Différences entre les versions de « Loar »

De Arbres
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[[Matasović (2009)]] rejette l'hypothèse de Pokorny ([[IEW]] 690) d'une connection avec la racine *''lewk-'' 'briller' (latin ''lux'', etc.) sur un argument phonologique - un manque de variante de cette racine avec une vélaire voisée.  
[[Matasović (2009)]] rejette l'hypothèse de Pokorny ([[IEW]] 690) d'une connection avec la racine *''lewk-'' 'briller' (latin ''lux'', etc.) sur un argument phonologique - un manque de variante de cette racine avec une vélaire voisée.  


Dans le documentaire [[Gouérou (2022)]] sur la lune, Pêr-Vari Kerloc'h, grand druide, évoque une influence du double sens d'un nom (vieux?) gaélique ''làir'' 'jument blanche / lune' pour expliquer la dénomination ''ar gazeg wenn'' de la Troménie de Locronan.  
Dans le documentaire [[Gouérou (2022)]] sur la lune, Pêr-Vari Kerloc'h, grand druide, évoque une influence du double sens d'un nom (vieux?) gaélique ''làir'' 'jument blanche / lune' pour expliquer la dénomination ''ar gazeg wenn'' de la Troménie de Locronan. Cependant, [[Matasović (2009)]] note qu'assez tôt en vieil irlandais, une racine ''éscae, ésca, éisce'' venant d'une racine de proto-indo-européen concurrente *''eskyo-'' 'lune' a remplacé l'ancien nom pour 'lúan''.  




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Version du 13 décembre 2022 à 00:25

Le nom loar dénote la 'lune'.


(1) Kar g'er luér-gaer pehanni e zou, mi huil a ziabél.
car avec le lune1-belle quel.celui R y.a moi 1voit de loin
'Avec le beau clair de lune qu'il y a, je vois de loin.'
Vannetais début XX°, An Diberder (2000:102)


Morphologie

Variation dialectale

La carte 356 de l'ALBB documente la variation dialectale de la traduction de la pleine lune, lune. Pour le haut-vannetais, Delanoy (2010) donne loér 'lune'.


dérivation

Le suffixe verbal de l'infinitif obtient loariañ 'prendre la lune'.


(2) Loa(r)iet é un aldouarenn deut glas ga'r loar.
lune.é est un patate ven.u vert avec le lune
'« Loariet », c'est une pomme-de-terre qui est devenue verte à cause de la lune.'
Cornouaillais de l'intérieur (Laz), Lozac'h (2014:'avalou-douar')


Sémantique

les cycles de la lune

La carte 356 de l'ALBB donne la variation dialectale des traduction de pleine lune. La plupart des dialectes utilisent ar c'han, ou ar c'han loar. On trouve aussi au nord Trégor an nevez bras et ar bras loar. Ernault 1879-1880:150) relève an daouzeget 'la pleine lune' en Trégor à Trévérec et Lanrodec.


Gros (1984:388) donne loar-nevez 'nouvelle lune'.


La lune dans son cycle peut être, de jour en jour, croissante ou descendante. Gros (1984:384) donne diskarloar 'lune sur le déclin'.


(2) Màd eo hada war ann diskar eûz al lôar.
bien est semer sur le descente de le lune
'Il est bon de semer au décours de la lune.'
Le Gonidec (1838:186-7)


La lune, dans son cycle, marque aussi une unité de temps.


(3) El loar-mañ ne vo ket a hlao.
en.le lune- ne1 y.aura pas de1 pluie
'Pendant cette lune-ci il n'y aura pas de pluie.'
Trégorrois, Gros (1970b:§'loar')

al lun

Le jour de la semaine qui, selon le calendrier préchrétien, référait à la lune, est le lundi. Le nom breton pour ce jour de la semaine, al lun, est un emprunt au génitif latin lun-ae.


Expressions

l'heure selon la lune

(1) Ped eur eo gant al loar ?
quel heure est avec le lune
'Il est quelle heure à la lune ?'
Standard, Riou (1941:14)


'lune rousse', suilh raden

La lune rousse qui dénote la lunaison du gel tardif, fin avril début mai, est en breton ar suilh-raden, littéralement le /brûle-fougères/.


Diachronie

Matasović (2009) postule une racine proto-indo-européenne en *lewg- 'plier, courber, faire tourner' (IEW:685f.) qui obtient le proto-celtique *lugrā, ainsi que dans d'autres branches de l'indo-européen, les cognats grec lygizo 'plier', lithuanien lùgnas 'courbé' et sanscrit rujáti 'se casse'. Cette étymologie s'appuie sur le sens de 'jeune lune', 'en croissant', comme 'courbée'. Deshayes (2003) postule aussi ce celtique commun en *lug-ra-, obtenant le vieux breton loir, loer 'lune', le vieux cornique luir, le cornique lor et le gallois Uoer.

Schrijver (1995:332) évoque alternativement l'hypothèse d'une racine en proto-indo-européen *lows- donnant le gallois lloer et le latin lūridus 'pâle, jaune'.

Matasović (2009) rejette l'hypothèse de Pokorny (IEW 690) d'une connection avec la racine *lewk- 'briller' (latin lux, etc.) sur un argument phonologique - un manque de variante de cette racine avec une vélaire voisée.

Dans le documentaire Gouérou (2022) sur la lune, Pêr-Vari Kerloc'h, grand druide, évoque une influence du double sens d'un nom (vieux?) gaélique làir 'jument blanche / lune' pour expliquer la dénomination ar gazeg wenn de la Troménie de Locronan. Cependant, Matasović (2009) note qu'assez tôt en vieil irlandais, une racine éscae, ésca, éisce venant d'une racine de proto-indo-européen concurrente *eskyo- 'lune' a remplacé l'ancien nom pour 'lúan.