Différences entre les versions de « Verbe analytique »

De Arbres
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== Contexte syntaxique ==
== analyse théorique ==


Le contexte syntaxique où apparait cette conjugaison analytique est très particulier: il s'agit des '''environnements de dernier recours pour les ordres à verbe second'''.
Jouitteau (2010) propose que le contexte syntaxique où apparait cette conjugaison analytique coïncide exactement avec les environnements de dernier recours pour les ordres à verbe second.


Cela signifie que cette structure est restreinte aux phrases où l'espace préverbal serait autrement vide:
Cette généralisation obtient que cette structure est restreinte aux phrases où l'espace préverbal serait autrement vide et devrait être rempli:


: - phrases non impératives
: - phrases non impératives (car les phrases impératives sont à verbe initial de toute façon)
: - phrases simples ("matrices") car dans les enchâssées, l'espace préverbal est occupé par le complémenteur.
: - phrases simples ("matrices") car dans les enchâssées, l'espace préverbal est occupé par le complémenteur.
: - phrases sans focus préverbal (en contraste avec [[l'auxiliaire ober en moyen breton]])
: - phrases sans focus préverbal (en contraste avec [[l'auxiliaire ober en moyen breton]])
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Le cas de la négation préverbale est épineux. Ma généralisation prédit qu'à chaque fois qu'un infintif est trouvé au dessus de la négation préverbale, alors cet infinitif doit recevoir une lecture de focalisation. Ceci devrait être étudié en vue des données du moyen breton (cf. [[l'auxiliaire ober en moyen breton]]).
Le cas de la négation préverbale est épineux. Ma généralisation prédit qu'à chaque fois qu'un infinitif est trouvé au dessus de la négation préverbale, alors cet infinitif doit recevoir une lecture de focalisation. Ceci devrait être étudié en vue des données du moyen breton (cf. [[l'auxiliaire ober en moyen breton]]).


Jouitteau (2010) propose que dans les cas de conjugaison analytique, le verbe lexical est excorporé de la tête tensée. L'interface prononce ensuite un auxiliaire par défaut dédié au support des morphèmes de temps, d'aspect et éventuellement d'accord du sujet.
Cette hypothèse permet d'expliquer les cas de [[verbes qui se prennent eux-même comme auxiliaires]], de type '''''Gouzout''' a '''ouzon'''...'' ('savoir R je.sais' > 'Je sais.').
Il s'agirait alors du même procédé d'excorporation, mais avec prononciation de la copie la plus basse qui crée le redoublement.


== à ne pas confondre ==
== à ne pas confondre ==

Version du 12 octobre 2010 à 20:02

La structure auxiliée avec ober est attestée dans de multiples écrits, et dans tous les dialectes.



Effet de discours

La conjugaison analytique est caractérisée par une lecture neutre sur l'infinitif. La tête verbale antéposée ne reçoit en effet pas de lecture focale, ou de topique.

En (1), il est visible qu'il s'agit d'une antéposition de tête verbale, car l'objet du verbe (le VP distag 'Gouten tag' ag ar gwellañ, est postverbal). Le focus de la phrase porte sur le sujet 'nous', avec un pronom sujet écho et son adverbe focalisateur ivez, 'aussi'. Aucun effet d'emphase n'est notable sur le verbe lexical 'essayer'.


(1) Esae a raomp-ni ivez [VP objet distag Gouten tag ag ar gwellañ] .
essayer R faisons.1PL-1PL aussi prononcer Gouten tag P DET mieux
'Nous essayons, nous aussi, de prononcer Gouten tag de notre mieux.' vannetais, Herrieu (1994:288)


Distribution

phrases matrices

La conjugaison analytique en ober avec une tête infinitive est restreinte aux phrases matrices. Elle est toujours illicite dans les enchâssées (Stephens 1982:102).


bloqué par la négation

Cette construction est incompatible avec la négation (Stephens 1982:105).

(2) * Debriñ ne ra ket Yann krampouezh ed-du.
manger NEG fait NEG Yann galette blé-noir
'Yann ne mange pas de galettes de sarrasin.'
Stephens (1982:105)


Ceci fournit un contraste intéressant avec la topicalisation de VP propre à la construction avec ober anaphorique:


(2) Debriñ krampouezh ed-du ne ra ket Yann.
manger galette blé-noir NEG fait NEG Yann
'Yann ne mange pas de galettes de sarrasin.'
Stephens (1982:105)


pas d'extraction longue distance

L'extraction longue distance est illicite avec la conjugaison analytique, ce sui fournit encore un contraste avec la construction avec ober anaphorique.


pas de temps composés

L'auxiliation en ober ne supporte pas d'être elle-même mise à un temps composé, avec un auxiliaire perfectif ou passif.


 (Stephens 1982:106)
 
 "auxiliary ober does not possess all the grammatical properties of a verb, 
 in particular it does not take the perfective nor the passive auxiliary."


(4) * Prenañ az peus graet ur wetur nevez.
acheter R as.2SG fait DET1 voiture neuf
'Tu as acheté une voiture.'
Stephens (1982:103)


(5) * Prenañ a zo graet ur wetur nevez.
acheter R est fait DET1 voiture neuf
'Tu as acheté une voiture.'
Stephens (1982:103)

analyse théorique

Jouitteau (2010) propose que le contexte syntaxique où apparait cette conjugaison analytique coïncide exactement avec les environnements de dernier recours pour les ordres à verbe second.

Cette généralisation obtient que cette structure est restreinte aux phrases où l'espace préverbal serait autrement vide et devrait être rempli:

- phrases non impératives (car les phrases impératives sont à verbe initial de toute façon)
- phrases simples ("matrices") car dans les enchâssées, l'espace préverbal est occupé par le complémenteur.
- phrases sans focus préverbal (en contraste avec l'auxiliaire ober en moyen breton)
- phrases sans négation


Le cas de la négation préverbale est épineux. Ma généralisation prédit qu'à chaque fois qu'un infinitif est trouvé au dessus de la négation préverbale, alors cet infinitif doit recevoir une lecture de focalisation. Ceci devrait être étudié en vue des données du moyen breton (cf. l'auxiliaire ober en moyen breton).

Jouitteau (2010) propose que dans les cas de conjugaison analytique, le verbe lexical est excorporé de la tête tensée. L'interface prononce ensuite un auxiliaire par défaut dédié au support des morphèmes de temps, d'aspect et éventuellement d'accord du sujet. Cette hypothèse permet d'expliquer les cas de verbes qui se prennent eux-même comme auxiliaires, de type Gouzout a ouzon... ('savoir R je.sais' > 'Je sais.'). Il s'agirait alors du même procédé d'excorporation, mais avec prononciation de la copie la plus basse qui crée le redoublement.

à ne pas confondre

Tous les ordres de mots avec un infinitif à l'initiale devant un auxiliaire ober, 'faire' ne sont pas des cas de conjugaison analytique.

Certains sont des cas d'antéposition de VP avec l'auxiliaire anaphorique ober. Leurs propriétés syntaxiques sont différentes.