Différences entre les versions de « Pronom impersonnel »

De Arbres
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* Humphreys, H.L. 1995. Phonologie et morphosyntaxe du parler breton de Bothoa, Brest, Emglev Breizh.
* Humphreys, H.L. 1995. Phonologie et morphosyntaxe du parler breton de Bothoa, Brest, Emglev Breizh.
* Trépos, P. 2001 [1968, 1980, 1996], Grammaire bretonne, 1968 edition Simon, Rennes.- 1980 edition Ouest France, Rennes; 1996, 2001 edition Brud Nevez, Brest.


=== corpus ===
=== corpus ===

Version du 16 juillet 2009 à 15:50

Deux impersonnels

Il existe en breton deux pronoms impersonnels distincts. Il s'agit pour le premier d'un pronom vide déclenchant une marque particulière de l'accord verbal. Le second est un pronom impersonnel, créé avec le matériel du groupe nominal [un homme].

les deux pronoms peuvent exister tous deux dans la grammaire d'un même locuteur. Dans la traduction de Derib (1983) par exemple, on note un usage consécutif de ces deux pronoms impersonnels.


(1) Jeremie: Neu'he 'ranker lavar' de'he!...
alors R doit.IMP dire à.3PL
‘On doit leur dire, alors!’
Whitecrow: N'eo ket ken aes-se ma faotrig. Dreist-holl p'eman 'n'en brizhouenn.
NEG est NEG autant facile-tout.à.fait ma gars.petit. Surtout quand est IMP métis.
‘Ce n'est pas aussi facile, mon garçon. Surtout quand on est métis.’ traducteur Derib (1982:32)


Les deux pronoms doivent être différenciés; ils n'ont pas la même syntaxe. par exemple, ils ne déclenchent pas le même accord.


accord

Le pronom 'an nen' ne peut pas déclencher le même accord verbal que le pronom vide.

(2) An nen ne oar / * ouzer ket bepred.
On NEG sait / *savons NEG toujours
‘On ne sait pas toujours.’ Rieg, Mona Bouzec, p.c. (01/2009)

le pronom vide

Le pronom vide impersonnel déclenche typiquement la marque de conjugaison '-er' sur le verbe au présent.

Cependant, on peut aussi le déceler dans les infinitives:


(2) Hennez a zo eur gramenn loustoni e-touez e vleo war e vruched da raskañ gant ar forh.
celui-ci R E Det couche crasse parmi poss.3SGM cheveux sur sa poitrine à IMP râcler avec det fourche
‘Il y a parmi les poils sur sa poitrine une couche de crasse à racler à la fourche.’


à noter que cette marque de l'impersonnel apparaît aussi dans quelques rares prépositions "conjuguées" (Trépos 2001:100).

dirazer, /devant.IMP/, 'devant soi'

L'impersonnel 'an nen'

'an den' est un pronom sujet indépendant. Ce pronom n'a pas de forme écho, ni de forme vide.

distribution syntaxique

On voit que le pronom impersonnel 'an den' n'est pas le syntagme nominal 'an den', car leur distribution est différente. Dans l'exemple ci-dessous, l'impersonnel sujet de la petite proposition [IMP malade] est directement postverbal.

(1)a. Ben 'vez an nen klanv, ne vez ket gwelet ken.
Quand R est IMP malade NEG est NEG vu plus
-- b.
*Ben 'vez klanv an nen, ne vez ket gwelet ken.
Quand R est malade IMP NEG est NEG vu plus
‘Quand quelqu'un est malade, on ne le voit plus (en société).’
Mona Bouzec, Rieg, p.c. (01/2009)


C'est la distribution des autres pronoms pour cette locutrice (cf.2), en contraste avec les syntagmes nominaux qui doivent être placés obligatoirement après l'adjectif prédicatif (3).


(2) Ben 'vez eon klanv, ne vez ket gwelet ken.
Quand R est 3SGM malade NEG est NEG vu plus
‘Quand il est malade, on ne le voit plus (en société).’
Mona Bouzec, Rieg, p.c. (01/2009)


(3)a. * Ben 'vez (pep den / pep medisin / an dud / ma bugale) klanv, e vezomp trapet fall!
Quand R est (chaque homme /chaque médecin /les gens /mes enfants) malade(s), R sommes attrappés mauvaisement
-- b.
Ben 'vez klanv (pep den / pep medisin / an dud / ma bugale), e vezomp trapet fall!
Quand R est malade (chaque homme /chaque médecin /les gens /mes enfants), R sommes attrappés mauvaisement
‘Quand (chaque homme /chaque médecin /les gens /mes enfants) sont/est malade, on est salement attrappés!’
Mona Bouzec, Rieg, p.c. (01/2009)


un pronom sujet

Quand an den se trouve en position objet, son interprétation impersonnelle n'est plus disponible, comme le montre (1). On voit alors qu'on n'a pas affaire au pronom impersonnel, mais à un syntagme nominal défini classique, 'l'homme', qui doit référer à une entité mâle animée.


(1) Ar re a blij dezho al lennegezh voemus a anavez an den dre oberenn Jean Ray.
le ceux R plait à.3PL la littérature fantastique R connait le homme par oeuvre Jean Ray
‘Ceux qui aiment la littérature fantastique connaissent l'homme par l'œuvre de Jean Ray.’ Jean-Baptiste Baronian, introduction Comes (1981:5)
*‘Ceux qui aiment la littérature fantastique connaissent (quelqu'un/ n'importe qui) par l'œuvre de Jean Ray.’


variation morphologique dialectale

Les formes varient entre an den, (a)n nen et n'in selon les dialectes. Humphrey (1995:335) signale ce pronom sous le terme de 'personne indéfinie' en breton de Bothoa.

 /ə n'i:n/ on, quelqu'un
 
 wè:ra kə n'i:n        [sait.3SG NEG n'i:n]              'on ne sait pas.'     
 pé vè scɥ'i:z ə n'i:n [quand est.3SG fatigué ə n'i:n]   'quand on est fatigué'
 
 Ce mot provient du mot /d'i:n/ 'personne, homme', dont il se distingue par la nasalisation de l'initiale.
 

Favereau (1997:§316) note aussi cette forme avec une nasale en Est Cornouailles (pa 'vez skuizh 'nin) et en Pélem (oera ke' 'n nin). En Poher et Haute Cornouailles, la forme documentée est n nen.

Cependant, il n'est pas rare de voir dans la littérature un impersonnel apparaitre sous la forme sans nasalisation 'an den'. Il est possible que le pronom varie aussi dans son comportement plus ou moins pronominal suivant les dialectes, impliquant alors des distributions différentes.


Bibliographie

  • Favereau, F. 1997. Grammaire du breton contemporain. Morlaix: Skol Vreizh.
  • Humphreys, H.L. 1995. Phonologie et morphosyntaxe du parler breton de Bothoa, Brest, Emglev Breizh.
  • Trépos, P. 2001 [1968, 1980, 1996], Grammaire bretonne, 1968 edition Simon, Rennes.- 1980 edition Ouest France, Rennes; 1996, 2001 edition Brud Nevez, Brest.


corpus

  • Baronian, J-B. 1981. 'introduction' à Comes, skeud ar vran, Keit Vimp Beo.