Différences entre les versions de « Standard, standardisation »

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Au XX°, le breton standard est considéré, principalement pour des raisons politiques extra-grammaticales, soit comme équidistant des dialectes, eux-même proches en structure, soit comme radicalement étranger aux variétés traditionnelles.
Au XX°, le breton standard est considéré, principalement pour des raisons politiques extra-grammaticales, soit comme équidistant des dialectes, eux-même proches en structure, soit comme radicalement étranger aux variétés traditionnelles.
==== hypothèses d'une distance forte du standard ====


Mari Jones (1998) utilise le terme de "xénolecte", considérant que la langue standard caractéristique du système scolaire du XX° est une forme linguistique qui, si elle est parlée de façon native, l'est par des natifs éduqués par des enseignants eux-même non-natifs, et a changé tellement radicalement qu'elle est devenue fondamentalement étrangère aux [[variétés dialectales]] parlées traditionnellement. Ce terme de xénolecte essaie de cerner un état de changement qui ne va pas jusqu'à la créolisation ([[Timm (2005)|Timm 2005]]).
Mari Jones (1998) utilise le terme de "xénolecte", considérant que la langue standard caractéristique du système scolaire du XX° est une forme linguistique qui, si elle est parlée de façon native, l'est par des natifs éduqués par des enseignants eux-même non-natifs, et a changé tellement radicalement qu'elle est devenue fondamentalement étrangère aux [[variétés dialectales]] parlées traditionnellement. Ce terme de xénolecte essaie de cerner un état de changement qui ne va pas jusqu'à la créolisation ([[Timm (2005)|Timm 2005]]).
==== hypothèses d'une distance mesurée du standard ====
[[Kennard & Lahiri (2017)]] ont étudié sur plusieurs générations de locuteurs la distribution et la réalisation acoustique de la [[mutation mixte]] après la particule ''[[particule o|o]]''<sup>[[4]]</sup> [[progressive]]. Ils n'ont pas noté de différence entre les jeunes adultes et les plus vieilles générations. Seuls les enfants scolarisés dans le primaire diffèraient, avec une normalisation des productions si ils ont un input suffisant dans la langue dans la prime adolescence.


== Références ==
== Références ==

Version du 11 janvier 2017 à 16:45

La standardisation de la langue est le processus d'unification de différentes variétés dialectales d'une langue donnée.


Linguistique normative vs. descriptive

La linguistique normative et la linguistique descriptive n'ont pas la même attitude vis-à-vis de la standardisation. La linguistique normative est en charge des politiques linguistiques, et peut éventuellement proposer des règles de standardisation informées des variations dialectales. C'est par exemple la linguistique menée par l'Office Public de la Langue Bretonne. La linguistique descriptive, elle, se cantonne à une attitude scientifique d'observation, de documentation et d'analyse sans influer sur les faits. C'est l'objet de ce site.


Le breton standard (et ses variétés)

histoire des standards

Deux normes standard écrites émergent du moyen breton (XI°-XVI°): d'une part un standard vannetais, d'autre part un standard des prêtres carmélites et franciscains de l'aire parlante trégorroise, principalement autour de la baie de Morlaix, qui fut repris le collège des jésuites de Quimper dans l'aire dialectale cornouaillaise (Le Dû 1997, Timm 2005).


Après la révolution française, un troisième standard écrit émerge du nouvellement créé département des Côtes-du-Nord, principalement pour la rédaction de textes religieux. Au XIX°, une vague de celticisme cherche à expurger la langue de ses gallicismes, vers une langue standard dont le lexique serait plus celtique d'origine. Au XX°, la vague nationaliste bretonne cherche réellement à créer une norme de langue standard littéraire, langue de science et d’État. Les choix opérés vers cette langue standard cherchent à subsumer les différents dialectes, dont le dialecte vannetais. La distance réputée entre ce standard et les dialectes locaux lui vaut le nom de "néo-breton", variété enseignée dans le système scolaire.

breton standard du XX°

Au XX°, le breton standard est considéré, principalement pour des raisons politiques extra-grammaticales, soit comme équidistant des dialectes, eux-même proches en structure, soit comme radicalement étranger aux variétés traditionnelles.

hypothèses d'une distance forte du standard

Mari Jones (1998) utilise le terme de "xénolecte", considérant que la langue standard caractéristique du système scolaire du XX° est une forme linguistique qui, si elle est parlée de façon native, l'est par des natifs éduqués par des enseignants eux-même non-natifs, et a changé tellement radicalement qu'elle est devenue fondamentalement étrangère aux variétés dialectales parlées traditionnellement. Ce terme de xénolecte essaie de cerner un état de changement qui ne va pas jusqu'à la créolisation (Timm 2005).


hypothèses d'une distance mesurée du standard

Kennard & Lahiri (2017) ont étudié sur plusieurs générations de locuteurs la distribution et la réalisation acoustique de la mutation mixte après la particule o4 progressive. Ils n'ont pas noté de différence entre les jeunes adultes et les plus vieilles générations. Seuls les enfants scolarisés dans le primaire diffèraient, avec une normalisation des productions si ils ont un input suffisant dans la langue dans la prime adolescence.

Références

  • Avezard‐Roger, Cécile. 2004b. 'Proximité linguistique entre breton standard et breton dialectal et entre breton et français : le cas des structures verbales', Jean­‐Michel Eloy (éd.), Des langues collatérales: Problèmes linguistiques, sociolinguistiques et glottopolitiques de la proximité linguistique, Paris: L'Harmattan, II:485-­‐494.
  • Le Dû, J. 2003. 'Dialect or standard language? The case of Brittany', Dónall Ó Baoill & Donncha Ó Haodha (éds.), Féilscríbhinn Ghearóid Mhic Eoin [Festschrift for Gearóid Mac Eoin], Four Courts Press, Dublin, pp.???.
  • Jones, M. 1998. Language Obsolescence and Revitalization, Linguistic Change in two Sociologically contrasting Welsh Communities, Oxford, Clarendon Press.
  • Jones, Mari C. 1995. 'At what price language maintenance? Standardization in Modern Breton', French Studies 49 (4): 424–438.
  • Press, Ian. 1995. 'Barriers to the standardization of the Breton language', Transactions of the Philological Society, vol. 93, pp. ??
  • Timm, Lenora. 2005. 'Language Ideologies in Brittany, with Implications for Breton Language Maintenance and Pedagogy', Journal of Celtic Language Learning 10, pdf.