En ur

De Arbres

L'équivalent du gérondif français est en breton une nominalisation de VP introduite par en ur.

morphologie

Le composé invariable en ur est une particule qui provoque une lénition sur le verbe infinitif qui le suit immédiatement. Ce déclencheur de lénition est représenté ici par le chiffre 1 en exposant:


  • en eur1 vond hag en eur1 zont, 'en allant et en venant'
  • en eur1 zenti, 'en obéissant'
Trépos (2001:§86)


Le composé est parfois présenté comme un composé comprenant la préposition e(n), 'dans', suivie de l'article indéfini ur (Trépos 2001:§350) . Cependant, plusieurs arguments montrent que le ur dans le composé n'est pas morphosyntaxiquement identique avec ur l'article indéfini.

- La lénition qu'il provoque affecte moins de consonnes que la lénition opérée par un article indéfini sur un nom, ce qui suggère que l'article dans le composé n'est plus syntaxiquement un article, même de façon abstraite (voir le tableau des lénitions).
- L'article indéfini dans le DP existe sous les différentes formes un, ul, ur, dépendant de la consonne initiale du nom qui le suit. Dans le composé en ur, il n'existe pas de telle variantes (*en un, en ul).

En synchronie tout du moins, il est donc évident que la particule en ur n'est plus décomposable.

syntaxe

La particule en eur/en ur précède toujours directement un verbe infinitif. Elle sélectionne un VP comme argument interne. Le sujet de ce VP est toujours coréférent avec celui de la principale.


(x) Me, atao, a huñvree en eur en em lakaad e stad ar baotred faro ...
1SG toujours R rêvait en reflex mettre P état DET gars fiers
'Moi, toujours, je rêvais en me mettant à la place des gars fiers...'
Uhelgoat, Skragn (2002:96)


Trépos 2001:§350]] considère que en eur, forme un gérondif qui équivaut à une subordonnée circonstancielle (temps, cause, condition, moyen...).

Selon Fave, au contraire, (1998:133,br.), une propriété distinctive des structures dont la tête est en ur est qu'elles ne sont jamais subordonnées, mais ce n'est pas justifié.

sémantique

Comme le gérondif en français, ce composé est utilisé pour la coïncidence temporelle ou, sans doute par extension, le moyen.

coïncidence temporelle

(1) Setu, en ur1 [VP zont d'ar gêr ] e choment a-sav eno neuze.
Voici, aller P DET maison R restaient P-debout y alors
'Donc, en rentrant à la maison, ils s'arrêtaient là.' Léon, Mellouet & Pennec (2004:79).


(2) [xagãza nur ze:biɲ]
Int a gomza en ur1 [VP zebriñ ].
3PL R parlait manger
'Ils parlent tout en mangeant.' Groix, Ternes (1970:252).


(3) gout' ouie en ur sevel, da betra e vefe kinniget an devezh.
savoir R savait.3SG ptc lever P quoi R serait employé DET journée
'Elle savait (bien), en se levant, à quoi serait employée la journée.', standard, Ar Barzhig (1976:29)


moyen

(2) Nemet unan bennak a en em gave da gaout en ur1 [VP chipal].
seulement 1 quelconque R se trouvait P avoir chiper
'Mais quelques uns arrivaient à en avoir en chipant.' Léon, Mellouet & Pennec (2004:77)


Trépos (2001:§350) donne:

 En eur1 gemer a-gleiz e oen faziet.
   'C'est en tournant à gauche que je me trompai.'
 Pinvidig eo deuet en eur1 laerez ar re all.
   'Il est devenu riche en volant les autres.'
 Dond a ri a-benn, en eur1 lakaad da nerz.
   'Tu réussiras, si tu mets toute ta force, (en y mettant toute ta force).'

variation dialectale

Cette structure est introduite en bas-vannetais par la forme composée sar, qui ne provoque pas de mutation.


(3) saʁ [VP mɔ̃n tǝ ɥǝl ǝʁ moh].
sar mont da welet ar moc'h
P DET aller P voir DET cochon
'Tout en allant voir les cochons[, on boit un verre].' bas-vannetais, Cheveau (2007:212)

à ne pas confondre

L'équivalent du gérondif français en ur, puisqu'il peut marquer le moyen, a une sémantique partiellement coïncidente avec celle de la particule o. Comme noté par de nombreux auteurs (et surtout ceux qui se soucient de corriger les fautes des apprenants francophones), les particules en ur et o ne sont pas équivalentes (par exemple, Fave 1998:133,br.).

Trépos (2001:§350) note justement qu'en (10), les deux particules sont grammaticales mais que l'usage de la particule o permet d'avoir la lecture J'ai vu votre mère qui allait à Quimper. La particule o sélectionne effectivement un domaine non-tensé plus large qui comprend un pronom vide (PRO) qui peut être lié par, dans l'exemple ci-dessous, l'objet de la principale.


(10) Ho mamm am-eus gwelet en eur1/o4 vont da1 Gemper.
POSS.2PL mère R.1SG-ai vu ptc aller P Quimper
'J'ai vu votre mère en allant à Quimper.', Trépos (2001:§350)


Bibliographie

  • Stephens, J. 1983b. 'Talvoudegezh “o” hag “en ur”', Hor Yezh, 152:23-31.