Vez

De Arbres

La forme verbale vez est la troisième personne du singulier du verbe bezañ, 'être'. C'est la forme dite 'd'habitude', même si sa sémantique excède la notion proprement dite.

La forme d'habitude alterne avec les formes zo, eo, ez eus, et emañ du même verbe.


(1) Holl al loened-ti e vez graet brav dezhe.
tous le animaux-maison R est fait beau à.eux
'Tous les animaux domestiques sont pomponnés.'
Trégorrois, Berthou (1985:74)


Morphologie

(1) Ne vehomp ket tolpet naket gant ar re a garomp.
ne1 sommes pas groupé non.plus avec le ceux R1 aimons
'Nous ne sommes pas non plus groupés par affinités.' Vannetais, Herrieu (1994:46)


rannig devant vez, forme non-mutée

Il n'est pas toujours clair quel rannig apparaît devant la copule vez, car la mutation douce associée au rannig a et la mutation mixte associée au rannig e à partir de la racine /beza/ donnent tout deux un résultat en /v/.


(1) Bea vez d'ober war an douar patatez-mañ.
être R? est à1 faire sur1 le terre patate-ci
litt. 'Il y en a à faire, sur cette terre à pommes de terre!'
> 'Il y a beaucoup de travail.' Le Berre & Le Dû (1999:44)


La forme non-mutée, elle, est clairement bez comme on le voit en trégorrois dans les réponses aux questions négatives.


(2) A:- Ne vez ket. B:- Bez, arozet e vez ar jardin.
ne est pas si arrosé est le jardin
'A: - Non (on n’arrose pas). B: - Si, on arrose le jardin'
Trégorrois (Bégard), locuteurs nés en 1915, 1920, Yekel (2016:'goulenn nac'h')

verbe kaout

Le verbe kaout, 'avoir', est clairement composé du verbe 'être' en breton. La copule vez, forme du verbe 'être' sous sa forme d'habitude, impacte le paradigme du verbe 'avoir' en léonard, en standard et en trégorrois (am bez, az pez...), aux temps passé présent et futur.


(1) A-benn ugent vloaz dija e peze leun a vicher.
au.bout 20 ans déjà R4 avais plein de1 métier
> 'A vingt ans, tu avais déjà beaucoup de métier.' Léon, Mellouet & Pennec (2004:20)


(2) Me, evel m'am bez evet un dakenn win, e lamm ar gwad dioustu em fenn.
moi, comme que R.1SG ai bu un 1goutte1 vin, R saute le sang de.suite dans.mon2 tête
'Moi, dès que je bois une goutte de vin, le sang me saute tout de suite à la tête.' Trégorrois, Gros (1984:55).


(3) Biken […] n’em bezo aotre digant an Tad-mestr.
jamais ne R.1SG aurai autorisation de le père-maïtre
'Je n'aurai jamais l'autorisation du maître.' Standard, Drezen (1990:40)


(4) Mervel a raim ha n'or-bezo ket bet amzer da ziskuizañ.
mourir R 1 ferons et ne1' 1PL-aura pas eu temps de1 reposer
'Nous mourrons et nous n'aurons pas eu le temps de nous reposer.' Trégorrois, (Gros 1984:523)

Distribution syntaxique

L'alternance avec les formes zo, eo, ez eus, et emañ est complexe.

La forme vez peut être remplacée par zo, dans les contextes à sujet initial, pour créer des effets de discours:

 Gros (1970:26):
 "Le présent ordinaire (me a zo, ez on) s'emploie parfois au lieu du présent d'habitude, pour donner plus de force à l'affirmation. 
 
 Hennez a zo bemdez mezo.
 'Il est saoul tous les jours.' est plus catégorique que:
 Hennez a vez bemdez mezo.
 
 Honnez, da bemp eur war ar beure, a zo war ar bale.
 'Celle-là est debout à cinq heures du matin' 
 (au lieu de a vez, plus courant, mais moins expressif)."


variation dialectale

Naoned (1952:61) note à Scaër/Guiscriff que la morphologie temporelle d'habitude n'existe que sur la forme vez.

Selon Quéré (2011:121), la forme vez du verbe être n'est plus usitée en vannetais de Plaudren que dans les chansons ou proverbes.

Bibliographie

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  • Kersulec, P-Y. 2016. 'Un evezhiadenn bennak diwar-benn ar stumm-lec'hiañ ha stummoù all ar verb bezañ e brezhoneg an Enez-Sun [Quelques remarques relatives aux formes situatives et aux autres formes du verbe être dans le breton de l'île de Sein]', Hor Yezh 285, 5-65.
  • Kervella, F. 1970. 'Ur gudenn gasaus : implij A ZO hag EZ EUS, A ZO hag EO, EO hag EUS', Hor Yezh 63 :53-60.
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  • Urien, J.-Y. 2005. 'Cohabitation et conflit syntaxique autour du verbe « être » en breton', La syntaxe au cœur de la grammaire, (éds. Frédéric Lambert & Henning Nølke), 323-330, PUR.
  • Urien, J.Y. 1989. 'Le syntagme existentiel en breton. Définition syntaxique et sémantique {X + zo / n’eus ket + X, « Il y a X / il n’y a pas X »}', La Bretagne Linguistique 5: 179-195.
  • Urien, J.Y. 1989. 'Le verbe bezañ et la relation médiate', Roazhon 2 : Klask 1 :101-128.