etc.

Leroux (1957:383) en relève un exemple dès le XVIII° (Gloss p.464), et signale un usage de nompas dans le "breton populaire, en particulier en Trégor". Selon Chalm (2008:E6), les formes d'emprunt en nompas (et pas) sont présentes dans la langue parlée, mais pas dans la langue "classique".