Comparatif de supériorité

De Arbres

La façon canonique de construire une structure de comparaison de supériorité est d'adjoindre le suffixe -oc'h à un adjectif épithète ou attribut, un adverbe ou même parfois un nom.


(1) [ kani i brør zu brasɔχ ]
Kani he breur zo brasoc'h
celui son frère est grand.plus
'Celui/celle de son frère est plus grand.e.' Bas-vannetais, Nicolas (2005:49)


Morphologie

La variation dialectale du morphème -oc'h du comparatif de supériorité est documentée dans la carte 155 de Le Dû (2001), par une traduction du français 'plus sec', et la carte 048, traduction de 'plus léger'.


diminutif: -ikoc'h et -oc'hig

Le morphème comparatif de supériorité apparaît en fin de mot. Il peut cependant apparaître avant ou après un morphème diminutif:


(3) [solãʒ wɛ kòhitʃɔχ] / [brazətʃɔχ]
Solange 'oa koshikoc'h brazikoc'h
Solange était vieux.DIM.plus beau.DIM.plus
'Solange était un peu plus vieille/belle' Bas-vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:19)


(4) Gwashoc’hik e c’hoarvezas, e-pad ar studiadenn a nav eur.
pire.DIM R arriva pendant le étude de neuf heure
'Il se passa pire pendant l'étude de neuf heures.' Standard, Drezen (1990:15)


(5) N'ouzomp ket hag hiroc'hik he doa ar son da larout _ diwar-benn ebatoù maner Kervanous.
ne'savons pas si long.plus.DIM avait le son à dire sur ébats manoir Kervanous
'Nous ne savons pas si la chanson en disait plus long sur les ébats du manoir Kervanous...'
Léon, Abeozen (1986:38)


comparatifs irréguliers

Le comparatif de supériorité du quantifieur kalz est muioc'h.


(5) [ i vrør myɔh a dawl awɛtõ ]
E vreur 'deus muioc'h a daol evitoñ.
son frère a plus de coup que.lui
'Son frère travaille mieux que lui (il a plus le coup pour travailler).'
Bas-vannetais, Nicolas (2005:18)


Dans tous les dialectes, le comparatif de supériorité de l'adjectif mat, 'bien', est gwell(oc'h).


(6) Houmañ 'zo gwelloc'h 'vitañ.
celle.ci est mieux que.lui
'Elle est mieux que lui.' Goëlo, Koadig (2010:44)


Le morphème comparatif gwell- peut aussi être suivi de /a/ suivi d'un singulatif.


(7) Deut 'z eus gwellaenn.
venu R est mieux.le.plus.un
'Il est apparu une amélioration.' Favereau (1997:§443)

Syntaxe

réalisation du second terme de comparaison

L'élément de comparaison peut être réalisé ou non. Si il est réalisé par un nom, il est introduit par la préposition/complémenteur eget (en Léon ou en standard) ou la préposition evit (Leclerc 1986:130).


(1) [ jøãkɔhɔnmi awɛ marja ]
Yaouankoc'h on-me evit Maria.
jeune.plus suis-moi que Maria
'Je suis plus jeune que Maria.' Bas-vannetais, Nicolas (2005:18)


Le second terme de comparaison peut être une proposition enchâssée.


(2) [ di'ɛsoh ɛˌhwa vi ma 'ʒõ:ʒɛn ]
Diaesoh eo c’hoaz evid ma zoñjen.
difficile.plus est encore que que pensais
'C’est encore plus difficile que je ne le pensais.' Plozévet, Goyat (2012:200)


Leclerc (1986:130) note que le comparatif de supériorité est souvent suivi en breton de a-se, a-ze, 'par suite de cela'.


(3) An dour na vo nemet tommoc'h a ze.
le eau ne.R sera seulement chaude.plus de ça
'L'eau n'en sera que plus chaude' Tréguier, Leclerc (1986:130)

modification du degré de supériorité

(4) [ on ta 'ma:dˌɡɥɛloh vid ar blwa pa'se:d nøz la'bu:rɛd ]
Eun tamm mad gwelloh evid ar bloaz passeet e-neus labouret.
un morceau bon mieux que le année passé a travaillé
'Il a bien mieux travaillé que l’an dernier.' Plozévet, Goyat (2012:200)


(5) [ on ta'miɡ di'vɛtoh ɛ'ry:ɛd ]
Eun tammig diwezatoh eo erruet
un morceau.DIM tard.plus est arrivé
'Il est arrivé un peu plus tard.' Plozévet, Goyat (2012:201)

Sémantique

Le suffixe -oc'h a pour effet d'intensifier le degré de la qualité des adjectifs. Lorsqu'il se trouve sur un nom, il a pour effet d'intensifier le degré de la qualité prototypique de ce nom.

(3) [ nosɔχ tiɥɛlɔχ ]
Nosoc'h zo teñveloc'h.
nuit.plus est sombre.plus
'Plus il fait nuit, plus il fait sombre.' Bas-vannetais, Nicolas (2005:18)


  • mintinoh, 'plus tôt le matin', Plozévet, Goyat (2012:198)


reduplication progressive

Pour obtenir l'effet sémantique d'une progressive augmentation de la qualité d'un adjectif, on utilise une reduplication de l'adjectif, le premier portant la marque -oc'h du comparatif de supériorité, le second portant la marque -añ du superlatif.

Cette opération est productive.

koshoc'h-kosh, /vieux.plus-vieux.le.plus/, > 'de plus en plus vieux'
gwelloc'h-gwell, /mieux.plus-mieux.le.plus/, > 'de mieux en mieux'
bravoc'h-brav, /beau.plus-beau.le.plus/, > 'de plus en plus beau'


variation dialectale

On trouve des occurrences sans le superlatif final, tout du moins dans les cas où la racine indique la présence du superlatif.


(1) Hag e lope warno gwashoc'h-gwazh.
et R tapait sur.eux pire.plus-pire
'Et il leur tapait dessus de pire en pire.' Léon, Abeozen (1986:62)


On note une variation dialectale dans la productivité de la reduplication progressive. Goyat (2012:206) note que cette structure est très peu utilisée à Plozévet, voire "inusitée par beaucoup de locuteurs".

Terminologie

Le comparatif de supériorité est désigné en breton par le terme derez-muioc'h, (Evenou 1987:526), ou derez-uheloc'h (Chalm 2008).

Press (1986:233) traduit derez-uheloc'h par l'anglais comparative degree.