Pronom réciproque

De Arbres

La construction du réciproque en breton moderne est :

au masculin an eil ... egile (litt. 'le second ... l'un') et
au féminin an eil ... eben (litt. 'le second ... l'une')


(1) An dimeziñ ne c'hell bezañ graet etre daou zen hag a vev fall an eil gant egile.
le marier ne peut être fait entre 2 humain C R vit mauvais le second avec /egile/
'Le mariage ne peut se faire entre deux personnes qui vivent mal ensemble.'
(litt. le second avec l'autre)
(Jezegou 1936:195), cité dans Menard (1995:§ amourouz)


(2) Boutañ ha chachañ a reent an eil war egile diouz o gwasañ.
pousser et tirer R faisaient le second sur de leur pire
'Ils poussaient et tiraient l'un sur l'autre de toutes leurs forces.'
trégorrois, (Gros 1984:78)


voir (Gros 1984:214-6) pour d'autres exemples.

Variation dialectale

Favereau (1997:137) note une perte de la distinction genrée au profit de la forme du masculin egile en vannetais.

en em

Le pronom réflexif en em peut aussi avoir un sens de réciprocité (lorsque le sujet de la phrase est au pluriel).


Etymologie

Il s'agit au masculin d'une grammaticalisation de e gile, litt. 'son compagnon', et parallèlement, au féminin, d'une grammaticalisation de he ben, litt. 'sa compagne' (Favereau 1997:137).


La structure réciproque semble attestée assez tôt. Fleuriot (1997:39-41) discute de la traduction de l'expression mab i kiled, map eguile, "filius alterius", "fils de son compagnon, fils de l'autre", dans le Cartulaire de Quimperlé daté entre 1081 et 1114.

autres emplois de 'eil', 'egile', 'eben'

On utilise aussi eben et egile pour traduire 'l'une et l'autre', 'l'un et l'autre'.


(4) mé am euz gwéled ann eil hag ébén.
1SG R ai vu le eil et eben
'J'ai vu l'une et l'autre.' trégorrois, (Hingant 1868:§72).

Bibliographie

  • Fleuriot, L. 1997. Notes lexicographiques et philologiques (langues celtiques), rééd. d'articles parus dans les Etudes Celtiques avec un index général établi par Gwennole Le Menn, Skol: 39-41.