Pronom impersonnel

De Arbres

Il existe en breton plusieurs pronoms impersonnels distincts.

  • un pronom vide déclenchant une marque particulière de l'accord verbal (-er au présent).
  • un pronom impersonnel créé, comme le on en français ou man dans les langues germaniques, à partir d'une grammaticalisation du groupe nominal [un homme]: an nen ou an den.
  • les pronoms de seconde personne, qui peuvent aussi avoir des lectures impersonnelles.


Chacune de ces formes est concurrentielle avec les formes passives.

A signaler aussi que le préfixe em- a parfois le sens de ‘facile à V’ (emsav, emwerzh, Kervella 1947:§882), une lecture compatible avec une lecture impersonnelle.


Le pronom vide impersonnel -r

Comme les autres langues celtiques, le breton a un sujet vide impersonnel. Ce pronom vide impersonnel déclenche typiquement la marque de conjugaison -er sur le verbe au présent.


(2) Lavaret e vije ez eur bet Ø o c'hoari got dre aman.
dit R serait R+V,4 est.IMP été IMP à4 jouer billes par ici
‘On dirait qu'on a joué aux billes, par ici.’ Léonard, Kerrien (2000:6)


 Hewitt (2002:30):
 Les formes impersonnelles en -er et -ed, typiques des langues celtiques, constituent une septième forme dans les paradigmes de conjugaison. Elles réfèrent à un être humain potentiel dont l'identité n'est pas spécifiable, ou dont le locuteur ne veut pas spécifier l'identité. Le sens est donc très proche du français on. 


distribution du pronom vide impersonnel

sujet de verbes fléchis

Le pronom vide impersonnel existe dans les paradigmes verbaux à tous les temps et tous les modes sauf au mode impératif (Kervella 1947:§190).

Les paradigmes complets se trouvent dans les dialectes du Nord: se reporter pour le trégorrois à Leclerc (1986:68,4°), pour le Goélo à Koadig (2010:30). Pour Saint-Pol-de-Léon à Sommerfelt (1902:170).

ne rèar ket, 'On ne fait pas'
ne rèor ket, 'On ne fera pas' Saint-Pol-de-Léon, Sommerfelt (1921:170)


Les verbes à la forme impersonnelle peuvent être aussi bien transitifs, inergatifs ou inaccusatifs. Le seul verbe qui n'aie pas la possibilité d'apparaître avec la marque de l'impersonnel est le verbe kaout, 'avoir' (Leclerc 1986:75).

Ernault (1888:202) relève une forme en ameur en moyen-breton, cependant l'exemple est isolé et étrange, car la marque impersonnelle apparaîtrait deux fois. Ernault met cette donnée en rapport avec une forme en ameur cruciffiet, "archaïsme" pour le moyen-breton, dont il ne donne pas de source précise.

  • Me en heny ameur cruciffiat..., moyen-breton, (J.:178)
'C'est moi qui ai été crucifié...


variations dialectales

L'impersonnel -r est globalement connu dans la plupart des dialectes, vannetais (Guillevic & Le Goff 1986:47) comme KLT.


(1) N'heller ket dastum rac'h parlant un den ha nebeutoc'h c'hoazh ur boblañsad tud.
ne peut.IMP pas rassembler tout parlé un homme et moins.plus encore un population gens
'On ne peut pas collecter tout le parlé de quelqu'un, et encore moins celui d'une population.'
Vannetais (Kistinid), Nicolas (2005:7)


Cependant, certaines variétés de breton n'utilisent jamais le pronom vide impersonnel. Plourin (1982:664) signale ainsi qu'à Langonnet, la conjugaison impersonnelle est inconnue. En vannetais, Guillevic & Le Goff (1902:47) donnent un paradigme entier mais le signale comme archaïsant. Crahe (2013:223) ne signale que la forme larer encore présente dans les chansons.


 Humphreys (1990:142)
 "in Le Vieux-Marché in the northeast their active presence is dependably reported for a speaker born as late as 1956, while in the northwest they occur for prepositions as well as for verbs. In contrast, ALBB (353-355) noted no such forms in a continuous area the shape of an inverted Y fringeing the Median Zone to the southeast and the central part of the Breton-French divide. In the remaining half of Breton territory, various transitional stages may be found with the -r forms resisting most strongly: in Plougrescant, which has a full paradigm - albeit with syncretism of the present habitual and future /-er/ - the conditionals now end in /fɔr/, /ʒɔr/, leaving /-d/ only in the past habitual /-εd/; in the northwest central Breton of Berrien only the present habitual and future are found, in the island of Groix, only the present. Lexical restriction is the final stage in the process of obsolescence."


A Berrien, Ploneis (1983:165) signale une restrition des formes en -r au temps présent, comme semble être le cas à Plozévet (Goyat 2012). Selon Wmffre (1998:36), l'impersonnel est restreint dans le paradigme verbal du breton central aux formes monosyllabiques du temps habituatif de certains verbes, comme 'être' ou l'auxiliaire 'faire'.


(2) [ pe vɛɤ l̥abuˑɤǝ ] / [ pe ɤɛɤ laˑbǝɤ ] Breton central
pa vezer o labourat pa reer labour Standard
quand est.IMP à travailler quand fait.IMP travail
'Quand on travaille. / Quand on fait du travail.'
Breton central, Wmffre (1998:36)


Les cartes de l'ALBB qui concernent des impersonnels montrent une tendance à user de stratégies alternatives (surtout le passif) dans une aire Est/Sud-Est. Une même aire géographique peut avoir l'impersonnel au présent mais pas au futur, ou sur un verbe mais pas sur les autres.

 traduction de on est en train, carte 076 et on était en train, carte 077
 traduction de on sera, carte 078 
 traduction de si on était (potentiel), carte 079 
 traduction de on ne sait pas, carte 250 et on ne saura pas, carte 251
 traduction de on fait, carte 269; et de on fera, carte 270 
 traduction de quand on chante, carte 353; ~ on chantait, carte 354; ~ on chantera, carte 355 

Les variations dans les réponses aux traductions sur ces deux phrases pourraient aussi être dues aussi à une intonation ou une structure informationnelle différente dans la phrase donnée en français.

analyse

Selon Even (1978:104), la marque -er est la marque du passif dès le vieux breton. Selon Guillevic & Le Goff (1986:47), il s'agit toujours en breton moderne d'un pronom personnel spécifique à la voix passive.

 Anciennement, la langue bretonne avait des formes personnelles spéciales pour le passif. 
 De ces formes il ne reste que celle de la troisième personne du singulier de chaque temps,
 la forme impersonnelle passive.
 On l'emploie pour rendre l'idée du pronom français on.


Cependant, au contraire des passifs, les verbes à la forme impersonnelle peuvent être aussi bien transitifs, inergatifs ou inaccusatifs (Belvins 2003).

horizons comparatifs

Les langues celtiques ont toutes des stratégies impersonnelles qui diffèrent du passif:


(1) Táthar cairdiúil anseo.
est.IMP accueillant ici
'Les gens sont accueillants ici.', 'On est accueillant ici.'
Irlandais, Noonan (1994:288)


(2) Cuirfear amárach í i reilg Chill Bhriocáin th'éis Aifreann a haon a chlog.
enterrera.FUT.AUT.IMP demain 3SGF dans cimetière Cill Bhriocáin après messe une heure
'Elle sera enterrée demain dans le cimetière de Cill Bhriocáin après la messe.'
irlandais moderne, 'The Graveyard Corpus', Bennet, Dowd, Elfner, McCloskey (2010)


Les pronoms impersonnel sujets ne sont pas propres aux langues celtiques. Une forme de l'impersonnel dans les paradigmes verbaux existe en estonien et en finnois (Belvins 2003).


(1) (a) Poisid kaklesid õues. / (b) Õues kakeldi.
garçons battaient.3PL dehors / dehors battit.IMP
'Les garçons se battaient dehors./ Des gens se battaient dehors'
Estonian, Erelt et al. (1995:73), cité dans Belvins (2003)


(2) (a) Talo tuhottin. / (b) Suomessa ollaan niin totisia.
maison.NOM détruit.IMP / Finlande.INEssif être.IMP.PRES si sérieux.NOM.PL
'La maison a été détruite (par qq)./ En Finlande, les gens sont si sérieux.'
Finnois, Shore (1988:159), cité dans Belvins (2003)


Belvins (2003) montre qu'en estonien comme en finnois ci-dessus, il ne s'agit pas non plus de passifs (les verbes n'ont pas de restriction sur leur structure argumentale, le pronom sujet est obligatoirement humain et peut lier un réfléchi, et aucun complément d'agent ne peut être ajouté).


pronom objet des prépositions

La marque pronominale impersonnelle en breton n'est pas restreinte aux paradigmes verbaux (contra Ledunois 2002:136). Une marque -er ou -or peut apparaître incorporée comme pronom objet d'une préposition:


(3) dirazer, /devant.IMP/, 'devant soi' (Trépos 1980:§343,224)

warner, /sur.IMP/, 'sur soi' (Trépos 1980:§343)

(4) ahanor, /de.IMP/, 'de soi'

deor (an-unan), /de.IMP réfléchi/, 'à soi(-même)'
evidor, /pour.IMP/, 'pour soi'
diragor, dirazer, /devant.IMP/, 'devant soi' (Favereau (1997:§767)

(5) warnor, /sur.IMP/, 'sur soi'

emezor, /dit.IMP/, 'dit-on' (Ledunois 2002:190)


Ce pronom impersonnel incorporé dans les prépositions est indépendant du temps de la phrase, il n’a pas de correspondances dans les autres temps, contrairement à la marque de l’impersonnel –er dans les paradigmes verbaux.


variation dialectale

Les occurrences de formes impersonnelles dans les paradigmes pronominaux incorporés aux prépositions sont plus rares que dans les paradigmes verbaux. On en trouve en Léon et en Cornouaille de l'Ouest jusqu'en pays bigouden.

Selon Favereau (1997:§767), l'impersonnel:

 "...peut s'utiliser après une préposition, selon certains écrivains (tels Yeun ar Gow) ou grammairiens (Trépos, Falc'hun, Favé), qui relèvent son emploi en Léon (V. Favé -or) comme en Cornouaille centrale ou méridionale (-er PT 198)."
 [la référence PT est à un ouvrage de Trépos que Favereau (1997:14) dit avoir été publié en 1962 et 1994, ouvrage qui n'existe à aucune de ces dates en bibliographie]. 

Favereau (1997:§767) identifie la marque -er avec la Cornouaille centre et Sud. Selon Trépos (1980:§343), la terminaison -or de l'impersonnel est une variante léonarde. Ces formes sont souvent dites archaïques, mais Rezac & Jouitteau (2012) relèvent des formes -or relativement productives en léonard actuel à Lesneven. Rezac & Jouitteau (2012) notent un croisement morphologique des formes /-or/ (marque impersonnelle léonarde) et /-oX/ (marque 2PL -oc'h, qui a indépendamment une lecture impersonnelle). Ils documentent un cas de locuteur produisant productivement le premier, compris par l'interlocuteur comme produisant le second.


pronom sujet des infinitives (PRO)

Le pronom impersonnel vide est repérable dans les infinitives (7). C'est un pronom de choix arbitraire comme il en existe l'équivalent en français.


(7)a. Hennez a zo eur gramenn loustoni e-touez e vleo war e vruched da PRO raskañ gant ar forh.
celui.là R y.a un couche crasse parmi son chevelure sur son poitrine à IMP racler avec le fourche
‘Il y a parmi les poils sur sa poitrine une couche de crasse à [PRO] racler à la fourche.’ Trégorrois, Gros


(7)b. Ar pehed a lez [ PRO hen ober ].
le péché R laisse IMP 3SG faire
'Le péché se laisse faire.' Trégorrois, Gros (1984:207)
('le péché laisse quelqu'un.e le faire')


anaphores de l'impersonnel en an-unan

Les formes anaphoriques liées par un pronom vide impersonnel prennent la forme an unan, avec un article défini qui apparaît en lieu et place des déterminants possessifs qui forment autrement ce paradigme avec des antétédents personnels (Me ma-unan, Alban e-unan...).

accord verbal -r

Lorsque l'antécédent est un impersonnel réalisé par l'accord verbal, le composé commence par un article défini.


(1) Amañ ez eer an-unan.
ici R4 va.IMP le-un
'Ici on marche seul (l'enfant d'ici marche seul).', Trégorrois, Gros (1984:186)


Favereau (1993:§'soi') donne pa vezer an-hunan, 'quand on est soi-même'.


objet des prépositions

(2) Goulenn a reer ouzor an-unan ha n'eo ket an anv-ze eun distresadur [...]
demande R fait.IMP à.IMP le-un si ne est pas le nom- un transformation
‘On se demande si ce nom n'est pas une transformation.’ Léonard (Cléder), Seite (1998:88)


Ar Gow (1963), à Pleyben, en cite quelques exemples:

  • Kaoud kasoni ouzor an-eun.
'Avoir de la haine pour soi-même.'
  • Kemeroud preder ganeor an-eun.
'Avoir souci de soi-même.', Pleyben, Ar Gow (1963)


PRO arbitraire

En (3), le sujet de la phrase est une proposition infinitive dont le sujet n'est pas prononcé et est interprété comme arbitraire. Ce pronom silencieux (PRO) réfère à la personne qui fait l'action elle-même. Ce pronom PRO de lecture arbitraire est l'antécédent de la forme an-unan.


(3) Gwelloh eo __ ober ar homisionou an-unan.
mieux est [ PROARB faire le5 commissions le-un ]
'Il vaut mieux faire les commissions soi-même.', Trégorrois, Gros (1984:187)


En (4), on a aussi une forme an-unan liée par le sujet de l'infinitive. On voit que la chaîne de coréférence comprend le réfléchi en em.


(4) Lod a zifenne en em lakâd an-unan da varner.
certains R défendait PRO1 se mettre le-un1 à juge
'Certains défendaient de se mettre soi-même juge.'
Cornouaille, 1893, (IAI.:122), cité par Hemon (2000:§58)


Ces formes sont souvent les formes de citation dans les grammaires ou dictionnaires, qui surutilisent les pronom vides arbittraires. Favereau (1993:§'soi') donne chom an-hunan, 'rester soi-même'.


variation dialectale

An-(h)unan est une forme assez rare et peu documentée, ce qui reflète une variation dialectale dans son utilisation. La forme liée an-(h)unan n'est pas connue partout. De Rostrenen (1738:64) consacre un chapitre à la traduction du pronom français 'soi', mais ne donne aucune forme en an-unan.

Le liage par un impersonnel sujet ne déclenche pas dans tous les dialectes la forme an de l'article. Trépos semble utiliser le possessif e, 3SGM.


(6) Emeer1 o sevel e1 di.
est.IMP à monter son maison
'On est en train de bâtir sa maison.' Trépos (1980:§343)


Selon Kervella (1995:§431), c'est la marque 3SGM ou 2PL qui est choisie pour co-référer avec un impersonnel, même s'il signale la forme an unan (Kervella 1995:§436). Les Léonards Fave et Seite en ont quelques exemples.

Ar Gow (1963) en cite plusieurs à Pleyben, en modification d'un pronom impersonnel incorporé dans une préposition.

  • Ar skiant-prenet eo ar pez a zesker dreizor an-eun.
'L'expérience est ce qu'on apprend par soi-même.'
  • Eur gwall-skouer a laka sonjou fall da sevel ennor an-eun.
'Un mauvais exemple soulève de mauvaises pensées en vous.'


usages logophoriques (sans antécédent)

Favereau (1993:§'soi') cite karantez an-(h)unan, pour traduction du français 'amour de soi-même'.

sémantique

Ledunois (2002:195) considère que l'impersonnel "n'a pas de référent". C'est faux: un référent sujet est clairement sémantiquement calculé. Il peut même lier des anaphores. Il est délicat mais possible d'établir des tests syntaxiques qui permettent d'étudier les différentes lectures de cet impersonnel.

La lecture de l'impersonnel glisse parfois vers la première personne. En (1), l'impersonnel co-réfère avec le pronom antécédent 1PL.


(1) Ar pezh a zo dimpz, honz lod eus madoù ar bobl, n'hellerz ket asantiñ koll anezhañ.
le ce.que R est à.nous notre part de biens le peuple ne peut.IMP pas consentir perdre P.lui.
'Ce qui nous appartient, notre part des biens du peuple, on ne peut pas consentir à le perdre.'
Trégorrois (Kaouenneg)/Standard, ar Barzhig (1976:72)


Cependant, la première personne peut être entièrement exclue de la lecture de l'impersonnel, par exemple par le contexte.


(2) Selaou, selaou krenn, En tu all emer o lazhañ c'hwenn.
écoute, écoute complètement dans.le côté autre est.IMP à tuer puces
'Écoute, écoute bien, à côté on tue des puces.' Riec, comptine, Bouzeg (1986:I)


On trouve aussi des contextes où la lecture est celle où l'impersonnel co-réfère avec l'interlocuteur.

 Gros (1984:159):
 "Te, 'tu' et c'hwi, 'vous', sont quelquefois remplacés par l'impersonnel dans une intention de courtoisie à l'égard de l'interlocuteur. Cette forme le met moins directement en cause, en donnant à l'énoncé une portée plus générale, donc moins agressive. On l'emploie surtout dans les salutations."


(3) Poaniañ a reer ! Hastañ a reer!
peiner R fait.IMP dépêcher R fait.IMP
'Comme on peine (vous peinez).' , 'On se dépêche (vous vous dépêchez)!'
Trégorrois, Gros (1984:159)

L'impersonnel an nen

an den ou an nen, grammaticalisation du syntagme défini 'l'homme', oscille suivant les dialectes entre un pronom fort indépendant et un syntagme nominal.

Il n'est pas restreint au rôle de sujet. Le Dû (2012:101) en signale en position d'objet. On le trouve aussi en position d'argument indirect.


(1) Red e vez d 'an den ober e zispign diouz e hounedigez.
obligé R est à le personne faire son dépense selon son1 gain
'Il faut régler sa dépense sur son gain'.' Trégorrois, Gros (1984:528)


morphologie

variation morphologique dialectale

Il n'est pas rare de voir dans la littérature un impersonnel apparaître sous la forme sans nasalisation 'an den'.

A travers les dialectes, les formes varient entre an den, (a)n nen, n'in, un den et den.

Selon Merser (2011:127), la forme an nén est employée en Trégor.


(1) A-wejo e c'hoarz an nen.
parfois R rit IMP
'On rit quelquefois.' Tréguier, Leclerc (1986:146)


Humphreys (1995:335) signale la forme n'in en breton de Bothoa.

 [ ə n'i:n ] on, quelqu'un
 
 wè:ra kə n'i:n        / sait.3SG pas n'i:n /           'on ne sait pas.'     
 pé vè scɥ'i:z ə n'i:n / quand est fatigué ə n'i:n / 'quand on est fatigué'
 
 Ce mot provient du mot /d'i:n/ 'personne, homme', dont il se distingue par la nasalisation de l'initiale.
 

Favereau (1997:§316) rapporte aussi cette forme nasalisée dans l'Est de la Cornouaille. C'est la forme reportée à Riec par Bouzeg, et à Saint Yvi par German (2007:174).


(1) Ne oar ket 'n nen. Poher
'oera ke' 'n nin. Pélem
ne sait.3SG pas IMP
'On ne sait pas.', Favereau (1997:§316)


(2) 'n nen 'ouia ket.
IMP R sait pas
'On ne sait pas.', Haute-Cornouaille Favereau (1997:§316)


Cette forme est aussi rapportée à Berrien dans Lozac'h (2012-).


(3) Cherr labourad ra an nen traou-all.
en travailler fait IMP choses-autre
'Tout en travaillant on fait autre chose.', Haute-Cornouaille (Berrien) Lozac'h (2012-:§'cherr/serr')


Gros, en trégorrois, utilise la forme eun den, homophone du syntagme indéfini 'un homme'.


(3) Ar re-ze a zoñj ganto n'e-nevez sort eun den d'ober.
le ceux-ci R pense avec.eux ne'R a.HAB rien IMP à faire
'Ceux-ci se figurent qu'on n'a rien à faire.' Trégorrois, Gros (1984:331)


(4) Pa adtaol eun den da gousket e chom diwezad.
quand re.commence un homme à1 dormir R reste tard
'Quand on recommence à dormir (après être resté longtemps réveillé),
on reste tard au lit.', Trégorrois, Gros (1970b:§'adteurel')


A Inguiniel, on trouve aussi une forme en un den.


(1) [a bɛ̃ ɔ̃n dɛ̃ːn pǝ nǝze ãmzǝɾ]
A beñ, un den a yae p’en deze amzer.
IMP R allait quand 3SGM avait temps
'Ah ben, on y allait quand il [y] avait le temps.'
(façon de dire 'J’y allais quand j’avais le temps.'), Moëlan, Cheveau & Kersulec (2012-évolutif:Moëlan,'amzer')


On trouve à Plaudren la forme nue den.


(x) Pa den a sell adrest er "haie" den a uel asset e bark a zo sale.
quand IMP R regarde au.dessus le haie IMP R voit Adv. son parc R est sale
'Quand on regarde par dessus la haie, on voit bien que son champ est sale.'
Vannetais (Plaudren), Quéré (2010)


L'impersonnel type an nen n'a pas de forme écho, ce qui est compatible avec sa restriction aux structures informationnelles non-saillantes.


un pronom singulier

Le pronom an den peut référer à un esemble maximal d'humains, mais c'est un pronom grammaticalement singulier (an den *o daou), comme on a en allemand jemand *drei, Hofherr c.p.).

variation dialectale

A Berrien, Ploneis (1983:165) signale la forme an nen comme seule alternative aux formes verbales en -r à l'imparfait. Jouitteau (2015) relève de multiples utilisations de an den dans le vannetais d'Herrieu (1974).

Cette grammaticalisation est exogène en Léon.

distribution syntaxique

Quand an den est un indéfini, et non pas le syntagme nominal an den (le homme, 'l'homme'), on le voit nettement car leur distribution diffère.


distribution de l'indéfini

Dans l'exemple ci-dessous, l'impersonnel sujet de la petite proposition [IMP malade] est juste après le verbe tensé.


(1)a. Ben 'vez an nen klañv, ne vez ket gwelet ken.
quand R est IMP malade ne est pas vu plus
-- b.
*Ben 'vez klañv an nen, ne vez ket gwelet ken.
quand R est malade IMP ne est pas vu plus
‘Quand quelqu'un est malade, on ne le voit plus (en société).’
Mona Bouzeg, Haut-cornouaillais, (Riec), Bouzeg c.p. (01/2009)


C'est le même ordre [IMP prédicat] qu'on observe en (2).


(2) Gav ket nen aes boût dikriet.
1trouve pas IMP facile être critiqué
'On n'aime pas être critiqué.' Haut-cornouaillais (Riec), Bouzeg (1986:30)


C'est justement la distribution des autres pronoms pour cette locutrice (cf.3), en contraste avec les syntagmes nominaux qui doivent être placés obligatoirement après l'adjectif prédicatif (4).


(3) Ben 'vez eoñ klañv, ne vez ket gwelet ken.
quand R est 3SGM malade ne est pas vu plus
‘Quand il est malade, on ne le voit plus (en société).’
Mona Bouzeg, Haut-cornouaillais, (Riec), c.p. (01/2009)


(4)a. * Ben 'vez (pep den / pep medisin / an dud / ma bugale) klañv, e vezomp trapet fall!
quand R est (chaque homme /chaque médecin /le gens /mon enfants) malade, R sommes attrapés mauvaisement
-- b.
Ben 'vez klañv (pep den / pep medisin / an dud / ma bugale), e vezomp trapet fall!
quand R est malade (chaque homme /chaque médecin /le gens /mon enfants), R sommes attrapés mauvaisement
‘Quand (chaque homme /chaque médecin /les gens /mes enfants) sont/est malade, on est salement attrapés!’
Mona Bouzeg, Haut-cornouaillais, (Riec), c.p. (01/2009)

reprise anaphorique 3SGM

An den peut être repris anaphoriquement par un pronom 3SG masculin. L'adage en (4) peut cependant référer à tout humain, femmes comprises.


(4) Güell eo gad an dèn lavaret droucg a nezâ e-unan, egued ne eo tevel a grenn var e-unan. Graphie originale
Gwell eo gant an den lavaret drouk anezh e-unan, eget n'eo tevel a grenn war e-unan.
mieux est à IMP dire méchant P lui son-un que ne est taire complètement sur son-un
'On aime mieux dire du mal de soi que de n'en point parler.'
De Rostrenen (1738:64)


En (5), l'impersonnel an den est repris anaphoriquement par le pronom e 3SGM (on s'attendrait par ailleurs à la forme o-unan dans le réfléchi).


(5) Gwelloh eo an estren ouz an den evid e dud e-unan.
mieux est le étranger à IMP que son parents son-un
'Les étrangers sont plus généreux à votre égard que vos propres parents.' Trégorrois, Gros (1970b:§'estren')

reprise par lui-même

A travers les langues, un impersonnel doit pouvoir être repris par lui-même (Quand on aime, on ne compte pas). Je n'ai pas trouvé en corpus d'exemples de reprise anaphorique de an den par lui-même.


(1) Como hombre es mujer y vieja, hacen burla de hombre.

'Quand on est une vieille femme, les gens se moquent de vous.', Espagnol du XVI° siècle, [Refranes 174], Pozas Loyo (2010)

pas de reprise par un sujet vide ou pronom faible

A travers les langues, un pronom impersonnel de type an den ne peut pas co-référer avec un sujet vide ou un pronom faible (Quand on x vieillit, on x faiblit, mais pas *Quand on x vieillit il x faiblit).

En (5), an den et le sujet vide de fallaat co-réfèrent, ce qui est le signe qu'il ne s'agit pas, ici, d'un impersonnel. L'hypothèse qu'en (5), an den co-réfère avec un pronom vide impersonnel doit être écartée car il n'existe pas indépendamment de sujet vide impersonnel en breton. En (5), il ne s'agit donc pas d'un pronom impersonnel, mais d'un groupe nominal défini avec une lecture d'espèce (l'Homme) sous lecture générique, traduit par Gros par un impersonnel en français.


(5) Pa goz an den eo fallad an hini a ra.
quand vieillit le homme est empirer le celui R fait
'Quand on vieillit, c'est faiblir qu'on fait (et non pas prendre des forces).'
Trégorrois, Gros (1989:'fallaad')

fonctions syntaxiques

A travers les langues, la grammaticalisation de l'équivalent de 'homme' est prototypiquement en fonction sujet. Or, en breton, l'impersonnel an nen n'est pas restreint à la fonction sujet.


fonction sujet

(1) Laret 'rafe an nen 'neus ket gouzanvet anezhan.
dire R ferait IMP (ne) a pas souffert P.lui
‘On dirait qu'il n'a pas souffert.’ Comes (1981:27)


(2) Ga labourad erru an nen.
avec travailler arrive IMP
'On réussit par le travail.' Haut-cornouaillais (Berrien), Lozac'h (2012-:'den')


En (3), le sujet est un objet dérivé dans une structure passive.


(3)a. Ba'n amzer oan yaouank vi ket kas 'nenn kalz d'ar skol.
dans le temps étais jeune était pas envoyé IMP beaucoup à le école
'Du temps de ma jeunesse, on n'était pas souvent envoyé à l'école.'
Breton de Saint Yvi, German (2007:174)
(3)b. Amañ e vez bouzaret an den gand ar mekanikou.
ici R est sourd.i IMP avec le machines
'Ici, on est assourdi par les machines.' Trégorrois, Gros (1984:394)

fonction objet

L'interprétation impersonnelle n'est pas toujours disponible. En (2), on n'a pas affaire au pronom impersonnel, mais à un syntagme nominal défini classique, 'l'homme', qui doit référer à une entité mâle animée.


(2) Ar re a blij dezho al lennegezh voemus a anavez an den dre oberenn Jean Ray.
le ceux R plait à.eux le littérature fantastique R connait le homme par œuvre Jean Ray
‘Ceux qui aiment la littérature fantastique connaissent l'homme par l'œuvre de Jean Ray.’
*‘Ceux qui aiment la littérature fantastique connaissent (quelqu'un/ n'importe qui) par l'œuvre de Jean Ray.’
Jean-Baptiste Baronian, introduction Comes (1981:5)

objet indirect

(5) Ne vefent ket pell o sachañ brud fall d'an nen.
ne seraient pas long à (at)tirer réputation mauvaise à IMP
'Ils ne seraient pas longs à tisser de mauvaises réputations.', Standard, Ar Barzhig (1976:33)

expérienceur

(6) Stard eo d' an nen .
dur est à IMP
'C'est dur pour soi.' Standard, Favereau (1997:§316)


(7) Ne blij ket d' an nen .
ne plait pas à IMP
'Ça ne plait pas (en général).' Standard, Favereau (1997:§316)

possesseur

L'impersonnel peut être le possesseur dans un état construit. Dans ce dialecte, il n'est donc pas réanalysé comme un pronom, car l'état construit n'est pas disponible pour les pronoms (*izili int)


(8) Skornañ a ra izili eun den, hag e ra!.
geler R fait membres IMP et R fait
'Vos membres gèlent, et ils le font (réellement).' Trégorrois, Gros (1984:64)


(9) Poa'hañ 'ra beg 'n nen.
cuire R fait bouche IMP
'Ça vous brûle la gueule.', Poher, Favereau 1997:§316)

structure informationnelle

arrière-plan

L'impersonnel est principalement en arrière-plan dans la structure informationnelle. En (1), l'objet est à l'initiale car le sujet impersonnel lui laisse la place de saillance informationnelle.


(1) Aon en doa bet an den.
peur 3SGM avait eu IMP
'On avait eu peur.' Lanvénégen, Evenou (1989:54)

situation focale

Le pronom an nen peut se trouver en situation focale, comme typiquement en breton devant la négation.


(1) An nen ne oar ket bepred.
IMP ne sait pas toujours
'On ne sait pas toujours.' Riec, Mona Bouzeg, c.p. (01/2009)


En Frison de l’ouest, dans les phrases matrices, men ([mən]) peut être accentué. Sa dénotation est vaguement similaire à 'des gens comme nous', avec une tendance forte à glisser vers la lecture de la première personne du singulier.


(1) MEN moat altyd de smoarge putsjes dwaan!
IMP doit toujours DET sale boulot faire
'Je dois toujours me taper le sale boulot !' Frison de l’ouest, Hoekstra (2010)


(2) In oar hat it dien en MEN kriget de skuld!
DET autre a 3SGM fait et IMP reçoit DET blâme
'Quelqu’un d’autre l’a fait et JE suis blâmé.e !' Frison de l’ouest, Hoekstra (2010)


C'est une différence profonde avec le pronom on du français qui, s'il tolère une lecture 1SG (On a sa fierté !), ne supporte aucune mise en avant dans la structure informationnelle, et surtout pas un focus contrastif comme en (2).

sémantique

Gros note que l'impersonnel peut servir à référer au locuteur.


(1) Amañ ez arru an avel ken e fell dezañ diskar eun den. (pour: ac'hanon)
ici R arrive le vent tellement R plait à.lui détruire un homme
'Le vent arrive ici tellement qu'il manque de faire tomber un homme (c'est-à-dire moi).'
Trégorrois, Gros (1996:112)


horizons comparatifs

On a vu plus haut des exemples où l'impersonnel, même repris anaphoriquement par un pronom masculin, pouvait référer à des femmes. C'est le cas dans toutes les grammaticalisations du syntagme l'homme, homme à travers les langue, comme avec l'impersonnel hombre en espagnol du XVII°.


(1) Come hombre está preñada, no se puede abajar.

'Quand on est enceinte, on ne peut pas se pencher.', Espagnol du XVI° siècle, [Refranes 174], Pozas Loyo (2010)

Unan

Unan peut être utilisé comme un impersonnel dans une structure passive ou active. Cet usage rappelle l'usage de one en anglais.


(1) Skoet e vez unan, e gwirionez, pa bign gand hent praz Douarnenez da Gastellin.
frappé R est un en vérité quand grimpe avec chemin grand Douarnenez à Chateaulin
'On/quiconque est frappé, en vérité, en montant la grand-route qui va de Douarnenez à Chateaulin.'
Léonard (Cléder), Seite (1998:38)


(2) Laret 'rafe unan eman ar gaouenn o kaozeal dezhi.
dire R ferait un est le chouette à parler à.elle
‘On dirait que la chouette lui parle.’ Comes (1981:25)


  • Sebezet e chom eun o klevoud ar bugel-se o komz.
'On demeure stupéfait d'entendre cet enfant parler.', Pleyben, Ar Gow (1963)


Dans Goyat (2012), unan est le seul exemple d'impersonnel.


(5) /war ked 'ɛ :n/
(Ne) oar ket unan.
(ne) sait pas un
'On ne sait pas.', Plozévet, Goyat (2012:242)


morphologie

variation dialectale

Selon Merser (2011:127), la forme an unan est employée en Finistère-Sud.

an-unan

Menard & Kadored (2001:§ 'an-unan') donne une forme sujet en an-unan:


(3) Ne vez ket an-unan1 sur eus e1 vuhez.
ne est pas le-un sur de son vie
'On n'est pas sur pour sa vie.' Menard & Kadored (2001:§ 'an-unan')


Cette forme est syntaxiquement différente de an unan, l'anaphore des impersonnels.

Impersonnel de deuxième personne

En breton comme en français, on utilise des formes de personne seconde, en tutoiement et en vouvoiement, pour des usages impersonnels:


(4) [ petra (ə)4 fa:lEx ga vil-sən ]
Petra e v-malec'h gant ar vilin-se?
quoi R moud.2PL avec le moulin-
'Qu'est-ce qu'on moud avec ce moulin?'
Haut-cornouaillais, (Lanvenegen), Evenou (1987:581)


On trouve des phrases où un impersonnel en -er peut coréférer avec une marque claire de seconde personne. Il est probable que la première soit alors aussi une marque de seconde personne (debrer, 'on mange'; vs. debrec'h, 'vous mangez').


(5) Ben 'zeber mat pez ket naon war-lerc'h.
quand R mange.IMP bien a.2 pas faim après
'Quand on mange bien, (*tu/*vous) on n'a pas faim après.'
(= ... n'en dez ket an nen naon war-lerc'h)
Mona Bouzeg, Riec, c.p. [02/2012]

Coréférence avec 1PL

En breton comme en français, un impersonnel peut co-référer avec une marque de 1PL.

Le passif

L'effacement de l'agent dans les tournures passives correspond sémantiquement aux impersonnels. Une des formes concurrentes à l'emploi des impersonnels pronominaux en breton est l'emploi du passif.


(3) Alies e vez graet hemañ gant kig yar, met graet e c'hell bezañ ivez gant pesked...
souvent R est fait celui.ci avec viande poulet mais fait R peut être aussi avec poissons
'On le fait souvent avec du poulet, mais on peut aussi le faire avec du poisson.'
Cornouaille/bordure Léon (Dirinon), Kervella (1985:120)


Des pronoms coréférentiels qui n'ont pas les mêmes traits

coréférence entre différents impersonnels

Plusieurs pronoms impersonnels différents peuvent co-exister dans la grammaire d'un même locuteur, et même co-référer. Dans sa traduction de Soljenitsyn, Ti Vatriona, Ernest ar Barzhig utilise les deux marqueurs consécutivement dans la bouche de Matriona (1).


(1) Pa ne oar ket an nen, pa ne reer tamm kegin ebet,
quand ne1 sait.3SG pas le homme quand ne1 fait.IMP morceau cuisine aucun
penaos e c'hellfed degemer unan bennak?
comment R4 pourrait.IMP accueillir un quelconque?
'Quand on ne sait pas, quand on ne cuisine pas du tout, comment accueillir quelqu'un?.'
Standard, ar Barzhig (1976:23)


Mona Bouzeg, de Riec, a un usage très restreint de la forme verbale en -er. Elle peut utiliser la même co-référence.


(2) Ben 'glever soniñ kreizteiz ma poent d'an nen mont d'ar gêr.
quand R entend.IMP sonn.er mi.jour est temps pour IMP aller à le maison
'Quand on entend sonner midi, il est temps de rentrer à la maison.'
Mona Bouzeg, Riec, c.p. (02/2012)


traits différents

pour l'accord verbal

Les pronoms qui peuvent coréférer entre eux n'ont cependant pas les mêmes traits syntaxiques. Ils ne déclenchent pas le même accord verbal: le pronom an nen ne peut pas déclencher le même accord verbal que le pronom vide.


(2) An nen ne oar / * ouzer ket bepred.
un homme ne sait / *savons pas toujours
'On ne sait pas toujours.' Riec, Mona Bouzeg, c.p. (01/2009)


Avec le verbe kaout bloqué à l'accord riche, on voit que l'impersonnel eun den chez Gros à des traits de troisième personne masculin singulier.


(3) O! Bet e-neus eun den buheziou!
Oh! eu R-a un homme vies
'Oh! On a eu de ces vies (difficiles, pénibles, terribles).' Trégorrois, Gros (1984:180)

pour les anaphores liées

Les impersonnels -r de l'accord et an den ont des formes différentes d'anaphores liées. An den déclenche la forme masculine de la troisième personne du singulier. PROARB et le pronom sujet vide déclenchant -r déclenchent la forme impersonelle an-unan.


(4) Ne vez ket kavet mad ar boued pa vezer an-unan o tebri.
Ne vez ket kavet mad ar boued pa vez an den e-unan o tebri.
ne1 est pas trouvé bon le nourriture quand est IMP det-un à manger
'On ne mange pas avec appétit quand on est seul à manger.' Trégorrois, Gros (1984:187)


(5) Gwelloh eo PROARB ober ar homisionou an-unan.
Gwelloh eo d'an den ober ar homisionou e-unan.
mieux est [ (à') IMP faire le5 commissions le-un ]
'Il vaut mieux faire les commissions soi-même.', Trégorrois, Gros (1984:187)


(6) Lod a zifenne PROARB en em lakâd an-unan da varner.
certain R1 défendait se mettre le-un à 1 juge
'Certains défendaient de se mettre soi-même juge.' Cornouaille 1893, IAI.:122

Terminologie

Sommerfelt (1921) considère que les formes en -r sont la marque du mode passif. Guillevic & Le Goff (1902:47) parlent pour les formes en -er de "formes personnelles pour le passif".

Ploneis (1983), Humphreys (1995:335) ou Crahe (2013:223) désignent le pronom impersonnel -r ou an den sous le terme de personne indéfinie.

Favereau (1997:§767), suivi par Ledunois (2002:136), utilisent le terme de "non-personne". Ce terme est à éviter dans la mesure où dans la tradition structuraliste, le terme de "non-personne" désigne la troisième personne (celle qui est extérieure au cadre d'énonciation). Favereau (1997:§472-3) justifie son choix terminologique en réservant le terme d'"impersonnel" à ce qui est ailleurs appelé un explétif (comme le pronom météorologique).

L'impersonnel est désigné en breton par le terme diberson, dibersonel (Chalm 2008), ou par le terme dic'hour (Kervella 1995, Chalm 2008, SADED 2010).

Ce que Denez (1983) ou Goyat (2012) désignent comme an dibersonel, l'impersonnel correspond à l'explétif.

Ce que Guillevic & Le Goff (1902), Ploneis (1983) ou Crahe (2013) désignent comme l'impersonnel ou la conjugaison impersonelle correspond à la forme d'accord pauvre de l'effet de complémentarité sur le verbe fléchi.

Bibliographie

l'impersonnel en breton

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