Différences entre les versions de « X di-X »

De Arbres
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|||après [[R]] sont ||tapé ||et ||/di-tapé/ tout || comme-juste
|||après [[R]] sont ||tapé ||et ||/di-tapé/ tout || comme-juste
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| ||colspan="4" |'Après, ils sont meurtris bien sûr.' ||||||||||||''Leon'', [[Blaz an douar]], p.152.
| ||colspan="4" |'Après, ils sont meurtris bien sûr.' ||||||||||||''Léon'', [[Mellouet & Pennec (2004)|Mellouet & Pennec (2004]]:152).
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Version du 18 octobre 2010 à 12:42

La reduplication a-perfective X di-X est une opération morphologique de reduplication productive en breton. Elle a l'effet sémantique de supprimer la borne de fin d'un prédicat verbal ou adjectival.

En (1), le premier verbe lojañ signifie '(se) loger'. Le morphème di- qui peut s'y préfixer donne son contraire: 'déménager'. Les deux verbes accolés donnent une structure de reduplication a-perfective: en (1), l'effet sémantique est la suppression de la borne de fin de l'action: la famille emménage et déménage et emménage et déménage dans un mouvement de va-et-vient sans fin.


(x) Lojañ-dilojañ a reas ar familh, ken na reas.
loger-di.loger R fit.3SG DET famille autant NEG fit.3SG
'La famille déménagea tant et tant (sans fin).' standard, Denez (1993:33)


Distribution

Il existe de multiples exemples de cette construction dans Gros (1984:82-84).


Verbe-di-Verbe

La construction reduplicative [V-di.V] du verbe est productive avec différents verbes. Elle existe aussi bien avec un verbe tensé (y), participe (x) ou infinitif (z).


(x) Brallet-divrallet e oa war azezenn a-dreñv karr e dud
branler-di.branler R était.3SG sur siège arrière voiture POSS.3SGM parents
'Il était secoué de tous côtés sur le siège arrière de la voiture de ses parents.' standard, Dupuy (2007:26)


(y) ... ken e koeñve-digoeñve toennoù al lestr mein.
tant.que R enflait-di.enflait toits DET vaisseau pierre
'tant que les toits du vaisseau de pierre respiraient (se mettaient à s'enfler et se désenfler).' standard, Dupuy (2007:25)


(y) kaset ha digaset, 'être trainé', Gros (1984:58)


(z) hejañ-dihejañ, bountañ-divountañ(Dico Favereau)

chetañ-dichetañ: trimbaler, chetet ha dichetet (Poher, dico Favereau)
toullañ-didoullañ, (dico An Here I)


Adjectif-di-Adjectif

L'adjectif peut être un déverbal, il peut ne pas muter, et il peut recevoir un modificateur perfectif ("-tout"):


(x) Goude e vezont bloñset ha dibloñset tout evel-just.
après R sont tapé et /di-tapé/ tout comme-juste
'Après, ils sont meurtris bien sûr.' Léon, Mellouet & Pennec (2004:152).


kemm-digemm: "interchangeable, très changeant" (dico Favereau)
klañv-diglañv (dico An Here I)


rôle sémantique de di- dans la construction x (ha) di-X

 Dico An Here I: 
 "Troiennoù a vez geriet ganto un ober pe ur stad a c'hoarvez en-dro a bennadoù stank." 


 Gros (1984:374): "ce préfixe [di-] sert à former des locutions à deux termes: 
 le positif et son contraire, exprimant la répétition ou la continuation d'une action ou d'un état: 
 
 ruillet ha diruillet, /roulé et déroulé/, 'balloté'
 trei ha distrei, 'continuer à tourner et à virer'... "
 
 
 Gros (1984:82): Le préfixe di- placé devant un verbe en forme un second de sens contraire 
 La réunion de ces deux verbes marque un aller et retour, une tournée parachevée, une action répétée ou continue.
 
 Comparer le français: il a son dit et son dédit, des tours et des détours, rouler et dérouler
 

treiñ ha distreiñ (dico An Here I)
taoler ha distaoler: "taolet ha distaolet d'an eil soñj d'egile"


Dans les structures reduplicatives en X di-X, l'effet sémantique obtenu semble à première vue différent, car il force une lecture itérative ou de non complétion. Cependant, si on considère que dans ces constructions, le préfixe di- applique le degré zéro sur la borne de fin de l'action exprimée par un verbe, ou le degré de seuil qualitatif d'un état, on obtient exactement l'effet progressif désiré. Dans cette mesure, le préfixe di- dans les structures reduplicatives n'est pas spécialisé pour cette structure et emprunte à un préfixe indépendamment présent dans la langue.