Les adverbes déictiques spatiaux

De Arbres

Les adverbes déictiques spatiaux sont -amañ, -aze et -ahont. Ils marquent différents degrés d'éloignement par rapport au locuteur ('ici', 'là', là-bas').


(1) Amañ hag ahont
Ici et là-bas , titre de roman, Priel (1957)


Leurs formes clitiques, que l'on retrouve dans les démonstratifs analytiques, sont -mañ, -se et -hont. Il est possible qu'ils soient tout le temps clitiques, avec une préposition support a lorsqu'ils apparaissent en isolation comme ci-dessus.

accentuation

Hemon (1995:§274-275) note que dans les mots composés mettant côte-à-côte deux mots portant l'accent, c'est celui du premier qui s'efface ou s'amuise. Il note ensuite que les particules -mañ, -se et -hont dérogent à cette règle car c'est leur accent qui disparaît en cas d'adjacence.

Par exemple, an dra-mañ ('cette chose'), ou mintin-mañ ('ce matin')... sont accentués sur la base.

Le groupe prépositionnel evel-se est différent dans son accentuation, et probablement sa syntaxe.

morphologie

(1) Ne vin ket me mui amañ é kennig dour deoc'h.
NEG serai.1SG NEG 1SG plus ici P proposer eau P.2PL
'Moi, je ne serai plus là à vous offrir de l'eau.'
vannetais, Ar Meliner (2009:107)


La particule -se se voise (en -ze) après les mots terminés par une voyelle ou une des quatre consonnes l, m, n, r (Hingant 1868:§59).


(2) Ema o turlutad aze gand eur goz souflez
prt.est P V P Det vieux soufflet
'Il est là en train de bricoler (perdre son temps, s'amuser) avec un vieux soufflet.' trégorrois, Gros (1984:484)

Les adverbes déictiques sont toujours en position clitique. Des trois clitiques, seul -mañ apparaît à l'intérieur d'un composé morphologique:

hemañ, 'celui-ci' mais pas *hese, ni *hehont.
houmañ, 'celle-ci' mais pas *house, ni *houhont.
ar paotr-mañ-paotr, 'tel ou tel garçon'; mais pas *ar paotr-se-paotr, ni *ar paotr-hont-paotr.

syntaxe

Ces adverbes clitiques sont utilisés pour former des DPs démonstratifs. Ils apparaissent aussi après kement (Hemon 1995:36).


Le morphème -mañ apparait aussi à l'intérieur des pronoms démonstratifs et des indéfinis de choix libre par reduplication.


à ne pas confondre

Tous les adverbes spatiaux ne sont pas déictiques. Eno, par exemple, est un adverbe spatial anaphorique. Son référent n'est pas à chercher dans le contexte d'énonciation, mais dans le co-texte, c'est à dire ce qui précède. L'adverbe spatial anaphorique eno a besoin d'un antécédent. Ce n'est pas le cas des adverbes déictiques.


(1) Met al labour n'eo eno heñvel ouzh netra.
mais DET travail ne est pareil P rien
'Mais là, le travail ne ressemble à rien.', Treger (Kaouenneg), Ar Barzhig (1976:32)


terminologie

Hingant (1868:§59) les appelle les 'adjectifs démonstratifs'.