Différences entre les versions de « Portée »

De Arbres
Ligne 3 : Ligne 3 :
Les éléments ayant portée sont: les [[quantifieurs]], les particules [[Q|interrogatives]], les [[adverbes]], la [[négation]], le [[focus]]...
Les éléments ayant portée sont: les [[quantifieurs]], les particules [[Q|interrogatives]], les [[adverbes]], la [[négation]], le [[focus]]...


 
Certains éléments n'apparaissent que sous la portée d'un autre, comme les [[items de polarité négative]]. La préposition-outil ''[[a]]'' apparaît par exemple sous la portée de la [[négation]] ou du [[-oc'h|comparatif de supériorité]].
Lorsque deux lectures concurrentes émergent comme en (1), on parle de '''portée ambigüe'''. 
 
(1) ''Un nebeut embannerien en deus lennet pep skrid.''
: 'Quelques éditeurs ont lu chaque manuscrit.'
: -> Il existe quelques éditeurs tels que chacun a lu l'intégralité des manuscrits.
: -> Chaque manuscrit est tel que quelques éditeurs l'ont lu.
 
 
Certains éléments n'apparaissent que sous la portée d'un autre, comme les [[items de polarité négative]].
 
La préposition-outil ''[[a]]'' apparaît par exemple sous la portée de la [[négation]] ou du [[-oc'h|comparatif de supériorité]].




Ligne 28 : Ligne 17 :




La portée sémantique contredit parfois des éléments morphologiques. En (2), le [[diminutif]] a portée sur un élément temporel dans la phrase, en dehors du composé morphologique auquel il appartient.
== Portée syntaxique vs. portée sémantique ==
 
Globalement, plus l'élément ayant portée est haut dans la structure syntaxique, plus le domaine sur lequel il a portée est important. Cependant, cette correspondance est imparfaite.
 
 
=== portée ambigüe ===
 
Deux lectures concurrentes peuvent émerger. On parle alors de '''portée ambigüe'''. La phrase en (1) comporte deux quantifieurs, ''[[nebeut]]'' et ''[[pep]]'', 'chaque'. Deux lectures émergent suivant la portée sémantique allouée à chaque quantifieur. 
 
(1) ''Un nebeut embannerien en deus lennet pep skrid.''
: 'Quelques éditeurs ont lu chaque manuscrit.'
: lecture 1: -> 'Il existe quelques éditeurs tels que chacun a lu l'intégralité des manuscrits.'
: lecture 2: -> 'Chaque manuscrit est tel que quelques éditeurs l'ont lu.'
 
 
=== éléments intégrés morphologiquement ayant portée à l'extérieur ===
 
La portée sémantique contredit parfois même des éléments morphologiques. En (2), le [[diminutif]] a portée sur un élément temporel dans la phrase, en dehors du composé morphologique auquel il appartient.




Ligne 47 : Ligne 53 :
|||colspan="4" | > Un touriste entrait parfois/rarement dans la boutique.'
|||colspan="4" | > Un touriste entrait parfois/rarement dans la boutique.'
|}
|}
=== horizons théoriques ===
Unger (2010), considérant la typologie des cas où la position syntaxique d'un opérateur ne coïncide pas avec sa portée sémantique propose que le [[mouvement syntaxique]] et le calcul de la portée sémantique sont deux opérations entièrement indépendantes, opérant au niveau local comme pour les dépendances à longue distance.




Ligne 64 : Ligne 75 :


* Sportiche, Dominique. 2005. 'Reconstruction, Binding, and Scope', Martin Everaert And Henk Van Riemsdijk (éds.), ''The Blackwell companion to Syntax'', Blackwell Publishing, vol IV, chap.54.
* Sportiche, Dominique. 2005. 'Reconstruction, Binding, and Scope', Martin Everaert And Henk Van Riemsdijk (éds.), ''The Blackwell companion to Syntax'', Blackwell Publishing, vol IV, chap.54.
* Unger, Christina. 2010. ''A computational approach to the syntax of displacement and the semantics of scope'', LOT publications, [http://www.lotpublications.nl/Documents/232_fulltext.pdf pdf].


[[Category:fiches|Categories]]
[[Category:fiches|Categories]]

Version du 4 juin 2016 à 10:21

La portée est le domaine de la phrase sur lequel porte un élément fonctionnel.

Les éléments ayant portée sont: les quantifieurs, les particules interrogatives, les adverbes, la négation, le focus...

Certains éléments n'apparaissent que sous la portée d'un autre, comme les items de polarité négative. La préposition-outil a apparaît par exemple sous la portée de la négation ou du comparatif de supériorité.


(1) Aliesoh a grohen leue a ya da zeha evid a grohen buoh.
souvent.plus de peau veau R va à sécher que de peau vache
'On fait sécher plus de peaux de veaux que de peaux de vaches.'
(Il meurt plus de jeunes que de vieux) Gros (1970b:§'leue')


Portée syntaxique vs. portée sémantique

Globalement, plus l'élément ayant portée est haut dans la structure syntaxique, plus le domaine sur lequel il a portée est important. Cependant, cette correspondance est imparfaite.


portée ambigüe

Deux lectures concurrentes peuvent émerger. On parle alors de portée ambigüe. La phrase en (1) comporte deux quantifieurs, nebeut et pep, 'chaque'. Deux lectures émergent suivant la portée sémantique allouée à chaque quantifieur.

(1) Un nebeut embannerien en deus lennet pep skrid.

'Quelques éditeurs ont lu chaque manuscrit.'
lecture 1: -> 'Il existe quelques éditeurs tels que chacun a lu l'intégralité des manuscrits.'
lecture 2: -> 'Chaque manuscrit est tel que quelques éditeurs l'ont lu.'


éléments intégrés morphologiquement ayant portée à l'extérieur

La portée sémantique contredit parfois même des éléments morphologiques. En (2), le diminutif a portée sur un élément temporel dans la phrase, en dehors du composé morphologique auquel il appartient.


(2) Unanig bennag a deu eur wech an amzer.
un.DIM quelconque R vient un fois le temps
'Un petit quelqu'un (quelques rares personnes) vient de temps en temps.' Trégorrois, Gros (1984:174)
* 'quelqu'un de petit en taille', * 'quelqu'un que j'aime bien'


(2) Un rare touriste entrait dans la boutique.
> Un touriste entrait parfois/rarement dans la boutique.'


horizons théoriques

Unger (2010), considérant la typologie des cas où la position syntaxique d'un opérateur ne coïncide pas avec sa portée sémantique propose que le mouvement syntaxique et le calcul de la portée sémantique sont deux opérations entièrement indépendantes, opérant au niveau local comme pour les dépendances à longue distance.


Références

pour aller plus loin

  • Aoun, Joseph and Li, Audrey. 1993. Syntax of Scope, MIT Press.
  • Chierchia, Gennaro. 1992-93. 'Questions with quantifiers', Natural Language Semantics 1: 181-234.
  • Fox, Danny. 1995. Economy and Scope, Natural Language Semantics 3:283-341.
  • Kiss, Katalin É. 2005. 'Quantifier Scope Ambiguities', Martin Everaert And Henk Van Riemsdijk (éds.), The Blackwell companion to Syntax, Blackwell Publishing, vol IV, chap.53.
  • Ruys, E. G. 2005. 'Unexpected Wide Scope Phenomena', Martin Everaert And Henk Van Riemsdijk (éds.), The Blackwell companion to Syntax, Blackwell Publishing, vol V, chap.74.
  • Sportiche, Dominique. 2005. 'Reconstruction, Binding, and Scope', Martin Everaert And Henk Van Riemsdijk (éds.), The Blackwell companion to Syntax, Blackwell Publishing, vol IV, chap.54.
  • Unger, Christina. 2010. A computational approach to the syntax of displacement and the semantics of scope, LOT publications, pdf.