Maligorn

De Arbres
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Le nom maligorn du breton standard dénote un 'escargot'.



Morphologie

distribution dialectale

Le nom maligorn n'est pas reconnu dans tous les dialectes. Lors de l'élicitation H. Gaudart (04/2016), la locutrice bilingue du cornouaillais et du standard hésite sur le nom traditionnel pour 'escargot'. C'est la forme maligorn qui est finalement sélectionnée, mais traitée comme nouvelle.


(1) E Bro-Frañs ' vez debet maligorn'd.
en pays-France R est mang.é escargot.s
'En France, ils mangent des escargots.'
Cornouaillais (Scaër/Bannalec), H. Gaudart (04/2016)


On trouve plutôt une forme du nom collectif melc'hwed, comme melfed à Plougerneau ou melc'hod à Lesneven/Kerlouan. Ce nom dénote par ailleurs aussi des 'limaces' dans ces mêmes endroits (cf. carte 452 de l'ALBB).

Pour la fin du XXe, le NALBB documente la variation dialectale de la traduction de 'escargot' (carte 239), 'escargots' (carte 240). Maligorn n'apparaît pas.

Au sud-ouest de la Cornouaille, Trépos (1982:39-40) donnait le nom collectif blez, de singulier blezenn ou hypocoristiquement blaizou. Il cite une formulette d'Audierne: blaizou, blaizou, tenn da gorn emezou, etc., donnée dans Sauvé (1881-1883). La forme apparaît toujours au XXIe (carte 239).

Diachronie et horizons comparatifs

Deshayes (2003) relève maligorn 'limaçon, colimaçon' dès 1919. Il propose une étymologie d'emprunt roman sur mal y corne, une étymologie courante (et peu étayée) pour les toponymies romanes de Malicorne dans la Sarthe ou l'Allier.

Il est plus plausible de postuler un emprunt à une ancienne forme romane qui a donné la forme malicorno en occitan languedocien, relevée dans une comptine en 1905 ('mauvaise corne ?').

  • Mali-malicorno, Moutro-me to corno, Te moutrarei toun pai, To mai, Que soun din lo cavorno.
'Mali-malicorne, — montre-moi ta corne, — je te montrerai ton père, — ta mère, — qui sont dans la caverne.'
Languedocien (Haute-Vienne), Lambert (1905:209-210)


Cependant, la carte 481 de l'Atlas Linguistique de la France de Gilliéron & Edmont (1902-1910) documente la traduction de 'escargot', et la carte 322 de 'coquille (d'escargot)', mais on n'y relève aucune forme en malicorne ou maligorno (la carte 1793 documente le nom 'corne').

Côté sémantique, la non-spécialisation des sens 'escargot' et 'limace', documentée à travers les dialectes du breton, est aussi présente en latin classique, où limax, limacis dénotait également 'limace' et 'escargot' (FEW t. 5, p. 341b-342, cité dans CNRTL) - L'escargot est appelé limaçon à coquille dans Chrétien de Troyes (1181-90).

Bibliographie

  • Lambert, Louis Aloisius. 1905. Chants et chansons populaires du Languedoc, recueillis et publiés avec la musique notée et la traduction française, Montpellier Imprimerie centrale du Midi. texte.