Différences entre les versions de « Perak »

De Arbres
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== Morphologie ==
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=== composition ===
''Perak'' est constitué du [[préfixe]] [[interrogatif]] ''[[pe-]]'' suivi de la conjonction ''rak'', 'car'.


=== accentuation ===
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Comme tous les composés en ''pe-'', ''perak'' est accentué sur la syllabe finale ([[Kervella (1995)|Kervella 1995]]:§70).
Comme tous les composés en ''[[pe-]]'', ''perak'' est [[accentué]] sur la syllabe finale ([[Kervella (1995)|Kervella 1995]]:§70).




(2) <font color=green> /pe''''ra:ɡ'''/ </font color=green>, ''Plozévet'', [[Goyat (2012)|Goyat (2012]]:125)
(2) <font color=green> /pe''''ra:ɡ'''/ </font color=green>, ''Plozévet'', [[Goyat (2012)|Goyat (2012]]:125)


=== variation dialectale ===
=== répartition dialectale ===


[[Daouphars (2004)|Daouphars (2004]]:32) note que ''perak'' n'est jamais employé à Gourin.
[[Daouphars (2004)|Daouphars (2004]]:32) note que ''perak'' n'est jamais employé à Gourin. Renée Ribeyre (c.p. 12/2017) considère qu'à Plogonnec, ''perak'' n'est jamais utilisé, au profit de ''[[abalamour]] [[da]]<sup>[[1]]</sup> [[petra|betra]]'' prononcé ''drambèr'' ou ''blambèr''.
Selon [[Favereau (1984)|Favereau (1984]]:358), ''perak'' n'est pas connu en Poher, au profit de '' 'b'lam(our) petra''.


== Nominalisation ==
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''Perak'', précédé d'un [[art|article]], est nominalisé:
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Il prend alors des marques de pluriel prototypiques des noms.
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|(4)|| Ur gwir voreb || '''ar peragoù''' || hag ar penaozioù ||anezhi.
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== Syntaxe ==
=== négation 'pourquoi pas?' ===
La forme ''Perak pas?'' est souvent relevée comme étrangère à des dialectes traditionnels et suspectée d'être une invention récente sous influence française (cf. ''pourquoi pas''). [[Kerrain (2001)]] préconise, à côté de ''perak pas'' ou ''perak nann'' qu'il ne rejette pas ouvertement comme faux, l'usage de ''petra 'virfe'' ('qu’est-ce qui empêcherait?'), ou encore de ''perak'' suivi d'un verbe au [[conditionnel]].
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|(5)|| '''Perak''' || ne ve'''fe''' ket || ur vaouez ?
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|||colspan="4" | 'Pourquoi pas une femme?'|| [[Kerrain (2001)]]
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La forme ''perak pas'' est répandue en breton standard moderne (6), et a été en tout cas documentée chez des natifs à Guémené-sur-Scorff (<font color=green>[pérek pas]</font color=green>, ''perek pas'', [[McKenna (1978)|McKenna 1978]]:172).
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|(6)|| gant unan eus ||hon div yezh,|| ha '''perak pas'''|| gant an div.|||| ''Standard'', site Région Bretagne [03/2017]
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== Horizons comparatifs ==
L'interrogatif de [[cause]] est assez haut dans la structure dans les langues romanes. C'est aussi le cas en cimbre, une langue germanique parlée dans le Nord de l'Italie.
Le verbe en cimbre remonte haut dans la structure uniquement avec un [[complémenteur]] lui-même haut dans la structure comme en (1). Dans ces cas, le verbe apparaît au dessus de la négation.
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| || je suis || arrivé en temps ||car ||je || ai pas || raté le bus
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||| colspan="4" | 'Je suis arrivé à temps car je n'ai pas raté le bus.'||||||||||''Cimbre'', Bidese, Padovan & Tomaselli (2014:496)
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== Bibliographie ==
* Bidese, Ermenegildo Andrea Padovan & Alessandra Tomaselli. 2014. 'The syntax of subordination in Cimbrian and the rationale behind language contact', ''Language Typology and Universals'' 67:4, 489–510.




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[[Category:interrogatifs|Categories]]
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Version du 4 décembre 2019 à 17:29

Perak est un mot interrogatif de cause ('pourquoi').


(1) [pe'raɡ ox ˌʃomɛt kɛjd 'al ]
Perag oh chomet keid-all ?
pourquoi êtes resté si.long-autre
'Pourquoi es-tu /êtes-vous resté(s) si longtemps ?' Plozévet, Goyat (2012:196)


Morphologie

composition

Perak est constitué du préfixe interrogatif pe- suivi de la conjonction rak, 'car'.


accentuation

Comme tous les composés en pe-, perak est accentué sur la syllabe finale (Kervella 1995:§70).


(2) /pe'ra:ɡ/ , Plozévet, Goyat (2012:125)

répartition dialectale

Daouphars (2004:32) note que perak n'est jamais employé à Gourin. Renée Ribeyre (c.p. 12/2017) considère qu'à Plogonnec, perak n'est jamais utilisé, au profit de abalamour da1 betra prononcé drambèr ou blambèr. Selon Favereau (1984:358), perak n'est pas connu en Poher, au profit de 'b'lam(our) petra.

dérivation

nominalisation

Perak, précédé d'un article, est nominalisé:


(3) gouzoud ar penaoz hag ar perag
savoir le comment et le pourquoi
'connaitre le comment et le pourquoi.' Ar Merser (2009:343)


Il prend alors des marques de pluriel prototypiques des noms.


(4) Ur gwir voreb ar peragoù hag ar penaozioù anezhi.
un vrai1 tante le pourquois et le comments P.elle
'C'était une vraie miss comment pourquoi.' Menard & Kadored (2001:§'penaos')


Syntaxe

négation 'pourquoi pas?'

La forme Perak pas? est souvent relevée comme étrangère à des dialectes traditionnels et suspectée d'être une invention récente sous influence française (cf. pourquoi pas). Kerrain (2001) préconise, à côté de perak pas ou perak nann qu'il ne rejette pas ouvertement comme faux, l'usage de petra 'virfe ('qu’est-ce qui empêcherait?'), ou encore de perak suivi d'un verbe au conditionnel.


(5) Perak ne vefe ket ur vaouez ?
pourquoi ne1 serait pas un 1femme
'Pourquoi pas une femme?' Kerrain (2001)


La forme perak pas est répandue en breton standard moderne (6), et a été en tout cas documentée chez des natifs à Guémené-sur-Scorff ([pérek pas], perek pas, McKenna 1978:172).


(6) gant unan eus hon div yezh, ha perak pas gant an div. Standard, site Région Bretagne [03/2017]
avec un de notre deux.F langue et pourquoi pas avec le deux.F
'avec l'une de nos deux langues, et pourquoi pas avec les deux?'

Horizons comparatifs

L'interrogatif de cause est assez haut dans la structure dans les langues romanes. C'est aussi le cas en cimbre, une langue germanique parlée dans le Nord de l'Italie.

Le verbe en cimbre remonte haut dans la structure uniquement avec un complémenteur lui-même haut dans la structure comme en (1). Dans ces cas, le verbe apparaît au dessus de la négation.


(1) I pin gerift pa zaiten umbrómm i hån nèt vorlórt di korìara.
je suis arrivé en temps car je ai pas raté le bus
'Je suis arrivé à temps car je n'ai pas raté le bus.' Cimbre, Bidese, Padovan & Tomaselli (2014:496)

Bibliographie

  • Bidese, Ermenegildo Andrea Padovan & Alessandra Tomaselli. 2014. 'The syntax of subordination in Cimbrian and the rationale behind language contact', Language Typology and Universals 67:4, 489–510.