Relatives réduites

De Arbres

Les relatives réduites sont des propositions relatives dont la tête, nominale, n'est pas prononcée.


(1) Sed aze a zedenno hor jefe !
voilà R1 intéressera notre "jefe"
'Voilà qui intéressera notre "Jefe" !'
Standard, Ar Menn (2015:32)


Syntaxe

evel a, evel ma

Le complémenteur en tête de relative réduite peut être un rannig a1 ou bien le complémenteur ma, situé plus haut dans la structure.


(2) Gra evel a gari.
fais comme R1 aimeras
'Fais comme tu voudras.'
Trégorrois, Gros (1970b:'ober')


(3) Evel a vez lavaret… / Evel ma vez lavaret...
comme _[ø]_ R1 est d.it comme _[ø]_ que1 est d.it
'Comme on dit.'
Standard, Press (1986:206)


(4) goude e c'helloc'h gwelet ha klevet, evel a glevjoun hag a weljoun dec'h.
après R4 pouvez voir et entendre comme _[ø]_ R1 entendis et _[ø]_ R1 vis hier
'après vous pourrez voir et entendre comme je le fis hier.'
Saint Pol de Léon, Milin (1922:400)


e-giz e …

(5) E-giz e weler, gwechall, ...
comme _[ø]_ R4 voit.on autrefois
'Comme on le voit, autrefois… '
Cornouaillais (Plogonnec), Kergoat (1976:42)


temporelle : Me 'zo bet (hag) e oan...

Un type particulier de relatives réduites est celle des temporelles. Gros (1989:'bet') donne des exemples de relatives modifiant un élément temporel non-prononcé de la phrase. Le phénomène étonnant est la co-référence entre le sujet de la relative et celui de la matrice.


(1) Me a zo bet hag e een da gerhad amann da Rosmeur.
moi R1 est été <un temps> que R allais pour1 chercher beurre à Rosmeur
'Il fut un temps où j'allais chercher du beurre à Rosmeur.'
Trégorrois, Gros (1989:'bet')


(2) C'hwi n'oc'h ket bet hag e oa dav deoc'h sevel teir pe beder gwech an noz?
vous ne1 êtes pas été que R4 était obligé à.vous lever trois pe1 quatre fois le nuit
'Vous, il n'y a pas eu un temps où vous deviez vous lever trois ou quatre fois par nuit ?'
Gourmelon (2014:65)


(4) Bet a oant hag e teuent alïesoh.

'Il fut un temps où ils venaient plus souvent.'
Trégorrois, Gros (1989:'bet')

(5) Bet a oan hag e ouïen ur bern sonioù.

'Il fut un temps où je savais un tas de chansons.'

(6) Bet a oan n'am-beze ket a-riv jamez.

'Il fut un temps où je n'avais jamais froid.'

(7) Bet a oam hag e tebrem e-barz.

'Il fut un temps où nous y mangions.'

(8) Setu aze eur zon hag e oan bet e ouïen anezi.

'Voilà une chanson que je connaissais un temps fut (autrefois).'


Voir Gourmelon (2014:65) pour d'autres exemples.


horizons comparatifs

On trouve une structure similaire, maintenant archaïsante, en français de Basse-Bretagne.

  • J'ai eu été que je travaillais, J'ai eu été qu'on me demandait
'Fut un temps où… '
Gourmelon (2014:66)

Sémantique

évidentielles

On trouve typiquement des relatives réduites comme propositions évidentielles.


(1) War a gomze...
sur _[ø]_ R1 parlait
'Selon ce qu'il disait.'
Standard, Press (1986:206)


(2) … hervez en devoa klevet gant ar re all.
selon _[ø]_ 3SGM avait entend.u avec le ceux autre
'...selon ce qu'il avait entendu de la part des autres.'
Léonard (Bodilis), Ar Floc'h (1985:151)

Diachronie

Les relatives réduites dans les états anciens de la langue sont souvent repérées par leur traduction française en ce que.

 Fleuriot (1984a:233):
 "dans nombre d'exemples bretons, aussi bien que gallois, a signifie 'ce que' : 
 A wnaethost… yrof i, Duw a'y talo itt 
 'ce que tu as fait pour moi, Dieu te le paiera', PKM 6.21-22, 
 a del yma o Gymry, carchara wynt, PKM 38.4 
 'ce qui viendra ici comme Gallois, emprisonne-les'. 
 Le renforcement par ac se trouve ici aussi :
 ac a geueis, mi a'e crogaf, PKM 61.7 
 'et ce que j'ai attrapé, je le pendrai', cité GMW:74.
 A 'ce que', en breton, est mentionné HMSB:288 avec exemples : 
 hoaruezet rez a hoaruezo, N. 1592
 'qu'advienne en temps opportun ce qui adviendra', 
 guir eo a leueres
 'c'est vrai ce que tu dis', BD. 369, 
 diouz a leveret 
 'd'après ce que vous dites', Jésus 45b, etc."


archaïsme

L'Académie bretonne (1922:290) considérait déjà que les relatives réduites marquaient un état plus ancien de la langue que les formes standard modernes en ar pezh 'ce que'.

 Académie bretonne (1922:290):
 "A s'employait autrefois en breton au lieu de ar pez a pour rendre « ce qui, ce que ». De là encore des locutions comme gra a gari, 'fais ce que tu voudras', gand a ri, 'quoi que tu fasses (avec ce que tu feras)', war a lavar, 'à (sur) ce qu'il dit'; sed a c'hoarvezas gantan, 'voici ce qui lui arriva', etc. On trouvera des exemples nombreux et très heureux de cet emploi de a dans nos écrivains classiques, Inizan et Milin surtout. Les Gallois en font grand usage dans les proverbes et sentences."


Formes maintenant datées en dehors des évidentielles comme war a welan, les relatives réduites apparaissent dans les textes écrits littéraires et dans certaines tournures gelées.


(3) Bezet a vezo
soit _[ø]_ R1 sera
'Ainsi soit-il.'
Standard, Press (1986:206)


Bibliographie

  • Yann Gerven. 2014. 'me 'zo bet hag… ', Yezhadur !, Alioù fur evit ar vrezhonegerien diasur, Keit Vimp Bev, 65-66.