Différences entre les versions de « Yar »

De Arbres
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Il ajoute aussi que le moyen irlandais ''eirín(e)'' 'poulet' est lié à ces mots d'une manière ou d'une autre, mais que les détails de la dérivation sont inconnus. Chacun de ces noms pourrait être apparenté au latin ''pīpio'' 'piauler comme un petit oiseau' ou au sanskrit ''píppakā-'' 'espèce d'oiseau', et dérivé de racines telles que * ''pipero-'' donnant le proto-celtique [[*]] ''fifero-'' ([[GPC]] II: 2000, [[LP]] 78, [[Delamarre (2001)|Delamarre 186]], [[Falileyev (2000)|Falileyev]] 89, [[Campanile (1974)|Campanile 1974]]:105, [[Deshayes (2003)|Deshayes 2003]]:760, [[Stokes (1894)|Stokes 1894]]:223, [[Schrijver (1995)|Schrijver 1995]]:104f). Il ne fait pas de doute pour [[Matasović (2009)]] que ces racines sont, au moins au départ, des [[onomatopées]].
Il ajoute aussi que le moyen irlandais ''eirín(e)'' 'poulet' est lié à ces mots d'une manière ou d'une autre, mais que les détails de la dérivation sont inconnus. Chacun de ces noms pourrait être apparenté au latin ''pīpio'' 'piauler comme un petit oiseau' ou au sanskrit ''píppakā-'' 'espèce d'oiseau', et dérivé de racines telles que * ''pipero-'' donnant le proto-celtique [[*]] ''fifero-'' ([[GPC]] II: 2000, [[LP]] 78, [[Delamarre (2001)|Delamarre 186]], [[Falileyev (2000)|Falileyev]] 89, [[Campanile (1974)|Campanile 1974]]:105, [[Deshayes (2003)|Deshayes 2003]]:760, [[Stokes (1894)|Stokes 1894]]:223, [[Schrijver (1995)|Schrijver 1995]]:104f). Il ne fait pas de doute pour [[Matasović (2009)]] que ces racines sont, au moins au départ, des [[onomatopées]].


Le [https://www.cnrtl.fr/etymologie/jars CNRTL] ne fait pas de lien entre le brittonique /jar/ et le nom français ''jars'' 'mâle de l'oie' relevé dès le XII°, et tracé à l'ancien bas francique ''[[*]] gard'' 'épine, aiguillon, baguette', par comparaison avec la verge du jars, qui a donné aussi le moyen néerlandais ''gaert'' 'baguette pointue'.
Le [https://www.cnrtl.fr/etymologie/jars CNRTL] ne fait pas de lien entre le brittonique /jar/ et le nom français ''jars'' 'mâle de l'oie' relevé dès le XII°. Ce nom est au contraire tracé à l'ancien bas francique ''[[*]] gard'' 'épine, aiguillon, baguette', dans l'hypothèse d'une comparaison avec la verge du jars. Cette racine germanique a donné aussi le moyen néerlandais ''gaert'' 'baguette pointue'. Le [https://www.cnrtl.fr/etymologie/%C3%A9charde CNTRL:écharde]' une autre racine ancien bas francique ''[[*]] skarda'' 'éclat (de bois)' qui donne dès 1105 ''esjarde'' 'écaille (de poisson, de serpent)', ou plus tard le français 'écharde'. La forme ''escherde'' maintenue jusqu'au XIV° est "propre à l'Ouest de la France".


== Expression ==
== Expression ==

Version du 17 janvier 2024 à 11:38

Le nom yar dénote la 'poule', le 'poulet'.


(1) Goût e ouzer pedavare deve diavet ar yar.
savoir R savait.on quand avait pond.u le poule
'On savait quand la poule avait pondu.'
Cornouaillais (Sein), Fagon & Riou (2015:'diavi')


Morphologie

variation dialectale

L'ALBB a documenté la traduction de poule, poules sur l'aire vannetaise dans la carte 600.


nombre

Le pluriel yer est un pluriel interne. En vannetais, la carte 600 de l'ALBB montre aussi quelques pluriels réguliers en yarezed. Pour le haut-vannetais, Delanoy (2010) donne yar, yir 'poule, poules'.


(2) Va mamm eo a vez war-dro ar yér.
mon2 mère est R1 est autour le poule.s
'C'est ma mère qui s'occupe des poules.'
Léonard, Seite & Stéphan (1957:83)


Dialectalement, le nom yar peut être interprété comme un nom collectif, qui nécessite alors un singulatif pour obtenir la dénotation d'un individu ('une poule'). Seite & Stéphan (1957:76) donnent ainsi eur penn-yar 'une poule'.

genre

Le nom yar ne mute pas lui-même, mais son genre est repérable par les mutations qu'il induit (ar iar velen 'la poule jaune', Doujet 2016:25).


Sémantique

La carte 533 de l'ALBB montre que la traduction de poulette n'était yar nulle part au début du XXe, mais enez à l'Ouest et polez, poulez à l'Est (cf. 'poularde').


Diachronie

Deshayes (2003) postule une racine celtique * iar-a-, qui s'apparente d'une manière ou une autre à l'irlandais eireog 'poulet', et donne plus clairement dans la branche brittonique le vieux gallois iar, le gallois iâr, le vieux cornique et cornique yar, et en breton dès 1499 yar 'poule', avec aussi le sens de 'personne méchante et rusée'.

Matasović (2009) considère, lui, que la racine nominale proto-celtique * yaro- 'poule, poulet' a essaimé dans les langues brittoniques, donnant le vieux gallois iar, le moyen gallois yar, iar [f] (GPC iâr, giâr), pluriel ieir, gieir, le vieux cornique yar glosé en latin gallina, le cornique yar, le breton yar. Il l'associe aussi avec le nom propre gaulois Laros. Il ajoute aussi que le moyen irlandais eirín(e) 'poulet' est lié à ces mots d'une manière ou d'une autre, mais que les détails de la dérivation sont inconnus. Chacun de ces noms pourrait être apparenté au latin pīpio 'piauler comme un petit oiseau' ou au sanskrit píppakā- 'espèce d'oiseau', et dérivé de racines telles que * pipero- donnant le proto-celtique * fifero- (GPC II: 2000, LP 78, Delamarre 186, Falileyev 89, Campanile 1974:105, Deshayes 2003:760, Stokes 1894:223, Schrijver 1995:104f). Il ne fait pas de doute pour Matasović (2009) que ces racines sont, au moins au départ, des onomatopées.

Le CNRTL ne fait pas de lien entre le brittonique /jar/ et le nom français jars 'mâle de l'oie' relevé dès le XII°. Ce nom est au contraire tracé à l'ancien bas francique * gard 'épine, aiguillon, baguette', dans l'hypothèse d'une comparaison avec la verge du jars. Cette racine germanique a donné aussi le moyen néerlandais gaert 'baguette pointue'. Le CNTRL:écharde' une autre racine ancien bas francique * skarda 'éclat (de bois)' qui donne dès 1105 esjarde 'écaille (de poisson, de serpent)', ou plus tard le français 'écharde'. La forme escherde maintenue jusqu'au XIV° est "propre à l'Ouest de la France".

Expression

'quand les poules auront des dents'

L'expression idiomatique française 'quand les poules auront des dents' est plutôt traduite par an devezh goude biken, littéralement 'le jour après jamais'.