Ya

De Arbres

L'interjection Ya réalise un acte de discours d'assentiment à une phrase positive.


(1) Oh ya, betek ma vez al labour a renke bezañ graet.
oh oui jusqu'à que4 est le travail R1 devait être fait
'Oh oui, tant qu'il y avait du travail à faire.'
Anna Colin [01/1984] Cornouaille (Plouhinec), Ouest en mémoire


On l'utilise aussi pour les réponses aux questions.


Morphologie

variation de niveau de langue

Dans un niveau de langue familier, Ya ! peut se trouver sous la forme Yey !, qui a à priori la même syntaxe.


(2) Yey, setu unan eus e zeizioù mat...
ouais ! voici un de son1 jour.s bon
'Ouais, il est dans un de ses bons jours... '
Standard, Monfort (2007:4)


(3) Yey, atav vez tud chañsus...
ouais ! toujours est gens chanc.eux
'Ouais, Yen a toujours qu'ont de la chance ...'
Standard, Monfort (2007:8)


intensification Ya da

L'interjection ya peut être renforcée par da !, d'une manière qui rappelle le moyen français oui da 'Oui, certainement', 'Oui, bien sûr, c’est ça', 'vraiment !', 'En vérité !'.


(4) Ya da, Aotrounez kelaouennerien, a-drugarez din eo bet kavet an dalc'h !
oui da ! monsieur.s journal.istes à1-merci de.moi est été trouvé le hameçon
'Oui, messieurs les journalistes, c'est grâce à moi que le pot aux roses a été découvert.'
Standard, Kervella (2002b:61)


L'usage de Ya da ! est standard (Kervella 2002b:61), et se retrouve dans des dialectes traditionnels. Menard & Bihan (2016-) en relèvent des exemples dans Inisan (1878a). Boutier (1986) utilise ya da ! en breton oral de Kerien en Nord Cornouaille. Ya da ! 'Bien sur !' est courant sous la plume d'Angela Dival. À Bégard, Yekel, Georgelin & Ar C'hozh (2015-) relèvent da ! après ya, geus 'si' ou ket 'pas', là où on trouverait en standard eta 'donc' ou son abrégé 'ta (N'eo ket 'ta ?).


Il s'agit d'un emprunt du domaine roman vers le domaine celtique, mais la datation de cet emprunt est dans une fourchette très large. Le da dans le oui da français vient d'une formation en diva, où di est l'impératif de dire et va celui de aller. L'ensemble a formé une interjection qui s'est simplifiée en dia puis dea, da. Ils s'employaient en isolation, puis n'ont plus servi qu'à renforcer l'affirmation ou la négation (Diament 1972). CNRTL relève oïl dea en 1396 et ouy da en 1606. Si l'affirmation oui-da a disparu du français standard du XXI°, elle apparaissait encore comme évidemment contemporaine fin XIX° puisque dans les traductions de mots encore plus anciens la contiennent dans Bos (1891).

Syntaxe

catégorie

Le fait qu'on puisse utiliser ya en isolation, pourvu que le contexte pragmatique s'y prête, en fait plutôt une interjection qu'une particule de discours.

Ya n'est pas une onomatopée car son contenu phonologique ne mimique aucun son extra-langagier. Ce n'est pas non plus un idéophone - sa forme et son sens sont liés de manière entièrement arbitraire.


Horizons comparatifs

Tout à fait anecdotiquement, on peut comparer le marquage d'assentiment breton O ya avec le morphème /oja/ oya du rundi, qui signifie 'non' (Rodegem 1983:318).


Bibliographie

horizons comparatifs

  • Diament, Henri. 1972. 'The etymology of French "da"', Fisher, J., & Gaeng, P. A. (éds.), Studies in Honor of Mario A. Pei, University of North Carolina Press, 63-76.
  • Bos, Alphonse. 1891. Glossaire de langue d'oïl (XIe-XIVe siècles) : contenant les mots vieux-français hors d'usage, leur explication, leur étymologie et leur conciordance avec le provençal et l'italien, Paris, Maisonneuve, texte.
  • Rodegem F. 1983. 'L'expressivité dans les invariables indépendants et les tics verbaux en rundi', Africana Linguistica 9, 305-340, texte.