Différences entre les versions de « En »

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Le [[complémenteur]] [[déclaratif]] ''en'', 'que', est restreint à certaines variétés de vannetais.  
Le [[complémenteur]] [[déclaratif]] ou [[rannig]] ''en'' est restreint à certaines variétés de vannetais.  




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== Morphologie ==
== Morphologie ==


Le morphème ''en'' ressemble au [[rannig]] ''e'', ou à un [[pronom]] [[objet]] de forme masculine. Ce n'est cependant pas plausiblement un objet car il apparaît avec des verbes [[intransitifs]] comme avec des objets réalisés.
Le morphème ''en'' ressemble au [[rannig]] ''e'', ou à un [[pronom]] [[objet]] de forme masculine.  


Ce n'est pas non plus un rannig puisqu'il peut apparaître au dessus d'une accorrence du rannig.
Ce n'est pas plausiblement un objet car il apparaît avec des verbes [[intransitifs]] comme avec des objets réalisés.




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|(6)|| Ha kentizh arruet || '''en o''' ''lakaer'' || da c’houarn pontoù…
|(7)|| Haval guet-n-eign || '''en hou''' ''kleuañ'' || doh hum glem.
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| ||  [[&|et]] [[kentizh|sitôt]] arrivé || [[R]] [[POP|les]] [[lakaat|mettre]].[[IMP]] || [[da|pour]] garder ponts
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|||colspan="4" | 'Et sitôt arrivés on les met à garder des ponts.'|||| ||''Vannetais'', [[Herrieu (1974)|Herrieu (1974]]:47)
|||colspan="4" | 'Il me semble que je vous entend vous plaindre.'|||| ||''Vannetais'', [[Le Bayon (1878)|Le Bayon (1878]]:51)
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=== complémenteur ou rannig ? ===
[[Le Bayon (1878)|Le Bayon (1878]]:51) considère qu'il s'agit d'un allomorphe du rannig ''e'' déclenché par les pronoms obliques.
Si il s'agit effectivement d'un rannig qui prend une forme particulière lorsqu'il précède un pronom oblique (proclitique objet ou morphème d'accord du verbe ''kaout''), alors sa particularité étrange est de pouvoir apparaître au dessus d'une autre occurrence du rannig (''en am eus'', ''en en deus'').
Si il s'agit d'un complémenteur (Force) plus haut dans la [[structure]], alors les cas où le rannig le suit se comprennent. Le problème devient alors l'analyse des phrases [[matrices]] où la forme apparaît.




{| class="prettytable"
{| class="prettytable"
|(7)|| Haval guet-n-eign || '''en hou''' ''kleuañ'' || doh hum glem.
|(6)|| Ha kentizh arruet || '''en o''' ''lakaer'' || da c’houarn pontoù…
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| ||  [[hañval|sembler]] [[gant|avec]].[[pronom incorporé|moi]] || que [[POP|vous]] entend || [[particule o|à]] [[en em|se]] plaindre
| ||  [[&|et]] [[kentizh|sitôt]] arrivé || [[R]] [[POP|les]] [[lakaat|mettre]].[[IMP]] || [[da|pour]] garder ponts
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|||colspan="4" | 'Il me semble que je vous entend vous plaindre.'|||| ||''Vannetais'', [[Le Bayon (1878)|Le Bayon (1878]]:51)
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Pour un recensement de ces formes dans le vannetais de Loeiz Herrieu, voir [[Châtelier (2015)|Châtelier 2015]].
Pour un recensement de ces formes dans le vannetais de Loeiz Herrieu, voir [[Châtelier (2015)|Châtelier 2015]].


A Belle-Île-en-mer, ce complémenteur peut introduire une [[petite proposition]].
A Belle-Île-en-mer, ce complémenteur peut introduire une [[petite proposition]], et donc apparaître devant un infinitif.




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== A ne pas confondre ==
== A ne pas confondre ==


Il semble que Herrieu puisse produire des formes du verbe ''endevout'' dans laquelle s'insère un [[proclitique objet]]. En (2), le sujet ''ar Mestr'', 'le maître' est masculin. La forme du verbe ''kaout'', 'avoir' n'est pas la forme ''en deus'' mais la forme ''he'', féminine, du [[pronom objet proclitique]]. Dans cette phrase, le [[morphème]] ''en'' n'est pa le complémenteur (il s'agit d'ailleurs d'une [[matrice]]).
Il semble que Herrieu puisse aussi produire des formes du verbe ''endevout'' dans laquelle s'insère un [[proclitique objet]]. En (2), le sujet ''ar Mestr'', 'le maître' est masculin. La forme du verbe ''kaout'', 'avoir' n'est pas la forme ''en deus'' mais la forme ''he'', féminine, du [[pronom objet proclitique]]. Dans cette phrase, le [[morphème]] ''en'' n'est probablement pas le complémenteur (et il s'agit d'une [[matrice]]).





Version du 19 août 2015 à 19:19

Le complémenteur déclaratif ou rannig en est restreint à certaines variétés de vannetais.


(1) gant aon mah ouiahe Annaig en en deus ouelet.
avec peur que saurait Anna.DIM que R3SGM a pleuré
'de peur que la petite Anna ne sache qu'il a pleuré.' Vannetais, Ar Meliner (2009:40)


Morphologie

Le morphème en ressemble au rannig e, ou à un pronom objet de forme masculine.

Ce n'est pas plausiblement un objet car il apparaît avec des verbes intransitifs comme avec des objets réalisés.


Syntaxe

distribution

sélectionné par les verbes déclaratifs

(2) ... hag e lâr d'ar vestrez a sell doc'hti get truez, en he deus naon he mamm.
et R dit à'le 1patronne R regarde à.elle avec pitié que R3SGF a faim son mère
'...et elle dit à la patronne qui la regarde avec pitié que sa mère a faim.' Vannetais, Ar Meliner (2009:64)


(3) Gwir eo en en deus tud ar vro-mañ un digarez...,

'C'est vrai que les gens de ce pays ont une excuse...', Vannetais, Herrieu (1994:154)

(4) Goût a raomp emberr en en deus ar Jermaned esaet donet en holl linenn...

'Nous savons bientôt que les Allemands ont essayé de pénétrer nos lignes...', Vannetais, Herrieu (1994:133)


verbe kaout et autres

On trouve massivement ce complémenteur en préface du verbe kaout, 'avoir'.

(5) Hag e teu soñj din en am eus gwelet an dra-se c'hoazh e Breizh-Veur.

'Et je me rappelle avoir déjà vu cela en Grande-Bretagne.', Vannetais, Herrieu (1994:110)


Cependant, on en trouve aussi des formes devant des verbes lexicaux.


(7) Haval guet-n-eign en hou kleuañ doh hum glem.
sembler avec.moi que vous entend à se plaindre
'Il me semble que je vous entend vous plaindre.' Vannetais, Le Bayon (1878:51)


complémenteur ou rannig ?

Le Bayon (1878:51) considère qu'il s'agit d'un allomorphe du rannig e déclenché par les pronoms obliques.

Si il s'agit effectivement d'un rannig qui prend une forme particulière lorsqu'il précède un pronom oblique (proclitique objet ou morphème d'accord du verbe kaout), alors sa particularité étrange est de pouvoir apparaître au dessus d'une autre occurrence du rannig (en am eus, en en deus).

Si il s'agit d'un complémenteur (Force) plus haut dans la structure, alors les cas où le rannig le suit se comprennent. Le problème devient alors l'analyse des phrases matrices où la forme apparaît.


(6) Ha kentizh arruet en o lakaer da c’houarn pontoù…
et sitôt arrivé R les mettre.IMP pour garder ponts
'Et sitôt arrivés on les met à garder des ponts.' Vannetais, Herrieu (1974:47)


Variation dialectale

Pour un recensement de ces formes dans le vannetais de Loeiz Herrieu, voir Châtelier 2015.

A Belle-Île-en-mer, ce complémenteur peut introduire une petite proposition, et donc apparaître devant un infinitif.


(1) Ar vuoh n'hall ket en he bout leue.
le vache ne'peut pas R? 3SGF avoir veau
'La vache ne peut pas avoir de veau' Vannetais (Belle-Île-en-mer), Le Besco (2005:76)


A ne pas confondre

Il semble que Herrieu puisse aussi produire des formes du verbe endevout dans laquelle s'insère un proclitique objet. En (2), le sujet ar Mestr, 'le maître' est masculin. La forme du verbe kaout, 'avoir' n'est pas la forme en deus mais la forme he, féminine, du pronom objet proclitique. Dans cette phrase, le morphème en n'est probablement pas le complémenteur (et il s'agit d'une matrice).


(2) ar Mestr en he deus nac’het…
le Maître R.3SGM la a refusé
'le Maître qui l’a refusée…' Vannetais, Herrieu (1994:76)