Différences entre les versions de « Noms de parenté »

De Arbres
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[[Malgorn (1909)]] rapporte que ni ''[[eontr]]-kompez'', ni surtout ''[[eontr]]-gompez'' ne sont utilisés à Ouessant, qui préfère ''tonton''.
[[Malgorn (1909)]] rapporte que ni ''[[eontr]]-kompez'', ni surtout ''[[eontr]]-gompez'' ne sont utilisés à Ouessant, qui préfère ''tonton''.


=== 'parents' ===


La notion même de 'parent', elle, se traduit un peu différemment qu'en français ou en anglais. Le nom qui dénote ''[[tud]], an dud'' pour 'gens, les gens', avec un [[possessif]] en plus, dénote les 'parents proches': ''ma zud, hon tud'' 'mes parents, nos parents'.  
La notion même de 'parent', elle, se traduit un peu différemment qu'en français ou en anglais. Le nom qui dénote ''[[tud]], an dud'' pour 'gens, les gens', avec un [[possessif]] en plus, dénote les 'parents proches': ''ma zud, hon tud'' 'mes parents, nos parents'.  
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La carte [http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-374.jpg 374] de l'[[ALBB]] montre la traduction de 'parent, des parents', donc sans possessif. On y voit aussi une large répartition d'un nom formé sur ''[[karout]]'' 'aimer' ''kar, kerent''.  
La carte [http://sbahuaud.free.fr/ALBB/Kartenn-374.jpg 374] de l'[[ALBB]] montre la traduction de 'parent, des parents', donc sans possessif. On y voit aussi une large répartition d'un nom formé sur ''[[karout]]'' 'aimer' ''kar, kerent''.
 


=== 'homme, mari' ===
=== 'homme, mari' ===

Version du 26 avril 2019 à 09:02

Les noms de parenté sont globalement assez semblables à ceux du français ou de l'anglais. Ils ont aussi quelques propriétés spécifiquement bretonnes ou celtiques.


Inventaire

 an dud nevez 'les mariés, les mariées', pried 'époux, épouse', gwreg 'femme', gwaz, ozac'h 'mari'
 mamm 'mère', tad 'père, 
 krouadur, bugel 'enfant', mab 'fils', merc'h 'fille'
 breur 'frère', c'hoar 'soeur'
 henañ 'ainé', etre-henañ, hanter-henañ 'cadet', gwidoroc'h 'benjamin, dernier né'
 tud-kozh 'grands-parents', mamm-gozh 'grand-mère', tad-kozh 'grand-père'
 eontr, tonton, ionn 'oncle', moereb, tintin 'tante', niz, nizez 'neveu, nièce'
 kenderv 'cousin', keniterv, kenitervez 'cousine'
 intañv, intañvez 'veuf, veuve', emzivad 'orphelin'
 maeronez 'maraine', paeron 'parrain'
 tud kar 'parents'


Morphologie

dérivation

Le calcul d'une génération en plus vers les plus jeunes (génération dite négative, ou -1, -2, -3...) s'obtient avec l'adjectif bihan bugale vihan 'petits-enfants', comme le fait l'adjectif français petit de petits-enfants.

Le calcul d'une génération en plus vers les plus vieux (+1, 2, 3...) s'obtient avec l'adjectif kozh 'vieux'; tud-kozh 'grands-parents'.

Les préfixes ad- et gour- obtiennent le calcul de deux générations en plus (+2, -2) sur le lien de parenté dénoté par leur nom base. Konan (2017:27) donne par exemple advab et gourvab 'arrière-petit-fils' en breton trégorrois de Perros-Guirrec. Le vannetais Le Bayon (1878:15) donne gourdadieu 'grands-parents, aïeux'.


Le préfixe lez-, sur les noms de parenté, obtient les relations par remariage, comme lezc'hoar 'belle-soeur', lezvab 'beau-fils', lezvreur 'beau-frère', lezvamm 'belle-mère', leztad 'beau-père', lezvugel 'enfant par remariage', leztud 'beau-parents'. Ce préfixe a par ailleurs une nuance péjorative nette dans lesanv 'surnom', lezroue.


Sémantique

'à la mode de Bretagne'

On appelle oncle ou tante "à la mode de Bretagne" toute personne plus âgée qui appartient à la communauté sociale que l'on considère proche, pour des raisons qui peuvent être extra-familiales (tout le village, toute l'île...).

Les hommes plus âgés, indistinctement, sont appelés eontr, ou en Nord-Bigouden ionn, ou encore comme à Ouessant tonton (Malgorn 1909). Les femmes sont appelées tante moereb. Les personnes de même âge se nomment kenderv ou kenitervez, kendirvi 'cousins.


 Izard (1965:92):
 "Tout cousin ou cousin à la mode de Bretagne de génération zéro est donc appelé kenderv, terme qui peut être utilisé également pour s'adresser à des non-apparentés de même âge [...]. Les cousins et les cousins à la mode de Bretagne de génération + 1, + 2 et + 3, ainsi parfois que les hommes non apparentés [...], plus jeunes que [[le locuteur], sont appelés 'neveu', niz. Des faits symétriques existent dans le groupe des parents féminins ; on doit cependant noter que l'emploi des termes 'tante', 'cousine' et 'nièce', dans le cadre des relations à la mode de Bretagne est moins général que celui des termes 'oncle', 'cousin', 'neveu'."


désambiguïsations

Les relations strictement intrafamiliales sont désambiguïsées par une série d'adjectifs, par exemple pour eontr 'oncle': eontr-kompez, eontr-end-eeun ou eontr prop.

Malgorn (1909) rapporte que ni eontr-kompez, ni surtout eontr-gompez ne sont utilisés à Ouessant, qui préfère tonton.


'parents'

La notion même de 'parent', elle, se traduit un peu différemment qu'en français ou en anglais. Le nom qui dénote tud, an dud pour 'gens, les gens', avec un possessif en plus, dénote les 'parents proches': ma zud, hon tud 'mes parents, nos parents'.


(1) Ma zud-kozh ne ouie poz galleg ebet.
mon2 parents-grand ne savait parole français aucun
'Mes grand-parents ne parlaient pas un mot de français.' Riec, Mona Bouzeg


La carte 374 de l'ALBB montre la traduction de 'parent, des parents', donc sans possessif. On y voit aussi une large répartition d'un nom formé sur karout 'aimer' kar, kerent.

'homme, mari'

La carte 253 de l'ALBB montre la répartition dialectale de la traduction de mon mari, des maris. La forme largement la plus répandue est gwaz, gwazed. On trouve aussi den, denoù sur toute la façade Est. En vannetais, on trouve aussi boulom, et pried à Groix. On trouve une forme de type ozac'h uniquement à Peumerit-Quintin et Pleumeur-Bodou.

Selon Izard (1965:97), ozac'h traduit 'mari', mais aussi 'chef de famille' ou 'maître'. C'est un nom qui n'est pas employé avec un possessif. On le trouve dans le Catholicon du trégorrois Lagadeuc dès 1499.

En pays nord-bigouden, le terme goaz dénote un 'homme marié', mais aussi plus généralement un 'homme' (le vir latin). L'emprunt mestr au français maître traduit le français 'chef de famille'. Le 'mari' est également nommé pried (le latin conjux, 'époux') sur lequel est formé priedelez 'mariage' (Izard 1965:97).


'gendre, bru'

 Izard (1965:97):
 "pour 'gendre' et 'bru', les bretons utilisent plutôt des termes correspondant à 'beau-fils' et 'belle-fille'; il existe cependant

des termes particuliers, mais peu usités, pour ces deux dernières catégories parentales. Ainsi le vannetais dan dont on trouve de nombreuses variantes (dean, deuf, daf, def) est tombé en désuétude, de même que le terme léonard gouhez 'bru'.


Horizons comparatifs

Izard (1965:97) voit dans les trois degrés de parenté lexicalisés pour 'cousin' et 'neveu' (kenderv-niz, kevenderv-gourniz, keveniant-trede gourniz) "une organisation en classes analogues à celle du système irlandais."


Bibliographie

  • Leblic, I. 1980. Etude de la parenté dans une petite île bretonne : Molène, mémoire de DEA EHESS, Paris.
  • Izard, Michel. 1965. 'La terminologie de parenté bretonne', L'Homme nos 3-4 (juil,-déc.), 88-100.
  • Izard, M. 1963. Parenté et mariage à Plozevel, Finistère, Laboratoire d'anthropologie sociale, ronéo, 160 p.
  • Segalen, M. 1985. Quinze générations de Bas-Bretons. Parenté et société dans le Pays bigouden sud 1720-1980, Paris, PUF, 400 p.