Balan, benal, banal

De Arbres
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Le nom balan dénote des 'genêts'. On le trouve aussi sous les formes benal, banal.


Morphologie

variation dialectale

La carte 24 de l'ALBB documente la variation dialectale de la traduction de du genêt. La distribution des formes de métathèse banal, benal et balan y forme deux blocs, Nord et Sud (comme alan vs. anal 'souffle').

Pour le haut-vannetais du XXIe, Delanoy (2010) donne le nom collectif benal, bounal 'genêts', qu'il relève dans Châlons (1723) avec bonal, bënal.


dérivation

Le Bayon (1878:17) donne, avec le suffixe -eg, -og des noms de lieux, benalek 'genetaie' et son pluriel benalegi 'genetaies'.

Le suffixe singulatif -enn obtient, par l'étape /ba(z)lan-enn/ qui n'existe plus, le nom balaenn 'balai'.

Diachronie

Matasović (2009:54) cite le moyen breton balazn, le gallois banadl et le cornique banathel.

Selon Falc'hun, la forme la plus archaïque est bazlan, préservée dans le nom de lieu Ploubazlanec (Falc'hun 1981:506). Van Doorn (2016) suggère que la forme la plus archaïque pourrait tout aussi bien être balazn que Falc'hun n'atteste pas. Cependant, deux formes données dans l'ALBB confirment une distribution d'archaïsmes pour des variantes sur bazlan, avec deux formes typiques du Nord isolées en périphérie extrêmes sur le bloc Sud. En Cornouaille à Plogoff, on trouve baelen, et en vannetais à Bourg-de-Batz, la forme est barlen, que Van Doorn (2016:18) considère un rhotacisme sur bazlen.

Ce composé bazlan peut être formé sur bazh 'bâton' devant lann 'lande'.

Horizons comparatifs

Le français dialectal a balan, balain 'genêt', ainsi que le français standard balai 'outil de nettoyage'. La première attestation en est la forme anglo-normande balain (CNRTL). Le CNRTL donne aussi vers 1275 baloiier 'nettoyer avec un balai'. L'origine est celtique, mais gauloise ou bretonne ?

Delamarre (2001:55-56) reconstitue à partir de la variation en français une forme gauloise en * balano, descendant d'une forme proto-celtique * benatlo-8.

Le français et le breton moderne du Nord ont la même métathèse b-l-n, en opposition au reste du bloc celtique en b-n-l (Delamarre 2001:56), ce qui pose la question de la direction de l'emprunt ou d'une innovation partagée sous influence ou indépendante.

D'Arbois de Jubainville (1897) et Even (1953) ont proposé que le français balai vient d'un emprunt au breton balan. Dauzat (1939) et Lambert (1995:187) considèrent possible que le français balai soit un emprunt au breton parce que les Bretons d'Armorique étaient des fabricants de balais réputés au Moyen Âge. L'hypothèse de cette influence par le sens 'balai, instrument de nettoyage' est reprise par les ouvrages de vulgarisation moderne (Buanic & Buanic 2021:142). Cependant, elle doit être rejetée car elle prédirait incorrectement une restriction du sens en roman à 'balai, instrument de nettoyage' alors que le sens 'genêt' dénotant la plante sur pied est y largement attesté en Berry, en Lyonnais, en Auvergne et dans le domaine méridional (ALF:carte 635, Brüch 1922, FEW I: 233). Si le nom français balai vient du breton, c'est directement par le sens 'genêt'.

Falc'hun (1981:506) a proposé que la forme bretonne balan des dialectes du Nord est un mot emprunté au gaulois. Van Doorn (2016:18) laisse ouverte la possibilité d'une origine gauloise pour le breton balan, que ce soit par emprunt ou influence de la forme gauloise * balano.

Le nom balai pourrait résulter directement de la métathèse * balatno à partir du gaulois * banatlo, mais l'adaptation de la finale sur le modèle des mots latins en -aium (Brüch 1922, FEW I:233) n'est pas clairement expliquée du point de vue phonétique selon le CNRTL.

Bibliographie

  • Dauzat, A. 1939. '« Balai » vient-il du gaulois ou du breton ?', Français moderne, p. 343.