Perak
Perak est un mot interrogatif de cause ('pourquoi').
(1) | [pe'raɡ | ox | ˌʃomɛt kɛjd 'al ] | |||
Perag | oh | chomet keid-all ? | ||||
pourquoi | êtes | resté si.long-autre | ||||
'Pourquoi es-tu /êtes-vous resté(s) si longtemps ?' | Plozévet, Goyat (2012:196) |
Morphologie
composition
Perak est constitué du préfixe interrogatif pe- suivi de la conjonction rak, 'car'.
accentuation
Comme tous les composés en pe-, perak est accentué sur la syllabe finale (Kervella 1995:§70).
(2) /pe'ra:ɡ/ , Plozévet, Goyat (2012:125)
répartition dialectale
Daouphars (2004:32) note que perak n'est jamais employé à Gourin. Renée Ribeyre (c.p. 12/2017) considère qu'à Plogonnec, perak n'est jamais utilisé, au profit de abalamour da1 betra prononcé drambèr ou blambèr. Selon Favereau (1984:358), perak n'est pas connu en Poher, au profit de 'b'lam(our) petra.
dérivation
nominalisation
Perak, précédé d'un article, est nominalisé:
(3) | gouzoud ar penaoz | hag ar perag | |||
savoir le comment | et le pourquoi | ||||
'connaitre le comment et le pourquoi.' | Ar Merser (2009:343) |
Il prend alors des marques de pluriel prototypiques des noms.
(4) | Ur gwir voreb | ar peragoù | hag ar penaozioù | anezhi. | |
un vrai1 tante | le pourquois | et le comments | P.elle | ||
'C'était une vraie miss comment pourquoi.' | Menard & Kadored (2001:§'penaos') |
Syntaxe
négation 'pourquoi pas?'
La forme Perak pas? est souvent relevée comme étrangère à des dialectes traditionnels et suspectée d'être une invention récente sous influence française (cf. pourquoi pas). Kerrain (2001) préconise, à côté de perak pas ou perak nann qu'il ne rejette pas ouvertement comme faux, l'usage de petra 'virfe ('qu’est-ce qui empêcherait?'), ou encore de perak suivi d'un verbe au conditionnel.
(5) | Perak | ne vefe ket | ur vaouez ? | ||
pourquoi | ne1 serait pas | un 1femme | |||
'Pourquoi pas une femme?' | Kerrain (2001) |
La forme perak pas est répandue en breton standard moderne (6), et a été en tout cas documentée chez des natifs à Guémené-sur-Scorff ([pérek pas], perek pas, McKenna 1978:172).
(6) | gant unan eus | hon div yezh, | ha perak pas | gant an div. | Standard, site Région Bretagne [03/2017] | |
avec un de | notre deux.F langue | et pourquoi pas | avec le deux.F | |||
'avec l'une de nos deux langues, et pourquoi pas avec les deux?' |
Horizons comparatifs
L'interrogatif de cause est assez haut dans la structure dans les langues romanes. C'est aussi le cas en cimbre, une langue germanique parlée dans le Nord de l'Italie. Le verbe remonte haut dans la structure uniquement avec un complémenteur lui-même haut dans la structure comme en (1). Dans ces cas, le verbe apparaît au dessus de la négation.
(1) | I pin | gerift pa zaiten | umbrómm | i | hån nèt | vorlórt di korìara. | |||
je suis | arrivé en temps | car | je | ai pas | raté le bus | ||||
'Je suis arrivé à temps car je n'ai pas raté le bus.' | Cimbre, Bidese, Padovan & Tomaselli (2014:496) |
Bibliographie
- Bidese, Ermenegildo Andrea Padovan & Alessandra Tomaselli. 2014. 'The syntax of subordination in Cimbrian and the rationale behind language contact', Language Typology and Universals 67:4, 489–510.