Différences entre les versions de « Les huchements »
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=== adresse aux cochons === | === adresse aux cochons === | ||
* ''doc'h''!, ''dac'h'' ' | ==== appeler ==== | ||
* ''doc'h''!, ''dac'h'' | |||
* ''toch, toch, toch''! près de Lanrodec, ''tac'h bian, tac'h, tac'h, tac'h, tach'' à St-Mayeux et avec un [[diminutif]] ''tochekh''!, ''tochekh''! à Trévéréc, ''tac'hekh, tac'hekh'' à St-Mayeux | |||
* ''chièm, chièm''! à Trévéréc | |||
* ''khiou, khiou''! à Lanrodec | |||
Pour comparaison, ''khiouekh, khiouekh''! en Haute-Bretagne à Tressigneaux. | |||
==== éloigner ==== | |||
* ''si'', ''si 'ta''! 'pour éloigner' | * ''si'', ''si 'ta''! 'pour éloigner' | ||
* ''sikh'' ! à Pontrieux, Lanrodec, Trévéréc, ''sikh tu-me'' à Lanrodec, Trévéréc, ''sikh tu-ze'', ''sikh'u-me'', ''sikh'u-mañ'' à Lanrodec et en Goëlo, ''sikh'u, sikh'u'' à St-Mayeux (forme qui empêche Ernault d'écrire ''boit-hu''). | |||
Troude soupçonne que ''sik'' en vannetais dérive d'un ancien substantif. [[Ernault (1879-1880)]] approuve et met en rapport cette interjection avec des équivalents en letton et en russe (''Orig. indo-europ''., I, 372 [?]). | |||
=== adresse aux poules === | === adresse aux poules === | ||
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=== adresse aux chats === | === adresse aux chats === | ||
* '' | ==== appeler ==== | ||
* ''[[bisig]]''! 'petit chat', ''bisekh'', pl. ''bisegho'' à Trévéréc, ''bichekh'' à Lanrodec, ''milbisekh, misekh'' 'minet' | |||
* ''sous''! ''bisous''! | |||
* ''bich-bich-bich'' à St-Mayeux, ''bss bss'' à Trévéréc, ''pich-pich-pich'', ''pss pss'' à Lanrodec, ''bis, bis''!. | |||
Pour comparaison, [[Ernault (1879-1880)]] relève aussi ''biche'' et ''pss pss'' en Haute-Bretagne, et ''puss'' en anglais. | |||
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* ''ichek''! 'faire fuir' | * ''ichek''! 'faire fuir' | ||
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quand on s'adresse aux chats : haut-breton ''cha(t) ci!'' M. Troude donne pour ce dernier sens ''gaz!'' que je suppose une altération de ''[[kazh|kaz]]. | quand on s'adresse aux chats : haut-breton ''cha(t) ci!'' M. Troude donne pour ce dernier sens ''gaz!'' que je suppose une altération de ''[[kazh|kaz]]. | ||
M. Troude donne ''chegad'', qui s'emploie en | M. Troude donne ''chegad'', qui s'emploie en Goëlo pour chasser les veaux (''chega(d) du-më!'') On dit ''eur chegad'', 'un veau, fig. un niais', Trévéréc. | ||
cri pour exciter les béliers à se battre (''tourchal''), Tv, ''Tourch tak tak, maotik!'' (''ekh''). | cri pour exciter les béliers à se battre (''tourchal''), Tv, ''Tourch tak tak, maotik!'' (''ekh''). | ||
Pour chasser les moutons et les veaux, ''turch tu-me'', Lanrodec. | Pour chasser les moutons et les veaux, ''turch tu-me'', Lanrodec. | ||
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Pour appeler les vaches : ''do, do, do ! do (paour)'' ! Lr.; ''zo, zo, zo'' ! Trévéréc; ''pio-ho'', St-Mayeux. | Pour appeler les vaches : ''do, do, do ! do (paour)'' ! Lr.; ''zo, zo, zo'' ! Trévéréc; ''pio-ho'', St-Mayeux. | ||
Pour les arrêter : ''cho''! ''cho-ho-ho''! Trévéréc, Lanrodec. Pour les chasser : ''boït''! Trévéréc; ''boï tu'', Lanrodec, St-Mayeux; ''boï tu-me'' ! Trévéréc, Lanrodec.; Cf. ''Barzaz Breiz'', 'La Chanson de fête des petits pâtres', et ''boeicho'', Lanrodec, ''cho-cho'', Trévéréc, 'vache, vaches (enf.)'. | Pour les arrêter : ''cho''! ''cho-ho-ho''! Trévéréc, Lanrodec. Pour les chasser : ''boït''! Trévéréc; ''boï tu'', Lanrodec, St-Mayeux; ''boï tu-me'' ! Trévéréc, Lanrodec.; Cf. ''Barzaz Breiz'', 'La Chanson de fête des petits pâtres', et ''boeicho'', Lanrodec, ''cho-cho'', Trévéréc, 'vache, vaches (enf.)'. | ||
— Pour appeler les poulets : ''peti, peti''! ou ''keti, keti''! St-Mayeux; ''pouti, pouti''! à Trévéréc; ''bouti, bouti, bouti''! à Lanrodec; ''ar bouti bihan'', Lanrodec, 'les petits poulets (enf.)' du français ''petit''. | — Pour appeler les poulets : ''peti, peti''! ou ''keti, keti''! St-Mayeux; ''pouti, pouti''! à Trévéréc; ''bouti, bouti, bouti''! à Lanrodec; ''ar bouti bihan'', Lanrodec, 'les petits poulets (enf.)' du français ''petit''. |
Version du 11 mai 2020 à 09:18
Les huchements sont des interjections spécialisées sur l'adresse à un animal.
Les huchements en breton sont régulièrement rapportés dans la littérature descriptive, mais parfois difficiles à localiser. Ernault (1879-1880:147) fournit par exemple une description détaillée d'une série de huchements à l'entrée lexicale Bara!.
Inventaire
La compilation de huchements ci-dessous est une compilation de Ernault (1879-1880) pour Landerneau, Langoat, Lanvollon, Lanrodec, Pléhédel, Trégier, St-Mayeux et le Goëlo, Kervella (1947:§114), Favereau (1993), Lozac'h (2014) pour St-Nigouden.
adresse aux vaches
Le son émis par la vache est reproduit en breton par mou!.
- pruik!, wetiu! 'appel'
adresse aux cochons
appeler
- doc'h!, dac'h
- toch, toch, toch! près de Lanrodec, tac'h bian, tac'h, tac'h, tac'h, tach à St-Mayeux et avec un diminutif tochekh!, tochekh! à Trévéréc, tac'hekh, tac'hekh à St-Mayeux
- chièm, chièm! à Trévéréc
- khiou, khiou! à Lanrodec
Pour comparaison, khiouekh, khiouekh! en Haute-Bretagne à Tressigneaux.
éloigner
- si, si 'ta! 'pour éloigner'
- sikh ! à Pontrieux, Lanrodec, Trévéréc, sikh tu-me à Lanrodec, Trévéréc, sikh tu-ze, sikh'u-me, sikh'u-mañ à Lanrodec et en Goëlo, sikh'u, sikh'u à St-Mayeux (forme qui empêche Ernault d'écrire boit-hu).
Troude soupçonne que sik en vannetais dérive d'un ancien substantif. Ernault (1879-1880) approuve et met en rapport cette interjection avec des équivalents en letton et en russe (Orig. indo-europ., I, 372 [?]).
adresse aux poules
- pit, pit, pit! 'appel'
- chou!, dachou ! 'pour faire fuir'
adresse aux moutons
- meñ, meñ! 'appel'
adresse aux renards
- tiê Lan! 'faire fuir'
adresse aux chats
appeler
- bisig! 'petit chat', bisekh, pl. bisegho à Trévéréc, bichekh à Lanrodec, milbisekh, misekh 'minet'
- sous! bisous!
- bich-bich-bich à St-Mayeux, bss bss à Trévéréc, pich-pich-pich, pss pss à Lanrodec, bis, bis!.
Pour comparaison, Ernault (1879-1880) relève aussi biche et pss pss en Haute-Bretagne, et puss en anglais.
éloigner
- ichek! 'faire fuir'
adresse aux chiens
- tiê! 'appel'
- kis, kis! 'hisser'
adresse aux chevaux
Ernault (1879-1880:146): "pour faire venir les chevaux, chien, chien, chien ! pour appeler les poulains, et peut-être tieñ, kieñ, tiañ, kiañ, usités à Landerneau et aux environs pour dire n'est-ce pas?"
- d'aman à Trévéréc, ce qui est une forme abrégée de deuit amañ 'venez ici'.
- hei ! à Lanrodec ou hei si sur le français ici à Trégier.
- do! Ernault (1879-1880:146) considère un emprunt au français donc.
faire fuir
- da du-ze! à St-Mayeux. Ernault (1879-1880:146) s'interroge sur le français dada.
continuer tout droit
- ei!, hei!, yao! 'hue, continuer, avancer'
reculer
- c'ho!, c'hri 's'arrêter', rirc'h 'reculer', ou comme aux humains, kul!
à gauche
- so! 'à gauche'
Les autres huchements semblent tous dérivés du fait que le locuteur, le charretier, est placé à gauche du cheval.
- hakh ! c'hak ! en Goëlo, cf. hac 'par ici', et à Ploezal hak-berr ! 'vite à gauche'.
- dê ! ded aman en Goëlo = deu[z], deud aman, 'viens, venez ici'; da ! à Langoat.
- dia! ['ɟa], 'à gauche !', Haut-cornouaillais (St-Nigoudenn), Lozac'h (2014:'dia')
- différentes variations dérivées de tost 'près, approche !' (Ernault 1879-1880:146): tast ! en Goëlo tast, tost, à Lanvollon, tost à Pléhédel et en Trégier, et enfin à St-Mayeux tos! tos! ou tus !
à droite
- allá ! 'à droite!' à Langoat. Ernault (1879-1880:146) le rapproche du latin illàc 'par là'.
- hal!
- dic'ha!, donc littéralement 'pas à gauche'.
- Wichedrou, wiche, duru, vichederou en Goëlo, litt. 'tourne en biais', de viche[?] et de tro. Wichedrou-berr ! 'vite (litt. tourne court) à droite'.
Morphologie
onomatopées
Les huchements d'appel, pour attirer l'animal, sont typiquement des onomatopées évoquant un son produit par l'animal lui-même.
variations dialectales
Il existe une grande variation dialectale dans les huchements. On peut même parler de variation idiolectale.
Syntaxe
Il n'est pas possible de modifier les huchements (par ex., on ne dit pas * mell yao pour 'avance plus', ou 'avance plus vite').
Sémantique
ordres
Le contenu sémantique de ces interjections est assez pauvre, centré sur des ordres simples. Les animaux montés ont un registre spatial plus étendu, ainsi que sans doute les chiens de berger ou les chiens de chasse. Les huchements qui ont pour morphologie une onomatopée demandent un mouvement de rapprochement spatial en reproduisant un cri typique de l'animal.
grammaticalisation de verbes de mouvements
Le verbe fiñval 'bouger' pourrait venir d'une racine proto-indo-européenne de huchement. Matasović (2009) postule la racine proto-indo-européenne ? * ksweybh- 'faire un mouvement brusque' (IEW: 1041 (* swēy-)), qu'il considère inhabituelle, et qu'il propose être de nature onomatopéique (cf. résumé en français sur la page de fiñval).
A ne pas confondre
Les mimologismes consistent à reconnaître un élément de langage dans un son du monde naturel, du bruit de voiture au chant d'un oiseau. Par exemple, Ernault (1903) compare le mimologisme trégorrois pour le roucoulement amoureux du pigeon N'eus ked a gour? 'On ne vous fait pas la cour?' et le mimologisme provencal quouro? 'quand?'. Il ne s'agit pas de huchement, puisqu'il ne s'agit pas de communication avec un animal.
extrait de Ernault
Ernault (1879-1880:146, 147-8):
Bara! bara! bara ! Lanrodec, Trévéréc, St-Mayeux, baraïk, baraïk (pr. ekh), Lanrodec, interjection pour appeler les moutons (comme si on leur promettait du pain). On dit aussi bara bè (de leur cri), d'où bèikh, 'mouton (enfantin)', Trévéréc. Pour les chasser : cha bouch, cha bouch du-me ou tu-me ('ta) ! Trévéréc. Cf. cha tu-mañ, cha du-më, cha tu-me ('ta., laer)!, St-Mayeux, Lanrodec, Trévéréc, Goello
quand on s'adresse aux chats : haut-breton cha(t) ci! M. Troude donne pour ce dernier sens gaz! que je suppose une altération de kaz.
M. Troude donne chegad, qui s'emploie en Goëlo pour chasser les veaux (chega(d) du-më!) On dit eur chegad, 'un veau, fig. un niais', Trévéréc.
cri pour exciter les béliers à se battre (tourchal), Tv, Tourch tak tak, maotik! (ekh).
Pour chasser les moutons et les veaux, turch tu-me, Lanrodec.
pour appeler les veaux, tu tu tu tuy, Lanrodec. pour les chasser, prr-chett! St-Mayeux
Pour chasser les moutons, on dit à St-Mayeux comme si on appelait un chien : khiê, khiê ! Ce mot, à Lang. kheñ, doit venir du français tiens ainsi que khië, khië! St-Mayeux, khiê, khiê! Lanrodec.
Pour chasser les chiens : tè du-man, tè du-me (poezon) ! Lr., Trévéréc; tè isi, Trévéréc; St-Mayeux, d'où tè tè, tè tè bihan, 'un chien (enf.)', Lr., Trévéréc.
Pour appeler les vaches : do, do, do ! do (paour) ! Lr.; zo, zo, zo ! Trévéréc; pio-ho, St-Mayeux. Pour les arrêter : cho! cho-ho-ho! Trévéréc, Lanrodec. Pour les chasser : boït! Trévéréc; boï tu, Lanrodec, St-Mayeux; boï tu-me ! Trévéréc, Lanrodec.; Cf. Barzaz Breiz, 'La Chanson de fête des petits pâtres', et boeicho, Lanrodec, cho-cho, Trévéréc, 'vache, vaches (enf.)'.
— Pour appeler les poulets : peti, peti! ou keti, keti! St-Mayeux; pouti, pouti! à Trévéréc; bouti, bouti, bouti! à Lanrodec; ar bouti bihan, Lanrodec, 'les petits poulets (enf.)' du français petit. Pour chasser les poules et les poulets : chou du-man ! chou 'ta! à Trévéréc, Lanrodec, St-Mayeux; Haute-Bretagne, chou ci!
— Pour faire venir les canards : kan, kan, kan, Trévéréc, St-Mayeux; kanekh, kanekh ! Trévéréc Cf. kanikhenn, f. pl. kanikhen[n]o, kanikho 'canard à Trévéréc.