Différences entre les versions de « Bezañ, bea, bi, bout »

De Arbres
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| (3)|| Setu ||an dud ||'''zo''' bet ||komañset da daoler ||war ar gwinizh [...].
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| || donc ||[[DET]] gens ||[[zo|est]] [[bet|été]]|| commencé [[da|P]] mettre _[ø]_ ||sur [[DET]] blé
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| || colspan="4" | 'Donc les gens ont commencé à mettre (ø = de l'engrais) sur le blé.' || || || || || ''Léon'', [[Mellouet & Pennec (2004)|Mellouet & Pennec (2004]]:92).   
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Version du 13 mars 2011 à 18:54

Le verbe 'être' a un infinitif qui est sujet en breton à de multiples variations dialectales. Ses formes tensées sont, à la 3SG du présent: zo, eo, ez eus, emañ et vez.


Morphologie

Les formes morphologiques de l'infinitif du verbe 'être' varient de dialecte en dialecte.

Divers auteurs notent des divergences dialectales marquées (Le Gonidec 1838:86, Favereau 1997:§408...).


En breton central, la forme de l'infinitif est bi Wmffre (1998:46).

En Léon, Kerrien (2000) et Le Roux (1957:179) donnent beza.

En Tréguier, Le Roux (1957:179) donne béañ.

La forme bout, actuellement représentée en cornouaillais et en vannetais, est celle qui correspond aux formes du gallois et du cornique (Le Roux (1957:179).

En vannetais, on trouve aussi

- la forme bezout (Loth 1886, 'Le mystère des trois rois', Revue Celtique VII:319). Cette forme remonte au moyen breton, et semble dû à une fusion entre bezaff et bout (Le Roux 1957:179).
- la forme bet (Le Roux 1957:179).


Diachronie

Les formes de l'infinitif du verbe 'être' se sont différenciées très tôt dans la langue.


 Hemon (2000:198)
 
 "Ce qui semble être la forme la plus vieille de l'infinitif est 
 
 bout Nl.n.2, BD.:4524, NG. 230, MG. :363, EST. :26,
 but MKRN.:107, NG.:878. 
 
 En vieux breton on trouve bot (et but dans gudbut 'gouzout'), voir DGVB.:88, 184.
 D'autre formes sont apparues sans doute plus tard: 
 
 (a) bezaff Nl. n.4; beza Nl. n.13, IN.:30, EMG.:20; bea GJ.12; besan BD.:729; pean BD.:1099
 (b) bezout J.:8; 
 (c) bezouet NG.586.
 
 Aujourd'hui, on trouve les formes en bout en Vannetais et Cornouailles, et les formes en bezañ en Léon et Trégor.


Sélection de l'auxiliaire

En tant qu'auxiliaire, le verbe bezañ est sélectionné de façon beaucoup plus régulière que son équivalent français être. Le verbe bezañ s'auxilie avec lui-même (en contraste avec le français il a été, il doit avoir été...)


(1) eul leh kreñv e tle beza bet _ evito sur a-walh.
DET place fort R4 doit être été pour.3PL sur assez
'Ça a surement été pour eux une place forte.' léonard (Kleder), Seite (1998:49)


(2) [ ɵ funisô wa mojen bu be grajT ]
ar fonnusañ oa moaien bout bet graet.
DET vite.plus était moyen être été fait
'le plus rapidement qu'il était possible de faire.' Haut-Cornouaillais (Lanijen), Evenou (1987:575)


On le trouve régulièrement dans des environnements où l'équivalent français ou anglais place l'auxiliaire 'avoir'.


(3) Setu an dud zo bet komañset da daoler war ar gwinizh [...].
donc DET gens est été commencé P mettre _[ø]_ sur DET blé
'Donc les gens ont commencé à mettre (ø = de l'engrais) sur le blé.' Léon, Mellouet & Pennec (2004:92).

En composition

Le verbe bezañ est, de façon transparente, un des composés du verbe kaout/endevout, 'avoir'.

C'est aussi un composé (moins transparent) du verbe gouzout, 'savoir'.


Bibliographie

  • Glandour, M. 1981. 'Furmioù ar verb bezañ', Al Liamm 207:254-68.
  • Hemon, R. 1952-54. 'On some forms of the verb “to be” in Breton', Celtica, 2:217-228.
  • Jouitteau, M. & Rezac, 2009. 'De mihi est à ‘'avoir’' à travers les dialectes du breton', La Bretagne Linguistique 14, CRBC.
  • Jouitteau, M. & M.Rezac, 2008. ‘From mihi est to have across Breton dialects’, Paola Benincà, Federico Damonte and Nicoletta Penello (eds.), Proceedings of the 34th Incontro di Grammatica Generativa, Unipress, Padova, special issue of the Rivista di Grammatica Generativa, vol. 32., 161 - 178.