Différences entre les versions de « Structure syntaxique »

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Une phrase, qu'elle soit écrite, prononcée ou entendue, est contrainte à un ordre linéaire. Ses éléments peuvent être ordonnés sur un axe unique, celui du temps. Le sens de cette phrase, lui, est fondamentalement hiérarchique.
Une phrase, qu'elle soit écrite, prononcée ou entendue, est contrainte à un ordre linéaire temporel - les mots sont prononcés les uns après les autres. Les éléments peuvent être ordonnés sur un axe unique, celui du temps. Le sens de cette phrase, lui, est fondamentalement hiérarchique.


La structure syntaxique est la structure de médiation entre le sens, de structure hiérarchisée, et la réalisation phonologique des phrases, linéarisée.   
La structure syntaxique est la structure de médiation entre le sens, de structure hiérarchisée, et la réalisation phonologique des phrases, linéarisée par le message linguistique.   


La structure syntaxique est construite à partir des structures plus petites des éléments du [[lexical|lexique]] et d'éléments [[fonctionnels]], [[soudés]] les uns aux autres. Les relations de [[vérification de traits]], d'[[accord]] et de [[système casuel|cas]], les [[mouvements]] liés à la [[structure informationnelle]] sont opérés dans la structure syntaxique.


== de la grammaire structurale à l'étude des structures syntaxiques ==


== L'ordre linéaire n'est qu'un indice de la structure syntaxique ==
[[Gagnepain (1960)]] appelait à une description structurale du breton, à son appréhension en tant que système linguistique, conformément au structuralisme de Ferdinand de Saussure. Il fut suivi en cela par [[Urien (1982)]] et ses travaux suivants.
Le structuralisme s'attache à dégager la fonction des éléments linguistiques en relation avec les autres éléments de cette langue. Ce cadre théorique n'implique pas l'idée de structure syntaxique, de hiérarchie entre les éléments de la phrase. Seuls existent les éléments et leurs possibles relations individuelles. Ces relations ne peuvent pas être comparées entre langues, car elles sont définies par leur contexte langagier propre.
 
  [[Gagnepain (1962)|Gagnepain (1962]]:44):
  "On sait désormais que, dans le continu psychique, chaque langue opère, pour son compte, un découpage dont les éléments, définis l’un par l’autre et non plus par leur contenu, sont tout, moins seulement ce que sont les autres et, comme tels, ne s’avèrent à aucun degré transposables. Or, la même raison qui permit à Lavoisier de régler le sort de 1’« esprit de sel » entrave précisément le progrès du structuralisme. Loin d’aboutir à l’unité, en effet, nos analyses, non dans leurs méthodes, bien sûr, mais dans leurs résultats, nous séparent, comme nos langues : chacune, se trouvant être un système complet du monde, doit être décrite sans référence à d’autres systèmes, en termes qui n’ont de sens que dans le cadre du sien."
 
 
L'école [[générativiste]], d'influence anglo-saxonne, débute dans le domaine breton avec [[Anderson & Chung (1977)]], puis la thèse de la trégorroise [[Stephens (1982)]]. La phrase bretonne y est comprise comme une structure hiérarchisée d'éléments en relation entre eux. Cette structure est comparable aux structures des autres langues du monde, ainsi que les règles qui s'appliquent dans cette structure.
En [[grammaire générative]], la structure syntaxique est construite à partir des structures plus petites des éléments du [[lexical|lexique]] et d'éléments [[fonctionnels]], [[soudés]] les uns aux autres en un [[arbre syntaxique]], à la manière imagée d'un jeu de légos. C'est dans cette structure syntaxique que sont opérées les relations de [[vérification de traits]], d'[[accord]] et de [[système casuel|cas]], les [[mouvements]] liés à la [[structure informationnelle]] qui obtiennent l'ordre des mots. Le but de la grammaire générative est de construire des règles qui produisent ("génèrent") des phrases grammaticales, et qui peuvent prédire exactement quelles phrases seront agrammaticales, pour réaliser une modélisation de la grammaire interne des locuteurs.
 
=== L'ordre linéaire n'est qu'un indice de la structure syntaxique ===


Il existe quelques exemples frappants dans la langue, qui montrent que la structure syntaxique ne coïncide pas avec la structure linéaire.  
Il existe quelques exemples frappants dans la langue, qui montrent que la structure syntaxique ne coïncide pas avec la structure linéaire.  




=== accord ===
==== accord ====


En (1), le sujet logique de ''kouezhañ e poultrenn'' 'tomber en poussière' co-réfère avec le groupe nominal pluriel ''ar pajennoù'' 'les pages'. Si le système d'accord était restreint à la linéarité, rien n'empêcherait le verbe de s'accorder avec son sujet pluriel (ce qui donne un rsultat 3SG dans la grammaire de l'[[accord]] en breton, selon l'[[effet de complémentarité]]). Au contraire, le verbe se comporte comme si ''ar pajennoù'' ne faisait pas partie de son domaine. En effet, structuralement, ''ar pajennoù'' est enfoncé profondément dans la [[conditionnelle]] dont il est l'objet. Le rannig ''e'' devant ''kouezhont'' montre aussi que pour l'ensemble verbal, ce qui le précède n'est pas un groupe nominal.  
En (1), le sujet logique de ''kouezhañ e poultrenn'' 'tomber en poussière' co-réfère avec le groupe nominal pluriel ''ar pajennoù'' 'les pages'. Si le système d'accord était restreint à la linéarité, rien n'empêcherait le verbe de s'accorder avec son sujet pluriel (ce qui donnerait, selon l'[[effet de complémentarité]], typique de l'[[accord]] en breton, un accord verbal 3SG). Au contraire, le verbe se comporte comme si ''ar pajennoù'' ne faisait pas partie de son domaine. C'est que structuralement, ''ar pajennoù'' est enfoncé profondément dans la [[conditionnelle]] dont il est l'[[objet]]. En (1), le [[rannig]] ''e'' devant ''kouezhont'' confirme que pour l'ensemble verbal, ce qui le précède n'est pas un groupe nominal.  




{| class="prettytable"
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|(1)|| <font color=green>[</font color=green> Ma ne vez ket kemeret ||evezh bras evit || treiñ ||<u>ar pajennoù</u> <font color=green>]</font color=green> || e kouezh'''ont''' || e poultenn.||||||''Morlaix'', [[Herri (1982)|Herri (1982]]:30)
|(1)|| <font color=green>[</font color=green> Ma ne vez ket kemeret ||evezh bras evit || treiñ ||<u>ar pajennoù</u> <font color=green>]</font color=green> || e kouezh'''ont''' || e poultrenn.||||||''Morlaix'', [[Herri (1982)|Herri (1982]]:30)
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| ||  [[ma|si]]<sup>[[4]]</sup> [[ne]]<sup>[[1]]</sup> [[vez|est]] [[ket|pas]] [[kemer|pris]] || attention [[bras|grand]] [[evit|pour]] ||[[treiñ|tourner]] ||[[art|le]] pages || [[R]]<sup>[[4]]</sup> [[kouezhañ|tombent]] [[P.e|en]] poussière
| ||  [[ma|si]]<sup>[[4]]</sup> [[ne]]<sup>[[1]]</sup> [[vez|est]] [[ket|pas]] [[kemer|pris]] || attention [[bras|grand]] [[evit|pour]] ||[[treiñ|tourner]] ||[[art|le]] pages || [[R]]<sup>[[4]]</sup> [[kouezhañ|tombent]]|| [[P.e|en]] poussière
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|||colspan="4" | 'Si on ne tourne pas les pages avec grande attention, elles tombent en poussière.'
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=== quantifieurs flottants ===
==== quantifieurs flottants ====


Les cas de [[mouvement syntaxique]] sont assez facilement repérables, comme dans le cas des [[quantifieurs flottants]].  
Les cas de [[mouvement syntaxique]] sont assez facilement repérables, comme dans le cas des [[quantifieurs flottants]].  
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|(2)|| <font color=green>[</font color=green>'''An dud''' <font color=green>]</font color=green><sub>''i''</sub> ||a ouie|| dont <font color=green>[</font color=green> '''tout''' <font color=green> _ ]</font color=green><sub>''i''</sub> ||da di ''Mémère''|| neuze.   
|(2)|| <font color=green>[</font color=green>'''An dud''' <font color=green>]</font color=green><sub>''i''</sub> ||a ouie|| dont <font color=green>[</font color=green> '''tout''' <font color=green> _ ]</font color=green><sub>''i''</sub> ||da di ''Mémère''|| neuze.   
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| || [[art|le]] gens ||[[R]] [[Auxiliaire gouzout|AUX]]|| [[dont|venir]] tous ||[[da|à]] maison ''Mémère''|| [[neuze|alors]]
| || [[art|le]] <sup>[[1]]</sup>[[tud|gens]] ||[[R]] [[Auxiliaire gouzout|AUX]]|| [[dont|venir]] [[tout|tous]] ||[[da|à]]<sup>[[1]]</sup> [[ti|maison]] ''Mémère''|| [[neuze|alors]]
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|||colspan="4" | 'Les gens venaient alors tous chez ''Mémère''.'||||||||| ''Bas-Cornouaillais (Tréboul)'', [[Hor Yezh (1983)|Hor Yezh (1983]]:75-76)
|||colspan="4" | 'Les gens venaient alors tous chez ''Mémère''.'||||||||| ''Bas-Cornouaillais (Tréboul)'', [[Hor Yezh (1983)|Hor Yezh (1983]]:75-76)
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Dans la [[dérivation]] de la structure syntaxique, le bloc ''tout an dud'' a été formé. Ensuite, le groupe nominal ''an dud'' est [[antéposé]] seul en zone préverbale, laissant son [[quantifieur]] dans le [[champ du milieu]].
Dans la [[dérivation]] de la structure syntaxique, le bloc ''tout an dud'' a été formé. Ensuite, le groupe nominal ''an dud'' est [[antéposé]] seul en zone préverbale, laissant son [[quantifieur]] dans le [[champ du milieu]].


== Le sens dépend de la structure assignée à une phrase ==
=== le sens dépend de la structure assignée à une phrase ===


 
Dans le sens de la phrase en (3) tel que traduit par [[Ar Borgn (2011)]], l'[[agent]] de l'action est ''ma mestr-skol''. En (4), la structure assignée est différente. Le verbe passif ''lakaet'' n'a plus de complément d'[[agent]] exprimé, et le groupe syntaxique ''get ma mestr-skol'' modifie l'[[adjectif]] ''sot''. Il y a deux lectures possibles de la phrase car il y a deux structures syntaxiques différentes que l'on peut leur assigner le sens vient de la combinaison hiérarchisée des éléments entre-eux.
Dans le sens de la phrase en (3) tel que traduit, la structure syntaxique comprend un complément d'[[agent]] pour la forme passive ''lakaet''.  




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| (3) ||Lakaet ||e oan <font color=green>[</font color=green> sot <font color=green>]</font color=green>|| <font color=green>[</font color=green> get ma mestr-skol <font color=green>]</font color=green>.
| (3) ||Lakaet ||e oan <font color=green>[</font color=green> sot <font color=green>]</font color=green>|| <font color=green>[</font color=green> get ma mestr-skol <font color=green>]</font color=green>.
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| || [[lakaat|mis]] ||[[R]] [[COP|étais]] sot|| [[gant|avec]] [[POSS|mon]]<sup>[[2]]</sup> maître-école
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En (4), la structure assignée est différente. Le verbe passif ''lakaet'' n'a plus de complément d'agent, et ''get ma mestr-skol'' modifie l'adjectif ''sot''. Il y a deux lectures possibles de la phrase en (2) et (3) car il y a deux structures syntaxiques différentes que l'on peut leur assigner.




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| (4) ||Lakaet ||e oan <font color=green>[</font color=green>sot <font color=green>[</font color=green> || get ma mestr-skol <font color=green>]]</font color=green>.
| (4) ||Lakaet ||e oan <font color=green>[</font color=green>sot <font color=green>[</font color=green> || get ma mestr-skol <font color=green>]]</font color=green>.
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| || [[lakaat|mis]] ||[[R]] [[COP|étais]] sot|| [[gant|avec]] [[POSS|mon]]<sup>[[2]]</sup> maître-école
| || [[lakaat|mis]] ||[[R]] [[COP|étais]] sot|| [[gant|avec]] [[POSS|mon]]<sup>[[2]]</sup> [[mestr|maître]]-[[skol|école]]
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|||colspan="4" | 'Je tombais amoureux(/se) de mon instituteur.'  
|||colspan="4" | 'Je tombais amoureux(/se) de mon instituteur.'  
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== Niveaux de représentation ==
== Niveaux de représentation ==


La structure syntaxique et sa [[dérivation]] peuvent être représentées visuellement sous forme de structure [[arborescente]], ou avec un système de crochets qui découpent les [[constituants]] (pour une première approche rapide, voir D'Alessandro 2019).
La structure syntaxique est bien formée lorsqu'elle obtient un résultat correct dans les deux [[niveaux de représentation]]: la [[forme logique]] et la [[forme phonologique]].
== Bibliographie ==


La structure syntaxique et sa [[dérivation]] peuvent être représentées sous forme de structure [[arborescente]], ou avec un système de crochets qui découpent les [[constituants]].
=== breton ===


* [[Gagnepain (1960)|Gagnepain, J. 1960]]. 'Pour une description structurale du breton', ''[[Annales de Bretagne]]'' 67:377-388, [https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1960_num_67_4_2114 texte].


La syntaxe ne constitue cependant pas un [[niveau de représentation]] dans le sens de la [[forme logique]] ou de la [[forme phonologique]].


=== horizons théoriques ===


= Bibliographie =
* Chomsky, Noam. 1969. ''Structures syntaxiques'', Points.


Chomsky, Noam. 1969. ''Structures syntaxiques'', Points.
* D'Alessandro, Roberta. 2019. ''Syntax for dummies. How to read (and draw) syntactic trees'', ms. de vulgarisation. [https://ling.auf.net/lingbuzz/004774 texte].


[[Category:fiches|Categories]]
[[Category:fiches|Categories]]

Version du 13 juillet 2020 à 19:25

Une phrase, qu'elle soit écrite, prononcée ou entendue, est contrainte à un ordre linéaire temporel - les mots sont prononcés les uns après les autres. Les éléments peuvent être ordonnés sur un axe unique, celui du temps. Le sens de cette phrase, lui, est fondamentalement hiérarchique.

La structure syntaxique est la structure de médiation entre le sens, de structure hiérarchisée, et la réalisation phonologique des phrases, linéarisée par le message linguistique.


de la grammaire structurale à l'étude des structures syntaxiques

Gagnepain (1960) appelait à une description structurale du breton, à son appréhension en tant que système linguistique, conformément au structuralisme de Ferdinand de Saussure. Il fut suivi en cela par Urien (1982) et ses travaux suivants. Le structuralisme s'attache à dégager la fonction des éléments linguistiques en relation avec les autres éléments de cette langue. Ce cadre théorique n'implique pas l'idée de structure syntaxique, de hiérarchie entre les éléments de la phrase. Seuls existent les éléments et leurs possibles relations individuelles. Ces relations ne peuvent pas être comparées entre langues, car elles sont définies par leur contexte langagier propre.

 Gagnepain (1962:44):
 "On sait désormais que, dans le continu psychique, chaque langue opère, pour son compte, un découpage dont les éléments, définis l’un par l’autre et non plus par leur contenu, sont tout, moins seulement ce que sont les autres et, comme tels, ne s’avèrent à aucun degré transposables. Or, la même raison qui permit à Lavoisier de régler le sort de 1’« esprit de sel » entrave précisément le progrès du structuralisme. Loin d’aboutir à l’unité, en effet, nos analyses, non dans leurs méthodes, bien sûr, mais dans leurs résultats, nous séparent, comme nos langues : chacune, se trouvant être un système complet du monde, doit être décrite sans référence à d’autres systèmes, en termes qui n’ont de sens que dans le cadre du sien."


L'école générativiste, d'influence anglo-saxonne, débute dans le domaine breton avec Anderson & Chung (1977), puis la thèse de la trégorroise Stephens (1982). La phrase bretonne y est comprise comme une structure hiérarchisée d'éléments en relation entre eux. Cette structure est comparable aux structures des autres langues du monde, ainsi que les règles qui s'appliquent dans cette structure. En grammaire générative, la structure syntaxique est construite à partir des structures plus petites des éléments du lexique et d'éléments fonctionnels, soudés les uns aux autres en un arbre syntaxique, à la manière imagée d'un jeu de légos. C'est dans cette structure syntaxique que sont opérées les relations de vérification de traits, d'accord et de cas, les mouvements liés à la structure informationnelle qui obtiennent l'ordre des mots. Le but de la grammaire générative est de construire des règles qui produisent ("génèrent") des phrases grammaticales, et qui peuvent prédire exactement quelles phrases seront agrammaticales, pour réaliser une modélisation de la grammaire interne des locuteurs.

L'ordre linéaire n'est qu'un indice de la structure syntaxique

Il existe quelques exemples frappants dans la langue, qui montrent que la structure syntaxique ne coïncide pas avec la structure linéaire.


accord

En (1), le sujet logique de kouezhañ e poultrenn 'tomber en poussière' co-réfère avec le groupe nominal pluriel ar pajennoù 'les pages'. Si le système d'accord était restreint à la linéarité, rien n'empêcherait le verbe de s'accorder avec son sujet pluriel (ce qui donnerait, selon l'effet de complémentarité, typique de l'accord en breton, un accord verbal 3SG). Au contraire, le verbe se comporte comme si ar pajennoù ne faisait pas partie de son domaine. C'est que structuralement, ar pajennoù est enfoncé profondément dans la conditionnelle dont il est l'objet. En (1), le rannig e devant kouezhont confirme que pour l'ensemble verbal, ce qui le précède n'est pas un groupe nominal.


(1) [ Ma ne vez ket kemeret evezh bras evit treiñ ar pajennoù ] e kouezhont e poultrenn. Morlaix, Herri (1982:30)
si4 ne1 est pas pris attention grand pour tourner le pages R4 tombent en poussière
'Si on ne tourne pas les pages avec grande attention, elles tombent en poussière.'


quantifieurs flottants

Les cas de mouvement syntaxique sont assez facilement repérables, comme dans le cas des quantifieurs flottants.

En (2), le quantifieur flottant tout apparaît séparé du groupe nominal an dud qu'il quantifie.


(2) [An dud ]i a ouie dont [ tout _ ]i da di Mémère neuze.
le 1gens R AUX venir tous à1 maison Mémère alors
'Les gens venaient alors tous chez Mémère.' Bas-Cornouaillais (Tréboul), Hor Yezh (1983:75-76)


Dans la dérivation de la structure syntaxique, le bloc tout an dud a été formé. Ensuite, le groupe nominal an dud est antéposé seul en zone préverbale, laissant son quantifieur dans le champ du milieu.

le sens dépend de la structure assignée à une phrase

Dans le sens de la phrase en (3) tel que traduit par Ar Borgn (2011), l'agent de l'action est ma mestr-skol. En (4), la structure assignée est différente. Le verbe passif lakaet n'a plus de complément d'agent exprimé, et le groupe syntaxique get ma mestr-skol modifie l'adjectif sot. Il y a deux lectures possibles de la phrase car il y a deux structures syntaxiques différentes que l'on peut leur assigner le sens vient de la combinaison hiérarchisée des éléments entre-eux.


(3) Lakaet e oan [ sot ] [ get ma mestr-skol ].
mis R étais sot avec mon2 maître-école
'Je passais pour fou auprès de mon instituteur.' Le Scorff, Ar Borgn (2011:102)


(4) Lakaet e oan [sot [ get ma mestr-skol ]].
mis R étais sot avec mon2 maître-école
'Je tombais amoureux(/se) de mon instituteur.'
littéralement: 'On me mettait idiot par mon instituteur.'


Niveaux de représentation

La structure syntaxique et sa dérivation peuvent être représentées visuellement sous forme de structure arborescente, ou avec un système de crochets qui découpent les constituants (pour une première approche rapide, voir D'Alessandro 2019).

La structure syntaxique est bien formée lorsqu'elle obtient un résultat correct dans les deux niveaux de représentation: la forme logique et la forme phonologique.


Bibliographie

breton


horizons théoriques

  • Chomsky, Noam. 1969. Structures syntaxiques, Points.
  • D'Alessandro, Roberta. 2019. Syntax for dummies. How to read (and draw) syntactic trees, ms. de vulgarisation. texte.