X di-X
la reduplication a-perfective X di-X est une opération morphologique de reduplication productive en breton. Elle a l'effet sémantique de supprimer la borne de fin d'un prédicat verbal ou adjectival.
Distribution
Il existe de multiples exemples de cette construction dans Gros (1984:82-84).
Verbe-di-Verbe
La construction reduplicative [V-di.V] du verbe est productive avec différents verbes. Elle existe aussi bien avec un verbe tensé (y), participe (x) ou infinitif (z).
(x) | Brallet-divrallet | e oa | war | azezenn a-dreñv | karr e dud | |
branler-di.branler | R était.3SG | sur | siège arrière | voiture POSS.3SGM parents | ||
'Il était secoué de tous côtés sur le siège arrière de la voiture de ses parents.' | standard, Dupuy (2007:26) |
(y) | ... ken e | koeñve-digoeñve | toennoù | al lestr mein. | ||
tant.que | R enflait-di.enflait | toits | DET vaisseau pierre | |||
'tant que les toits du vaisseau de pierre respiraient (se mettaient à s'enfler et se désenfler).' | standard, Dupuy (2007:25) |
- kaset ha digaset, 'être trainé', Gros (1984:58)
(z) hejañ-dihejañ, bountañ-divountañ(Dico Favereau)
- chetañ-dichetañ: trimbaler, chetet ha dichetet (Poher, dico Favereau)
- toullañ-didoullañ, (dico An Here I)
Adjectif-di-Adjectif
L'adjectif peut être un déverbal, il peut ne pas muter, et il peut recevoir un modificateur perfectif ("-tout"):
(x) | Goude e vezont | bloñset | ha | dibloñset tout | evel-just. | |||||
après R sont | tapé | et | /di-tapé/ tout | comme-juste | ||||||
'Après, ils sont meurtris bien sûr.' | Leon, Blaz an douar, p.152. |
- kemm-digemm: "interchangeable, très changeant" (dico Favereau)
- klañv-diglañv (dico An Here I)
rôle sémantique de di- dans la construction x (ha) di-X
Dico An Here I: "Troiennoù a vez geriet ganto un ober pe ur stad a c'hoarvez en-dro a bennadoù stank."
Gros (1984:374): "ce préfixe [di-] sert à former des locutions à deux termes: le positif et son contraire, exprimant la répétition ou la continuation d'une action ou d'un état: ruillet ha diruillet, /roulé et déroulé/, 'balloté' trei ha distrei, 'continuer à tourner et à virer'... " Gros (1984:82): Le préfixe di- placé devant un verbe en forme un second de sens contraire La réunion de ces deux verbes marque un aller et retour, une tournée parachevée, une action répétée ou continue. Comparer le français: il a son dit et son dédit, des tours et des détours, rouler et dérouler
- treiñ ha distreiñ (dico An Here I)
- taoler ha distaoler: "taolet ha distaolet d'an eil soñj d'egile"
rôle sémantique de di- hors reduplication
di- est un préfixe qui force la lecture 'degré zéro' des noms.
(x) | A | - | C'hoarzhiñ | a ra ! | B | - | Dic'hoarzhiñ | a ray! | |||
rire | fait | pfx-rire | fera | ||||||||
'A - Il rit! .... | B - Ca lui passera!!' | dico Favereau |
(y) | Dont | d'ar | gêr | divragoù | ha | divotoù | |
aller | à.DET | maison | pfx-pantalons | et | pfx-chaussures | ||
'Rentrer chez soi sans pantalon et sans chaussures.' | dico Favereau |
(x) | Ar re-ze | a vije dleet | dihouzougañ | anehzo | |||||
DET ceux-là | R serait du | di.cou.V | P.3PL | ||||||
'Ceux-là, on devrait leur couper le cou (les décapiter!).' | trégorrois, Gros (1984:29) |
Cette structure est productive avec les noms, les verbes et les adjectifs (par ex: didrouz, difazi, diboell, didud, dico An Here I). La phrase ci-dessous prouve que ce processus est si vivant dans la langue qu'il peut aisément créer de nouveaux items à volonté:
(x) | Hañ! Te eo Kristof? | Gortoz, | me a ya | da zigristofi | ahanout! | ||||
EXCL 2SG est Christophe | attends | 1SG R va | P di-Christopher | P.2SG | |||||
'Ah! C'est toi, Christophe? Attends, je vais te déchristopher (t'en fiche, du Christophe).' | trégorrois, Gros (1984:28) |
Le préfixe di- peut s'utiliser pour exprimer des contraires. Il ne s'agit alors pas de reduplication.
- Pa vêr klañv, gwas pe diwas, an dra-se 'zo heñvel! (Poullaouenn, dico Favereau)
- glav pe dic'hlaw (Are, dico Favereau)
Dans les structures reduplicatives cependant, l'effet sémantique est la récurrence de l'action. Pour penser cette structure en terme de degré zéro, il faut appliquer ce degré zéro sur la borne de fin de l'action exprimée par le verbe.