Différences entre les versions de « Minimiseur »

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Des minimiseurs qui sont juste des [[items de polarité négative]] seraient de l'ordre de: ''fermer l'oeil'', ''lever le petit doigt'' ou ''faire du mal à une mouche'', avec des [[indéfinis]] ou des [[définis faibles]]. En anglais, on peut citer les équivalents ''sleep a wink'', ''lift a finger'', ou ''hurt a fly''.
Des minimiseurs qui sont juste des [[items de polarité négative]] seraient de l'ordre de: ''fermer l'oeil'', ''lever le petit doigt'' ou ''faire du mal à une mouche'', avec des [[indéfinis]] ou des [[définis faibles]]. En anglais, on peut citer les équivalents ''sleep a wink'', ''lift a finger'', ou ''hurt a fly''.
== Terminologie ==
Le terme anglais de ''minimizer'', ou ''minimiseur'' en français, remonte à Bolinger (1972).


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* Bolinger, Dwight. 1972. ''Degree words''. The Hague: Mouton.


* Rooryck, J. 2008. ''On the scalar nature of syntactic negation in French''. (ms.)  
* Rooryck, J. 2008. ''On the scalar nature of syntactic negation in French''. (ms.)  
* Schmerling, Susan. 1971. 'A note on negative polarity', ''Papers in linguistics'' 4, 200-206.


* [[Willis (2013)|Willis, David. 2013]]. 'Negation in the history of the Brythonic Celtic languages', David Willis, Christopher Lucas & Anne Breitbarth (éds.), ''The History of Negation in the Languages of Europe and the Mediterranean'', 239-298.
* [[Willis (2013)|Willis, David. 2013]]. 'Negation in the history of the Brythonic Celtic languages', David Willis, Christopher Lucas & Anne Breitbarth (éds.), ''The History of Negation in the Languages of Europe and the Mediterranean'', 239-298.

Version du 12 février 2015 à 14:59

Les minimiseurs sont des éléments qui ont en commun d'emprunter sémantiquement à l'unité de mesure la plus petite d'une échelle de grandeur donnée.

En (1), il s'agit de la miette, unité la plus petite possible de nourriture. Son usage en (1) est à mettre en relation avec le français classique 'mie'.


(1) N'em-eus ket debret eun elvenn abaoe deh.
ne'R4.1SG-a pas mangé une miette depuis hier
'Je n'ai pas mangé une miette depuis hier.' Trégorrois, Gros (1970b:§'elvenn')


Inventaire

   den, 'personne'; gour, 'homme'; hini, 'celui'; tra, 'chose'; banne, berad, 'contenu d'un verre', 
   takenn, 'goutte'; tamm, 'morceau'; kammed, 'pas'; seurt, 'sorte', ket ...


Selon Willis (2013:254), l'étymologie de ket par le moyen breton quet, serait à chercher dans un minimiseur pour 'habits' dont on trouve une trace dans un composé vieux breton guelcet ‘habit de fête’ (< guel ‘fête’ + cet ‘habit’).


Le préfixe dam- peut aussi servir de minimiseur.


Sémantique

sous la négation

En contexte négatif, un minimiseur contient un même implicite (Schmerling 1971), qui obtient un effet maximisant (> 'pas (même) la plus petite unité' > 'pas du tout').


Cet effet sémantique déborde les contextes de la négation propositionnelle, et ressemble plutôt aux contextes plus larges autorisant les items de polarité négative. En (1), un minimiseur porte la lecture implicite même dans une conditionnelle.


(1) Ma he-devoa klevet eun damhér bennag…
si 3SGF-avait entendu un pfx.mot quelconque
'Si elle avait entendu un demi-mot (la moindre parole).' Trégorrois, Gros (1984:372)


modification du minimiseur

Minimiser le minimiseur revient à créer un effet d'insistance sur la négation.


Syntaxe

noms nus et négation

Certains minimiseurs, en usage de nom nu, grammaticalisent en seconde partie de la négation (kammed, littéralement 'pas'). On peut aussi citer avec Favereau (1997:284):

(1) Ne welan banne (/ne1 vois verre/, 'Je ne vois rien/goutte.'),

(2) Ne glevan takenn (/ne1 entends goutte/, 'Je n'entends absolument rien.')

(3) hep kousket tamm (/sans dormir morceau/, 'en passant une nuit blanche')


(4) Te n'ez ket kammed d'an aot?
toi ne1'vas pas jamais à1'le grève
'Tu ne vas jamais à la grève?' Trégorrois, Gros (1970b:§'kammed')


(5) ...ha kammed den ne glevas komz anezhe.
... et jamais homme ne1 entendit parler P.eux
'Et jamais nul n'entendit parler d'eux.' Trégorrois (Kaouenneg), ar Barzhig (1976:34)


Les minimiseurs qui ne peuvent pas servir de seconde partie de négation sont aussi ceux qui résistent à l'usage de nom nu (un elvenn, 'une miette'). C'est aussi le cas en français (Rooryck 2008).


(5) Jean n’a pas bu une goutte vs. * Jean n’a bu une goutte
* Jean n’a pas rien bu vs. Jean n’a rien bu Rooryck (2008)
'Jean est abstinent.'


Horizons comparatifs

Des exemples de minimiseurs en français qui ont grammaticalisé en seconde partie de négation sont pas, mie, goutte, point.

Des minimiseurs qui sont juste des items de polarité négative seraient de l'ordre de: fermer l'oeil, lever le petit doigt ou faire du mal à une mouche, avec des indéfinis ou des définis faibles. En anglais, on peut citer les équivalents sleep a wink, lift a finger, ou hurt a fly.


Terminologie

Le terme anglais de minimizer, ou minimiseur en français, remonte à Bolinger (1972).


Bibliographie

  • Bolinger, Dwight. 1972. Degree words. The Hague: Mouton.
  • Rooryck, J. 2008. On the scalar nature of syntactic negation in French. (ms.)
  • Schmerling, Susan. 1971. 'A note on negative polarity', Papers in linguistics 4, 200-206.
  • Willis, David. 2013. 'Negation in the history of the Brythonic Celtic languages', David Willis, Christopher Lucas & Anne Breitbarth (éds.), The History of Negation in the Languages of Europe and the Mediterranean, 239-298.