Différences entre les versions de « Pronoms relatifs »

De Arbres
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Version du 31 décembre 2011 à 14:01

Tous les dialectes du breton ont un pronom relatif inanimé: (ar) pezh (littéralement: 'le morceau', > 'ce que, ce qui').

Les choses se compliquent en ce qui concerne le pronom relatif animé.

Il existe un pronom relatif animé en bas-vannetais (an hini / an hani). Il est composé de l'article défini suivi du pronom anaphorique hini. En breton standard ou dans les autres dialectes, l'existence même du pronom relatif (animé) est une question en soi. Deux candidats existent: le pronom relatif pehini et le rannig a. Or, l'existence du premier dans les variétés parlées reste à prouver, et l'identification du second comme un pronom relatif est aujourd'hui largement abandonnée.


ar pezh, 'ce que'

Le pronom relatif (ar) pezh, est la grammaticalisation de ce qui signifie littéralement '(le) bout, morceau'. Il correspond au français ce que (Chalm 2008:§Q5).


(1) Al lodenn vrasañ deus an dud ne gomprenont ket ken ar pezhi a ganit _i .
le partie grand.plus de le gens ne comprennent pas plus le morceau R chantez
'La plupart des gens ne comprennent plus ce que vous chantez.'
Interview Annie Ebrel 04/2009, Le Poher Hebdo


(2) Matriona ne gomze ket eus ar pezh e oa tremenet _i .
Matriona ne parlait pas de le morceau R était passé
'Matriona ne parlait pas de ce qui s'était passé.' léonard/standard, Ar Barzhig (1976:44)

an hini

Il existe un pronom relatif animé en bas-vannetais (an hini / an hani). Il est composé de l'article défini suivi pronom anaphorique hini. Les subordonnées avec le pronom relatif an hini / an hani ne nécessitent pas de pronom résomptif.


sujet

L'élément relativisé peut être le sujet de l'enchâssée. La forme zo (= zi) de la copule révèle la présence d'un sujet devant elle.


(1) [ ǝn dɛ͂n [ ǝnani zi:r vwatyr ] zi ʃom irvɔrh ]
an den an hani 'zo er voatur 'zo é chom er vourc'h
le homme le hini R est dans.le voiture R à rester dans.le bourg
‘L'homme qui est dans la voiture habite dans le bourg.’
Bas-vannetais, Nicolas (2005:48)


(2) [ ǝn dɛ͂n [ nɛ͂n jɛ agawizɔχ ] iʃɔminoriãt ]
an den an hani 'yae a-gaouizoc'h 'oa é chom en Oriant
le homme le hini R allait a-? était à rester dans Lorient
'L'homme qui allait à ? habitait Lorient.'
Bas-vannetais, Nicolas (2005:48)


(3) [ mǝ anawa mat ar vwes [ nɛ͂n zi ʃom akosti ]
me 'anava mat ar vaouez an hani 'zo ' chom a-kostez.
1SG connait bien le femme le hini est à rester à-côté
‘Je connais bien la femme qui habite à côté.’
Bas-vannetais, Nicolas (2005:48)

relativisation d'un PP

L'élément relativisé peut être un élément oblique comme l'argument de 'parler de X', komz diwar-benn X:


(4) [ ǝn dɛ͂n [ nani go͂zǝt ] zi ʃom itʃǝʃtǝnit ]
an den an hani 'gomzit 'zo é chom e Kistinid
le homme le hini R parlez R est à rester à Kistinid
‘L'homme dont vous parlez habite Kistinid.’
Bas-vannetais, Nicolas (2005:48)


(5) [ ǝnti [ nɛ͂ go͂zɛχtaɲ ] zǝ ilaɲ ǝr vɔrh
an ti an hani 'gomzec'h din 'zo e lein ar vourc'h
le maison le hini R parlez à.moi R est en haut le bourg
'La maison dont vous me parlez est en haut du bourg.'
Bas-vannetais, Nicolas (2005:48)

relativisation d'un oblique

En breton standard, cette structure serait typiquement réalisée comme une construction du faux sujet, avec un pronom résomptif réalisé comme le déterminant possessif de toenn, 'toit'. Ici, avec le pronom relatif an hani, aucune anaphore n'apparait dans le corps de la relative. Une analyse alternative possible consiste à postuler une ellipse à partir du groupe prépositionnel an doenn (anezhañ).


(6) [ ǝnti [ nɛ͂n ɥe Ɉǝlǝ ǝn dɥɛn dyzǝ ] zo bras ]
an ti an hani 'vez gwelet an doenn duze 'zo bras.
le maison le hini R est vu le toit là.bas R est grand
‘La maison dont on voit le toit là-bas est grande.’
Bas-vannetais, Nicolas (2005:48)


(7) [ ǝn ti [ ǝnani ǝ ɥelã ǝn dwɛn ] zɔ bras ]
an ti an hani a welan an doenn zo bras.
le maison le hini R vois.1SG le toit R est grand
‘La maison dont je vois le toit est grande.’
Bas-vannetais, Nicolas (2005:48)


Un déterminant possessif coréférant avec la tête de la relative n'est pas illicite en soi:


(8) [ ǝn dɛ͂n [ ǝnani dwɛ kasǝd i vutik dǝ ras ] dɛs tʃømerǝt ur vutigaral ]
an den an hani 'doa kaset e voutik da raz 'deus kemeret ur voutik arall.
le homme le hini avait envoyé son boutique à ras a pris un boutique autre
‘L'homme qui avait démoli sa boutique en a pris une autre.’
Bas-vannetais, Nicolas (2005:48)

pehini, pere

Le pronom relatif pehini ou son pluriel pere sont avérés dans des textes écrits qui sont notoirement influencés par le français.


 Stephens (1982:7)
 
 "Certain written sources, in particular some of the texts published in 
 the latter period of Middle Breton and Early Modern Period, may not 
 reflect the reality of the language of the day. Authors were, in most 
 cases, strongly influenced by their knowledge of Latin and French 
 grammmar.
 This is illustrated dramatically in the vocabulary, in the large number 
 of French loan words and in the abundance of relative pronouns which, 
 according to Hemon (1975:289) "never occur and probably never did occur 
 in the spoken language". They are not used in Modern Literary Breton.
 


 Favereau (1997:§590)
 "Cette tradition syntaxique, liée au "breton de curé" (...) a été celle de
 tous les grammairiens prémodernes du XVII° et du XVIII° siècles comme 
 Maunoir, Le Pelletier ou Grégoire (cf. Lambert 1976-77 / 282), puis elle fut 
 systématiquement rejetée part les grammairiens "modernes", sauf rares 
 exceptions (...). On trouve des parallèles en gallois (...) et Fleuriot la 
 considérait comme indigène en non "française", comme on le suppose 
 généralement. 


Ces formes sont cependant citées par Hingant (1868:§70), et restent vivantes en poésie. Favereau (1997:§590, §591) en fournit quelques exemples.


  • Evit ober ganti traoù dous, Dre pehini en deus jouiset anezhi.
(1814) (TSG.:327-329), cité dans Menard (1995:§'amourous')


le rannig

Une tradition d'analyse représentée par Le Roux (1957:52), ou Fleuriot (1984), a posé l'hypothèse que le rannig a est un pronom relatif. Cette hyptohèse est maintenant largement abandonnée. Voir à ce propos Denez (1974), Stephens (1982).


 Stephens (1982:13):
 
 "In Breton [...], the particles can no longer be regarded as either a 
 relative pronoun, in the case of a, nor a complementizer, in the 
 case of e. 
 Denez (1973-4) argued convincingly that the verbal particles in Breton 
 are not used to indicate complementation of any kind.
 


Bibliographie

Denez, P. 1973/4. 'A structural approach to Breton grammar. The so-called relative pronoun of Breton'. Studia Celtica 8/9, Cardiff: University of Wales Press. 251-267.