Serriñ
Le verbe serriñ 'fermer, attraper, ceuillir' est un verbe transitif.
(1) | Yann | a zo | o | tond | da | zerri | an | nor. | ||||||||||||||
Yann | R est | à4 | venir | de1 | fermer | le | porte | |||||||||||||||
'Jean vient de fermer la porte.' | ||||||||||||||||||||||
Ar Merser (2009:585) |
Morphologie
variation dialectale
(2) | Jarret | ho | stokenn. | ||||||||||||||||
fermez | votre3 | langue | |||||||||||||||||
'Taisez-vous.' | |||||||||||||||||||
Cornouaillais de l'est intérieur, Martin (1929:179) |
(3) | Ma | avel | Nort | e | veche, | e | sarfen | ar bouliji. | |||||||||||
si4 | vent | Nord | R4 | serait | R4 | fermerai | le volet.s | ||||||||||||
'S'il y avait du vent du Nord, je fermerai les volets.' | |||||||||||||||||||
Léonard (Plougerneau), M-L. B. (05/2016) |
infinitif
L'infinitif en standard est en -iñ avec serriñ /sɛri/.
Ernault (1904) donne pour le vannetais prémoderne les formes cherrein, charrein, serrein, chèr 'fermer, enfermer, garder', 'cueillir, recueillir, récolter', 'ramasser (de l'argent)', 'attraper (une maladie), prendre (froid)', 'saisir à la dérobée (des mots d'une conversation)'.
On trouve aussi en vannetais moderne un suffixe de l'infinitif en -ezh.
(4) … | met | daou | zornig | gwenn | Anna | nen daint | ket | ken | d'o | serrezh. | ||||||||
mais | 21 | main.DIM | blanc | Anna | ne+C viendront | pas | plus | pour1 les2 | cueillir | |||||||||
'… mais les deux petites mains blanches d'Anna ne viendront plus les cueillir.' | ||||||||||||||||||
Vannetais, Ar Meliner (2009:46) |
dérivation
Le suffixe -adur donne, en vannetais, le nom cherradur m. 'fermeture', pluriel cherradureu (Ernault 1904).
Syntaxe
serriñ ouzh
(1) | Serret | eo | bet | dor | ar Baradoz | ouzh | o | bugale. | ||||||||||
ferm.é | est | été | porte | le paradis | à | leur2 | enfant.s | |||||||||||
'La porte du paradis fut fermée à leurs enfants.' | ||||||||||||||||||
BUJK.:37 | ||||||||||||||||||
cité dans Le Gléau (1973:§78) |
'attraper une maladie'
Avec les sujets animés humains, le verbe serriñ dénote la contraction d'une maladie (cherrein anouid 'attraper froid', Haut vannetais, Delanoy 2010). Ce verbe n'est pas disponible pour les êtres vivants inanimés et non-humains. Louis (2015:107) pointe le contraste entre X en deus serret ur c'hleñved. 'X a attrapé une maladie.', mais * An avaloù-douar o deus serret ar mildiou. 'Les pommes-de-terre ont attrapé le mildiou.').
Sémantique
'fermer'
Le verbe serriñ est en compétition avec le verbe prennañ dans le sens de 'fermer'.
'attraper, comprendre, déduire'
Le verbe serriñ est en compétition avec les verbes pakañ et tapout dans le sens 'd'attraper' et dans le sens imagé de 'comprendre, déduire'.
- a inou é cherrér penaus...
- 'de là il suit que...'
- Vannetais prémoderne, (l'A.), Ernault (1904)
Expressions
serriñ ur gwall avel
- cher er goal aùél
- 'prendre peur'
- Vannetais prémoderne, Ernault (1904)
an noz o serriñ
- kent ma cher en noz
- 'avant que la nuit soit close'
- Vannetais prémoderne, Ernault (1904)
serriñ tro-ha-tro
- cherrein tro ha tro
- 'entourer, investir'
- Vannetais prémoderne, Ernault (1904)
Horizons comparatifs
Le verbe serriñ 'fermer' est un emprunt au domaine roman. Le latin populaire * serrare, de l'altération du latin tardif serare 'fermer', dérivé de sera 'serrure' (CNRTL). Troude (1886:5-7) relève en français de Belgique serrer la porte 'fermer la porte'.
En Français du pays vannetais, Buleon (1927:318) signale le bretonnisme Ramasse ta bouche 'Ferme la bouche', qui vient du double sens de 'ramasser' du verbe cherrein (Cher ha veg).