Kenderv

De Arbres
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Le nom kenderv est un nom de parenté qui dénote un 'cousin', ou un 'cousin à la mode de Bretagne', c'est-à-dire tout homme de même âge que le locuteur.


(1) Va c'henderv ha me a yoa war gorf hor rochedoù.
mon2 cousin et moi R1 était sur1 corps notre chemise.s
'Mon cousin et moi étions en chemise.'
Léonard (Bodilis), Ar Floc'h (1985:21)


Morphologie

variation et répartition dialectale

La carte 373 de l'ALBB documente la variation dialectale de la traduction de cousins, des cousins.


(2) Han de gavet me handarw.
vais pour-trouver mon2 cousin
'Je vais chez mon cousin.'
Vannetais pré-moderne (Cléguérec), Thibault (1914:190)


Izard (1965:95, 96) rapporte que kenderv est le terme général pour 'cousin' mais que le pays nord-bigouden emploie la variante kendro. Il note aussi que l'emprunt au français cousin est général en nord-bigouden, de pluriel cousinet (kuzined), ce qui donne aussi kuzined bihan et bugale a guzined.


féminin

Les termes correspondants pour 'cousine' sont keniterv, féminin de kenderv et en pays nord-bigouden, kendroez, féminin de kendro (Izard 1965:95). Les deux termes partagent le même pluriel kendirvi.


Sémantique

'à la mode de Bretagne'

 Izard (1965:95):
 "Kenderv, keniterv et leurs synonymes, employés seuls, servent à désigner un 'cousin' ou une 'cousine' à n'importe quel degré et donc, notamment, un cousin ou une cousine "à la mode de Bretagne". Les expressions kenderv kompez, keniterv gompez désignent respectivement le 'cousin germain' et la 'cousine germaine' (fils et fille du frère ou de la sœur du père ou de la mère). Ces différents termes pour 'cousin' et 'cousine' sont d'un usage courant. D'autres termes le sont moins, tels kevenderv, kevendervez, kevendro, kevendroez, qui désignent les 'cousins issus de germains', et keveniant, keveniantez, qui désignent les 'issus d'issus de germains'. Certains indices permettent de penser que kevenderv et keveniant ont pu  également désigner l'un le 'fils du cousin germain […]', l'autre le 'petit-fils du cousin germain […]' et le 'petit-fils du cousin germain du père […]'; si cela est, on a un classement vertical des cousins qui, pour les générations zéro et négatives, rappelle le classement irlandais des parents. Les cousins de génération négative ou, si l'on préfère, de degré impair, sont désignés collectivement par les expressions kendirvi bihan ('petits cousins') ou bugale a kendirvi ('enfants des cousins' […]). Rappelons que le terme d'adresse pour les cousins de génération négative est niz ('neveu'). 
 On s'adresse à tout homme de même génération que soi par les termes : kenderv, kenitern et le français cousin mais il n'en va pas de même à l'égard des femmes (nous avons rencontré une situation analogue à propos de la généralisation des appellations 'oncle' et 'tante') ; de plus, ce système d'appellation est moins fréquent dans le discours quotidien que celui qui assimile les personnes plus à des oncles ou à des tantes."


Diachronie

Le Bayon (1878:15) propose la dérivation kan- + dereu 'souche' > kan̄derw 'de même souche, cousin'.

Izard (1965:95, 96) donne le vieux breton komnider, qu'il met en relation avec le gallois nghefnder.

 Izard (1965:96):
 "Dans le système gallois moderne, tel que nous le restitue Morgan, un terme unique, nghefnder, désigne les quatre cousins germains ; le terme féminin correspondant, nghefnither, n'est employé que pour les deux cousines matrilatérales la cousine croisée patrilatérale. La cousine parallèle patrilatérale et la femme cousin parallèle patrilatéral, sont appellés cyfnither. Un troisième terme, que l'étymologie semble rapprocher de cyfnither, cyfferder (au féminin : cyfferders), désigne les 'cousins issus de germains' dont la liste n'est cependant pas complète chez Morgan, qui n'a pu introduire dans sa nomenclature le 'petit-fils et la petite-fille du frère du père du père'. Kenderv et nghefnder ont pour origine commune un terme celtique signifiant 'petit-fils d'un même aïeul'; kevenderv et cyfferder viennent d'un terme qui signifie 'arrière-petit-fils d'un même aïeul'. Le terme celtique pour 'petit-fils d'un même aïeul' contient le radical nit, 'petit-fils' et 'neveu' qu'on retrouve, sous la forme nid, dans l'ancien terme breton pour 'cousin'."